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Qu'est-ce qu'un "Grand Rêve" ? C'est un rêve qui n'est pas seulement personnel, c'est un rêve plus marquant que nos rêves habituels, un rêve aux images fortes, qu'on ne peut s'empêcher de raconter... parce qu'il est de ceux qui concernent tout le monde.
mercredi 31 mai 2023
Cosmos, le monde "ordonné"
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mardi 30 mai 2023
Rêves, signes et coïncidences
lundi 29 mai 2023
dimanche 28 mai 2023
Le symbolisme du losange
Le losange est un quadrilatère dont les côtés ont tous la même longueur, mais dont les angles ne sont pas droits (un losange à angles droits est un carré).
A noter que le rhombe est l’ancien nom du losange (du grec rhombos : losange, toupie).
Le losange présente deux axes de symétrie, qui correspondent à ses diagonales, lesquelles se coupent en formant un angle droit. C’est la raison pour laquelle le losange est souvent représenté pointe en haut, contrairement au carré :

Ainsi, couché ou droit, le losange se distingue par l’existence d’un point haut et d’un point bas, formant un axe d’analyse différent de l’axe droite-gauche.
Ce qui rappelle directement le symbolisme de la croix, dont l’axe horizontal peut représenter le monde manifesté ou l’immanence, alors que l’axe vertical traduit le pouvoir divin transcendantal ou encore l’axe du monde.
A la différence du carré, le losange se tient debout, en équilibre, tel une étoile, ce qui suggère l’équilibre des énergies. En réalité, pour se tenir debout, le losange doit tourner sur lui-même à la manière d’une toupie : c’est donc une forme bien plus dynamique que le carré.
Ce dynamisme du losange a aussi été souligné par Victor Vasarely, célèbre artiste plasticien fondateur de l’Op art (art optique – cf. image en tête de cet article). Dans son Manifeste Jaune, Vasarely dit que le losange est l’expression du mouvement contenu dans le plan-carré : de deux dimensions, on passe donc à quatre. Le losange égale carré + mouvement + espace + durée.
Rappelons aussi que Vasarely est le créateur du logo de la marque Renault dans les années 1970 :

Le symbolisme du losange : interprétation
Le losange peut être comparé :
- au carré : figure absolument régulière, le carré représente la perfection du monde manifesté, en lien avec la symbolique du chiffre 4. En tant que déformation du carré, le losange perd en régularité mais gagne en dynamisme : en cela, il est plus proche du rectangle. La déformation du losange évoque aussi la perspective, c’est-à-dire la représentation à partir d’un point de vue particulier, donc éloigné de la réalité objective,
- au triangle : le losange peut être vu comme la réunion de deux triangles isocèles ou équilatéraux accolés par leur base, ou comme celle de quatre triangles rectangles identiques. Sur le plan symbolique, le triangle est l’expression de la dualité réconciliée dans l’unité.
Nous allons voir que le losange évoque aussi des objets à trois dimensions.
Le losange et la pyramide
La forme du losange évoque la double pyramide, assemblage d’une pyramide debout et d’une autre renversée, les deux étant réunies par leur base.
La base de ces pyramides est carrée : leur fondation est donc toute matérielle, comme pour rappeler que la vérité se trouve cachée dans la matière. Mais ces pyramides s’élèvent dans des sens opposés, révélant deux manières de voir les choses.
Le fait que ces pyramides soient indéfectiblement attachées par leur base renvoie à la gémellité ou à l’androgynie : nous avons là les deux faces d’une même pièce, une correspondance évidente entre ce qui semble différent ou opposé, entre le ciel et la terre, le supérieur et l’inférieur, le masculin et le féminin.
La double pyramide possède un sens ésotérique profond, que l’on retrouve en particulier au Louvre, où la grande pyramide de la cour Napoléon fait écho à la pyramide renversée du Carrousel.
Lire notre article sur la pyramide du Louvre et son symbolisme.
Le losange et le diamant
La forme du losange évoque un diamant en forme d’octaèdre.
Notons que « losange » se dit diamond en anglais.
Pierre rare et précieuse, le diamant se forme sous le manteau terrestre dans un environnement extrêmement chaud et pressurisé : c’est du charbon (carbone) cristallisé, c’est-à-dire dont la structure est devenue parfaitement régulière.
Matière purifiée, perfectionnée, le diamant laisse passer la lumière. On peut y voir le symbole de la transmutation alchimique : voilà la naissance de l’être nouveau qui a réussi à transformer son plomb en or, son corps en lumière.
C’est aussi la raison pour laquelle le losange a été associé à la résurrection du Christ. Le losange est en ce sens très proche du pentagramme, image de l’homme debout, rayonnant de perfection.
