au milieu de la foule des passants de Bâle,
met en scène, d'une façon qui marque l'esprit,
l'irruption du Moyen-Âge dans la période dite "moderne"...
Une irruption étonnante...
mais dont on retrouve néanmoins un écho
au détour de certaines oeuvres de fiction...
Ainsi, dans le film-comédie "Les Visiteurs" (1993),
Godefroy de Montmirail et son serviteur
débarquent avec fracas en plein vingtième siècle...
tandis que dans le film "Fisher King" de 1991
("Le Roi pêcheur", en français)
un chevalier "rouge"
apparaît en plein New-York à Henry,
le personnage joué par Robin Williams.
Je ne citerai pas les innombrables histoires
(bandes dessinées, livres, jeux ...etc)
(bandes dessinées, livres, jeux ...etc)
qui font intervenir de vaillants chevaliers,
traversant moult épreuves au péril de leur vie...
cela prendrait trop de temps...
cela prendrait trop de temps...
Mais, à voir leur succès, il semblerait bien
et que nous soyons encore capables
de nous identifier à eux et à leur "quête"...
Jung lui-même , de son propre aveu,
s'est passionné pour ce genre d'histoires
(surtout celles autour du Graal),
à l'adolescence.
à l'adolescence.
C'était aux alentours de ses quinze ans,
à l'époque où ses camarades de collège,
un peu moqueurs,
un peu moqueurs,
l'appelaient "le Patriarche"
et où lui-même se sentait parfois
"appartenir à un autre temps"...
Toute une série de rêves viendra ensuite
confirmer cette impression
de ne pas "appartenir totalement à son époque":
Celui du "Chevalier dans la ville"
confirmer cette impression
de ne pas "appartenir totalement à son époque":
Celui du "Chevalier dans la ville"
qui s'inscrit dans le prolongement de celui des "Gisants"
(dans lequel un gisant du 12ème siècle "revient à la vie"),
qui lui-même est le prolongement de celui de la "Maison"
(maison dont le sous-sol évoque plusieurs époques superposées)...
sans oublier celui, plus tardif, de "La quête du Graal".
les grandes questions qui se sont posées dans l'Histoire
ne se sont pas "évaporées" :
ne se sont pas "évaporées" :
bien que leurs protagonistes soient décédés depuis longtemps,
ces questions cruciales, datant d'époques anciennes,
s'agitent encore en nous, dans notre inconscient.
Elles reviennent nous hanter, encore et encore,
en attente d'une solution,
ou tout du moins, d'une compréhension.
ou tout du moins, d'une compréhension.
Elles s'emparent de quelques individus,
plus réceptifs ou plus prédisposés
et sollicitent leur attention.
et sollicitent leur attention.
Ainsi, les questions de fond qui ont traversé les siècles précédents,
du douzième siècle (temps des Croisades, romans du Graal)
au dix-septième siècle (époque culminante de l'Alchimie)
vont s'imposer à Jung et le "travailler" en profondeur
pendant une bonne partie de sa vie.
Mais il les traitera sur un plan psychique, bien sûr,
et non plus sur un plan "concret".
Mais il les traitera sur un plan psychique, bien sûr,
et non plus sur un plan "concret".
Là où le Croisé maniait l'épée pour délivrer Jérusalem,
"Centre de la chrétienté",
"Centre de la chrétienté",
Jung maniera l'épée du discernement et de l'analyse
pour "délivrer" le Centre spirituel de l'Etre,
qu'il appellera le Soi.
Là où l'alchimiste manipulait éprouvettes et creusets,
penché sur son "feu secret",
il observera la transformation à l'oeuvre
dans l'intériorité de ses patients,
dans l'intimité de son cabinet de psychanalyste.
Cependant, alors que Freud, spécialiste des névroses,
se limite à explorer les problèmes personnels de ses patients,
il se sent, lui, poussé à aller beaucoup plus loin.
Il veut "pénétrer les mystères de la personnalité et de l'âme"
et dans ce but, il va être amené, au fil des années,
à étudier de vastes pans de l'épopée de l'humanité :
il va peu à peu acquérir une immense culture dans de nombreux domaines
(archéologie, sciences naturelles, histoire des religions,
histoire de la philosophie, mythologie, alchimie...etc).
histoire de la philosophie, mythologie, alchimie...etc).
