mardi 25 juin 2019

Qu'est-ce que la conscience ? (1)

Mardi 25 juin 2019
 



Dans un article précédent,
je me posais la question
"qu'est-ce que la conscience ?"...

Pour Christine Hardy,
la conscience ne se limite pas
à la pensée ou à la raison...

C'est avant tout une dynamique...

Une dynamique d'interaction
avec tout ce qui nous entoure...
et c'est aussi une dynamique interne
dans laquelle nos idées, nos intuitions,
nos émotions, nos relations, notre corps
interagissent...
et nous donnent de nouvelles ouvertures
artistiques, psychologiques, philosophiques...

C'est une dynamique de relations,
une dynamique de "création de sens".

C'est une dynamique "ouverte"...
basée sur des liens, des connexions...des réseaux.
C'est un système "ouvert"...
en perpétuelle transformation.

Cette conception, assez "large", est très éloignée
de la conception de Descartes
qui, lui, réduisait la "conscience" à la pensée...
et même, au "mental".

Pour Christine Hardy, la science du 21ème siècle,
(qui intégrera la conscience)
sera sans doute une science totalement différente
de celle que nous connaissons...
.

La Licorne
.



 
 
 
 

lundi 24 juin 2019

Cosmologie, inconscient collectif et synchronicité

Lundi 24 juin 2019




L'inconscient collectif, selon Jung, n'est pas une réalité subjective, 
mais une réalité psychique objective qui réunit tous les êtres 
dans l'univers animé et inanimé. 
Elle est située dans une dimension en dehors de l'espace et du temps
 qui constitue à la fois une espèce de "mémoire de l'humanité" 
et l'âme même de l'univers.
(...)


La psychologie analytique de Jung visait à réintégrer 
l'identité spirituelle de l'individu. 
D'après lui, c'était en effet la perte de contenus religieux 
-compris en termes de "religiosité" et non de religion institutionnelle -
 qui provoquait le sentiment de solitude et de perte d'identité chez l'individu,
et donc des névroses. 

Se réapproprier ses rêves et retrouver une capacité à comprendre 
les événements synchrones dans sa vie, 
signifie reconquérir ce centre perdu qu'est le Soi
bien au-delà de la prison de l'ego.

Avec des découvertes d'une telle profondeur,
 Jung, en partant de l'étude de l'individu, de ses névroses et de sa guérison 
sous la conduite des rêves et des phénomènes de synchronicité, 
était parvenu à comprendre que la clé de la guérison consistait uniquement 
dans la capacité de chacun à se relier aux lois universelles 
qui l'unissent à travers le centre du Soi à un contexte cosmique très vaste, 
qui relie tous les êtres vivants de manière créative.

Jung, à travers l'étude individuelle de ses patients 
était ainsi parvenu à comprendre 
comment fonctionne réellement l'esprit de l'univers.

Pareillement à la théorie du Big Bang, 
qui explique l'origine et la structure actuelle de la matière
 - une cosmologie que l'on ne peut étudier 
qu'en observant les galaxies qui composent l'univers -
 Carl Gustav Jung avait créé une cosmologie 
qui expliquait l'âme de l'univers 
en partant des cas individuels
qu'il avait étudiés un par un en profondeur. 

Mais il était aussi allé au-delà, 
dès lors que l'étude des phénomènes de synchronicité
 laissait deviner un dessein plus vaste, 
comme un véritable pont entre deux mondes. 

D'un côté, le monde intérieur de notre expérience directe,
 caractérisé par des rêves, des aspirations, des mémoires, des visions,
 par l"amour, la perte, la poésie, l'art, la musique et la spiritualité; 
de l'autre, le monde de la matière et de l'énergie, 
le domaine de la physique et de la chimie, 
le monde des trous noirs, des galaxies, 
des particules élémentaires et des champs quantiques. 

Une porte s'est alors ouverte sur une nouvelle cosmologie 
qui comprenait ces deux mondes - c'est-à-dire la matière et l'esprit- 
et qui permettait de construire un cadre absolument intègre, 
constituant une ultime théorie physique pleinement unifiante.

(...) cet objectif fut repris par le physicien quantique Wolfgang Pauli
 qui, en les expérimentant personnellement , 
suivait avec ardeur tous les développements de recherche de Jung.
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Massimo Teodorani
"Synchronicité"
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samedi 22 juin 2019

Spiritualité et sciences

Dimanche 23 juin 2019




(L'homme d'aujourd'hui) a oublié la notion
qui avait cours au Moyen-Âge
que l’homme est un microcosme,
 pour ainsi dire une image en réduction
du grand cosmos.
.
C.G. Jung
"Présent et avenir"


 .

Le microcosme qu’est l’homme et le macroscome qu’est l’univers
sont étroitement solidaires.
Même si l’homme moderne est tenté de minimiser ce lien,
ce dernier n’en reste pas moins essentiel.
.
M-M Davy 
.




Nassim Haramein est un autodidacte pluridisciplinaire en science :
astrophysique, physique, chimie, biologie, mathématicien, etc…

Il est l'auteur d'une théorie des "champs unifiés". (*)

 Il a eu depuis plus de vingt ans une vision de ce que pouvait être
une loi unificatrice des différentes forces universelles comme la gravitation,
 la force nucléaire forte, faible et l’électromagnétisme.

Il est souvent comparé à Albert Einstein qui a cherché en vain cette loi.
Selon Nassim, le vide est constitué d’énergie qui est utilisable à tout moment.
 C’est cette énergie du vide qui fait le pont entre l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Ses théories dérangent et bouleversent la vision 
que nous avons de l’univers du macrocosme et du microcosme, 
et donnent une nouvelle vision de la place de l'homme dans l'univers.

Ecoutez-le, il est passionnant.

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La Licorne 
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(*)  Autre vidéo passionnante sur le "champ unifié"
(et sur les rapports entre science et méditation) :
Interview de John Hagelin




jeudi 20 juin 2019

L'âme du monde

 Jeudi 20 juin 2019



L'écologie extérieure sans écologie intérieure 
n'est qu'illusion.
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Denys Rinpoche
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Quand on cherche des remèdes aux maux de la planète, 
on mise généralement sur une science et une technique 
semblables à celles qui sont à l'origine des maux. 