Le losange : le lien avec le Sceau de Salomon
On peut voir dans le losange un sceau de Salomon en formation. Le sceau de Salomon évoque la rencontre des deux énergies cosmiques essentielles (la Lune et le Soleil, l’Eau et le Feu), offrant ainsi une réponse au mystère du fonctionnement cosmique.
Le schéma suivant illustre le passage du losange au sceau de Salomon :

Cette interprétation rappelle aussi la célèbre formule alchimique :
Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose.
(Hermès Trismégiste, la Table d’Emeraude).
Le symbolisme du losange : compléments
Tout comme le triangle inversé, le losange évoque le sexe féminin : la matrice, la source de la vie. Sur un plan ésotérique, c’est la naissance d’un être renouvelé, désillusionné, éveillé.
Le losange peut donc être vu comme une porte, un passage initiatique entre le monde souterrain, ténébreux, et le monde d’en haut.

Enfin, le losange peut évoquer :
- l’œil de la providence ou troisième œil (losange couché),
- la macle et la fusée : en héraldique, ce sont des meubles (éléments de l’écu) en forme de losange, représentant les mailles des cuirasses ou les pointes de lance,
- les écailles de poisson ou les tuiles d’un toit,
- un édifice ou une construction (assemblage d’éléments identiques : voir l’image en tête de cet article),
- ou encore le symbole de la victoire (Chine).
Article complet ICI
samedi 27 mai 2023
Rêve 71 : Exemple de rêve suivi d'une synchronicité
Deux ou trois jours après, alors que je me promène seule le long du canal, je vois soudain à mes pieds quatre cailloux plats incrustés dans le sol, chacun en forme de losange irrégulier et disposés de manière à en former un cinquième. Tout en continuant à marcher, je souris intérieurement en me disant : « Tiens, c’est comme dans mon rêve… ».
Puis je réalise soudain à quel point ce « hasard » est étrange, pour ne pas dire incroyable. Je reviens donc sur mes pas et prends les quatre pierres en photo avec mon téléphone portable. Le soir, j’en parle à mon compagnon et lui montre la photo. Il me fait aussitôt remarquer la présence d’un halo vert sur le cliché. Je regarde mieux et effectivement, un halo vert semble présent. Pour en être sûre, je sors la photo sur mon ordinateur et l’agrandis : pas de doute, un halo vert apparaît bien autour des pierres, alors qu’il n’y en avait pas dans la réalité (voir ma photo ci-dessous).

Je propose à mon ami de m’accompagner le lendemain sur ce chemin, à l’endroit où j’avais vu ces pierres. Nous y sommes allés… mais ne les avons jamais retrouvées !
Voilà ce que Jung appelle une synchronicité. Il n’y a aucun lien causal entre mon rêve et ces cailloux réels trouvés sur mon chemin. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir un rapport de sens évident. Mon rêve s’achevait sur cette question existentielle pour moi : suis-je sur le bon chemin ? Et quelques jours après, je trouve ces pierres sur mon chemin. C’est comme si la réalité me répondait : oui, tu es bien sur le bon chemin, cesse de t’inquiéter ! Le plus étrange reste que je n’ai jamais retrouvé ces pierres, qui semblent n’avoir été là que pour moi. Si je ne les avais pas prises en photo (quelle bonne idée ai-je eue !), mon esprit rationnel en aurait conclu que j’avais rêvé éveillée et mon esprit inquiet que je déraillais complètement.
Des exemples de synchronicités, et de tout aussi saisissants, il en existe des tonnes. Cherchez dans votre mémoire ou demandez autour de vous et vous verrez. Mais, peu de gens en parlent de manière spontanée ou sérieuse, car nous vivons dans un monde tellement rationnel et dominé par le principe de causalité, qu’il ne faudrait pas passer pour crédule ou naïf en donnant du sens à ce qui n’est, selon les cartésiens, qu’un hasard parmi d’autres.
Un sacré hasard tout de même, si l’on songe à la probabilité infime pour que je tombe, quelques jours après mon rêve, sur des cailloux reproduisant la même forme que ceux de mon rêve, qui plus est sur un chemin et avec une photo qui crée d’elle-même un halo vert inexistant dans la réalité, mais renvoyant à la couleur émeraude des pierres de mon rêve… Avouons-le, la probabilité statistique pour que tout cela ait lieu en même temps est proche de l’improbable !
Le problème de la synchronicité est qu’il s’agit d’un phénomène qui n’est, par nature, pas prouvable scientifiquement. Chaque synchronicité est unique. Il est donc impossible de les reproduire en laboratoire et d’en tirer des statistiques. D’autre part, les synchronicités sont éminemment subjectives et ne font sens que pour l’observateur concerné. Quelqu’un d’autre aurait vu ces quatre cailloux sur le chemin n’y aurait accordé aucun intérêt : ils ne faisaient sens que pour moi, en raison de la similarité symbolique de ces cailloux et de ce chemin avec ceux de mon rêve.
