samedi 30 novembre 2019

Le symbole de la croix rouge

Samedi 30 novembre 2019




Dans le rêve précédent (rêve du chevalier),
on voit apparaître un symbole bien connu :
la croix rouge des Templiers...
Cette croix peut prendre diverses formes
(voir ci-dessous)
mais c'est le plus souvent
une croix à branches égales
(et donc inscriptible dans un cercle).

Le rêve fait également allusion,
au travers de la ville de Bâle, à la Suisse,
pays du rêveur, dont le drapeau
est en quelque sorte, l'inverse,
au niveau des couleurs,
de la croix des Templiers.

Voyons ce qu'en disait Jung, 
dans une interview de 1959.
La Licorne
.


.

"L'homme a besoin de la parole. 
Mais le nombre est une chose bien plus importante; 
le nombre est d'essence sacrée.
Il y aurait des quantités de choses importantes à dire;
la quaternité surtout est un archétype essentiel.
Le carré - la croix.




La quadrature du cercle pour les alchimistes.
ou le "Christ en gloire" pour les chrétiens.


Ce n'est pas moi qui ai inventé tout ça ;
ça existe, et c'est important."
(...)



Drapeau suisse  (adopté en 1848)
(l'un des rares à avoir une forme carrée...
mais son origine reste à ce jour incertaine)

 


Il y a des symboles très curieux dans le cas de la Suisse :
l'union du blanc et du rouge dans notre drapeau
est un "signe" de réconciliation
entre deux oppositions, par exemple.
(...)


Et puis, il y a la croix, signe de quaternité,
qui se trouve déjà au centre de la Suisse,
point de départ des fleuves,
en une sorte du jeu du tout, de la nature,
qui marque cette quaternité.

On pourrait penser davantage à cela chez nous,
si on en avait conscience;
on pourrait se laisser pénétrer
par ces grands symboles."
.
C.G. Jung
"C.G. Jung parle" (p 329)
Rencontres et interviews
.



Parmi les symboles très approchants,
on trouve, datant de 1130 environ, 
les armoiries de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
 (aux couleurs inversées par rapport aux templiers)



Le drapeau savoyard
dérive, lui,
 officiellement de ces armoiries.






mercredi 13 novembre 2019

Rêve de Jung : Un chevalier en pleine ville

Mercredi 13 novembre 2019



Je me trouvais dans une ville d'Italie, à l'heure de midi,
 entre douze et treize heures. 
Un soleil brûlant inondait les ruelles. 
La ville était construite sur des collines et elle me rappelait
 un quartier bien déterminé de Bâle, le Kohlenberg. 
Les petites rues qui descendaient de là vers la vallée de la Birsig, 
qui s'étend à travers la ville, sont souvent des ruelles en escalier. 
L'une d'elles descendait jusqu'au Barfüsserplatz. 
C'était Bâle et pourtant c'était une ville italienne 
qui ressemblait à Bergame.

C'était l'été, le soleil rayonnait au zénith 
et tout baignait dans une vive lumière. 
Beaucoup de gens venaient vers moi, 
et je savais que les magasins maintenant se fermaient 
et que les gens rentraient chez eux pour déjeuner. 

Au milieu de ce flot humain, marchait un chevalier 
revêtu de toute son armure.
Il gravissait l'escalier, venait vers moi. 
Il portait une salade (casque) avec des oeillères 
et une cotte de mailles ; 
par-dessus, un vêtement blanc sur lequel une croix rouge 
était tissée sur la poitrine et sur le dos.

Vous pouvez vous imaginer l'impression que me fit un croisé 
venant vers moi, soudain, dans une ville moderne, 
à midi à l'heure de pointe de la circulation !

 Je remarquai surtout qu'aucune des nombreuses personnes qui étaient sur la route,
 ne semblait l'apercevoir. Personne ne se tournait ni ne regardait vers lui. 
J'eus l'impression qu'il était complètement invisible pour les autres. 

Je me demandais ce que pouvait signifier cette apparition et j'entendis, 
comme si quelqu'un me répondait -pourtant personne n'était là -: 
"Oui, c'est une apparition qui a lieu régulièrement; 
toujours entre douze et treize heures
le chevalier passe par ici 
et cela depuis très longtemps 
(j'eus l'impression que c'était depuis des siècles) 
et chacun le sait.