 Cette science et cette technique étant elles-mêmes 
indissociables d'une vision du monde 
où la nature est étrangère à l'homme, 
que peut-on raisonnablement en attendre?

Ne vaut-il pas mieux écouter ces poètes romantiques,
 ancêtres de nos écologistes, que l'on peut qualifier de prophètes 
parce qu'ils ont pressenti la nécessité de rétablir 
le rapport traditionnel avec le monde
et de faire graviter la science de l'avenir autour de ce rapport?
.
Encyclopédie de l'Agora
"Microcosme"
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L’Âme du Monde

Le thème de l’âme du Monde a connu un grand succès
à l’époque médiévale,
il nous est difficile de saisir à notre époque son sens.
Là encore une telle doctrine est d’origine platonicienne.
Dans le Timée, Platon fait allusion au monde concret
relié aux Idées par l’intermédiaire de l’Âme.

« En effet, le monde tel un grand être vivant, 
est doué de mouvement autonome,
ce qui suppose une Âme…

L’Âme motrice de l’univers
est douée d’intelligence. »


 Dans ce monde qui est un ordre, le désordre peut s’introduire momentanément,
mais l’harmonie de la totalité n’est pas pour autant détruite.
L’essentiel de cette pensée est de récuser toute interprétation mécaniste de l’univers
et de mettre en valeur les liens de continuité entre l’homme et le cosmos.
« L’explication « hiérarchique » de l’univers va exercer
 — M.D. Chenu dans son ouvrage sur La théologie du XIIe siècle —
une séduction analogue à celle qu’exercera au XIXe siècle
le mythe scientifique de l’évolution. »
(...)

L’homme est sacré et le cosmos aussi.
Durant longtemps, l’univers a été envisagé dans une perspective sacrale,
 depuis la pierre et la flore jusqu’à la faune et l’homme.
En se désacralisant, l’homme a désacralisé le cosmos.


Une telle œuvre de destruction a commencé très tôt.
Elle apparaît déjà avec Thomas d’Aquin
et plus encore avec ses interprètes et commentateurs.
Dans la mesure où l’Église installée confortablement dans le temporel
a voulu le régir, elle ne pouvait qu’emprisonner l’Esprit.

En codifiant les manifestations du « souffle divin »,
elle le détruisait et isolait l’homme.
En cessant d’être le temple de l’Esprit,
l’homme perdait le sens des sources.
 La source qui est en lui lui devenait inaccessible
et il n’existait plus de pont pour rejoindre la source du cosmos.

Coupé du divin, l’homme abandonnait son sens de l’universalité.
Privé des semences de vie, il devenait stérile et incapable de saisir
 sa propre beauté et celle de l’univers qui,
ne pouvant plus le considérer comme son rédempteur,
 s’élevait avec hostilité contre lui.

Ainsi la beauté et l’émerveillement qu’elle suscitait a peu à peu perdu son axe. 
La beauté de l’homme se situe dans son intériorité
et c’est par cette intériorité qu’il communiquait avec le cosmos 
et en découvrait la splendeur.
L’intériorité lui permettait de distinguer et de lire les signes et les symboles. 
C’est à travers eux qu’il découvrait la loi des correspondances. 
La spontanéité de son intuition opérait en lui et autour de lui 
une perpétuelle naissance.
(...)
Relié au céleste tout en accomplissant son pèlerinage terrestre,
 il était normal pour l’homme qui faisait partie intégrante de l’univers, 
et soient pourvus ainsi d’une signification précise 
qu’il convenait toutefois de savoir interpréter. 

Foucher de Chartres a montré comment Dieu se sert des divers éléments de la création 
pour converser avec l’homme, l’instruire, le protéger et accroître sa vigilance.
 C’est ainsi que des signes, telle une comète 
ou encore la couleur insolite du ciel à l’aurore ou au coucher du soleil, 
des tempêtes de grêle, des chutes de pierres, étaient envisagés
 comme l’annonce de calamités, famines ou épidémies.  
(...)

L’homme moderne, de plus en plus coupé de l’univers, 
ne sait plus distinguer les signes qu’il pourrait interpréter dans le cosmos. 
Même le cultivateur d’aujourd’hui, mises à part quelques exceptions, 
ne cherche plus à lire dans la direction du vent ou le vol des canards sauvages, 
les signes annonciateurs des changements de temps, 
il préfère se fier aux communications de la radio et de la télévision. 
 (...)

L’homme s’est éloigné des animaux, des plantes et des pierres 
qu’il a cessé de regarder avec un amour fraternel.
 Qu’on se souvienne par exemple des animaux sauvages qui, 
chez les Pères du désert prenaient asile près de leurs ermitages. 
De tels récits ont pour but de montrer l’accord 
entre les animaux et les hommes pacifiés. 
Le besoin de « domestiquer » la nature
a brisé les rapports entre les diverses créatures. 
Microcosme et macrocosme se sont séparés pour une certaine durée 
et cela pour le plus grand dam de l’homme.

Souffrant de son isolement et de sa solitude, l’homme moderne, 
devenu de plus en plus grégaire,
 cherche dans les partis, les groupes et les sectes, 
un remède, une consolation et une chaleur animale factice 
afin de remédier à son extrême solitude. 
Pourquoi ne pas penser que le macrocosme souffre 
de ne plus être aimé par le microcosme 
et de ne plus éprouver la douceur de sa tendresse.

Le macrocosme gémit quand il voit les habitants des villes 
se ruer dans les campagnes,  sur les rivages des mers, 
dans les forêts et les montagnes 
en apportant avec eux leur transistor ou leur magnétophone. 
Le bruit, dont l’homme éprouve la nécessité, 
le rend inattentif aux tressaillements de la nature. 

Il devient incapable d’entendre le murmure 
de la voix des pierres, des plantes et des animaux. 
Il ne saurait écouter le battement d’ailes des oiseaux et leurs chants ;
 la mélodie de l’eau et de la brise. 