Désireux de comprendre "les grands mouvements de l'âme humaine",
et aiguillonné par les grands rêves cités précédemment,
et aiguillonné par les grands rêves cités précédemment,
il va être conduit à explorer des problèmes d'une toute autre ampleur que Freud
et va se pencher sur des problèmes qui embrassent
toute une part de l'Histoire humaine.
Après avoir examiné des milliers de rêves dans lesquels il reconnaîtra
une "Connaissance millénaire" qui ne peut pas, à l'évidence,
être issue de la seule expérience personnelle du rêveur,
il finira par avancer l'hypothèse d'un inconscient collectif..
Nous aurions en effet "en nous"
la trace d'une ribambelle d'ancêtres,
la trace d'une ribambelle d'ancêtres,
qui, du fond des âges, attendent que nous poursuivions,
autant qu'il nous est possible, leur quête non aboutie.
Notre âme, à la naissance, n'est pas "vierge" :
elle est déjà lourde de tout un passé qui, bien qu'inconscient,
tire les ficelles de notre vie et de notre destin.
Ce passé se révèle être à la fois un poids...et une chance.
A nous de composer le mieux possible avec lui,
pour en tirer "l'or" qu'il recèle potentiellement.
Si, comme le disait Teilhard de Chardin,
nous sommes des "êtres spirituels"
connaissant, pour un temps, l'incarnation,
alors notre Âme et notre Esprit,
sont bien plus "vieux" que notre corps :
sont bien plus "vieux" que notre corps :
ils sont comme le disait Jung, "d'un âge immense"
et parfois de l'âge de l'Humanité.
Les questions de nos ancêtres
viennent régulièrement nous "revisiter",
viennent régulièrement nous "revisiter",
à la fois semblables et différentes.
Dans la grande "spirale" de l'Evolution,
elles ont accompli un ou plusieurs tours
et demandent à être revues "un cran plus haut",
sur un plan plus élevé,
afin que nous affinions sans cesse
la conscience du monde et de nous-mêmes,
à l'infini...
la conscience du monde et de nous-mêmes,
à l'infini...
Jung, fidèle à son nom et au blason originel de sa famille (un Phénix),
ne sera pas celui qui "perpétue les limites du passé et les protège"...
il sera celui qui les laisse "monter en lui"
puis qui les dépasse en les renouvelant.
puis qui les dépasse en les renouvelant.
Il sera à la fois "homme du Passé" ("Patriarche")
et "homme de l'Avenir", pionnier vaillant et courageux,
qui sèmera, dans le domaine de la Connaissance de l'Etre humain,
les premiers jalons d'un "nouveau cycle",
et peut-être même d'une nouvelle "ère".
et peut-être même d'une nouvelle "ère".
Le "gardien de l'ancienne Monarchie impériale et royale"
ne le lui pardonnera pas...
mais, ça, c'est une autre histoire... ;-)
La Licorne
En complément, je vous offre ci-dessous
quelques citations de Jung,
extraites de ses Mémoires,
qui viennent "éclairer" cet article :
"Nous ne sommes pas d'aujourd'hui ni d'hier ;
"Notre âme, comme notre corps, est composée d'éléments
qui tous ont déjà existé dans la lignée des ancêtres.
Le "nouveau" dans l'âme individuelle est une recombinaison,
variée à l'infini, de composantes extrêmement anciennes.
Ainsi, corps et âme ont-il un caractère éminemment historique
et ne trouvent-ils dans le "réellement -neuf-qui-vient-de sourdre"
nulle place convenable,
autrement dit les éléments ancestraux ne s'y trouvent
que partiellement chez eux.
Nous sommes loin d'avoir liquidé le Moyen-Âge, l'antiquité, la primitivité
et d'avoir répondu à leurs propos aux exigences de notre psyché !"
(p 273)
"J'ai toujours pensé que, moi aussi,
j'avais à répondre à des
questions que le destin
avait déjà posées à mes ancêtres,
mais
auxquelles on n'avait encore trouvé aucune réponse...
ou bien que je
devais terminer ou simplement poursuivre des problèmes
que les époques
antérieures laissèrent en suspens.
Il est d'ailleurs difficile de savoir
si ces problèmes
sont de nature personnelle ou plutôt de nature
générale (collective).
Il me semble que c'est plutôt le dernier point qui est
le cas...."
(p 271)