vendredi 24 mai 2019

Notre-Dame de Paris en feu : lecture symbolique

Vendredi 24 mai 2019



Revenons maintenant à l'incendie
de Notre-Dame de Paris, du 15 avril. 
J'ai dit dans  un article précédent
qu'en tant qu'événement significatif, en tant que "signe de jour",
il serait possible de l'analyser sur le plan symbolique 
comme on le ferait d'un vrai rêve. 
Essayons.

L'événement a eu un grand impact dans les consciences
en France et ailleurs. 
Quelque chose du même ordre que lors de l'effondrement
des deux tours du World Trade Center :
 le sentiment prédominant était, me semble-t-il,  
un sentiment proche de la sidération. 
 
Tous ceux qui y assistaient, à Paris ou devant leur télévision, 
avaient du mal à en croire leurs yeux.  
Comme une sorte de mauvais rêve ou de cauchemar. 
On avait presque l'impression que l'on allait se réveiller 
et découvrir que "ce n'était pas vrai", 
que rien n'était arrivé, que Notre-Dame se dressait,
 comme avant, dans toute sa splendeur.

Pourquoi donc cette sidération ?
Sans doute parce que, dans notre inconscient, 
la cathédrale de Paris fait partie du "paysage". 
Elle est là depuis si longtemps, elle a traversé tant d'époques, 
elle a vu tant de vies humaines défiler à ses pieds, 
elle a survécu à tant de tribulations...
qu'elle paraît "immortelle".

Qu'un monument aussi magnifique, aussi démesuré 
et aussi chargé d'histoire puisse, sans crier gare, s'envoler en fumée, 
n'est pas concevable. 
Quand cela arrive, nous sommes immédiatement ramenés 
au caractère éphémère de toute chose...
nous touchons du doigt la fragilité de nos constructions, de nos repères...
y compris les plus anciens ou les plus "intouchables".

A cela s'ajoute le caractère "spirituel" du monument 
 et sa situation géographique : 
en plein coeur de Paris, en plein coeur du pays. 
Ce n'est pas un hasard si le point "zéro", 
point de départ pour mesurer toutes les distances kilométriques, 
affiche sa rose des vents sur le parvis de la cathédrale.

Quand Notre-Dame se met à brûler, c'est le coeur de la France qui brûle, 
c'est son "centre sacré" (et donc son "âme") qui est en danger. 
Et c'est ce que tout un chacun a ressenti, je crois, 
sans forcément pouvoir l'exprimer clairement.
Or, si l'on se place sur le plan symbolique, 
il y a bien là un signal de "danger", un avertissement.

Le feu incendiaire, quand il apparaît dans un rêve
est toujours le signe que la "tension émotionnelle" du rêveur 
a atteint un paroxysme...

Des "tensions" très fortes, il est évident que la France 
en a connues plus d'une, ces derniers mois...
les tensions politiques, sociales...et même environnementales 
se succèdent depuis l'été dernier à un rythme effréné. 
Le "feu" a déjà pris plusieurs fois dans les rues et nous avons tous en tête 
les images des Champs Elysées "en flammes".

Le soir du drame, le président avait prévu de s'exprimer :
 il devait donner des pistes, des solutions...après le grand débat national. 
Cette soirée qui devait, dans l'intention, être une soirée d'apaisement...
a été finalement une soirée où la tension, 
où la "crise" s'est manifestée encore plus fort, 
de façon à la fois concrète et symbolique. 
Le "pompier" Macron a dû laisser la place aux vrais pompiers...
qui se sont activés pour éviter le pire.

Ce qu'on peut dire, en tout cas, c'est que, 
quelle que soit l'origine de cet incendie,
 il est le signe d'un "état de crise"...
Or, une crise est toujours un "point tournant"...

En effet, l'étymologie du mot "crise"
(du grec "Krisis", décision importante, choix)
renvoie à l'idée d'un moment clé où l'on doit faire un choix,
d'un moment où "ça doit se décider".
En chinois, le mot désigne à la fois un danger ET une opportunité.
Et en latin, en latin CRISIS signifie "phase décisive d'une maladie".
Si notre pays est "malade", la "crise" est à la fois le signe de cette maladie
 (inflammation ? fièvre ?)  et une des opportunités
pour enclencher le processus de guérison....