Le rêve me fit une impression profonde; 
mais, à cette époque, je ne le compris pas du tout. 
Accablé et bouleversé, je ne savais à quel saint me vouer.
(...)
Par la suite, je me suis fait bien des idées 
sur l'énigmatique personnage du chevalier 
sans pouvoir cependant en saisir complètement le sens. 

Ce n'est que beaucoup plus tard, lorsque j'eus longuement médité sur ce rêve, 
que je pus, à peu près, en saisir la signification. 
Déjà, tandis que je rêvais, je savais que le chevalier était du XIIème siècle,
 époque où l'alchimie débuta ainsi que la quête du Saint Graal.

Depuis ma jeunesse, 
les histoires du Graal jouèrent pour moi un grand rôle. 
A quinze ans, je lus pour la première fois ces histoires
 et ce fut un événement inoubliable, 
une impression qui ne disparut jamais plus !

Je soupçonnais qu'un mystère y était caché. 
Aussi me semblait-il tout naturel 
que le rêve évoquât à nouveau 
le monde des chevaliers du Graal et leur quête; 
car c'était là mon monde, au sens le plus intime, 
et il n'avait guère de rapports avec celui de Freud

Tout en moi cherchait cette part encore inconnue 
qui puisse donner sens à la banalité de la vie.
.
C.G. Jung
"Ma vie" (p 192)
.




Ajout :

Ce rêve est la deuxième partie d'un rêve plus long,
dont  la première partie se situe
dans une contrée montagneuse, 
au voisinage d’une frontière :
C’était vers le soir, je voyais un homme d’un certain âge revêtu de l’uniforme des douaniers de la monarchie impériale et royale. Un peu courbé, il passa près de moi sans m’accorder d’attention. Le visage avait une expression morose, un peu mélancolique et agacée. D’autres personnes étaient présentes et l’une d’elle me fit savoir que ce vieillard n’était pas du tout réel, c’était l’esprit d’un employé des douanes mort des années auparavant. “Il est de ces hommes qui ne pouvaient pas mourir”, disait-on”.
.
Quand je me mis à l'analyser, la "douane" me fit immédiatement penser à la "censure";
la "frontière"  me fit penser, d'une part, à celle entre conscient et inconscient
 et, d'autre part, à celle qui existe entre les vues de Freud et les miennes.
(...)



  L'épisode de l'employé des douanes ne mettait pas fin au rêve;
au contraire, après un hiatus, venait une deuxième partie remarquable.

"Je me trouvais dans une ville d'Italie, à l'heure de midi..."





mardi 12 novembre 2019

Symbole de l'émeraude


L'émeraude, cette pierre précieuse 
de couleur verte et translucide, 
est riche en symbole.




Tout d'abord, l'émeraude est un minéral 
composé de silicate d'aluminium et de béryllium, 
auquel s’ajoute du chrome, du vanadium et du fer. 
La formation des émeraudes nécessite 
des conditions géologiques exceptionnelles : 
le béryllium, composant principal du béryl, 
se trouve surtout dans le magma de la croûte terrestre et le chrome, 
le vanadium et le fer, qui transforment le béryl en émeraude, 
sont plutôt situés dans le manteau terrestre.




Le mot émeraude proviendrait du latin smaragdus
déformation du mot perse zamarat qui veut dire « cœur de pierre ». 
Comme pour d’autres métaux et pierres précieuses,
mythes et légendes se mêlent à la réalité historique 
 lorsqu’on parle d’émeraude.

Les alchimistes l'appellent émeraude des philosophes. 
(Cf pierre philosophale)

"Elle était la pierre d’Hermès
le messager des dieux et le Grand Psychopompe.
Ils appelaient aussi émeraude la rosée de Mai
mais cette rosée de Mai n’était elle-même 
que le symbole de la rosée mercurielle, 
du métal en fusion ou moment où, dans la cornue, 
il se transforme en vapeur. 

Ayant la propriété de percer les plus obscures ténèbres,
elle donna son nom à la fameuse table d’Emeraude 
attribuée à Apollonius de Tyane, 
et qui renfermait le Secret de la Création des Etres, 
et La Science des Causes de toutes choses.




La tradition hermétique voulait aussi 
qu’une émeraude fût tombée du front de Lucifer 
pendant sa chute.

Sous son aspect néfaste elle est associée, dans le lapidaire chrétien, 
aux plus dangereuses créatures de l’enfer.
Les traditions populaires du Moyen Age conservent, cependant, 
à l’émeraude,  tous ses pouvoirs bénéfiques 
auxquels se mêle nécessairement un peu de sorcellerie.