Dès que l’homme perd le goût du rythme, 
de la sonorité et de la splendeur de la nature, 
il devient amputé d’une partie essentielle de lui-même. 
Il abandonne le chemin conduisant vers les sources : la sienne 
et celle de l’univers dont il ne sait plus découvrir les signes.
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(microcosme et macrocosme)
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mercredi 19 juin 2019

Nature et inconscient collectif

Mercredi 19 juin 2019


Les grands maîtres spirituels, les poètes et même les scientifiques 
nous disent que la conscience n’est pas “dans le cerveau”, 
elle fait partie de l’intelligence qui imprègne le cosmos. 
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Ervin Laszlo
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Très courte vidéo dans laquelle Luc Bigé nous parle des symboles
et nous explique, au passage, sa conception
d'un inconscient collectif  "relié à la nature"...


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mardi 18 juin 2019

De la nature du rêve et de l'inconscient

Mardi 18 juin 2019


Certains rêves nous obligent à réinterroger nos certitudes.
En psychanalyse, on tient souvent pour acquis que le rêve est une production de notre psyché ou de notre inconscient, un "message" que nous nous envoyons à nous-même.
Mais en sommes-nous si sûrs ? Les choses sont-elles aussi "simples" ?

Que savons-nous de l'inconscient, et plus précisément de la conscience ?
La conscience n'est pas la pensée, elle n'est pas le mental. C'est la restreindre que de dire cela. Quand on observe la nature, quand on médite...la pensée est absente (le langage intérieur aussi, souvent) et pourtant, on est conscient, "plus conscient que jamais" même...
Il faut donc trouver une définition plus large. On pourrait définir la conscience (et c'est ma définition personnelle) comme "une capacité de perception accompagnée d'un ressenti individuel par rapport à cette perception". (*)

Or, quand nous rêvons, si nos capacités de "réflexion" et de "logique" sont parfois  altérées, nous percevons...et nous ressentons...nous sommes donc, d'une certaine façon "conscients". D'une manière inhabituelle, mais "conscients".
Ce n'est qu'au réveil, que, par comparaison, nous constatons que nous étions "dans un autre état de conscience", un état différent de celui qui est le nôtre habituellement et que nous en déduisons que nous avons rêvé. Pendant le rêve, tout nous paraît "normal".

Les rêves de "faux réveil" ont cet avantage de remettre en cause les évidences : on peut "changer d'état" (premier réveil), croire donc qu'on a quitté le rêve...et s'apercevoir, dans un deuxième temps, que c'était encore un rêve, mais un rêve différent du premier.
Il y aurait donc des "successions d'états de conscience", différents "niveaux" que nous parcourrions dans le sommeil, sans nous en apercevoir.

On peut alors se demander si le mot "inconscient" est adapté : plutôt que d'inconscient (mot qui laisse présager une sorte d' "unité dans la non-conscience", il faudrait peut-être parler de "conscience étagée" ou "échelonnée" (le niveau de conscience "ordinaire" n'étant qu'un "étage" ou qu'un "échelon"  parmi d'autres).



D'autre part, il s'agit de remettre en cause l'idée que l'inconscient est quelque chose qui nous "appartient"...
Alors que Freud était partisan d'un inconscient purement "personnel"...Jung a élargi la notion à celle "d'inconscient collectif" (inconscient commun à toute l'humanité et à tous les âges de celle-ci).
C'est un saut énorme.
Mais peut-être ce cadre élargi est-il encore insuffisant...
N'y aurait-il pas un inconscient plus large encore, qui engloberait l'inconscient de tous les êtres vivants ? Non seulement des êtres humains, mais aussi des animaux, des plantes, des pierres...Et peut-être même de "tout ce qui existe" dans l'univers ? Une sorte "d'inconscient cosmique" ?


 

Les chamanes ont beaucoup à nous apprendre sur ce sujet, eux qui accèdent, par leurs "voyages intérieurs " à des informations provenant, par exemple, des animaux ou des plantes...(**)
Car si la conscience est "une perception accompagnée d'un ressenti", alors les animaux et les plantes ont eux aussi une "conscience"...et les chamans maîtrisent depuis toujours l'art de communiquer avec celle-ci.
Ils affirment que la nature est "intelligente" et qu'elle communique avec les êtres humains par les rêves. De tout cela, ils ont une expérience "pratique", bien éloignée de nos "théories" sur l'inconscient.

Dans "L'art de rêver" de Carlos Castaneda, Don Juan définit "rêver" comme un "passage à l'infinité".

" Rêver ne signifie pas avoir des rêves. Rêver permet de percevoir d’autres mondes et de les décrire. "

" Rêver est un voyage aux dimensions impensables, un voyage qui, après nous avoir fait percevoir tout ce qui est humainement perceptible, fait sauter le point d'assemblage en dehors du domaine humain, et ainsi nous permet de percevoir l'inconcevable. "

"Rêver ne peut être qu'une expérience. Rêver ne signifie pas seulement avoir des rêves.
Par l'acte de rêver, nous pouvons percevoir d'autres mondes, que nous pouvons assurément décrire. Mais nous ne pouvons pas décrire ce qui nous les rend perceptibles. Néanmoins nous pouvons sentir comment rêver ouvre ces autres royaumes. Rêver semble être une sensation - un processus dans nos corps, une conscience dans nos pensées."

Les chamanes expérimentent donc qu'il est possible de s'ouvrir "à d'autres mondes", " à d'autres dimensions"...à ce qui nous "dépasse".
Notre conditionnement personnel d'occidental nous amène à induire que l'état de conscience atteint pendant que notre corps est inactif est "inférieur" à celui que nous atteignons pendant que nous sommes "éveillés".

Mais ce n'est pas ce que les chamanes ressentent puisqu'ils vont régulièrement chercher de précieux "savoirs" (botaniques notamment) dans ces "mondes inconnus". Des savoirs qui nous sont inaccessibles en temps normal.

C'est d'ailleurs également un "savoir très précieux"que Jung a ramené de sa plongée dans les abîmes intérieurs relatée dans le "Livre rouge". Un savoir mystérieux et incandescent, qu'il mettra toute une vie à "comprendre" et à "mettre en mots".