Si cet incendie apparaissait dans  le rêve d'une personne particulière,
 on lui dirait qu'elle court le risque de "péter un câble" et de faire des bêtises,
par emportement, par passion, par colère...
mais qu'elle a aussi l'occasion, après avoir constaté lucidement
la situation "critique" et "urgente" dans laquelle elle se trouve,
d'effectuer les changements nécessaires
et d'entamer un processus de renouvellement.
 
Le feu, quand il est "maîtrisé", est en effet profondément transformateur.
Le feu, c'est "l'émotion brûlante" qui pousse à l'action.
Il est avant tout "énergie", une énergie parfois dévastatrice
et parfois lumineuse, chaleureuse.
Il y a sans doute là dans l'image de cette cathédrale
qui échappe in extremis au pire,
un appel à la "maîtrise"...

Le feu, c'est aussi le "feu" de la sexualité...
Ces derniers temps, l'Eglise est aux prises avec des scandales
concernant des abus sexuels sur enfants.
Il y a là un "feu" qui ravage, un feu très négatif,
qui peut "entamer" le toit de l'Eglise
 (le toit = le sommet = haute hiérarchie ou dirigeants de l'institution)
et le faire tomber.




Parmi les images diffusées ce soir-là, celle qui a été la plus marquante,
c'est celle de la "flèche" qui se casse en deux, et qui tombe à terre...
Tous les journaux ont partagé la photo de l'extrémité de la flèche
comme "suspendue à l'horizontale" pendant quelques secondes,
au milieu de la fumée épaisse et des flammes jaune citron.
Or, il n'est pas besoin d'avoir étudié la psychanalyse pendant des années
 pour voir dans cette "flèche" pointue et dressée un symbole "masculin".

L'Eglise est une institution entièrement basée sur le Masculin...
(prêtres "hommes" -dans le catholicisme-, un Dieu-Père,
pas d'élément féminin dans la Sainte Trinité...etc).
Ce qui s'écroule, ce qui tombe, devant les yeux de millions de spectateurs,
 ne serait-ce pas cette "hégémonie masculine",
cette domination excessive et anachronique du Masculin,
 sans contrepartie féminine ?

D'autre part, un détail (qui n'en est pas un,
car il a des conséquences notables sur la santé des habitants)
 a attiré mon attention :
sur le toit de la cathédrale, il y avait
(pour protéger les structures des intempéries et de l'érosion)
300 tonnes de plomb !
Comment ne pas penser , en imaginant tout ce "plomb" 
présent dans la fournaise de l'incendie, 

Quand on sait, de plus, que l'incendie a eu lieu pendant la semaine sainte ,
 il est probable que nous sommes là 
en face d'un puissant symbole de mort et de résurrection.

Ce qui meurt, c'est un passé (passé historique, passé religieux 
et peut-être passé politique, social), 
un passé qui "ne reviendra plus"...une mémoire ancienne qui n'a plus lieu d'être 
et qui doit laisser place à l'avenir, un avenir à bâtir, à reconstruire. 
Beaucoup s'interrogent sur la forme à donner au nouveau toit de l'édifice : 
copie de l'ancien, rénovation un peu différente ou modernisme, 
voire ultra-modernisme ?
Je ne sais pas quelle décision sera prise, mais ce que je sens, 
c'est que la reconstruction urgente, 
c'est, bien avant d'assembler les pierres et les poutres, 
de travailler à notre reconstruction "intérieure"...

Notre-Dame est une cathédrale dédiée à la Vierge...
et donc au Féminin divin.
En tant que telle, elle est Mère et Matrice...
elle est un lieu de protection, d'asile, de refuge 
(ce que nous rappelle le roman de Victor Hugo) 
et c'est bien sûr, un lieu de prière et d'intériorité.

Au-delà du chef d'oeuvre architectural, 
Notre-Dame est  un puissant lieu énergétique
un lieu qui "rayonne" une énergie très féminine, 
une énergie d'Amour
Son amputation nous prive de cette énergie bénéfique 
et de sa protection invisible.

Et puis il est triste de constater qu'on avait fait de cette cathédrale,
au fil des ans, une attraction pour touristes,
un endroit où passaient des millions de personnes
 qui déambulaient à l'intérieur comme dans un "musée", 
sans toujours beaucoup de respect
pour l'aspect "sacré" de cette église millénaire.
Ses "énergies" ont pu en être abaissées.