Pierre mystérieuse  - et donc dangereuse à celui qui ne la connaît pas - 
l’émeraude a été un peu partout sur terre considérée 
comme le plus puissant des talismans.

Issue des enfers, elle peut se retourner 
contre les créatures infernales, 
dont elle connaît les secrets. 
C’est pourquoi on dit en Inde 
que la seule vue d’une émeraude 
cause une telle terreur à la vipère ou au cobra 
que leurs yeux sautent hors de leur tête.

Dans la vision de Saint Jean, 
l'Eternel apparaît siégeant sur son trône 
comme une vision de jaspe vert ou de cornaline ; 
un arc-en-ciel autour du trône
est comme une vision d’émeraude 
(Apocalypse 4, 3).

Le Graal est un vase taillé dans une énorme émeraude.



Pierre de connaissance secrète,
l’émeraude revêt donc, 
comme tout support de symbole, 
un aspect faste et un aspect néfaste,
ce qui, dans les religions du bien et du mal, 
se traduit par un aspect béni et un aspect maudit, 
comme par exemple avec Lucifer.
  Le vert de l’émeraude symbolise la science maudite.

Pourtant, l’ambivalence symbolique de l’émeraude 
n’est pas exclue des traditions chrétiennes 
puisqu’elle est aussi la pierre du Pape.

Cratophanie élémentaire, l’émeraude est en somme 
une expression du renouveau périodique, 
et donc des forces positives de la terre ; 
elle est en ce sens un symbole de printemps, de la vie manifestée, 
de l'évolution et s'oppose aux forces hivernales, mortelles, involutives ; 
elle est considérée comme humide, aqueuse, lunaire 
et s’oppose à ce qui est sec, igné, solaire." 
(Source : Le dictionnaire des symboles, 
par Jean Chevalier et Alain Gheerbrant)

L'émeraude symbolise également la fécondité 
et  est considérée comme une pierre 
de régénération physique et spirituelle.


Notons également que le nom poétique de l'Irlande est 
l"île d'émeraude"  ou île verte 
à cause de sa végétation très abondante.

 .




Enfin, n'oublions pas la célèbre Esmeralda 
 l'un des principaux personnages du roman de Victor Hugo
"Notre-Dame de Paris" paru en 1831, 
dont le nom signifie, en espagnol,
"L'émeraude".

Et rappelons que, dans ce célèbre récit,
le prêtre Frollo, amoureux de la Belle,
est aussi...alchimiste.
.
.
 
 
 
 
Rêves d'émeraude sur ce blog :

La quête alchimique du Graal






La quête du Graal constitue la plus belle aventure spirituelle 
qu'il soit donné à l'homme de tenter sur la terre.

 A l'exemple d'inventer,
qui signifie découvrir et imaginer
quêter offre deux sens
 dont la confrontation libère la valeur 
du point de vue l'alchimie. 

En effet, si quêter (quester) 
veut dire rechercher avec attention et patience,
 il signifie également demander et mendier

"Et moi, je vous dis : Demandez, et l'on vous donnera; 
cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. 
"Car quiconque demande, reçoit; et qui cherche, trouve; 
et à celui qui frappe, on ouvrira." (Evangile de Saint Luc) 
(...)
.
Il n'est point téméraire d'envisager
que la Table Ronde soit, 
très positivement, la Table d'Hermès
à laquelle l'épithète de smaragdine
 confère la substance de l'émeraude.

De texture hyaline, cette gemme précieuse entre toutes, 
doit sa couleur verte au spiritus mundi, à l'esprit du monde 
qui s'y est introduit comme en un vase d'élection.

De même que dans les temps antiques, 
c'est maintenant aux chevaliers, aux cabaliers, 
de s'asseoir autour de cette table et de la déchiffrer. 
C'est à eux qu'échoit la mission altissime 
de la quête du Saint Graal 
unique et indivisible
comme l'Absolu et la Vérité. 

Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable. 
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, 
et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas,
 pour accomplir les miracles d'une seule chose.
. (...)



.
La quête du Graal s'offre encore,
mais cette fois résumée à l'extrême,
dans l'exergue circonscrivant le paradigme,
gravé sur bois et bien connu, qui accompagne le plus souvent
l'un des meilleurs traités de Basile Valentin.
 
