samedi 2 novembre 2019

Rêve de Jung : La quête du Graal

Samedi 2 novembre 2019



En 1938, lors d'un voyage en Inde,
 et alors qu'il était "intensément occupé 
de philosophie alchimique", 
Jung fit le rêve suivant :

Je me trouvais, 
avec un certain nombre d'amis
 et de connaissances de Zurich, 
sur une île inconnue,
probablement au voisinage de la côte sud de l'Angleterre...
petite et presque inhabitée, cette île étroite s'étendait 
dans la direction nord-sud sur trente kilomètres environ. 
Sur la côte rocheuse, au sud, s'élevait un château moyenâgeux 
dans la cour duquel nous formions un groupe de touristes...



En face de nous, se dressait un imposant beffroi. 
A travers son portail, on pouvait voir un large escalier de pierre,
on pouvait juste discerner qu'il débouchait dans une salle à colonnes,
faiblement éclairée par la lueur des chandelles.
J'entendis dire que c'était le château du Graal
et que, dans la soirée, il y aurait
"une célébration du Graal".



Cette information semblait avoir un caractère secret,
car un professeur allemand qui se trouvait parmi nous,
et ressemblait étonnamment au vieux Mommsen (un professeur),
n'en savait rien.
J'eus avec lui un entretien très animé 
et fus impressionné par son érudition
et son intelligence étincelante.

Un seul point m'embarrassait : 
il parlait sans arrêt d'un passé mort 
et exposait savamment les rapports  
entre les sources anglaises et françaises 
de l'histoire du Graal.
(...)

 
Apparemment, il n'avait pas conscience du sens de la légende
 ni connaissance de sa vivante présence, 
alors que l'un et l'autre m'impressionnaient au plus haut point.
Il ne semblait pas non plus percevoir notre entourage réel immédiat :
 il se comportait comme s'il parlait dans une salle de cours devant ses étudiants...
En vain, je tentais d'attirer son attention, sur la particularité de la situation.
Il ne voyait pas l'escalier, non plus que les lumières de fête dans la salle.

Un peu désemparé, je regardais autour de moi
et je découvris que je me trouvais 
contre le mur d'un bâtiment du château 
dont la partie inférieure était couverte par un espalier...
Il n'était pas en bois comme d'ordinaire, 
mais en fer noir artistiquement travaillé, 
en forme de vignes avec feuilles, sarments et grappes.

Sur les branches horizontales, tous les deux mètres,
se trouvaient des maisonnettes, sortes de petites niches, 
elles aussi en fer.

Soudain, je remarquai une agitation dans le feuillage,
il me sembla que c'était une souris, 
mais ensuite, je vis nettement un petit homme encapuchonné, 
en fer, en "Cucullatus", qui se glissait d'une maisonnette dans une autre.
"Eh bien , criai-je au professeur, vous voyez bien ?"



Alors, il y eut un hiatus; et la scène du rêve se modifia...
Nous nous trouvions -le même groupe qu'auparavant, 
moins le professeur -en-dehors du château-fort, 
dans un site rocheux, sans arbres.

Je savais que quelque chose devait se passer,
 car le Graal  n'était pas encore dans le château 
et la fête devait se dérouler le soir même.
On disait qu'il se trouvait dans le nord de l'île, 
caché dans une petite maison inhabitée, la seule qui s'y trouvât.
Je savais qu'il était de notre tâche d'aller l'y chercher...
Nous étions environ une demi-douzaine, 
tous nous nous mîmes en route vers le nord.

Après une marche épuisante de plusieurs heures, 
nous arrivâmes à la partie la plus étroite de l'île, 
et je découvris qu'un bras de mer la divisait en deux moitiés. 
A sa partie la plus étroite, la largeur du bras de mer 
était d'environ cent mètres.

Le soleil s'était couché. 
Fatigués, nous nous installâmes sur le sol.
Nul être humain dans cette contrée déserte.
pas un arbre, pas un buisson, simplement de l'herbe et des rochers,
 pas un pont et pas un bateau ! Il faisait très froid 
et mes compagnons s'endormirent l'un après l'autre.

Je réfléchis à ce qu'il fallait faire et j'en vins à la conclusion 
que je devais traverser seul le canal à la nage et aller chercher le Graal. 
J'étais en train de me dévêtir quand je m'éveillai.




Ce  rêve le renvoie une dizaine d'années en arrière
 où il avait ressenti la présence du mythe du Graal
puissante en Angleterre.

 Jung expliquera que ce rêve "impérieusement, 
effaça toutes les impressions indiennes, si intenses...
et me livra aux préoccupations...dans la quête du Graal
ainsi que dans la recherche de la "pierre philosophale"...
Je fus arraché au monde de l'Inde 
et il me fut rappelé que l'Inde n'était pas ma tâche, 
mais simplement une étape de route."




Il poursuit : 
"C'était comme si le rêve me demandait :
"Que fais-tu aux Indes ?
Cherche plutôt pour tes semblables le calice du salut,
le "Salvador Mundi" dont vous avez un besoin si pressant.
N'êtes-vous pas sur le point de démolir
 tout ce que les siècles ont construit ?"

Il considéra ce rêve 
comme l'un des plus impressionnants qu'il ait jamais fait, 
concernant le Graal et l'Alchimie.

(Et pourtant, ce fut Emma, son épouse,
qui consacrera  une bonne partie de sa vie  à ce sujet 
et qui restera la spécialiste du Graal...)


Bénédicte Uyttenhove
"Et que disent vos rêves ?"
.




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