Une amie a rêvé un jour d’un éléphant, qui était dans son rêve un symbole spirituel. Le lendemain matin, elle a pris sa voiture et s'est retrouvée coincée dans un embouteillage, juste derrière un camion sur lequel était dessiné un éléphant avec écrit en-dessous : « Louez-moi ! ». Encore une fois, cela n’avait de sens que pour elle (on note au passage l’humour subtil de ces coïncidences signifiantes).
vendredi 26 mai 2023
Intelligence du silence
Le silence ! Suffira-t-il de le définir comme l'absence de bruit ? Il faudrait alors bannir tout bruit discordant mais aussi toutes les mélodies qui sont, nous le verrons, lien d'harmonie au divin.
(...)
Le temps est venu de présenter le principal acteur auquel la dynamique de l'imaginaire confie de symboliser le silence : l'oreille !
N'est-il pas paradoxal, pensera-t-on de montrer le bout de l'oreille quand il s'agit de souligner un silence ! Il est plaisant de constater que ce n'est justement pas "le bout de l'oreille" qui se laisse repérer dans le rêve. Il s'agit au contraire presque toujours d'oreilles démesurées, disproportionnées par rapport à leur support. Tel rêveur rencontrera un personnage affublé d'oreilles d'éléphant. tel autre imaginera des oreilles de lapin plus hautes que les arbres de la forêt. A quelle malicieuse intention cette emphase placée sur le pavillon auriculaire répond-elle ?
L'observation du contenu des scénarios de rêve éveillé libre conduit à des conclusions identiques à celles d'auteurs dont la compétence en matière de symbolisme est avérée : l'apparition des oreilles en rêve impose l'idée d'une voix qui n'a pas été suffisamment entendue ! Cette voix peut être celle de la Mère ou de Dieu ! Mais puisque nous avons vu que les supports de la notion d'éternité s'inscrivent dans le dispositif neuronal au cours des trois premiers mois vécus dans le ventre maternel, il n'est pas absurde de penser que les oreilles du rêve espèrent entendre ces deux voix confondues !
L'une des corrélations dominantes de l'oreille est la trompette. ce n'est évidemment pas par hasard que l'une et l'autre des eux images comportent une partie appelée pavillon. Il y aurait ue méprise grossière à se représenter une trompette annonçant à sons bruyants quelque événement onirique. Les scénarios dans lesquels apparaissent les oreilles ne connaissent que les trompettes du silence !
Les hérauts sonnant haut et fort la venue du seigneur, les cuivres généreux des orchestres typiques n'ont rien de commun avec l'instrument que le rêve met en corrélation avec l'oreille. La trompette onirique est, dans ce cas, un instrument silencieux, qui appelle un interprète silencieux. A se laisser porter par l'imaginaire, on est souvent ramené aux sources du langage : Un ange passe ! Comment celui-là marque-t-il son passage ? Par le silence dont il contamine soudainement l'assemblée la plus tapageuse !
(...)
Certains scénarios accréditeront la thèse suivant laquelle cette voix manquante et qui s'affirme par le silence est celle qui émane de la Source divine. Il s'agit toujours d'une voix primitive puisqu'elle est faite des sons qui constitueront les premières impressions du bébé en gestation ou de ceux dont la tradition rapporte qu'ils furent captés, venus du cosmos, par des personnages exceptionnels tels que Thot, Moïse et Bouddha.
Lorsqu'elle privilégie l'apparition d'oreilles animales, la dynamique de l'imaginaire souligne la distance qui sépare l'attitude du rêveur de celle qui lui permettrait d'entendre son être divin. Le développement de la merveilleuse aptitude réflexive de l'homme, sa raison rationalisante, qui paraissent le porter au sommet parmi les créatures vivantes, sont aussi le filtre pernicieux qui le rend sourd à la voix de l'intuition.
Patrice est lancé dans l'espace à bord d'une fusée. Autour de l'évocation du silence et avant d'imaginer des oreilles, il réunit le temps, l'espace, l'infini, dont nous savons qu'ils sont les exposants du Mystère :
L'Ancienne Egypte professait l'idée que tout être créé, vivant ou inerte, n'avait pu prendre forme qu'en fonction de l'existence préalable de son neter.
Le neter était une matrice immatérielle, principe ou agent d'une loi cosmique, existant et agissant selon son propre déterminisme, émanation d'un monde d'absence et de silence. Curieusement, la physique contemporaine admet l''existence de super-cordes, soit des milliards et des milliards d'ondes entrecroisées dans la haute atmosphère et qui non seulement seraient à l'origine des choses créées mais aussi gouverneraient nos pensées et nos actes .