Cette expérience-là était-elle la même que nos rêves de "tous les jours" ? Oui et non.
Elle était certes de même "nature", mais elle allait beaucoup plus "profond", elle plongeait à un autre niveau...

 
On pourrait comparer cela au plongeur qui , habituellement, utilise son "tuba" pour  observer tranquillement la faune sous-marine proche de la surface et qui, soudain, décide de plonger à plusieurs dizaines de mètres de profondeur , en apnée. Il s'agit bien, à chaque fois, d'observer le fond de l'eau, mais les deux expériences ne sont pas comparables...en terme de difficulté et de danger.

Il semblerait donc bien que ce que nous appelons "l'inconscient" transcende complètement la "personnalité humaine" et que quand nos explorons les "profondeurs", ce ne sont pas seulement "nos" profondeurs, ni même celle de l'Humanité que nous explorons, mais , potentiellement, celles de l'Univers tout entier.

Le "savoir" que nous y puisons (ou que nous pourrions y puiser) est le "savoir" accumulé par tout ce qui vit...et par tout ce qui existe. Il nous dépasse infiniment et nous ne pouvons que nous incliner humblement devant lui.

Rêver signifierait donc traverser les différents étages, les différentes "couches de conscience" (ou de réalité), vers le bas...ou vers le haut... et en ramener des images (plus ou moins nettes...et parfois déformées), tout comme le plongeur ramène des photos de ses plongées sous-marines, à différentes "profondeurs" ...ou comme le cosmonaute ramène des images fantastiques de ses incursions dans l'espace).

Une partie de ces "images" n'a peut-être rien à voir avec notre histoire personnelle, ni avec celle de nos ancêtres, ni même, sans doute, avec celle de l'Humanité. C'est un savoir "cosmique", une passerelle vers tout ce qui existe ou a existé...C'est une "mémoire du monde" qu'on pourrait comparer à ce que certains nomment l'akasha (ou champ akashique).

La "merveille des merveilles", le fait "extraordinaire", c'est que ce savoir incommensurable est accessible "par l'intérieur" ... et c'est d'ailleurs ce que nous prédisait déjà clairement la maxime de Delphes :



La Licorne 




(*) Etant donné la polysémie du mot, il est très difficile de donner une définition de la conscience sur laquelle tout le monde s'accorde...chacun a plus ou moins la sienne...
Voilà la définition "officielle" :  "relation intériorisée immédiate ou médiate qu'un être est capable d’établir avec le monde où il vit ou avec lui-même".

(**) Vidéo de Jérémy Narby  à visionner (sous le lien) : "Plantes et chamanisme"
Si vous ne la connaissez pas encore...et si vous n'avez pas peur de remettre en question vos certitudes ...je vous la recommande vivement !  :-)


dimanche 16 juin 2019

Rêve 59 : Rêve dans le rêve

 Dimanche 16 juin 2019



Je rêve...que je rêve !

Dans le deuxième rêve, je suis dans une fête foraine. 
L'ambiance est assez glauque, à la limite du cauchemar.
Mais je sais que je suis en train de rêver
et j'arrive...à me réveiller.

Je me réveille alors...dans un lit rose.
A ce moment-là, je suis dans le premier rêve.
Il ne se passe pas grand-chose.

Puis je finis par me réveiller...pour de bon
(dans la vie réelle)
.

Alexia
Rêve daté du 15/5/2015
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Ce rêve m'a été confié en 2015
par une jeune adolescente...

Au-delà du contenu, ce qui me paraît intéressant,
c'est qu'on trouve ici, comme dans le film "Inception",
plusieurs "niveaux de rêve"
(rêves gigognes ou rêves imbriqués).

Dans le rêve ci-dessus, la rêveuse
paraît se repérer sans difficulté
dans les différents "niveaux"...

Mais la plupart du temps,
le phénomène de "faux réveil",
(qui suit souvent un rêve lucide)
induit dans l'esprit du rêveur

un doute, une interrogation :
"Suis-je dans la réalité...
ou dans le rêve ?"

...ou une erreur :
il croit dur comme fer
être dans la vie réelle
alors que ce n'est pas le cas...

Pour information,
ce phénomène de "faux réveil" apparaissait déjà
 à la fin d'un autre rêve de ce blog :
"Un rêve étrange et déroutant"
(rêve 55)
.


La Licorne
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vendredi 14 juin 2019

Réalité du rêve

Vendredi 14 juin 2019


 
Sur le sujet qui nous occupe, 
voici un excellent article de Jean Gagliardi, 
auteur du blog "La voie du rêve" :
 



 
 
Robert Moss – un enseignant du travail du rêve dont je recommande par ailleurs chaudement tous les livres – raconte dans Dreamgates un rêve fort intéressant :

 « Je suis dans un cercle de rêves. Au centre du cercle, il y a un autel avec une bougie qui est allumée. Un homme demande : « Robert, qu’est-ce qui nous permet d’être certains que nous ne sommes pas en train de rêver ? » Je me lève et je vais au centre de la pièce, je prends la bougie et je verse un peu de cire sur mon bras. Cela brûle un peu. Je dis alors : « Je suppose que cela prouve que je ne rêve pas. » Je repose la bougie. Et c’est à ce moment que je me réveille. »

Qu’est-ce qui vous garantit que vous n’êtes pas, à l’instant même, en train de rêver que vous êtes en train de lire un article sur les relations entre le rêve et la réalité ? Vous croyez que la source des rêves serait incapable d’écrire un tel article ? Allons donc ! Le rêve de Robert Moss est une variation sur le thème « pince-moi si je rêve ». Oui, mais si je rêve que je me pince ? 
Le film Inception propose encore une autre sorte de test. Le héros lance une toupie pour vérifier qu’elle se comporte bien selon les lois de la physique. Mais cela présuppose encore que dans l’univers du rêve, ces lois seraient altérées…


Au fond, tout cela nous interroge sur la nature du rêve, et encore plus fondamentalement sur celle de la réalité. Qu’est-ce qui est réel ?