Le feu ayant fait son oeuvre, 
elle ne sera  plus ouverte au public pendant un moment, 
ce qui n'est peut-être pas un mal. 
Elle est entrée dans une pause. Un temps de régénération. 
Avant, espérons-le, de retrouver toute son "aura".

En conclusion, on pourrait dire
que Notre-Dame en feu nous ramène
à ce qu'il y a de plus essentiel,
à "Notre-Âme de Paris" :
 à notre "âme"personnelle et et  à "l'âme" de la France. 
Une âme qui est aujourd'hui en souffrance.
Quand notre plus belle "Maison" brûle, 
nous ne pouvons pas regarder "ailleurs" !

Nous vivons des heures sensibles, cruciales, des heures et des jours 
où tout est tendu, compliqué, incertain, difficile, 
et où tout peut  basculer d'un côté ou de l'autre...
soit vers un avenir "catastrophe"...soit vers un avenir "meilleur".
 Le récent incendie nous montre l'urgence de la situation
 dans laquelle nous nous trouvons, il nous crie : 
"Attention ! Regardez où vous allez ! 
Réagissez avant qu'il ne soit trop tard !"

Nous nous sommes crus très "forts"...
Nous avons cru, collectivement, que la science, 
la technique et le progrès nous sauveraient de tout, 
mais ils viennent de se montrer impuissants
à empêcher la perte de ce qui nous tenait à coeur...
nous avons cru en une Eglise "puissance temporelle"...
qui est aujourd'hui au bord de "l'effondrement"....
nous avons longtemps fait confiance, en politique et ailleurs, 
à des dirigeants sans foi ni loi...qui nous trompent et nous abusent...
et qui laissent sur le côté, pour reprendre les termes de Victor Hugo, 
des millions de "Misérables"...

Alors que faire ? 
Peut-être avant toute chose, 
nous tourner vers un endroit que nous avons oublié : 
l'intérieur de nous-même, notre "cathédrale intérieure", 
celle qui est "indestructible"...
C'est là que tout se passe...
c'est là que nous pouvons aller vers la "transformation".

Nous sommes dans une crise qui est non seulement politique et sociale, 
mais qui est, plus justement et plus profondément, une "crise du sacré". 
C'est à un niveau très fondamental que le besoin de renouveau se manifeste.

Il y a une "mort" à vivre...
mais une mort transformante. 
Purifier les vieilles mémoires. 
Mourir au passé, mourir à nos anciennes croyances 
(religieuses et non religieuses),
 accepter que tout cela disparaisse...
et faire confiance à ce qui veut venir, 
à ce qui veut renaître...

Accepter la mutation intérieure...
et observer comment elle s'incarne,
 petit à petit, à l'extérieur.


La Licorne




mardi 21 mai 2019

Interprétation personnelle de la vision de Jung (Cathédrale)

Mardi 21 mai 2019
 

De nombreux commentaires ont déjà été faits, ici ou là, 
Bien des auteurs se sont penchés sur ce texte 
et je ne nie bien évidemment pas la valeur 
de ce qui a été écrit auparavant à ce sujet...
 je ne prétends pas non plus apporter du nouveau... 
je vais juste essayer de partager mon point de vue, 
d'en parler avec mes mots à moi, tout simplement.




Et d'abord, pour commencer :
Qu'est-ce qu'une cathédrale ?
On pourrait en dire bien des choses, mais, s'il fallait la décrire 
de la façon la plus simple et la plus basique possible,
 telle que la décrirait un enfant, 
je dirais que c'est une construction humaine 
 érigée pour rendre gloire au divin.
Un très bel édifice, une immense bâtisse religieuse, 
imposante et dominante, qui a demandé 
des décennies voire des siècles pour être édifiée...
bref, un symbole de l'Eglise en tant qu' "Institution".



Or, quand Jung reçoit sa vision, il a tout juste douze ans,
 il est au seuil de l'adolescence...
et il est encore  imprégné des vues chrétiennes de sa famille, 
une famille très pieuse puisque son père et plusieurs de ses oncles sont pasteurs. 
Il est donc très jeune et tout naturellement imbibé de la vision traditionnelle de la religion... 
il a encore une vue "naïve" de Dieu et du monde : 
pour ses yeux d'enfant, le monde est beau, l'église est belle, 
le ciel est uniment bleu et le dieu créateur de toute cette beauté e
st un être siégeant dans les nuages, sur son trône d'or.

