samedi 24 juin 2023

Les rêves et la chair du monde

 


 

Encore aujourd'hui, les rêves constituent des énigmes, 
nous ne savons pas ce qu'ils signifient ni d'où ils émanent précisément. 
 
De même, nous ne pouvons dire de quoi est fait notre univers. 
Le visible est-il l'unique réalité ou bien n'est-il pas plutôt une Maya, 
une projection de formes, une écorce épaisse 
qui cache la vraie substance du monde ?

Corroborant la sagesse orientale, et à la lumière 
des travaux effectués en physique par la Relativité Complexe,
 ce livre explore les secrets de notre réalité intérieure. 
 
Il traite du dedans des formes, de l'âme des choses
de cette chair du monde douée d'intelligence 
qui vibre en chaque être et sans laquelle 
aucune représentation physique ne pourrait exister. 
 
Il évoque également les dangers encourus aujourd'hui 
devant la puissance dévorante de la raison humaine.
 
Insensible, celle-ci n'oeuvre plus de concert avec l'imagination
laquelle est pourtant la première forme de connaissance, 
la trace de notre pouvoir créateur de projection, 
et aussi l'organe inventif qui ouvre la conscience 
à un ordre plus vaste. 
 
 
Présente dans les rêves, 
l'imagination s'efforce de traiter l'ombre 
que la raison, aux prises avec ses propres contradictions,
 engendre et refoule. 
 
Mais déconsidérée par le mental ratiocineur, 
elle s'étiole et laisse place à un imaginaire sans consistance.
 
C'est pourquoi il importe de réhabiliter le rêve
de percevoir son langage d'une grande richesse symbolique, 
 afin que l'humanité ne perde pas le sens du devenir 
ni le lien avec la chair du monde.
.
 
Dominique Charrière
"Les rêves et la chair du monde"
Pour un retour à l'imagination active 
.
 
 

vendredi 23 juin 2023

Mon âme individuelle est l'âme universelle

 

Nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier;
nous sommes d'un âge immense .
.
C.G. Jung
.
 


 

(...)  notre Moi existentiel, 
ce que nous avons nommé notre Conscient
ne peut exister sans le support 
d'une "substance" spirituelle universelle, 
qu'on peut désigner comme l'âme universelle. 
 
Poussant cette idée plus loin encore, 
la pensée religieuse de l'Inde va déclarer que, 
sur ce plan de la substance, 
mon âme n'est pas différente de celle de mon voisin, 
puisque cette âme est commune et unique, 
c'est l'âme universelle. 
 
Ce que j'ai pris pour mon âme individuelle est encore une illusion, 
je ne suis pas descendu assez profond dans la nature du spirituel : 
cette âme que je nomme individuelle 
est aussi celle de toutes les autres existences actuelles , 
que celles-ci soient d'autres existences humaines, 
ou d'autres existences non humaines, 
ou même des existences purement matérielles. 
 
Et mon âme individuelle n'est pas non plus limitée dans le temps : 
cette âme est celle des existences passées, et des existences à venir. 
Cette âme est aussi grande que toute l'étendue, 
aussi permanente que toute la durée. 
 
Mon âme individuelle est l'âme universelle, 
c'est l'âme de l'Etre, c'est le Moi de cet Être.
.
 
Jean Emile Charon
"Le monde éternel des éons"

.

 


 
Dire que l’Esprit ne peut se confondre avec la Matière, 
qu’il est de « qualité » différente, 
c’est aussi affirmer qu’il ne sera jamais possible 
de décrire l’Esprit dans l’espace 
(ou l’espace-temps) 
où l’on situe habituellement la Matière. 
.
"J'ai vécu 15 milliards d'années"
.
 
 

jeudi 22 juin 2023

Matière et Esprit


Le moment est venu de se rendre compte qu'une interprétation, 
même positiviste, de l'Univers doit, pour être satisfaisante, 
couvrir le dedans aussi bien que le dehors des choses -
l'Esprit autant que la Matière. 
 
La vraie Physique est celle qui parviendra, 
quelque jour, à intégrer l'Homme total 
dans une représentation cohérente du monde.
 .

Pierre Teilhard de Chardin


 
 
 
C'est à la fin des années 70, 
après avoir mené des recherches sur l'électron,
que le physicien Jean E. Charon postule l'existence 
d'autres dimensions dans notre univers.
 