La science, en la personne du physicien Max Planck, nous dit : « Est réel ce qui est mesurable ». C’est le point de vue de la raison, dont l’étymologie nous renvoie justement à la mesure (ratio). Mais la raison peut-elle définir le réel ? Il faudrait pour cela que ce dernier soit toujours mesurable ou logique, comme le voudrait le rationalisme. Cependant, la physique elle-même démontre que l’espace et le temps, qui sont à la base de toutes nos mesures, n’ont rien d’absolu. Et puis cette définition laisse beaucoup de choses, et non des moindres, hors du réel : l’amour n’est pas mesurable, pas plus que l’espérance ou le courage, et finalement tout ce qui a trait à la conscience.


À l’inverse, les cultures chamaniques considèrent que ce que nous appelons « le réel » est « le monde de la surface » – le rêve que nous avons tous en commun. Sous cette surface, il y aurait bien d’autres mondes qui sont autant de rêves. Des mondes qu’on peut visiter, d’autres dimensions du réel…


Une jeune femme m’a raconté avoir rêvé qu’elle visitait un autre monde où elle choisissait d’habiter temporairement le corps d’une jeune fille, ce qui ne dérangeait aucunement celle-ci qui n’en avait pas conscience. Elle rencontrait un garçon qui était conscient comme elle de rêver mais qui était « pris » dans un corps : il ne pouvait se déplacer dans ce monde comme un pur esprit ainsi qu’elle le faisait. Cela lui fit prendre conscience que lorsqu’elle se réveillerait, ce serait pour retourner dans un monde où elle serait elle-aussi « prise » dans un corps : elle ne pourrait plus en changer à volonté, passer de l’un à l’autre.


Ce rêve avait pour elle un indéniable caractère de réalité, il était difficile d’y voir une portée symbolique. Ce sont sans doute de tels rêves qui ont inspiré l’idée répandue dans toutes les cultures chamaniques et encore bien vivante qui veut que la nuit, l’âme quitte le corps et va voyager dans d’autres mondes. Ces derniers sont-ils plus ou moins réels que notre monde ?


Il arrive que l’on se réveille en rêve, dans un autre rêve. Ce sont souvent des rêveurs lucides, qui ont pris conscience dans le rêve de ce qu’ils sont en train de rêver, qui se réveillent ainsi dans un autre rêve. L’un d’eux m’a confié qu’il se retrouvait ainsi souvent dans des rêves « à tiroirs » où il se réveillait de rêve en rêve, véritables poupées gigognes. Dans l’un de ceux-ci, il prenait conscience de ce qu’il était en train de rêver quand il remarquait quelque incongruité dans ce qui l’entourait – il détectait ce que Stephen Laberge appelle un « indice onirique ». Cela l’amenait à se réveiller dans un autre rêve, qu’il prenait pour la réalité jusqu’à ce qu’un nouvel indice onirique l’amène à en douter. Et ainsi de suite, plusieurs fois. La scène finale de ce rêve nous a bien fait rire : il se réveillait finalement sur son lieu de travail, où il lui semblait avoir fait une petite sieste, et après s’être bien étiré, il a tiré un rideau en se disant : « Bon, allez maintenant, au boulot ! » avant de se réveiller pour de bon, fort surpris d’être dans son lit.


Nous avons tendance à prendre pour acquis le critère du consensus pour définir la réalité : ce qu’un seul perçoit est irréel, mais ce que deux ou plus peuvent voir est réel. Jung rapporte une expérience troublante qui met en doute ce critère. 


Lors d’un voyage à Ravenne avec une amie, il visita avec elle le tombeau de Galla Placidia qui, dit-il, le plongea dans un étrange état d’âme. Ils poursuivirent leur visite en allant voir le baptistère orthodoxe tout proche, et Jung fut surpris d’y voir à la place des fenêtres quatre grandes fresques d’une beauté indescriptible. 
L’une d’elle, qui montrait le Christ tendant la main à saint Pierre en train de se noyer, les impressionna particulièrement et ils passèrent au moins vingt minutes à la contempler en discutant du rite baptismal.  


Par la suite, Jung chercha à se procurer des reproductions de ces fresques mais ne put en trouver car il s’avéra qu’elles n’existaient pas, du moins dans notre réalité physique. La dame qui accompagnait Jung ne put longtemps croire que ce qu’elle avait vu, « de ses propres yeux vu », n’existait pas.


Jung écrit dans Ma vie  : «Mon expérience du baptistère de Ravenne m’a laissé une impression profonde. Depuis lors, je sais qu’un contenu intérieur peut avoir l’apparence d’un fait extérieur, de même qu’un fait intérieur peut avoir celle d’une teneur extérieure. Les parois réelles du baptistère, que devaient voir  mes yeux physiques, étaient recouvertes et transformées par une vision aussi réelle que les font baptismaux qui, eux, n’avaient pas été modifiées. À ce moment, qu’est-ce qui était réel ? »


La réponse à une telle question réclame, on le voit, la plus grande prudence.


À mi-chemin entre le point de vue des physiciens et celui des chamans, l’approche psychologique que propose Jung peut aider à les réconcilier. En effet, pour ce dernier, rien n’arrive hors de la psyché
Que ce soit la mesure que prend le physicien ou le voyage dans lequel s’engage le « marcheur entre les mondes », nous n’aurions même pas l’opportunité d’en parler si ce n’était finalement une réalité psychique, quelque chose qui advient dans le champ de la conscience. Nous n’avons aucun moyen de savoir quelle est la réalité en soi de ces phénomènes hors de la psyché qui les perçoit ; tout au plus pouvons-nous spéculer ou tenter d’inférer le réel derrière les apparences. Ce constat ne vaut pas que pour les grandes questions métaphysiques. Il s’applique très directement dans notre quotidien tant notre perception est conditionnée par l’interprétation que nous faisons de la réalité, nos projections inconscientes, les histoires que nous nous racontons, les croyances qui nous sont chères.