Dans la première partie de sa vision, 
il n'éprouve que de l'admiration et de la vénération 
pour la cathédrale flamboyante, aux tuiles vernissées. 
Ce sont là les sentiments sincères qu'elle lui inspire...
et pourtant, il sent obscurément, sous sa conscience, 
qu'autre chose veut "se dire", 
qu'autre chose est sur le point de se manifester, 
de venir à la surface et de se montrer à lui .
Il résiste de toutes ses forces à cette "autre image" 
qui surgit "en dehors de sa volonté" et on peut le comprendre 
car, si la vision "libérée" portera encore en partie la marque de l'enfance
 (sous la forme de l'excrément "tabou"), 
elle ira beaucoup plus loin qu'une vision "enfantine" : 
la vision "acceptée" sera clairement "sacrilège" 
et même, on peut le dire, "hérétique".

En effet, que Dieu défèque ainsi sur son Eglise, 
Eglise pourtant rutilante et magnifique, en apparence, 
ne peut signifier qu'une chose : qu'il la renie. 
Non seulement il ne la soutient pas, 
mais bien plus encore, il participe activement à sa disparition !
Le vrai Dieu, le Dieu vivant, celui qui "siège tout-puissant dans le ciel" 
ne validerait donc pas l'Eglise institutionnelle, "construction des hommes"...
c'est là une idée choquante, une idée à laquelle 
on ne peut bien entendu que "résister",
 quand on a douze ans...et qu'on a été élevé 
dans le respect absolu des valeurs chrétiennes.

Et pourtant, face à cette scène iconoclaste, le jeune Jung est soulagé.
Ce "soulagement final" vient sans doute de deux choses : 
premièrement de la disparition de la tension émotionnelle et mentale insupportable 
que, dans sa résistance désespérée, il subissait depuis des jours ...
et deuxièmement, de l'éclairage foudroyant 
que cette vision amène par rapport au dogme religieux, 
dogme que les adultes autour de lui, et son père le premier, 
semblaient accepter sans le comprendre, ce qui ne manquait pas de le troubler.

La tension qu'il ressentait disparaît d'un coup quand il "voit" que le sacré 
n'est pas enfermé dans ces murs "humains", dans ces "limites" humaines...
mais qu'il est "plus haut", dans une volonté divine 
qui n'a que faire des convictions étroites et des dogmes 
et qui peut même parfois les renvoyer brutalement à leur vanité 
et à leur historicité éphémère.

Dans l'Evangile, on cite cette parole de Jésus : 
"Détruisez ce temple, et je le reconstruirai en trois jours". 
Il est bien précisé, dans ce passage, que par "temple", 
Jésus ne voulait pas parler du temple extérieur, mais de lui-même. 
Le "temple" dont il parle, ce n'est pas un assemblage de pierres, 
c'est un temple "intérieur"...
car c'est à l'intérieur de l'être humain, à l'intérieur de l'âme humaine, 
que le Divin trouve sa demeure la plus "indestructible" 
et la vision de Jung le rappelle encore une fois, 
d'une façon surprenante, mais néanmoins très claire.

Jung sort de cette expérience grandi et réconforté, 
d'abord parce qu'il a une réponse à ses questions intérieures, 
et ensuite, parce qu'il sent qu'il a eu accès, pour la première fois de sa vie, 
au Dieu "vivant"et "immédiat"... Il a eu une "expérience de l'âme". 
Sa vision lui a donné un accès direct et sans intermédiaire au divin. 
C'est  cet accès "par l'intérieur", qu'il recherchera ensuite tout au long de sa vie...

Il comprend, dans le même temps, que le divin est complexe, ambigu, 
beaucoup moins "lisse" que   le "Bon Dieu" qu'on lui a prêché. 
Car Dieu peut aussi, à l'occasion, être capable 
d'actes "terribles" ou "incompréhensibles"... 
tels que celui de la destruction de la cathédrale.

A douze ans à peine, Jung a laissé émerger "l'impensable", 
il a accepté de "penser l'interdit", et ce faisant, 
il a franchi un pas que son père pasteur,
 crispé sur une foi conformiste et volontariste, 
ne franchira jamais.