(...)
Des perceptions intuitives de l'Ancienne Egypte aux applications concrètes de la science physique actuelle, tout converge pour suggérer qu'il est un monde de silence, source infinie d'énergies et d'orientations, qu'il nous est impossible de contacter en dehors de nos propres intervalles de silence.
Ce que le docteur Deepak Chopra nomme "l'intelligence non localisée", dissociée des processus de transmission neuronaux, relève du même axe de réflexion.
C'est ici que nous allons rejoindre le "rêve éveillé libre" et son aptitude à donner accès à l'intelligence silencieuse.
Les modes d'expression des rêveurs au cours de la séance sont extrêmement variés. Certaines personnes restent silencieuses plusieurs secondes, parfois une ou deux minutes, entre les émissions d'images. D'autres ont un débit rapide et apparemment ininterrompu. L'impression de continuité du discours est un leurre. Les images, comme les pensées, ne sont que des juxtapositions d'émissions parcellaires que séparent des intervalles de temps. Même si la succession de mots prononcés rapidement crée la sensation d'une continuité fluide, celle-là reste une illusion !
Quelle que soit la durée d'un intervalle de silence, il semble bien que c'est par cette fenêtre ouverte sur l'infini de silence qu'entre l'inspiration venue du mystère. C'est peut-être ce qui fait qu'à la différence d'un mental qui parfois se trompe, nous trompe et ne le reconnaît qu'avec difficulté, la dynamique de l'imaginaire agit toujours dans le sens juste pour la personne.
La parentèle du silence avec l'intelligence étant établie, (voici une séance de rêve éveillé) de William qui illustrera notre propos :
jeudi 25 mai 2023
Chronologie onirique et synchronicité
L’interprétation des rêves
L’interprétation est une supposition
Toute interprétation de rêve n’étant qu’une supposition, on se trouve, devant la production onirique, dans le cas du chercheur qui s’attacherait à l’étude d’événements dont il lui serait impossible de démontrer le sens et la régularité. C’est dans ce but que Jung, comme nous l’avons fait nous-mêmes, a privilégié les séries de rêves, espérant ainsi diminuer l’incertitude. Il en donne les raisons dans Psychologie et Religion :
“Si faire se peut, je n’interprète jamais un rêve isolément. En règle générale, un rêve appartient à une série de rêves. De même que dans le conscient, il existe une continuité, abstraction faite qu’elle est régulièrement interrompue par le sommeil, de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité dont font preuve les déroulements inconscients est peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients.En tous cas, mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d’une “chaîne” d’événements inconscients.” (p.58)
A la faveur de la série, il est possible de mieux suivre le discours du rêve et de contrôler les interprétations, les rêves eux-mêmes s’en chargeant par des corrections et des réajustements. Mais, pour comprendre l’intérêt des séries, il est utile d’avoir en mémoire l’hypothèse que Jung formule dans son ouvrage Sur l’interprétation des rêves (p.22,23) au sujet du noyau central de signification.
Cette hypothèse est hardie car elle remet en cause des concepts qui sont les repères de notre vie quotidienne.
Le noyau central de signification
L’inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité car temps et causalité sont en quelque sorte disloqués.
Dans les séries de rêves qui, nous le verrons, non seulement montrent des structures et des symboles mais aussi racontent une histoire, la chronologie est parfois respectée mais souvent elle se perd.
Nous sommes incités par nos habitudes conscientes à établir une diachronie des rêves et à les relier entre eux par le fait qu’ils nous parviennent l’un après l’autre. Or, pour Jung : Le niveau de l’histoire apparente masque un autre niveau plus essentiel :
“Il n’est pas démontré que la suite réelle d’un premier rêve ne parvienne qu’ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n’est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d’un centre, et ne viennent qu’ensuite se soumettre à l’influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification.”
Que les événements en général sont associés soit, directement en chaînes causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l’ordre du sens.”
La synchronicité
Jung attire l’attention de son lecteur sur le contresens que ce terme de synchronicité pourrait provoquer.
Il emploie le concept général de synchronicité dans un sens particulier tout à fait différent du synchronisme qui ne désigne qu’une simple simultanéité des événements. La synchronicité, telle qu’il la présente dans Synchronicité et Paracelsica (p.43), caractérise une coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements, sans lien causal, mais revêtus d’un sens identique ou analogue.
Dans ce même ouvrage (p.106), il pousse très loin son idée de la synchronicité jusqu’à la notion d’un “ordre général sans cause ». Mais, peu avant sa mort, dans une lettre datée de 1958 (Cf. Correspondance,V, p. 49), il écrit que ce genre de problème devait être radicalement soustrait à toute spéculation philosophique et que seule l’expérience pouvait aider à avancer.