Il y a eu un accident au carrefour. S’il y a quatre témoins, il y a généralement quatre versions différentes. Il faut recouper généralement les témoignages pour déduire ce qui a bien pu se passer. Pour peu que la situation suscite de fortes émotions – l’accident a entrainé une querelle – les discordances sont encore amplifiées ; l’investissement émotionnel d’une situation est un critère de réalité immédiate. Qui a raison ? Il est probable que personne ne voit la réalité dans son entier, et que chaque point de vue en reflète une facette avec une plus ou moins grande distorsion subjective. Quand il y a projection, un élément inconscient – qu’on ne peut pas voir, par définition – recouvre les faits, soit qu’il les colore d’une certaine façon, soit qu’il les oblitère ou les déforme, les travestit. Nos croyances définissent l’espace dans lequel nous pouvons nous faire une représentation mentale de ce qui est. D’une certaine façon, un mécanisme de reconstruction  permanente de la réalité vécue (*) est à l’œuvre dans notre quotidien comme dans le rêve – le réel et l’onirique s’avèrent entremêlés dans la psyché.
  
William Shakespeare le savait bien, qui écrivait : « Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. »


Finalement, notre investigation sur la nature du réel débouche sur un questionnement à propos de la nature de la conscience, cela qui prend la mesure de toutes choses. Nous avons peut-être tort de nous en tenir à une opposition stricte entre ces termes de rêve et de réalité, car du point de vue élargie de la conscience, ils sont à la fois complémentaires et inscrits dans une continuité : le rêve nous parait réel jusqu’à ce que nous nous en réveillons – la lucidité onirique consiste en se promener éveillé dans le rêve. Nous nous enfermons dans une fausse dualité en opposant le rêve et la réalité, l’inconscient et le conscient, l’intérieur et l’extérieur, alors qu’il n’y a là qu’un flux continu de conscience dans différents états, un processus qui crée la réalité en même temps que la conscience de cette réalité.


On peut ainsi considérer, avec l’Orient, que nous rêvons généralement les yeux ouverts dans notre vie quotidienne et qu’il est possible de s’en réveiller – c’est ce que la spiritualité orientale appelle l’Éveil. Avant même le fameux éveil dans la 5ème dimension que beaucoup recherchent et qui pourrait être un autre rêve, nous pouvons vivre lucidement ici-bas en nous gardant de croire trop rapidement nos pensées et notre interprétation de la réalité. La méditation permet en particulier d’observer le jeu du mental et de se détacher doucement des pensées, de leur pouvoir hypnotique qui prétend définir la réalité.  Au-delà de la psychologie s’ouvre dès lors une perspective spirituelle qui permet d’envisager un autre angle au travail du rêve. Voilà ce qu’en dit Tenzin Wangyal Rimpoche dans son livre sur les Yogas tibétains du rêve et du sommeil :


« Beaucoup d’occidentaux qui s’intéressent aux enseignements ont sur le rêve des idées nourries de théories psychologiques; en conséquence, quand l’utilisation des rêves dans leur vie spirituelle commence à les intéresser, ils se concentrent généralement sur leur contenu et leur signification.  
La nature même de l’acte de rêver est rarement étudiée. Lorsqu’elle l’est, la recherche débouche sur les processus mystérieux qui sous-tendent la totalité de notre existence, et pas seulement la partie pendant laquelle nous rêvons. […] On pense généralement que le rêve est ‘irréel’, par opposition avec la ‘réalité’ de notre état vigile. Mais rien n’est plus réel que le rêve. Cette affirmation prend tout son sens quand il est compris que la vie à l’état de veille est aussi irréelle que le rêve, exactement de la même façon. On peut alors comprendre que le yoga du rêve s’applique à toute expérience, aux rêves de la journée comme à ceux de la nuit. »


Quelle est, dès lors, la nature du rêve ? C’est celle de l’illusion. Mais l’illusion est donc ainsi faite qu’elle semble réelle jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’est une illusion. Alors, on a généralement grandi en conscience, souvent douloureusement : les illusions s’envolent rarement sans arrachement. C’est le long et pénible travail de retrait des projections. Cependant le rêve nous parle aussi symboliquement de la réalité qui est hors de notre champ de conscience. Ainsi l’illusion ne fait pas que nous masquer le réel : elle nous la voile et cependant la révèle aussi, comme un vêtement donne forme aussi au corps qui le porte. Dans cette perspective, notre  existence est le royaume de Maya, l’Illusion qui danse au centre du palais des glaces de notre psyché. Et nous n’avons pas d'autre choix que de danser avec elle…


Il est possible cependant de se demander très régulièrement : « Suis-je en train de rêver ? »


Cette pratique renforce les chances d’accéder à la lucidité onirique. En s’habituant à se poser plusieurs fois par jour cette question, on sera amené tôt ou tard à se la poser en rêve et à détecter des indices oniriques. Mais le yoga tibétain du rêve, par exemple, suggère que cette interrogation a une portée spirituelle qui va bien plus loin. Il se pourrait que le rêve mental dans lequel nous vivons notre vie vole en éclats et que soudain nous nous réveillions de la réalité. Mais en fait, la question s’avère dès lors mal posée. La question qui tranche radicalement au travers du voile du rêve, c’est :

« Qui rêve ? Qui rêve cette vie ? »

Jung n’avait pas de réponse à cette question, mais il a fait un immense rêve à ce sujet auquel je vous renvoie si vous voulez approfondir cette interrogation : "Le méditant qui me rêve". On peut entendre résonner aussi ici, en réponse, le rire de Tchouang-Tseu qui se demande dans l’éternité si c’est lui qui a rêvé être le papillon, ou le papillon qui rêve être Tchouang-Tseu se posant sa fameuse question...


 
"La voie du rêve"



 
 
Note personnelle : Sur ce thème de la "reconstruction permanente de la réalité vécue", voir ou revoir l'excellent  film de Scorsese : "Shutter Island"



jeudi 13 juin 2019

Orient de rêve

Jeudi 13 juin 2019


Dans le Vedanta indien,
et surtout dans le bouddhisme, 
comprendre ou plus exactement 
réaliser que l'univers est un rêve 
est la source de l'ultime sagesse,
 l'accomplissement de toute une vie de quête.