Il comprendra bientôt, que, pour lui, la voie vers le divin 
sera une voie solitaire, une voie "hors du christianisme"... 
Ainsi qu'il l'énoncera plus tard, le "mythe chrétien" 
("mythe" en tant que "récit collectif qui donne du sens à l'existence") 
n'est plus "son" mythe...
Par cette vision, il est tombé "en dehors" de la tradition religieuse...
il ne peut plus croire aux "belles images" 
qu'on lui a vendues pendant son enfance...
il ne peut plus s'appuyer sur les "murs de la cathédrale ancienne", 
qui ont "éclaté", il devra dès lors trouver son propre chemin...
et reconstruire pratiquement "à mains nues" sa propre cathédrale de sens, 
son propre récit, son propre "mythe"...
Un travail immense l'attend.

Après cet épisode, qu'il gardera prudemment pour lui, comme un "grand secret" ...
le jeune Jung quitte donc définitivement "l'enfance spirituelle" 
et s'achemine vers son adolescence, 
le moment où l'on quitte les "vues des parents et des ancêtres" 
et où l'on commence à marcher vers sa propre identité.

Des années plus tard,  quand il aura commencé à transformer l'excrément en or, 
quand il aura entamé la transformation alchimique de sa vie, 
il appellera l'aventure de ce long chemin de vie :  
"l'individuation"...


La Licorne




vendredi 17 mai 2019

Vision de Jung : la cathédrale de Bâle détruite

Vendredi 17 mai 2019

Dans son livre de souvenirs, "Ma vie", C.G. Jung relate une vision  
qu'il eut à la sortie de l'enfance, à l'âge de douze ans :
 


Par un beau matin d'été de cette année 1887, en revenant du collège à midi, je passais sur la place de la cathédrale. Le ciel était merveilleusement bleu dans la rayonnante clarté du soleil. Le toit de la cathédrale scintillait. Le soleil se reflétait dans les tuiles neuves, vernies et chatoyantes. j'étais bouleversé par la beauté de ce spectacle et je pensais : "Le monde est beau, l'église est belle et Dieu a créé tout ça et il siège au-dessus, tout là-haut dans le ciel bleu sur un trône d'or..."

Là-dessus, un trou, et j'éprouvais un malaise étouffant. J'étais comme paralysé et je ne savais qu'une chose : maintenant, surtout  ne pas continuer de penser ! 
Quelque chose de terrible risque de se passer ; je ne veux pas le penser; il ne faut absolument pas que je m'en approche. Pourquoi pas ? Parce que tu ne commettrais le plus grand péché qui soit. Quel est ce plus grand péché ? Un meurtre ? Non ! Ce ne peut pas être ça ! Le plus grand péché est celui qu'on commet contre le Saint-Esprit et pour lequel il n'y a pas de pardon. Qui le commet est condamné à l'enfer pour l'éternité. Vrai, ce serait trop triste pour mes parents que leur fils unique, à qui ils sont tellement attachés, soit condamné à la damnation éternelle. je ne peux pas faire ça à mes parents. A aucun prix , je ne dois continuer de penser à ça."




C'était plus facile à dire qu'à faire. Sur le long trajet de la maison, j'essayai de penser à toutes sortes de choses, mais je m'aperçus que mes pensées revenaient toujours à la belle cathédrale que j'aimais tant et au Bon Dieu assis sur son trône, pour s'en détourner à nouveau brusquement, comme sous le choc d'une décharge électrique. Je me répétais toujours : "Surtout ne pas y penser ! Surtout ne pas y penser ! "
J'arrivai à la maison entièrement défait. Ma mère remarqua mon désarroi : "Qu'as-tu ? Que s'est-il passé à l'école ?" Je pus sans mentir lui assurer que rien ne s'y était passé;
pourtant, je pensais que ma mère m'aiderait peut-être si je lui confessais la vraie raison de mon trouble ; mais alors il m'aurait fallu faire ce qui précisément me paraissait impossible : conduire ma pensée jusqu'à son terme. Elle ne soupçonnait rien, la bonne maman, et il lui était impossible de savoir que je courais le plus grand des dangers, celui de commettre l'impardonnable péché et de me précipiter dans l'enfer. Je repoussai l'idée d'un aveu et m'efforçai de me comporter autant que possible de façon à ne pas attirer l'attention.