Nous reproduisons ici cette image circulaire (...)
sur laquelle on pourra remarquer, particulièrement,
le Graal recevant, ensemble,
le fluide du soleil et celui de la lune :




Visita Interiora Terram Rectificando Invenies Occultum Lapidem.
Visite l'intérieur de la terre; en rectifiant tu trouveras la pierre cachée .


Les initiales de la phrase latine, rassemblées dans l'ordre de leur succession,
reproduisent le terme VITRIOL désignant l'émeraude philosophique
dont nous avons parlé ci-dessus et qui est la substance même du Graal.
.

.


Mariage alchimique du roi et de la reine, 
du soleil et de la lune,
avec la colombe au-dessus


lundi 11 novembre 2019

Trouver son propre mythe





Pour Jung, le mythe chrétien arrivant à son terme, 
chacun en Occident se trouve renvoyé à un vide 
et à la nécessité de trouver son propre mythe. 

Chacun est invité à réaliser son âme en profondeur
car en lui existe un dynamisme d’origine inconsciente,
une énergie psychique, qui le pousse à incarner la totalité 
(archétype du Soi, du centre de l’âme) 
en harmonisant les tendances contraires qui sont les siennes : 
par exemple, envie de régresser et envie de progresser, 
besoin d’autonomie et besoin d’attachement, 
pôle masculin et pôle féminin, 
besoin d’intimité et besoin de rencontres sociales, etc. 
A ce processus, Jung donna le nom d’ « individuation ».

Plus encore, l’humanité tout entière serait appelée 
à développer un nouveau mythe
 qui permette de prendre en compte à la fois 
l’inconscient et la nature (extérieure et intérieure), 
et à développer une cohésion affective plus grande entre les êtres. 
Mais cette évolution ne pourra se faire qu’à la condition 
d’un changement réel des personnes.
« L’individuation est synonyme d’un accomplissement meilleur et plus complet des tâches collectives d’un être, une prise en considération suffisante de ses particularités permettant d’attendre de lui qu’il soit dans l’édifice social une pierre mieux appropriée et mieux insérée que si ces mêmes particularités demeuraient négligées ou opprimées. »
Ainsi, la méthode jungienne consiste davantage 
en une initiation, en une école de sagesse.

Parmi les divergences qu’elle présente avec l’approche freudienne,
l’interprétation du symbole est centrale.
Celui-ci n’est plus seulement vu comme un moyen
de déguiser des tendances inavouables,
mais une puissance transformatrice agissante 
sur celui qui accepte de le rencontrer.
La dynamique invisible des images,
celle d’une « pensée sauvage » porteuse d’énergie et de sens,
passe à travers lui et touche son âme.
« Par symbole, je n’entends nullement une allégorie ou un simple signe ;  j’entends plutôt une image propre à désigner le mieux possible la nature obscurément soupçonnée de l’esprit. ».
Article ICI
.



vendredi 8 novembre 2019

La quête et l'aventure





Ce que l’on appelle exploration de l’inconscient 
dévoile en fait et en vérité
 l’antique et intemporelle voie initiatique.

La doctrine de Freud est une tentative d’ensevelissement
pour se protéger des dangers de la « longue route »,
seul un chevalier risquera la « queste et l’aventure ».
.
C-G Jung
.

jeudi 7 novembre 2019

Rêve de Jung : Les gisants

Jeudi 7 novembre 2019



Les gisants
 
À cette époque, l’une de ces imaginations, effrayante,
me revint à plusieurs reprises :
il y avait quelque chose de mort qui vivait encore.

Par exemple, on plaçait des cadavres dans des fours crématoires,
 et l’on découvrait alors qu’ils montraient encore des signes de vie.
Ces imaginations atteignirent à la fois leur point culminant
et leur aboutissement dans un rêve.

J’étais dans une région qui me rappelait les Alyscamps près d’Arles. 
Il y a là une allée de sarcophages qui remonte à l’époque des Mérovingiens. 
Dans le rêve, je venais de la direction de la ville et voyais devant moi 
une allée semblable à celle des Alyscamps
 bordée de toute une rangée de tombes. 
C’étaient des socles surmontés de dalles de pierre 
sur lesquelles reposaient les morts. 