Ce n'est donc nullement une évidence 
ou une simple spéculation mentale. 
Dans l'Atma Bodha de Shankara par exemple, 
c'est l'homme libéré qui voit l'univers comme un rêve.
En revanche, l'homme prisonnier de l'illusion le croit réel. 

La vision d'un univers-rêve est le privilège 
de celui qui n'est plus sous l'emprise de la Maya,
 qui a longuement cultivé la discrimination 
entre le réel immuable et le rêve illusoire du monde.
 Pour un tel être, les événements de la vie naissent, se développent 
et disparaissent comme les images d'un songe.

Dans le Yoga tibétain et les doctrines secrètes 
traduit par le docteur Evans-Wentz, 
il est expliqué le processus lent et difficile
pour arriver à cette sagesse particulière.
Le point important est de constater 
que les êtres ou les paysages 
ne sont pas séparés de la conscience du rêveur. 
Le rêve se déploie "à l'intérieur" de l'esprit.

Par analogie, nous pouvons réaliser 
que les objets sensibles sont de même nature, 
qu'ils n'existent pas en dehors d'un esprit percevant. 
Ils sont tout aussi illusoires, 
"semblables à des formes reflétées dans un miroir
  qui, bien qu'apparentes,
n'ont pas d'existence réelle en eux-mêmes".

Cependant, pour réaliser cela, 
il est nécessaire de suivre une ascèse particulière. 
Il est notamment conseillé de pratiquer, le soir avant de dormir, 
sept fois la "respiration en forme de cuve",
 de décider onze fois de comprendre la nature de l'état de rêve, 
et de se concentrer sur un point fait "comme d'une substance osseuse", 
de couleur blanche, entre les deux sourcils.

Si toutefois la nature du rêve n'est toujours pas comprise, 
nous devons augmenter les doses 
et faire vingt et une respirations en forme de cuve 
suivies de vingt et une résolutions de compréhension 
puis se concentrer, cette fois, 
sur un point noir à la base des organes de génération.

Après cela, il n'y a plus de problème :
 la nature du rêve nous est révélée.
Au réveil, il suffit de s'interroger de la manière suivante : 
si par exemple nous rêvons de feu, il faut se demander : 
"Comment pourrais-je craindre le feu qui vient du rêve ?".

On finit par réaliser que les phénomènes qui s'élèvent, 
qu'ils soient intérieurs, "subjectifs" ou extérieurs 
(appartenant au monde sensible), 
sont inséparables de l'esprit...
et même ne font qu'un avec lui.

Alors, comme le dit le "Seigneur desYogis", 
le poète tibétain Milarepa dans un de ses chants : 
"Le rêve de la nuit dernière où tous les phénomènes 
et l'esprit étaient vus comme une seule et même chose 
était un maître, ne l'as-tu pas compris ?"

Le maître, le "guru", n'est donc pas simplement, 
comme le croient encore beaucoup d'Occidentaux, 
un personnage barbu, adulé par une foule de disciples niais, 
grassement entretenu et avide de pouvoir, mais un simple rêve.
 Le rêve est un guru.
Voilà qui est étonnant.

Mais plus étonnant encore, 
le guru du rêve est pleinement d'accord avec Philippe Sollers 
lorsqu'il dit dans son "Eloge de l'infini" :
 "Être dehors est peut-être une illusion permanente; 
il n'y aurait que du dedans
et nous nous acharnerions à ne pas le savoir."

C'est exactement ce que veut nous faire comprendre le guru des rêves : 
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Erik Sablé
"L'univers est un rêve"
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mercredi 12 juin 2019

Yogi créateur

Mercredi 12 juin 2019



En Inde, l'idée qu'un yogi possède 
le pouvoir de créer un univers 
de la même façon qu'il crée des formes illusoires, 
se retrouve dans toute la mythologie.

Puisque le monde est un rêve et que le yogi est un être 
qui a la maîtrise du rêve, 
il a le pouvoir de le concrétiser, de le matérialiser
Il est un dieu et les dieux sont des super yogis.


D'ailleurs il est dit que lorsqu'un yogi 
devient particulièrement remarquable, 
lorsque par l'ardeur de son ascèse, ses pouvoirs surnaturels, 
il devient le plus grand, l'Etre Suprême le choisit 
pour créer un nouvel univers 
quand le temps de la manifestation arrive.

Alors ce yogi jouera le rôle de Brahma, le créateur
De son nombril, surgira un lotus d'or à mille pétales 
qui est en fait la vulve d'où naîtra le nouveau cosmos.

Erik Sablé
"L'univers est un rêve"






mardi 11 juin 2019

De la frontière entre rêve et réalité


Mardi 11 juin 2019

L’argument du rêve est l'affirmation que l'acte de rêver fournit une évidence intuitive telle qu'elle ne peut pas être distinguée de celles que nos sens nous fournissent à l'état de veille, et que, pour cette raison, nous ne pouvons pas accorder une entière confiance aux sens que nous utilisons pour distinguer la réalité de l'illusion. En conséquence, tout vécu provenant de nos sens devrait au moins être examiné avec attention et rigoureusement testé pour déterminer s'il renvoie vraiment à la « réalité ».


 Exercice pratique 
(pour tester la fiabilité de nos sens)
 Image à regarder de près...puis de loin ;-)

Argument

Lorsque les gens rêvent, ils ne se rendent généralement pas compte qu'ils sont en train de rêver. Ceci a amené les philosophes à se demander si nous n'étions pas constamment en train de rêver, au lieu d'être dans la réalité éveillée comme nous le croyons ; ou du moins, à remarquer que nous ne pouvons pas être certains que nous ne sommes pas en train de rêver. Il s'agit d'une stratégie sceptique.