Il n'est pas le seul à évoquer la présence de dimensions cachées,
c'est-à-dire non directement observables, 
seulement celles qu'il présente dans sa théorie n'affectent 
pas uniquement l'espace mais aussi le temps.
 
Et leur difficulté d'observation ne tient pas au fait 
qu'elles sont trop petites pour les instruments de mesure actuels, 
mais qu'elles n'appartiennent pas, par principe, 
au domaine de la matière visible,, et n'entrent pas 
dans le référentiel défini par la science actuelle.
 
dont l'un seulement coïncide avec notre monde phénoménal.
Toutes les théories validées jusque-là ne s'appliquent en fait 
qu'à un seul versant de l'univers, 
d'où les limites et les impasses auxquelles ces théories sont parfois confrontées, 
car elles ne tiennent pas compte de la nature véritable de l'espace-temps 
qui n'est pas ordinaire mais "complexe"
 
Sans exclure la signification du langage courant, ce dernier terme, 
à prendre ici dans son acception mathématique, 
contient la notion d'un dédoublement
des valeurs sont dites complexes lorsqu'elles présentent 
 
 
Et telles sont, justement, au regard de cette nouvelle théorie physique 
sur laquelle Jean E. Charon a travaillé au cours des années 1980-1990, 
les quatre dimensions de l'espace-temps :  
l'univers collectif dans lequel nous évoluons ne concerne qu'un aspect du réel, 
il ne touche que la face visible, extérieure, observable des formes.
 
Une autre face, invisible 
(c'est-à-dire impossible à représenter sur la face "endroit") 
mais complémentaire et indissociable de la première, contient 
un anti-espace-temps à 4 dimensions, 
non pas formé d'un seul tenant 
mais composé d'une multitude de mondes clos, 
présents derrière chaque particule de matière. 
(...)
 
Pour appuyer la représentation d'un espace-temps complexe 
dont l'une des faces est inobservable, 
Jean E. Charon s'est d'abord penché sur la découverte, 
en astrophysique, des trous noirs.
(...)
Les recherches sur la structure des particules effectuées par ce physicien
 ont montré en effet que l'électron s'apparente à un micro-trou noir. 
Sur la "face endroit", l'électron se résume à un point, 
mais de l'autre côté, c'est-à-dire sur la rive invisible du réel, 
l'électron est un micro-univers fermé 
qui échappe à notre espace-temps ordinaire 
puisqu'il n'en fait pas partie.
 
Au cours de ses travaux ultérieurs, 
Jean E. Charon démontre que cette caractéristique 
n'est pas uniquement celle de l'électron 
mais s'étend à toutes les particules élémentaires qui tapissent le réel,
 chacune d'elles dissimulant, derrière une "structure" ponctuelle, 
une micro-sphère repliée sur elle-même 
et dotée d'un espace-temps intérieur.
(...)

Loin de la vision mécaniste  
qui n'envisageait qu'un amas de substance inerte
déterminée par des lois physiques,
l'univers se présente maintenant, grâce à la relativité complexe,
comme un ensemble vivant en quête de l'Etre,
comme un grand corps engourdi qui "respire" et aspire 
à une sorte d'accomplissement de ses possibilités.
 
Derrière tous les mouvements, les changements incessants,
l'univers se cherche.
Plus exactement il cherche à atteindre 
l'ordre et la Totalité de l'Être.
 
Celui-ci existe, mais il se tait et feint l'absence,
il joue à cache-cache, incitant l'univers,
son corps plongé dans les ténèbres, à retrouver la lumière,
à accepter la modalité de l'oubli afin d'éprouver les joies 
d'une reconquête progressive de son identité.

L'univers, qui constitue en quelque sorte l'Ëtre-en-devenir, 
doit donc évoluer, se construire par lui-même en partant de peu.
 
Au commencement de la partie, 
le cosmos ne contient en effet que des particules élémentaires, 
tout est encore noir et informe.
Mais, contrairement à la théorie du Big Bang, le rayon initial n'est pas nul, 
l'univers ne joue sans doute pas sa première ni sa dernière partie,
il a déjà vécu plusieurs cycles et en connaîtra certainement d'autres. 
 
L'ensemble tisse l'espace-temps matériel, tandis qu'au-dedans, 
à l'intérieur des structures éoniques, se trouve la matière grise, 
la substance psychique capable de "travailler". 
 