Ils gisaient là, revêtus de leurs costumes anciens, 
les mains jointes sur la poitrine,
 tels les chevaliers des vieilles chapelles mortuaires 
dans leurs armures, 
à la seule différence que dans mon rêve 
les morts n’étaient pas de pierre taillée, 
mais momifiés de singulière façon.

Je m’arrêtai devant la première tombe et considérai le mort. 
C’était un personnage des années 1830. 
Intéressé, je regardai ses vêtements. 
Soudain, il se mit à bouger et revint à la vie. 
Ses mains se séparèrent, et je savais que cela n’avait lieu 
que parce que je le regardais. 

Avec un sentiment de malaise 
je continuai mon chemin et parvins
 à un autre mort qui appartenait au XVIIIe siècle. 
Là, il se produisit la même chose; alors que je le regardais, 
il redevint vivant et remua les mains.


 Je parcourus comme cela toute la file,
 jusqu’à ce que j’eusse atteint pour ainsi dire le XIIe siècle; 
le mort dont il s’agissait était un croisé 
qui reposait dans une cotte de mailles, 
et qui avait également les mains jointes. 
Son corps semblait sculpté dans du bois. 

Je le contemplai longuement, convaincu qu’il était réellement mort. 
Mais soudain, je vis que l’un des doigts de sa main gauche 
commençait doucement à s’animer.
.
Carl Gustav Jung
"Ma vie"
.


Contexte :
 
Troublé par le rêve précédent, 
Jung se concentre davantage sur ses processus imaginaires. 
C’est alors que survient ce rêve des gisants qui bougent encore. 
Cela l’occupera longtemps et marquera un point tournant.


 
Il écrit ainsi : 

« des rêves comme celui-là 
et l’expérience vivante, réelle de l’inconscient 
m’amenèrent à la conception que ces vestiges 
ne sont pas seulement des contenus morts, 
ni des formes usées de la vie (*)
mais qu’ils font partie intégrante de la psyché vivante


 
Mes recherches ultérieures confirmèrent cette hypothèse 
à partir de laquelle, au fil des années, 
se développa ma théorie des archétypes.» 

.


(*) Jung avait déjà fait le rapprochement
entre ces "contenus morts", ces "formes usées de la vie"
et les "douze morts" du rêve de la colombe
(rêve précédent)


 


mercredi 6 novembre 2019

Symbolique de la colombe





La colombe possède un grand symbolisme 
et il existe un grand nombre de sources 
d'où proviennent ses différentes significations 
(car cet oiseau a été apprécié durant toute l'histoire
 par différentes cultures  et au travers de différents mythes).

Sans doute ne savez-vous pas que les colombes 
sont capables de produire leur propre lait et que celui s'appelle le lait de colombe.
 Le fait qu'un oiseau soit capable de produire son propre lait pour nourrir ses petits 
est quelque chose d'assez étrange. 
Grâce à cette particularité, nous pouvons nous rendre compte du fait 
qu'il existe un grand symbolisme lié à l'allaitement. 
En fait, les colombes sont habituellement considérées 
comme un symbole de maternité.
(...)

Les colombes ont été associées à beaucoup de figures maternelles
 au cours des siècles, comme par exemple la Vierge Marie, dans le Christianisme. 
La colombe est généralement appréciée dans la religion chrétienne 
et considérée comme un symbole d'attention, de dévotion, de pureté et de paix.



La colombe a aussi une place particulière dans la culture syrienne 
et ses significations principales sont liées à l'espoir et à la salvation.

Certaines des significations 
attribuées à ces oiseaux sont: 
l'amour, la grâce,
les promesses, la dévotion, 
la divinité, le sacré, 
le sacrifice, la maternité, 
l'ascension, la purification, 
le messager et l'espérance.

Aphrodite (Vénus dans la mythologie romaine) 
est la déesse grecque de l'amour 
et on la représentait souvent accompagnée d'une colombe.




C'est ce qui confère à ce volatile la signification d'amour suprême
d'amour en tant qu'élément central de nos vies. 
Et en tant que symbole représentant l'amour, 
la colombe est associée à l'ascension et à l'amour inconditionnel.

La colombe est aussi considérée comme un animal messager 
et c'est pourquoi elle représente, pour les chrétiens, 
une messagère entre le ciel et la terre. 
 On la considère comme une messagère céleste. 
Ces oiseaux, avec leur apparence docile, 
peuvent facilement être associés aux anges.