Dans l'Antiquité

Cette hypothèse est formulée pour la première fois semble-t-il dans l'Antiquité grecque par Platon et Aristote, dans l'objectif de réfuter l'empirisme supposé d'Héraclite et de Protagoras. En effet, d'après la reconstitution de leurs arguments par Platon puis son disciple Aristote, Héraclite soutiendrait le caractère mouvant de toutes choses et Protagoras l'impossibilité de connaître une chose de façon absolue, à cause de la relativité de la sensation de chaque homme. Du coup, la critique de la sensation comme seule source de connaissance via l'argument du rêve permet à Platon et Aristote d'affirmer une position « rationaliste », c'est-à-dire admettant la possibilité de connaître l'essence fixe des choses par-delà les variations sensibles qui ne font l'objet que d'opinions et non de science.

L'argument est utilisé à la même époque dans la philosophie chinoise par Tchouang-tseu : c'est l'expérience de pensée du rêve du papillon. Le philosophe s'identifie avec un papillon, ne sachant pas s'il est Tchouang-tseu qui rêva d'être un papillon ou s'il est un papillon qui rêve d'être Tchouang-tseu, après son supposé réveil.



Les philosophes sceptiques reprendront l'argument (Énésidème, quatrième trope), dans un but tout à fait différent de Platon et Aristote : il s'agit d'une stratégie visant à mettre en échec toute certitude et toute connaissance définitive. L'argument prend ainsi place dans les tropes qui cherchent le relativisme et la suspension du jugement. Sénèque parle de la « Divinité qui enveloppe dans un long songe trompeur » les « pauvres âmes sans consistance », dans le but de valoriser les vrais biens qui sont intérieurs. L'argument sera réutilisé par Pascal dans un sens moraliste et apologétique.  

Modernité

La critique cartésienne de la sensation

L'argument du rêve a reçu une attention notoire, dans la philosophie moderne, de la part de René Descartes. D'après Adrien Baillet, Descartes fit dans sa jeunesse, en 1619, trois songes qui décidèrent de sa vocation philosophique et scientifique. Dans le troisième songe notamment, Descartes rêva d'un dictionnaire de poésie et « ce qu'il y a de singulier à remarquer, c'est que doutant si ce qu'il venait de voir était songe ou vision, non seulement il décida en dormant que c'était un songe, mais il en fit encore l'interprétation avant que le sommeil le quittât ».
Descartes interpréta son propre rêve comme la vision de l'esprit de vérité, qui lui communiqua le désir enthousiaste de développer les sciences, désir qui retombera peu après son réveil pour ne revenir que plus tard. Descartes gardera de ces rêves une estime pour la forme poétique. Grimaldi note le goût de Descartes pour la simulation de la réalité dès cette époque.


Descartes se sert de l'argument du rêve dans les Méditations métaphysiques pour exhiber le caractère incertain des informations données par les sens. L'argument prend ainsi place dans une suite d'expériences de pensée : les illusions d'optique, puis la folie et le malin génie. Descartes met l'accent sur le caractère réaliste du rêve, et la difficulté de le discerner de la sensation à l'état de veille : « Combien de fois m’est-il arrivé de songer, la nuit, que j’étais en ce lieu, que j’étais habillé, que j’étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu dedans mon lit ? »
Mais cet argument, s'il est pertinent pour remettre en cause la connaissance sensible, ne permet pas de faire vaciller les connaissances mathématiques, ce pourquoi Descartes en cherche d'autres, pour aboutir au malin génie. Descartes finit par donner lui-même la réfutation de cet argument du rêve : « notre mémoire ne peut jamais lier et joindre nos songes les uns aux autres et avec toute la suite de notre vie, ainsi qu’elle a de coutume de joindre les choses qui nous arrivent étant éveillés. » C'est la continuité qui va permettre de distinguer le rêve de la veille.

Descartes soutiendra dans sa correspondance avec Élisabeth de Bohême qu'il est possible de maîtriser ses songes, par l'accoutumance et le travail sur ses émotions : « ainsi je puis dire que mes songes ne me représentent jamais rien de fâcheux, et sans doute qu’on a grand avantage de s’être dès longtemps accoutumé à n’avoir point de tristes pensées ».


 

L'apologétique pascalienne

Cette même continuité sert à distinguer le rêve de la réalité chez Pascal, qui utilise l'argument du rêve pour nous faire douter de la valeur des biens de ce monde. Il compare un roi qui rêverait chaque nuit qu'il est artisan, et un artisan qui rêverait chaque nuit qu'il est roi : les effets psychologiques seraient selon le philosophe similaires, procurant ainsi la même quantité de joie et de peine dans l'un et l'autre cas. Même chose pour les cauchemars et les rêves de fantômes effrayants. Cela montrerait que l'illusion de bonheur et le bonheur terrestre sont identiques, et pris naïvement pour le bonheur réel par les hommes. L'argument prend alors une tonalité morale et le scepticisme est ici au service de la religion chrétienne : il s'agit de démontrer la vanité du bonheur obtenu par les moyens terrestres, au profit du salut et de la foi en l'existence céleste. Pascal fait d'ailleurs une allusion à la pièce de théâtre de Calderón, dont il cite le titre : La vie est un songe (« un peu moins inconstant »).

 

 Dans la pensée contemporaine

Après Descartes et Pascal, Hilary Putnam, à travers son expérience de pensée du "cerveau dans la cuve", reprend l'argument du rêve pour mettre à l'épreuve le scepticisme à nouveaux frais. Le principe sera repris dans le film Matrix. L'argument du rêve est réinterprété à partir de la réalité simulée et de l'hypothèse de simulation.
(...)




Dans les arts 

(...)

  • L'argument du rêve est illustré dans le film  Matrix (1999) et ses suites des Wachowski, qui expose une humanité exploitée, mais inconsciente de son état de servitude puisqu'intégralement immergée dans une vie illusoire. Il n'est pas certain cependant qu'il s'agisse ici de rêve, plutôt de la simulation virtuelle et numérique d'une réalité.
  • Dans le film Inception (2010) de Christopher Nolan, les rêves sont imbriqués les uns dans les autres (un rêve dans un rêve) jusqu'à quatre (ou cinq ?) niveaux. Mallorie Cobb, l'épouse de Dominic, ne sait plus où se situe le « niveau Zéro ». Même éveillée, Mall avait continué à croire qu'elle vivait encore un rêve, ce qui l'avait poussé à se tuer réellement.