C'est elle la conscience disséminée dans le grand corps de l'univers, 
présente dans la multitude de têtes penchées sur le jeu, 
qui cherchent à connaître les règles 
pour retrouver l'intégralité des possibilités 
inhérentes à l'Être. 
 
Toutes les particules éoniques, 
mues de l'intérieur par une recherche du sens, 
ne sont donc pas de simples pions sur l'échiquier de l'univers,
remplies de substance intelligente,
 capables de mémoriser, 
qui jouent et cherchent.
(...)
.

"Les rêves et la chair du monde"
 


 

mercredi 21 juin 2023

La leçon de piano de Pauli

 




 
En 1953, au cours d'une imagination active,
Pauli eut une vision particulièrement frappante :
 
Une femme essayait de lui apprendre à jouer du piano. 
A un certain moment, elle enlevait une bague de son doigt et la lui tendait. 
Puis elle lui disait que cette bague unirait deux mondes. 
Cette bague - lui expliqua-t-elle - est "l'anneau du i", 
i représentant un nombre imaginaire en mathématiques.
 
Trouver une solution au problème de la théorie unifiée de l'univers 
consistait-il donc à concevoir des nombres imaginaires ?
 
 
 
.
 
 

 
 
 
 
 
Vidéo présentant cette imagination active
dans son intégralité
(en anglais)
 
 
 

mardi 20 juin 2023

Rêve : "L'ange ondulatoire"


 


 

Elle rêve de la nature de l'ange
des anges
 
"L'ange, lui dit une voix, 
est à la fois ondulatoire et corpusculaire, 
ce qui lui permet d'intervenir dans le domaine de la psyché 
comme dans le monde sensible."

 Mais, ajoute la voix, ce n'est pas uniquement avec l'intellect 
qu'il faut comprendre cela, seul le niveau du sentiment, de l'eros, 
permet de saisir véritablement cette mystérieuse unité.
 
.
"Rêve d'une universitaire de 45 ans"
 
cité dans le livre 
de Marie-Laure Colonna
 
 .
 
 
 
Physique quantique
et élévation de conscience
 

 

...

La symphonie est UNE

 


 

- Comment la religion et la science pourraient-elles se concilier ?

- A la nouvelle Lumière, on reconnaîtra qu'elles sont UN,
Toujours elles ont été UN.

UN, comme la mélodie et le rythme, inséparables.
Chaque membre du grand orchestre joue séparément.
Mais la symphonie est UNE.

.

 

 

 

lundi 19 juin 2023

Monde imaginal


 
 
 
 
 Monde imaginal
 
Cette notion est une création conceptuelle 
due au philosophe français Henry Corbin
dont les travaux sont essentiels pour l'herméneutique comparée. 
Face à la défiance que la philosophie occidentale moderne 
a manifestée par rapport à l'imagination, 
le néologisme « imaginal » porte, au contraire, 
une exaltation philosophique de l'image. 
Cette exaltation ouvre à la connaissance symbolique 
de la réalité des archétypes.
 
En effet, pour la psychologie (ou, mieux, pour la psychosophie) islamique, 
 l'imagination créatrice constitue la faculté centrale de l'âme
Pour cette tradition philosophique, l'imagination possède 
« sa fonction noétique et cognitive propre, 
c'est-à-dire qu'elle nous donne accès à une région et réalité de l'être
 qui sans elle nous reste fermée et interdite » 
(H. Corbin, Corps spirituel et Terre céleste). 
 
Cette puissance de l'âme ouvre l'être et le connaître à un monde suprasensible : 
ni le monde connu par les sens, ni celui connu par l'intellect, 
mais un troisième monde
un intermonde entre le sensible et l'intelligible.
 
C'est ce que certains auteurs nomment le « monde de l'âme »
et que la théosophie orientale nomme malakūt
La tradition platonicienne en islam distingue trois réalités : 
'ālam 'aqlī ou monde intelligible ;  
'ālam mithālī ou monde imaginal ;  
'ālam hissī ou monde sensible.
 
 Cette distinction repose sur la reconnaissance 
de « formes » propres à chacune d'elles, 
hiérarchisées selon trois régions de l'être et du connaître : 
formes intelligibles, formes imaginales, formes sensibles. 
 
Entre l'apparence des formes sensibles et le transparaître des formes intelligibles, 
l'apparaître en tant qu'apparaître (ou « réalité apparitionnelle »)
 définit l'ontologie propre aux formes imaginales.
 