C’est la plus ancienne et la plus simple définition que Jung donne de la synchronicité, qui nous paraît devoir nourrir une réflexion sur les notions de temps et de causalité, réflexion indispensable dès que l’on aborde les manifestations inconscientes.
On la trouve dans le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or (p.114) :
« Une fréquentation de la psychologie des phénomènes inconscients m’a forcé, depuis un grand nombre d’années déjà, à me mettre à la recherche d’un autre principe d’explication, puisque le principe de causalité me paraissait insuffisant pour éclairer certains phénomènes remarquables de la psychologie inconsciente. Je découvris en effet l’existence de phénomènes psychologiques parallèles entre lesquels il n’est absolument pas possible d’établir de relation causale, mais qui doivent être placés dans un autre ordre de connexions. Une telle connexion me parut consister essentiellement dans la simultanéité relative, d’où le nom de “synchronicité”.
On dirait en effet, que le temps n’est rien moins qu’une abstraction, mais bien plutôt un continuum concret renfermant des qualités ou des conditions fondamentales qui peuvent se manifester dans une relative simultanéité en différents endroits selon un parallélisme dénué d’explications causales : c’est le cas, par exemple de l’apparition simultanée de pensées, de symboles ou d’états psychiques identiques.”
Ces simultanéités se produisent dans le domaine onirique lorsque des rêves semblent avoir une relation par le sens avec un événement de la vie extérieure, relation non pas linéaire mais transversale.
mercredi 24 mai 2023
Pensée quantique et rêves quantiques ?
Pensée quantique : elle révolutionne les neurosciences
« Ils sont régis par les mêmes lois ! » , ose une poignée de chercheurs. « Ose », car ils ne sont pour l’instant que quelques dizaines, venus d’horizons divers – physiciens théoriciens, psychologues, économistes, spécialistes des sciences de l’information… -, à défendre cette idée apparemment folle :
la moindre de nos pensées, le cheminement intérieur qui nous amène à prendre une décision, les réflexions qui se mettent en branle dans notre for intérieur, les associations d’idées qui nous permettent d’interpréter une image… tout ce qui se passe dans notre tête serait de nature quantique.
(...)
UNE AUTRE LOGIQUE, D’AUTRES LOIS
Au premier abord, il faut bien le reconnaître : cette association des termes « pensée » et « quantique » semble un peu tirée par les cheveux.
Ce ne serait en effet pas la première fois que le caractère mystérieux de la mécanique quantique inspire des analogies plus ou moins fumeuses.
Pour comprendre, rappelons que la mécanique quantique permet de décrire le comportement de la matière microscopique avec une précision sidérante… mais avec une logique pour le moins bizarre : ce qui se passe dans le monde de l’infiniment petit n’est pas régi par les mêmes lois que celles prévalant dans le monde ordinaire.
Ainsi, une particule peut aussi être une onde, elle peut passer par plusieurs endroits à la fois, elle peut être reliée à une autre par-delà l’espace et le temps… Toutes choses inobservables à des échelles macroscopiques (...)
Mais pourquoi cette merveilleuse propension à échapper à la logique classique serait-elle réservée aux particules ? Nos neurones, par exemple, ne pourraient-ils être quantiques ? L’idée n’était pas obligatoirement absurde. Elle n’a finalement rien donné de probant, ces approches étant aujourd’hui considérées, au mieux, comme hautement spéculatives, et le plus souvent, comme parfaitement fantaisistes...
Ici, il ne s’agit pas de cela. « Nous ne clamons pas que le cerveau est un ordinateur quantique ! , précise d’entrée de jeu Jerome Busemeyer, psychologue à l’université de l’Indiana (Etats-Unis). Nous laissons les bases neuronales pour plus tard… Nous utilisons seulement les principes quantiques pour décrire les phénomènes cognitifs. »
Pour le dire autrement, ce n’est pas le fonctionnement biologique de nos neurones qui est en jeu, mais la manière dont, ensemble, ils traitent l’information pour former des raisonnements. Ce n’est pas directement notre matière grise qui se met dans des états quantiques, mais son fruit, c’est-à-dire nos pensées intérieures, et la façon dont elles sont représentées et transformées dans notre cortex.
Le changement de perspective n’en est pas moins radical. Car, au final, les arguments avancés par les adeptes de cette nouvelle "psychologie quantique" élucident de façon enfin satisfaisante ce qui se passe en nous lorsque nous réfléchissons, hésitons, décidons… et même lorsque nous rêvons.