Je dormis mal cette nuit-là ; l'idée défendue et que j'ignorais s'efforçait toujours de revenir et je luttais désespérément pour la chasser. Les deux jours qui suivirent furent pleins de tourments et ma mère était persuadée que j'étais malade. Je résistai à la tentation de me confesser et l'idée qu'en cédant je causerais à mes parents le plus grand chagrin me fut d'un grand secours.
 
Mais durant la troisième nuit, mon tourment devint si grand que je ne savais plus que faire. Je m'étais réveillé d'un sommeil agité et me surpris à penser encore à la cathédrale et au Bon Dieu. J'étais presque sur le point de laisser ma pensée se poursuivre. je sentais que ma force de résistance faiblissait ! Je suais d'angoisse et je m'assis sur mon lit pour chasser le sommeil : "Maintenant ça vient. Maintenant, c'est sérieux ! Il faut que je pense. Il faut tout d'abord poursuivre ma pensée.

Mais pourquoi dois-je penser ce que j'ignore ? Par Dieu, je ne le veux pas du tout, c'est bien certain ! Mais qui le veut ? Qui veut me contraindre à penser ce que j'ignore et que je ne veux pas ? D'où vient cette terrible volonté ? Et pourquoi faut-il que ce soit moi précisément qui lui sois soumis ? Je n'ai jamais eu que louange et vénération pour le Créateur de ce monde magnifique. Je lui étais reconnaissant de ce don inappréciable; alors pourquoi faut-il que ce soit moi qui sois obligé de penser un mal inconcevable ? Je n'en sais vraiment rien car je ne puis ni ne dois m'aventurer au voisinage de cette idée sans risquer d'être obligé d'y penser immédiatement. je ne l'ai ni fait ni voulu. C'est venu vers moi comme un mauvais rêve. 

D'où peuvent venir de semblables phénomènes ? Cela m'est arrivé sans que j'y participe. Comment ? Car, enfin, je ne me suis pas créé moi-même, je suis venu au monde tel que Dieu m'a fait, c'est-à-dire tel que je suis issu de mes parents. Ou bien est-ce que mes parents ont voulu cela ? De toute façon, mes bons parents n'auraient jamais eu de telles pensées. Jamais ils n'auraient eu l'idée de pareille infamie. "
(...)



"Que veut Dieu ? Que j'agisse ou que je n'agisse pas ? Il faut que je trouve ce que Dieu veut, et ce qu'il exige précisément maintenant de moi."
Je savais très bien que, d'après la morale conventionnelle, il était naturel d'éviter le péché. C'était ce que j'avais fait jusqu'à présent et je savais que je ne pouvais pas continuer à le faire. Mon sommeil troublé et la détresse de mon âme m'avaient tellement abattu que ma volonté de ne pas penser était devenue une crispation insupportable. Cela ne pouvait pas durer. Mais il m'était impossible de céder avant d'avoir compris quelle était la volonté de Dieu et quelles étaient ses Intentions, car j'étais sûr qu'Il était l'instigateur de ces difficultés désespérées.

Il est étonnant que, pas un instant , je n'aie pensé que le diable aurait pu me jouer un tel tour. Dans mon état d'esprit d'alors, il ne tenait qu'un rôle insignifiant et il était sans puissance vis-à-vis de Dieu. A peu près au moment où je m'évadais du brouillard pour devenir moi-même, l'unité, la grandeur et la surhumanité de Dieu avaient commencé à préoccuper mon imagination. Il était hors de doute, pour moi, que Dieu m'imposait une épreuve décisive et que l'essentiel était de le comprendre convenablement. Je savais, certes, qu'il me serait finalement demandé de céder, mais il ne fallait pas que cela se produisît sans que je comprisse, car il y allait du salut éternel de mon âme :

"Dieu sait que je ne puis résister plus longtemps, et Il ne vient pas à mon aide, bien que je sois sur le point de succomber au péché pour lequel il n'y a point de pardon. Etant donné sa toute-puissance, Il lui serait facile de m'enlever cette contrainte. Or il ne le fait pas. Serait-ce qu'Il veut mettre mon obéissance à l'épreuve en m'imposant la tâche extraordinaire de faire ce contre quoi je me cabre de toutes mes forces, parce que j'ai peur de la damnation éternelle ? Car ce serait pécher contre mon propre jugement moral, contre les enseignements de ma religion et même contre son propre commandement.
Serait-il possible que Dieu veuille voir si je suis à même d'obéir à Sa volonté bien que ma foi et mon intelligence me fassent craindre l'enfer et la damnation ? Cela pourrait être ! Mais ce ne sont que des idées à moi. Je peux me tromper, je ne puis me hasarder à avoir une elle confiance en mes propres réflexions. Il faut que je repense tout cela."