L'imagination créatrice est donc irréductible à l'« imaginaire », 
terme qui connote fabulation, irréalité, fiction, quand ce n'est pas délire.
« Il nous fallait absolument trouver un terme qui différenciât 
radicalement de l'imaginaire l'intermonde de l'imagination. 
[...] 
La langue latine est venue à notre secours, et l'expression mundus imaginalis 
est l'équivalent littéral de l'arabe 'alām al-mithāl, al-'alām al-mithālī
 en français le « monde imaginal »
 
Par là est désigné non un monde d'images comme réalité dégradée, affaiblie, 
s'originant dans les données sensibles, ou bien encore réalité purement fabulée, 
mais une authentique source de connaissance. 
 
L'âme « rencontre » cette réalité imaginale par une perception imaginale, 
par une connaissance imaginale, par une conscience imaginale. 
 
« Faculté cognitive de plein droit », elle immatérialise les formes sensibles 
(elle les reconduit à la source de leur apparaître), 
et elle « imaginalise » les formes intelligibles ou archétypes 
(elle leur donne figure, dimension, rythme et visage). 
 
Bref, l'imaginal assure le passage réversible entre le sensible et l'intelligible. 
Il les réunit et les comprend dans une unité créationnelle. 
Sans ces formes imaginales, ni les formes intelligibles 
ni même les formes sensibles ne seraient connaissables.
 
 
 
 

dimanche 18 juin 2023

La symbolique du labyrinthe

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   
 
Des méandres des cavernes préhistoriques 
à la mythologie antique et aux images médiévales, 
le principe universel et sacré du labyrinthe 
 prend diverses formes. 
 
Son chemin mène au centre de soi, de la cité, de l’univers… 
Le labyrinthe cristallise la quête spirituelle ou initiatique 
de l’être humain…
.
 
Maryse Marsailly

 
 
 
   
 
 

samedi 17 juin 2023

"Le labyrinthe de Pan" : analyse symbolique

 

Il n'y a pas que les rêves qui peuvent être analysés...
Certains films nous ouvrent aussi 
des mondes fantastiques...et symboliques.
 

Voici un film "onirique", riche, foisonnant, 
dont la lecture "à plusieurs niveaux" est passionnante...
et qui, à mon avis, est assez analogue 
à un "grand rêve"...ou à un "conte"...

.

Résumé sur Wikipédia :

de Guillermo del Toro

 

 
 

Attention

 - A visionner seulement si vous avez DEJA vu le film (spoiler)

- D'autre part, c'est un film sur le fascisme :

Si vous êtes une âme sensible, 

certaines scènes, violentes,  peuvent choquer...

Dans ce cas,  visionnez plutôt... ce film-là :-)

 

Découpage en 5 parties
 
00:00        Introduction 
00:51   1.  Mundus imaginalis : Les trois mondes  
19:13   2.  La dynamique du conte 
28:54   3.  Animus : Vidal et la virilité  
42:17   4.  Anima : Ophelia et la féminité 
54:45   5.  Intertextualité 
 



vendredi 16 juin 2023

Comment le chamanisme explique-t-il les rêves ?

 

rêves


L’importance des rêves

 
Dans la vision chamanique des rêves, 
les ancêtres nous rendent visite, 
nous voyageons dans d’autres royaumes
nous volons.
 
Les rêves se produisent 
un système vivant de l’Esprit.
 
La réalité est « fluide et omniprésente », 
et le monde des rêves est aussi réel que le monde éveillé. 
 
« Le Rêve » est la réalité ultime 
et est « créé, habité et soutenu par l’Esprit ». 
L’Esprit « manifeste » des formes infinies, 
que ce soit dans le monde rêvé ou éveillé. 
 
Le chaman guérit en guidant les âmes endommagées 
vers l’harmonie avec toutes choses. 
 
Ils le font souvent en « voyageant » dans d’autres royaumes (ou mondes), 
considérés comme faisant partie du plus grand Rêve. 
Le chaman voyage dans trois royaumes principaux 
(bien qu’il y ait des mondes infinis dans ces trois) :
 le monde inférieur, 
moyen 
et supérieur. 
 
Lorsqu’ils cheminent, ils rencontrent l’Esprit 
et rapportent ce qu’ils apprennent 
à appliquer à ce monde concret.
 
Il existe dix façons de vous aider à comprendre 
le véritable sens de vos rêves. 
Selon la pratique chamanique, le travail du rêve
est utilisé pour découvrir 
comment nous nous inscrivons dans l’univers. 
 