Nos états d’esprit, qui semblent si mystérieux et mouvants, s’éclairent soudain si l’on sait que ce sont des états quantiques.
« Le potentiel est énorme , s’enthousiasme Ariane Lambert-Mogiliansky, spécialiste des effets psychologiques en économie à l’Ecole d’économie de Paris. Cela amène à repenser complètement la manière dont chacun d’entre nous raisonne. » Commençons par un exemple, qui illustre la différence entre une pensée classique et une pensée quantique : vous êtes au restaurant et le serveur vous demande de choisir entre le fromage et le dessert.
Dans le cadre de la psychologie classique, l’état de votre opinion sur la question, qui dépend d’une multitude de paramètres et de calculs, est parfaitement défini à chaque instant (même si vous êtes face à un dilemme, avec une préférence égale pour les deux options, ou légèrement favorable à l’une plutôt qu’à l’autre). Prendre une décision ne revient alors qu’à lire l’état dans lequel votre opinion se trouve (« je vais prendre du gruyère », ou « goûtons donc la tarte », ou « j’hésite » si votre opinion n’est pas encore suffisamment tranchée).
DES RÉSULTATS QUI DÉFIENT L’ENTENDEMENT
Dans le cadre de la psychologie quantique, vous n’avez pas une opinion sur la question… mais toutes à la fois. On dira que vous êtes dans une « superposition d’états » . En clair, vous êtes à la fois totalement attiré par le fromage, totalement tenté par le dessert, parfaitement hésitant entre les deux, ainsi que tous les autres équilibres possibles.
Et c’est sur cet état d’esprit, constitué de la superposition de toutes les opinions possibles, que se portent les réflexions que vous menez sous la pression polie du serveur – le modèle quantique englobe ainsi le modèle classique, le réduisant au rang de cas particulier.
Bizarre ? Les physiciens ont pourtant fini par s’y habituer : selon les lois quantiques, une particule peut se trouver dans plusieurs états à la fois (elle peut être ici et là, tourner dans un sens et dans un autre). C’est seulement lorsqu’elle est soumise à une mesure effective que cette superposition d’états se réduit à un seul : le résultat de la mesure.
Idem au restaurant : votre état d’esprit est la superposition de tous les appétits possibles, laquelle se réduit à une seule réponse lorsque vous avez finalement réussi à trancher la question – en quantique, cela s’appelle « réduire son paquet d’ondes ».
Bon, mais la question reste posée : comment les scientifiques en sont-ils arrivés là ? Pourquoi aller chercher une idée aussi saugrenue ? Pourquoi vouloir représenter nos pensées avec un formalisme aussi tarabiscoté et abscons, issu d’un domaine scientifique aussi éloigné ?
La réponse donnée par les cogniticiens quantiques est lumineuse : les psychologues, en ce début de siècle, se trouvent exactement dans la même situation que les physiciens au début du siècle précédent. Ils doivent faire face à des résultats qui défient l’entendement. De fait, dans les années 1920, les Bohr, Heisenberg et autres Pauli échafaudèrent la théorie quantique parce qu’ils étaient confrontés à des résultats expérimentaux qui contredisaient les lois de la physique traditionnelle.
De la même manière, c’est pour faire face à l’accumulation d’une multitude d’exemples dans lesquels l’esprit humain défie la logique et les lois de la probabilité classiques que ce petit groupe de spécialistes de la cognition s’empare aujourd’hui de ce formalisme.
Dès le début des années 1980, les psychologues israéliens Amos Tversky et Daniel Kahneman ont ainsi montré qu’il existe une multitude de cas où, au lieu de calculer les probabilités de manière rationnelle pour faire un choix ou émettre un jugement, l’esprit humain viole les lois de la logique.
D’innombrables tests ont démontré depuis que lorsque nous devons parier sur un événement, nous accordons systématiquement trop d’importance aux faibles probabilités et pas assez aux grandes. Ou que nous jugeons les événements proches plus désirables que les événements lointains. Ou encore que nous sous-estimons ce que nous ignorons… Autant de traits psychologiques universels qui fonctionnent comme des biais de raisonnement, déviant les trajectoires de nos décisions de la route tracée par la logique probabiliste. Des biais de raisonnement qui seraient en réalité… quantiques !
Car comment justifier ces biais dans le cadre classique : défaillances de la mémoire ? Prédominance de l’intuition, et donc des émotions, sur le raisonnement ?
« A chaque découverte d’un nouveau cas, on invente un nouveau modèle, souligne Ariane Lambert-Mogiliansky. En réalité, on ne dispose d’aucune explication. Ces constatations n’ont aucun fondement théorique solide dans le cadre classique. » Et elle n’est pas la seule à en être persuadée : à l’instar des photons et des électrons, nos pensées se superposent, interfèrent, s’intriquent dans notre cerveau, laissant in fine, dans les réponses données au cours des tests psychologiques ou lors de nos réflexions quotidiennes, les traces de leur fol état.
