Qu'est-ce qu'un "Grand Rêve" ? C'est un rêve qui n'est pas seulement personnel, c'est un rêve plus marquant que nos rêves habituels, un rêve aux images fortes, qu'on ne peut s'empêcher de raconter... parce qu'il est de ceux qui concernent tout le monde.
jeudi 27 juillet 2023
Les rêves et la destinée
mardi 11 juillet 2023
L'autre moitié de la vie
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lundi 10 juillet 2023
Désenchantement du monde
L’imaginal entre profondeur de l’homme et faîte des cieux
La pensée rationaliste et scientifique contemporaine, tout en nous apportant les merveilles des progrès techniques, a aussi provoqué le désenchantement du monde. En effet, tandis que l’homme traditionnel trouvait des Mystères partout où son regard se pouvait porter, l’homme d’aujourd’hui croit tout savoir, et plus rien n’est pour lui une raison d’émerveillement. En lieu et place de l’adoration du monde comme une Icone de puissances invisibles et mystérieuses, il se tourne vers les mondes artificiels, la fuite en avant dans le consumérisme, et l’adoration de célébrités ; tout est devenu un émollient pour cesser de s’interroger sur la vacuité du monde.
Il semble que l’Âme du monde ait disparu, que Dieu soit Mort : l’Anima Mundi a été terrassée par les progrès de la Science. S’il est positif que l’homme en ait fini de certaines des chimères dont il se berçait, le problème principal de cette rupture est le désinvestissement des profondeurs de l’être. En effet, même quand les techniques se perfectionnaient au cours de son histoire, l’homme savait auparavant transformer les images par lesquelles ses Archétypes s’exprimaient. Les pratiques religieuses et les vécus symboliques changeaient de forme tout en continuant à sous-tendre l’expérience humaine ; or il semble que désormais, chez de nombreuses personnes, le domaine du Symbolique, de l’Imaginal, bref de ce qui n’est ni du domaine des sens, ni du domaine de la raison, soit nié.
Jung proposait pourtant une vision apte, ce me semble, à réconcilier
l’homme avec son intériorité, et à redonner au monde son merveilleux
sans retomber dans l’obscurantisme : l’Unus Mundus. Il s’agit de l’idée selon laquelle il existerait une unité de nature entre matière et esprit, individu et monde. L’Unus Mundus
est une réalité unifiée sous-jacente, une toile de fond de la réalité,
de laquelle tout procède et vers laquelle tout retourne.
Le Monde
Imaginal est ainsi une des modalités d’expression (à côté du domaine
intelligible, et du domaine sensible) de l’Unus Mundus.
Nous vivons aujourd’hui pour la première fois dans une nature exorcisée, privée d’âme et de dieux. (…) Les rationalisations du Siècle des Lumières ont bien dépossédé la nature de ses dieux périmés mais ont laissé en jachère les facteurs psychiques qui leur étaient liés, comme par exemple la suggestibilité, l’absence d’esprit critique, la crainte, le penchant à la superstition et aux préjugés ; en bref, tous ces facteurs qui peuvent contribuer à transformer un individu en « possédé » et se jouent de son âme. Quand la nature gît devant nous, dépouillée de l’âme qui l’habitait, les facteurs et conditionnements psychiques qui, auparavant, créaient les démons demeurent tout aussi actifs qu’ils l’étaient. Ils n’ont en réalité pas disparu pour autant, ils n’ont fait que changer de forme : ils sont devenus des puissances psychiques agissantes.
Carl Gustav Jung, « Après la catastrophe », in Aspects du drame contemporain
Une psychanalyse prend ainsi en compte cette dimension imaginale : par les contenus des rêves, la symbolisation des évènements vécus lors de la cure, l’analysant reconstitue son histoire personnelle avec l’aide de son analyste ; avec l’aide de son thérapeute il se reconnecte à l’origine de la beauté du monde, au monde des symboles et à son intériorité sans risquer de tomber dans la folie ou le désenchantement.