 
 
La culture occidentale, d’autre part, 
nie souvent la réalité des rêves ayant un sens, 
mais ne les croit qu’une collection d’images aléatoires 
produites par le cerveau. 

Le chaman croit qu’en se connectant
à nos énergies et symboles de rêve
on peut en apprendre davantage 
sur le futur soi et le bon chemin spirituel. 
 
Le corps énergétique (corps subtil) pendant le sommeil 
peut explorer d’autres domaines. 
Parce que le corps énergétique 
est intégré dans le temps/l’espace, 
En rêvant, nous pouvons même 
voyager dans le temps.
.
(...)
 
 
Article complet ICI
 



jeudi 15 juin 2023

Jung et l'animisme

 

 

Dans l’animisme, qui est cette matrice dont sont issus tous les systèmes religieux ultérieurs, l’inconscient réside, pour ainsi dire dans la Nature, dans ses lieux plus suggestifs, dans ses entités aux pouvoirs mystérieux. La Nature y remplit, depuis la nuit des temps, la fonction de contenant de l’inconscient et de ses archétypes. Dans la psychologie tribale, l’intégration de la personnalité n’est pas vraiment synonyme d’intériorisation, mais s’exprime plutôt par un rapport constant avec un inconscient projeté et perçu en grande partie à l’extérieur et dont les archétypes sont symboliquement liés, depuis toujours, au monde de la Nature.

Tous les grands symboles renvoient en effet aux formes naturelles. Que l’on pense par exemple à l’Ouroboros, à la Montagne ou aux Fleuves sacrés, à la Forêt, à la Caverne, à l’Animal, à la Pierre et à l’Arbre des philosophes… 
Les membres tribaux du monde entier ont des totems et des animaux de pouvoir reçus en don pendant des rites d’initiation qui marquent le passage à la condition adulte. Ces entités liées à la Nature leur font visite dans les rêves en leur fournissant souvent de véritables enseignements, mais se manifestent aussi par le biais de leurs représentants physiques, lesquels sont normalement convoqués et interrogés par des prières et autres pratiques rituelles. 
Comment ne pas rapprocher ces pratiques des entretiens quotidiens de Jung avec le sage Philémon dont les ailes ressemblaient à celles d’un martin-pêcheur ?
 


 
Dans la période où il peignait la figure de Philémon, Jung trouva même un martin-pêcheur mort au bord du lac, non loin de son habitation. Cet épisode raconté dans son autobiographie le frappa particulièrement et le poussa à réfléchir sur les liens intimes et mystérieux concernant l’âme et la matière, et à théoriser finalement l’existence d’un principe de relation acausal, qu’il nomma synchronicité, reliant ces deux registres que la culture occidentale conçoit comme séparés et même opposés.
 


Les peuples animistes connaissent depuis toujours, bien avant que les alchimistes du Moyen Âge ne parlent d’un Unus Mundus, l’existence d’un tel principe. Il existe dans l’animisme un lien projectif et symbolique entre l’inconscient et la Nature qui peut (et à mon avis devrait) être récupéré. Il ne s’agit pas, évidemment, d’opérer un retour pur et simple à l’animisme, mais de s’en inspirer afin de compléter notre psychologie rationnelle.
 


L’intérêt de Jung envers l’animisme était même assez fort pour le pousser à s’improviser anthropologue et à organiser de véritables expéditions en Afrique et au Mexique afin de s’entretenir personnellement avec les membres tribaux. Lors de l’une de ses expéditions, il risqua même de se perdre dans la brousse africaine plutôt que de renoncer à atteindre son objectif5

De ses expéditions, il revint avec la conviction que la psychologie de ces peuples était profondément différente de la nôtre, au sens où elle s’appuie non pas sur la « fonction pensée », mais sur l’intuition et, ajouterai-je, sur cette fonction psycho-spirituelle complexe qu’il convient d’appeler perception animiste. On pourrait affirmer que les natifs « voient », perçoivent » et « sentent » là où les modernes « pensent », « raisonnent », « calculent ».

Une grande erreur a été d’accepter sur un mode acritique la définition que l’ethnologue britannique E.B.Tylor a donné vers la fin du XIX siècle et de considérer l’animisme comme une conception du monde basée sur des croyances ingénues, alors qu’il s’agit plutôt d’une perception du monde à partir de laquelle une culture se cristallise enfin et influence en retour cette même perception, la renforçant.