Nous pouvons voir que les colombes sont toujours en groupe 
mais, même ainsi, elles peuvent se montrer excessivement nerveuses,
 ce qui nous suggère qu'il s'agit d'un type d'animal 
qui est particulièrement conscient de ce qui l'entoure. 
Cette conscience très élevée de ce qui l'entoure est une caractéristique 
qui fait que les Japonais associent la colombe au dieu Hachiman, 
qui est un symbole de paix.



L'idée que la colombe soit attachée à la paix est étroitement liée 
à l'opposé de la celle-ci: la guerre, qui est elle-même liée à la mort.

 Et au-delà de la mort, la colombe est intrinsèquement liée à la notion de l'âme, 
à ce qui reste de nous quand notre corps physique abandonne la vie. 
Certaines légendes racontent que les colombes sont un symbole des âmes 
et, par conséquent,  cet oiseau est vu comme un signe évident 
du fait que les âmes retournent là d'où elles viennent: au ciel.

.
Article ICI
.


Les Chrétiens considèrent la colombe
comme le symbole de l'Esprit Saint,
troisième personne de la Trinité,
avec le Père et le Fils.


C'est sous la forme d'une colombe
que l'Esprit Saint descendit sur Jésus
au moment de son baptême dans le Jourdain
par Saint Jean-Baptiste.

La Licorne
 

Saint Jean-Baptiste, Jésus, la Colombe et les douze apôtres
.


Pour Sabine Heinz
auteure de Les Symboles des Celtes

La colombe était l'animal qui accompagnait Vénus
la déesse romaine de l'amour ; 
elle symbolisait paix, harmonie et affection.
Les Celtes semblent y ajouter des facultés curatives

On en parle rarement dans la littérature traditionnelle. 
Le développement du christianisme et de l'héraldique 
lui donne de l'importance ; 
on la retrouve aussi dans les contes
comme par exemple dans Cendrillon.

L'un des trois patrons de l'Irlande, Saint Colomban
est également appelé Colum Cille (Colombe de l'église)..



.......


Comme les autres pigeons,
la colombe a le même rôle
dans la symbolique et dans la vie,
celui de messager.



Les pigeons voyageurs sont déjà utilisés
par les navigateurs égyptiens et phéniciens
et leur élevage est perfectionné
par les Grecs et les Romains
.
La colombophilie est à l'honneur
au temps des croisades
et sert de moyen de communication
d'un château à l'autre.
.
Marie-Josephe Wolff-Quenot
"Bestiaire de pierre"
.


Dans le Dictionnaire des symboles 
 de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant,  
on apprend que :


Tout au long de la symbolique judéo-chrétienne, la colombe
 - qui, avec le Nouveau Testament finira par représenter le Saint-Esprit
est fondamentalement un symbole de pureté, de simplicité et même, 
lorsqu'elle apporte le rameau d'olivier à l'arche de Noé, 
un symbole de paix, d'harmonie, d'espoir, de bonheur retrouvé. 




Comme la plupart des représentations d'animaux ailés 
dans la même aire culturelle, 
on a pu dire qu'elle représentait la sublimation de l'instinct 
et, spécifiquement, de l'éros.
 
Dans une acception païenne, qui valorise différemment la notion de pureté,
 non en l'opposant à l'amour charnel mais en l'associant à lui, 
la colombe, oiseau d'Aphrodite, représente 
l'accomplissement amoureux 
que l'amant offre à l'objet de son désir.




Ces acceptions, qui ne diffèrent qu'en apparence, 
font qu'elle représente souvent ce que l'homme contient d'impérissable, 
c'est-à-dire le principe vital, l'âme.



A ce titre, sur certains vases funéraires grecs, 
elle est représentée buvant à un vase 
qui symbolise la source de mémoire.


Mausolée Galla Placidia - Ravenne

L'image est reconduite dans l'iconographie chrétienne 
qui, par exemple, dans le récit du martyre de saint Polycarpe, 
figure une colombe sortant du corps du saint après sa mort.

Tout ce symbolisme est évidemment issu de la beauté et de la grâce de cet oiseau
de sa blancheur immaculée, de la douceur de son roucoulement.
 Ce qui explique que, dans la langue la plus triviale comme dans la plus élevée, 
de l'argot parisien au Cantique des Cantiques
le terme de colombe compte parmi les plus universelles métaphores 
célébrant la femme.
  