(...)
DÉJÀ DE NOMBREUX ENSEIGNEMENTS
Le tableau de chasse de ces effets quantiques qui biaisent le raisonnement humain commence à être impressionnant. Prenez l’impact de la mesure. C’est l’un des effets les plus fondamentaux de la mécanique de l’infiniment petit : observer une particule transforme son état, ou plutôt la réduit à un seul, elle qui était dans tous ses états à la fois.
Jerôme Busemeyer et des collègues viennent de mettre en exergue, dans une expérience, cet impact quantique de la prise de décision sur l’état d’esprit : les participants qui ont été amenés à prendre une décision au cours du test avaient, à la fin, moins confiance en leur jugement que ceux auxquels on avait demandé de ne pas encore faire de choix (voir le test des points qui bougent, p. 59).
« C’est parfaitement cohérent avec notre modèle quantique, où les participants sont dans un état de superposition jusqu’à ce qu’ils prennent une décision, et que cet état se réduise », souligne le psychologue. Premier enseignement de la cognition quantique : la prise de décision n’est pas simplement un enregistrement d’un état préexistant ; cela change carrément l’état d’esprit. Les réponses ne préexistent pas aux questions : elles sont construites par le contexte dans lequel elles sont posées.
« Cet impact de la prise de décision sur l’opinion remet en cause des aspects fondamentaux des théories classiques de l’économie – décisions, prix, négociations, etc. -, qui sont fondées sur l’idée qu’un agent cherche à maximiser son utilité en fonction des informations disponibles et de préférences préexistantes » , note Ariane Lambert-Mogiliansky.
Et cela fournit le premier socle théorique à une pratique économico-sociale courante depuis la nuit des temps : l’art de la manipulation.
Jim Sherman, psychologue à l’université de l’Indiana, a par exemple récemment démontré que le simple fait de demander à quelqu’un s’il pense qu’il pourrait donner son sang augmente la probabilité qu’il le donne effectivement. Quant au serveur, il connaît sûrement des moyens d’influencer vos tergiversations quantiques face au gruyère et à la tarte…
« La superposition d’états offre une très bonne représentation du conflit, de l’ambiguïté ou de l’incertitude que nous ressentons lorsque nous doutons » , conclut Jerome Busemeyer. Peter Bruza, spécialiste des sciences de l’information à l’université de technologie du Queensland, en Australie, étudie ce domaine depuis quinze ans. Lui a relié un autre type de biais psychologique bien connu avec un autre type d’effet quantique célèbre : ses tests indiquent que nos réactions illogiques dans une situation où l’on manque d’informations sont dues à un pur effet d’interférence quantique, similaire à la célèbre expérience des fentes d’Young .
Ce n’est pas tout ! Car en appliquant la cognition quantique au langage, Diederik Aerts, physicien à l’université libre de Bruxelles, l’un des pionniers du domaine, a pour sa part démontré, calculs à l’appui, que notre difficulté à catégoriser les choses (« ceci est un fruit », « ceci est un légume ») porte la signature de l’intrication quantique, cette propension que peuvent avoir deux objets à n’en former qu’un seul, quelle que soit la distance qui les sépare .
UNE PENSÉE PLUS PERFORMANTE
Autre succès spectaculaire : notre perception du cube de Necker, un cube dessiné en perspective qui peut être Reste une question : pourquoi la nature aurait-elle implémenté sous nos crânes une telle mécanique, si complexe et parfois si illogique ? La réponse est toute trouvée : parce que cela rendrait notre pensée plus performante. Elle acquerrait ainsi la puissance de calcul d’un ordinateur quantique, cette machine qui, depuis qu’elle a été imaginée par les physiciens dans les années 1980, désespère les ingénieurs et fait rêver les informaticiens. Penser quantique, c’est faire des calculs massivement parallèles, les réflexions opérant sur des représentations mentales constituées d’une superposition d’états.
Avec un défaut. Comparées aux réponses d’un cerveau qui tourne selon le modèle classique, non limité en ressources et en temps de calcul, celles de la pensée quantique ne sont, au final, pas toujours optimales. Elles sont imprégnées du contexte dans lequel les questions ont été posées. Dans certains cas, elles semblent même totalement illogiques : ce sont les fameux biais psychologiques. Sauf qu’en général, elles réussissent à s’approcher très efficacement de la réponse classique.
« En utilisant des ressources cognitives limitées, le formalisme quantique offre aux humains la possibilité de répondre à un nombre illimité de questions… mais avec une rationalité limitée » , résume Jerome Busemeyer.