Un schéma qui explique efficacement le type de rapport avec la Nature entretenu par les natifs et donne un sens plus accompli et moins réducteur au concept de participation mystique proposé par l’anthropologue Lévy-Bruhl et repris par Jung.


Il existe donc dans l’animisme un lien intense et vital avec la Nature qui n’était pas étranger à Jung non plus. Dans son autobiographie, ce dernier confesse avoir, durant son enfance, entretenu une sorte de « communion secrète » avec la Nature.

Il avait l’habitude de se promener longuement en solitaire au long de sentiers de montagne et aimait s’immerger dans ces lieux comme dans un bain. Si nous faisons le rapprochement avec certains rites initiatiques, comme par exemple celui du peyotl des indios huichol qui s’immergent dans les paysages de la Sierra jusqu’à éprouver des sentiments océaniques, il est probable que ces promenades aient eu pour Jung une fonction initiatique spontanée et l’aidèrent à percevoir son Soi (sa « personnalité N° 2 » comme il l’appelait alors). 
 
Ce genre de comportement est assez insolite chez les enfants qui sont généralement plus portés vers les jeux de compagnie, comportement facilement considéré, chez les peuples tribaux, comme un signe de vocation chamanique. Le chamane est en effet celui qui fréquente la Nature et entretient des relations avec les entités qu’elle abrite.

Il est frappant de constater tant de ressemblances entre les comportements spontanés d’un grand penseur de la modernité et les pratiques consolidées des cultures animistes. 
 
(...)
 
 
 

mercredi 14 juin 2023

Les Racines de la conscience


 

 

L'expérience numineuse 
du processus d'individuation 
est, au niveau archaïque, 
l'affaire du chamane et du medecine-man
puis plus tard du médecin 
(dans le cadre de la médecine sacrée antique), 
du prophète et du prêtre
et enfin, au stade de la civilisation, 
celle de la philosophie et de la religion
.
 
C.G. Jung
"Les Racines de la conscience"
.



Perte de racines






 
Notre âme, comme notre corps, est composée d'éléments 
qui tous ont déjà existé dans la lignée des ancêtres. 
Le « nouveau » dans l'âme individuelle est une recombinaison, 
variée à l'infini, de composantes extrêmement anciennes. 

Ainsi corps et âme ont-ils un caractère éminemment historique
 et ne trouvent-ils dans le "réeellement-neuf-qui vient de sourdre" 
nulle place convenable.
 
Autrement dit, les traits ancestraux 
ne s'y trouvent que partiellement chez eux.
l'Antiquité, la primitivité
et d'avoir répondu à leur propos 
aux exigences de notre psyché !
 
 
 

Néanmoins nous sommes jetés dans une cataracte de progrès ;
elle nous pousse vers l'avenir avec une violence d'autant plus sauvage
qu'elle nous arrache à nos racines.
.
Toutefois si l'ancien a éclaté, il est alors, le plus souvent, anéanti
et il est impossible d'arrêter le mouvement en avant.
Car c'est précisément la perte de relations avec le passé, la perte de racines
qui crée un tel "malaise dans la civilisation" et une telle hâte
que nous vivons plus dans l'avenir, avec ses promesses chimériques d'âge d'or, 
que dans ce présent que l'arrière-plan historique n'a pas encore atteint.
 
 Nous nous précipitons sans entraves dans le nouveau, 
poussés par un sentiment croissant de malaise, 
de mécontentement, d'agitation. 
Nous ne vivons plus de ce que nous possédons 
mais de promesses; 
non plus à la lumière du jour présent,
 mais dans l'ombre de l'avenir 
où nous attendons le véritable lever du soleil.
 
Nous ne voulons pas comprendre que le meilleur 
est toujours compensé par le plus mauvais.  
L'espérance d'une plus grande liberté est anéantie 
par un esclavage d'Etat accru ; 
sans parler des effroyables dangers auxquels nous exposent 
les brillantes découvertes de la science.
  
Moins nous comprenons ce que nos pères et aïeux ont cherché, 
moins nous nous comprenons nous-mêmes 
et nous contribuons de toutes nos forces 
à dépouiller l'individu de ses instincts et de ses racines, 
si bien que devenu particule dans la masse
il n'obéit plus qu'à "l'esprit de pesanteur"...
 
(...)
.
 
C.G. Jung
"Ma vie"
"Souvenirs, rêves et pensées"
 
 .