Dans la mesure où l'âme s'approche de la lumière
dit Jean Daniélou citant Grégoire de Nysse,  
elle devient belle et prend dans la lumière 
la forme d'une colombe
Mais l'amoureux n'appelle-t-il pas son aimée
mon âme ?


Notons enfin que la colombe est un oiseau éminemment sociable, 
ce qui renforce la valorisation toujours positive de son symbolisme.
.

Article ICI
.


Stèle de Jean-Luc Séverac dédiée aux Cathares:
Colombe de lumière



Rêve de Jung : La colombe



Jung et ses enfants


A la fin de l'année 1912,
Jung fit un rêve dans lequel apparaissait le nombre 12.

Un rêve assez énigmatique, à vrai dire,
qu'il ne réussit pas à déchiffrer totalement...

Notons en passant qu'il y est question d'une "table"...





 
En 1912, vers la Noël, j’eus un rêve. 
Je me trouvais dans une merveilleuse loggia italienne 
avec colonnes, sol et balustrades en marbre. 
J’y étais assis sur une chaise dorée de style Renaissance, 
et devant moi était une table d’une rare beauté. 
Elle était taillée dans une pierre verte, comme de l’émeraude.

 J’étais donc assis et regardais dans le lointain, 
car la loggia se situait tout en haut
dans la tour d’un château. 
Mes enfants se trouvaient aussi autour de la table.
Tout à coup, un oiseau blanc plongea vers nous; 
c’était une petite mouette ou une colombe.

Avec grâce, elle se posa sur la table, 
et je fis un signe aux enfants afin qu’ils se tinssent tranquilles 
et qu’ils ne fissent pas peur au bel oiseau blanc. 
Aussitôt, la colombe se transforma en une petite fille
 âgée de huit ans environ, aux cheveux blond doré. 

 Elle partit en courant avec mes enfants, 
et ils se mirent à jouer ensemble 
dans les merveilleuses colonnades du château.
Je restai plongé dans mes pensées 
réfléchissant à ce qui venait de se produire 
et à ce que je venais de vivre. 
La petite fille s’en revint alors
 et me passa affectueusement un bras autour du cou.


Puis soudain la petite fille disparut, 
mais la colombe était à nouveau là
et dit avec une voix humaine en parlant lentement :
 « Ce n’est que dans les premières heures de la nuit
 que je puis me transformer en un être humain, 
tandis que la colombe mâle s’occupe des douze morts. »

Ayant dit cela, elle prit son vol dans le ciel bleu 
et je m’éveillai.


Ce rêve a occupé Jung pendant très longtemps, 
en raison de ses nombreux symboles : 
la colombe, l’opposition mâle/femelle, 
la table, la petite fille, le chiffre douze… (*)

Il ajoute au sentiment de confusion qu’il éprouvait alors
 et va précipiter sa rupture avec Freud. 
Ce rêve et le suivant vont l’aider à développer sa théorie des archétypes 
et à appréhender les dimensions mythiques de l’inconscient.
.

Extrait de "Ma vie"
C.G. Jung
.


(*) Voici le commentaire qu'il en fait dans "Ma vie" :

 Tout ce que je pus dire de ce rêve fut qu'il indiquait 
une activation inhabituelle de l'inconscient.
Mais je ne connaissais pas de technique 
qui m'aurait permis d'élucider les processus intérieurs.

Que peut avoir à faire une colombe mâle avec douze morts ?
 


A propos de la table d'émeraude, 
il me vint à l'esprit l'histoire de la tabula smaradigna,
qui figure dans la légende alchimique d'Hermès Trismégiste.
D'après cette légende, Hermès Trismégiste aurait légué une table 
sur laquelle était gravée en grec l'essence de la sagesse alchimique.


Je pensai aussi aux douze apôtres, 
aux douze mois de l'année, 
aux signes du zodiaque...etc. 
Mais je ne trouvai pas la solution de l'énigme.
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C.G. Jung
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Ajout :
 
Ce rêve a  beaucoup interrogé Jung
et a anticipé les premières visions
qui l'ont amené à écrire le "Liber Novus", 
le Livre Rouge.
 
La difficulté que Jung  a éprouvée à l'interpréter
lui fait pour la première fois sérieusement penser
à un fondement collectif dans l'inconscient.
 
Selon ses "Livres noirs"
ce rêve aurait  également été à
 l'origine de la décision de Jung 
d'entamer une liaison avec Toni Wolff, 
qu'il avait rencontrée trois ans auparavant.
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