jeudi 27 juillet 2023

Les rêves et la destinée

 

 
 
Quand Marie-Louise Von Franz nous parle 
des rêves et de la destinée...
en français !
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(ancienne vidéo : supprimée)


mardi 11 juillet 2023

L'autre moitié de la vie

 

 
où nous pensons veiller 
n'est pas un autre sommeil 
un peu différent du premier, 
dont nous nous éveillons 
quand nous pensons dormir ?
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Pascal
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Si nous rêvions toutes les nuits la même chose 
elle nous affecterait autant que les objets 
que nous voyons tous les jours. 
Et si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits 
douze heures durant qu’il est roi, 
je crois qu’il serait presque aussi heureux 
qu’un roi qui rêverait toutes les nuits douze heures durant 
qu’il serait artisan.
 
Si nous rêvions toutes les nuits 
que nous sommes poursuivis par des ennemis 
et agités par ces fantômes pénibles, 
et qu’on passât tous les jours en diverses occupations 
comme quand on fait voyage 
on souffrirait presque autant 
que si cela était véritable 
et on appréhenderait le dormir comme on appréhende le réveil, 
quand on craint d’entrer dans de tels malheurs en effet. 
Et en effet il ferait à peu près les mêmes maux que la réalité.
 
Mais parce que les songes sont tous différents 
et que l’un même se diversifie, 
ce qu’on y voit affecte bien moins 
que ce qu’on voit en veillant, 
à cause de la continuité 
qui n’est pourtant pas si continue et égale 
qu’elle ne change aussi, mais moins brusquement, 
si ce n’est rarement comme quand on voyage
et alors on dit :
 il me semble que je rêve ; 

Pascal
"Pensées"

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lundi 10 juillet 2023

Désenchantement du monde

 

 

 

L’imaginal entre profondeur de l’homme et faîte des cieux

La pensée rationaliste et scientifique contemporaine, tout en nous apportant les merveilles des progrès techniques, a aussi provoqué le désenchantement du monde. En effet, tandis que l’homme traditionnel trouvait des Mystères partout où son regard se pouvait porter, l’homme d’aujourd’hui croit tout savoir, et plus rien n’est pour lui une raison d’émerveillement. En lieu et place de l’adoration du monde comme une Icone de puissances invisibles et mystérieuses, il se tourne vers les mondes artificiels, la fuite en avant dans le consumérisme, et l’adoration de célébrités ; tout est devenu un émollient pour cesser de s’interroger sur la vacuité du monde.

Il semble que l’Âme du monde ait disparu, que Dieu soit Mort : l’Anima Mundi a été terrassée par les progrès de la Science. S’il est positif que l’homme en ait fini de certaines des chimères dont il se berçait, le problème principal de cette rupture est le désinvestissement des profondeurs de l’être. En effet, même quand les techniques se perfectionnaient au cours de son histoire, l’homme savait auparavant transformer les images par lesquelles ses Archétypes s’exprimaient. Les pratiques religieuses et les vécus symboliques changeaient de forme tout en continuant à sous-tendre l’expérience humaine ; or il semble que désormais, chez de nombreuses personnes, le domaine du Symbolique, de l’Imaginal, bref de ce qui n’est ni du domaine des sens, ni du domaine de la raison, soit nié.

Jung proposait pourtant une vision apte, ce me semble, à réconcilier l’homme avec son intériorité, et à redonner au monde son merveilleux sans retomber dans l’obscurantisme : l’Unus Mundus. Il s’agit de l’idée selon laquelle il existerait une unité de nature entre matière et esprit, individu et monde. L’Unus Mundus est une réalité unifiée sous-jacente, une toile de fond de la réalité, de laquelle tout procède et vers laquelle tout retourne.
Le Monde Imaginal est ainsi une des modalités d’expression (à côté du domaine intelligible, et du domaine sensible) de l’Unus Mundus.

Nous vivons aujourd’hui pour la première fois dans une nature exorcisée, privée d’âme et de dieux. (…) Les rationalisations du Siècle des Lumières ont bien dépossédé la nature de ses dieux périmés mais ont laissé en jachère les facteurs psychiques qui leur étaient liés, comme par exemple la suggestibilité, l’absence d’esprit critique, la crainte, le penchant à la superstition et aux préjugés ; en bref, tous ces facteurs qui peuvent contribuer à transformer un individu en « possédé » et se jouent de son âme. Quand la nature gît devant nous, dépouillée de l’âme qui l’habitait, les facteurs et conditionnements psychiques qui, auparavant, créaient les démons demeurent tout aussi actifs qu’ils l’étaient. Ils n’ont en réalité pas disparu pour autant, ils n’ont fait que changer de forme : ils sont devenus des puissances psychiques agissantes.

Carl Gustav Jung, « Après la catastrophe », in Aspects du drame contemporain

Une psychanalyse prend ainsi en compte cette dimension imaginale : par les contenus des rêves, la symbolisation des évènements vécus lors de la cure, l’analysant reconstitue son histoire personnelle avec l’aide de son analyste ; avec l’aide de son thérapeute il se reconnecte à l’origine de la beauté du monde, au monde des symboles et à son intériorité sans risquer de tomber dans la folie ou le désenchantement.

 

Aurélien Brunon