de faire la part des choses entre la légende, la fiction et la réalité.
Mais peu nous importe.
Ce qui nous intéresse, c'est de nous approcher de son processus de création.
Comment un homme aussi jeune et au parcours atypique
a-t-il pu avoir des révélations aussi incroyables ?
Ce qui était, de surcroît, complètement contre-intuitif avec la pensée de l'époque.
Comment un élève renvoyé du lycée,
refusé à l'admission de l'École polytechnique de Zurich,
ne faisant pas partie du sérail des physiciens reconnus,
a-t-il pu imaginer des théories qui transformeraient la façon de penser l'univers ?
.
“L’imagination est plus importante que la connaissance.”
.
Einstein
.
Cette citation archi-connue d'Einstein lui va bien,
car c'est en imaginant des scénarios de temps différents
qu'il a pu écrire ses théories.
D'ailleurs si vous n'avez pas lu le best-seller du physicien,
professeur au MIT et écrivain-poète Alan Lightman,
Einstein's Dreams ("Quand Einstein rêvait"),
je vous le recommande.
Il s'agit d'un collage d'histoires fictives imaginées par Albert Einstein en 1905,
alors qu'il travaillait dans un bureau de brevet en Suisse.
Au moment où le jeune génie rebelle et sensible crée sa théorie de la relativité,
une nouvelle conception du temps, il imagine de nombreux mondes possibles.
Dans l'un, le temps est circulaire, de sorte que les gens sont condamnés
à répéter leurs triomphes et leurs échecs à plusieurs reprises.
Dans un autre, il est un lieu où le temps s'arrête.
Dans un autre, le temps est un rossignol, parfois piégé par une cloche...
Einstein's Dreams a inspiré plusieurs dramaturges,
danseurs, musiciens, peintres...dans le monde entier.
Dans ces fragments poétiques,
Alan Lightman explore les liens entre la science et l'art,
le processus de créativité, et la fragilité de l'existence humaine.
Il est amusant de lire Einstein's Dreams,
car cela illustre les possibilités illimitées de l'imagination.
Nous prenons encore plus conscience de toutes les questions
que l'on peut se poser sur un thème donné
et des scénarios que nous pouvons ensuite imaginer.
Tout au long de sa carrière, un scientifique doit faire preuve de beaucoup d'imagination,
car il doit constamment poser de nouvelles questions pour cerner le problème,
les enjeux et les possibilités.
Il ne doit jamais se satisfaire d'une équation ou d'un seul scénario.
Dans l'histoire d'Einstein cela est fascinant,
car il s'aperçoit lui même quelques années plus tard
qu'il a fait une erreur de calcul qui aurait pu le discréditer
si les nuages n'avaient pas empêché l'astrophysicien américain
de photographier l'éclipse pour prouver sa théorie.
L'incident lui a permis de gagner du temps et de corriger son erreur
avant la prise officielle des photos de l'éclipse.
La danse entre les imprévus et notre quête pour trouver des solutions
sont les pas à apprendre pour développer notre créativité.
Devant, derrière, sur le côté... une danse n'est pas linéaire.
C'est un couple qui relie l'étonnement et l'harmonie.
Le mouvement de retour dans l'exploration est l'histoire d'Einstein,
mais elle est aussi celle de nombreux autres scientifiques.
Nous naviguons tous entre rêve, éveil, réalité et fiction.
Un écrivain rêve ses personnages, mais à un certain moment
ce sont les personnages qui mènent le bal et le surprennent.
C'est d'ailleurs dans ces intervalles qui semblent magiques
que la créativité explose dans toute sa splendeur.
“...Einstein rêve ses personnages dans le même temps qu’il élabore sa théorie,
si bien qu’on ne sait jamais si ce sont les calculs de la relativité
qui le font imaginer de nouveaux ordres temporels
ou si ce sont ses rêves qui le font aller plus avant dans ses hypothèses,
et peut-être même qui les font advenir.
Dans les deux cas, c’est toujours, si l’on peut dire,
le récit qui l’emporte, puisque tous les temps
auxquels la relativité donne accès
auxquels la relativité donne accès
ne peuvent jamais se dire dans la linéarité,
dans un ordre « ancien » qui demeure.”
Isabelle Daunais,
"Du bon usage du temps"
Photographie Pierre Guité.
Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, les chercheurs ont commencé
à s'intéresser plus sérieusement au cerveau, au sommeil et aux rêves.
Les découvertes d'Aserinsky et de Kleitman dans leurs laboratoires
à l'Université de Chicago ont ouvert de toutes nouvelles perspectives.
Depuis, les recherches dans ce domaine n'ont cessé de se multiplier.
Grâce à ces avancées, on sait désormais que les rêveurs lucides
ont accès à des détails très précis dans leurs rêves.
Qui sait, Einstein était peut-être un rêveur lucide.
Il semblerait qu'il a rêvé qu'un traîneau descendait une montagne escarpée
tellement rapidement qu'il s'est rapproché de la vitesse de la lumière,
c'est à ce moment qu'il aurait vu les étoiles changer d'apparence.
Il se serait réveillé et aurait médité sur cette idée pour formule
ce qui allait devenir une des plus célèbres théories scientifiques
dans l'histoire de l'humanité.
MOORCROFT William H.
"Understanding Sleep and Dreaming"
.
Le laboratoire créatif
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