Elégante résolution des paradoxes en psychologie, non ? L’idée est en outre renforcée par le vaste mouvement de réinterprétation de la mécanique quantique, où des spécialistes de la physique théorique font en quelque sorte le chemin inverse, « psychologisant » leur propre corpus, en l’interprétant non plus comme la description de l’activité de corpuscules matériels, mais comme une pure théorie de l’information.
Saisissant retournement de l’histoire : dans l’entretien qu’il nous a accordé (lire pp. 66-68), le philosophe Michel Bitbol rappelle que Niels Bohr lui-même s’était inspiré des théories psychologiques pour donner naissance à la physique quantique… Mais il reste du travail avant de convaincre la communauté des psychologues, qui, pour la grande majorité, ne semblent pour l’instant pas prêts à abandonner les modèles classiques. « Ma sensation personnelle, et celle des physiciens de mon laboratoire, est que cette approche n’est tout simplement pas adaptée à la réalité macroscopique , juge par exemple Alexandre Pouget, spécialiste réputé des neurosciences fondamentales. Ils ont peut-être raison, il est peut-être trop tôt pour se prononcer, mais je ne suis pas optimiste. »
L’AVÈNEMENT D’UN « MOI » MULTIPLE
« La cognition quantique est encore relativement jeune » , répond Jérôme Busemeyer, auteur, avec Peter Bruza, du premier livre de référence sur le sujet, Quantum Models of Cognition and Decision , sorti il y a trois ans. Ce dernier est optimiste : « Nous avons de plus en plus d’audience, nous sommes invités aux conférences importantes… Ce champ de recherche est en train de gagner du crédit. Toutefois, il nous faut être irréprochables. Nous devons encore travailler la robustesse de chacun de nos exemples. »
L’enjeu est considérable. L’avènement de cette cognition quantique bouleverserait l’idée que nous nous faisons de notre propre identité, notre « moi » devenant le regroupement d’une multiplicité de personnalités avec des désirs différents.
Un « moi » multiple, en interdépendance permanente avec l’extérieur, bien éloigné du « moi » classique, parfaitement individualisé, centralisé et déterminé, au cœur de toute la philosophie occidentale . Ce qui éclairerait d’un nouveau jour nos propres certitudes et incertitudes, notre libre arbitre, notre conscience. Voire nos rêves.
Pour Ariane Lambert-Mogiliansky, « la cognition quantique remet au cœur de la société les interactions sociales, et non les individus » . Difficile aujourd’hui de voir jusqu’où l’idée pourrait aller. Comme il était difficile, lors de la découverte de la physique quantique, d’imaginer qu’elle aboutirait, entre autres, à l’invention du laser… A chacun, pour l’instant, de s’approprier tant bien que mal la proposition. Mais Ariane Lambert-Mogiliansky en est convaincue : l’idée va s’imposer.
L’esprit humain vient de livrer l’un de ses secrets les mieux gardés. Sa compréhension a fait un grand pas en avant. Dans son bureau d’économiste sont ainsi posés les deux pesants ouvrages de Claude Cohen-Tannoudji. La référence en mécanique quantique. Peut-être les étudiants en psychologie vont-ils devoir bientôt s’atteler à en décrypter les symboles mathématiques… « Bah, ils s’y feront ! » Si c’est ainsi que nous pensons, il le faudra bien.
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Nos rêves sont-ils quantiques ?
« Très bonne question… à laquelle nous n’avons pas encore de réponse » , répond Jerome Busemeyer. Le thème a été exploré dès les années 1930 par l’un des physiciens à l’origine de la physique quantique : Wolfgang Pauli a en effet longuement échangé avec le célèbre psychanalyste Carl Gustav Jung à propos de ses rêves récurrents. Ensemble, ils ont publié "The Interpretation of Nature and the Psyche" en 1952. Un livre qui part à la recherche d’une sorte de totalité psychophysique profonde qui serait cachée derrière les phénomènes. Plutôt à ranger dans la case « ésotérique » que "scientifique"...
Reste que, suivant la logique de la nouvelle cognition quantique, nos songes ont vocation à déployer un fort caractère quantique (états superposés, interférences, etc. ) puisqu’ils ne sont pas susceptibles d’être perturbés par des interrogations, des décisions et autres intentions.
Un signe : le souvenir que nous avons de nos rêves au réveil semble plus riche que le récit que nous en faisons une fois bien réveillés. Comme si, en se le remémorant ou en le racontant, nous en changions la mémoire que nous en avons, réduisant des récits oniriques superposés en un récit classique et linéaire. Comme si, une fois remémoré, le rêve perdait son étoffe quantique…
Mathilde Fontez et Hervé Poirier
Article de Science et Vie de 2015