Mais j'en revins à la même conclusion. "Dieu, à ce qu'il me semble,veut également mon courage", pensai-je. S'il en est ainsi et que je réussisse, il me donnera Sa grâce et Sa lumière. "



Je rassemblai mon courage, 
comme si j'avais eu à sauter dans le feu des enfers, 
et je laissai émerger l'idée :

Devant mes yeux se dresse la belle cathédrale 
et au-dessus d'elle le ciel bleu; 
Dieu est assis sur son trône d'or très haut au-dessus du monde 
et de dessous le trône un énorme excrément 
tombe sur le toit neuf et chatoyant de l'église ; 
il le met en pièces et fait éclater les murs.




C'était donc cela ! Je ressentis un immense allégement et une indescriptible délivrance ;
au lieu de la damnation attendue, c'était la grâce qui était descendue sur moi et avec elle une indicible félicité, comme je n'en avais jamais connue. Je versai des larmes de bonheur et de reconnaissance parce que la sagesse et la bonté de Dieu m'avaient été dévoilées, après que j'avais succombé à son impitoyable rigueur. J'eus l'impression d'une illumination. Bien des choses s'éclairèrent pour moi que je n'avais pu comprendre auparavant;




 J'avais fait l'expérience de ce que mon père (*) n'avait pas saisi  la volonté de Dieu à laquelle il s'opposait à partir des meilleures raisons et à partir de la foi la plus profonde. C'est pourquoi il n'avait jamais vécu le miracle de la grâce, qui guérit et qui rend tout compréhensible. Il avait pris pour règle de conduite les commandements de la Bible; il croyait en Dieu, mais comme ses pères le lui avaient enseigné. mais il ne connaissait pas le Dieu vivant, immédiat, qui se tient tout-puissant et libre au-dessus de la Bible et de l'Eglise, qui appelle l'homme à sa liberté et qui peut aussi le contraindre à renoncer à ses propres opinions et convictions pour accomplir sans réserve Sa volonté.

Lorsqu'il met à l'épreuve le courage de l'homme, Dieu ne se laisse pas influencer par les traditions, si sacrées soient-elles.
(...)
Avec cet événement de la cathédrale, quelque chose de réel était enfin présent, qui appartenait au "grand secret"... c'était comme si j'avais toujours parlé de pierres qui tombent du ciel, et que j'en tienne enfin une dans ma main.
.

C.G. Jung 
"Ma vie"


(*) Note : le père de Jung était pasteur ainsi que plusieurs de ses oncles.


 

samedi 11 mai 2019

Symbolisme de l'incendie

Mercredi 8 mai 2019


 L'incendie de Notre-Dame de Paris 
n'est hélas pas un rêve...
c'est un fait on ne peut plus réel...

Mais il  a touché l'inconscient de tout le monde :
c'est un événement "frappant" et "significatif", 
ce que certains nomment un "signe de jour".

En tant que tel, il peut être intéressant 
d'en chercher la symbolique profonde
et de tenter de l'analyser 
comme on le ferait d'un rêve nocturne.

C'est pourquoi je vous propose, dans un premier temps, 
un article sur le symbolisme onirique de l'incendie.

 .
La Licorne
.
 

À ne pas confondre avec le rêve de feu, l’incendie brûle et détruit quelque chose, plus rarement quelqu’un. Si de prime abord, ce type de songe est angoissant, son interprétation peut toutefois se révéler positive. 


incendie
 Photo tirée de There will be blood (2007) 


COMMENT INTERPRÉTER CE RÊVE ?

Une forte odeur de brûlé, une sensation de chaleur, des couleurs chatoyantes, jaunes et rouges, puis des flammes destructrices… Vous avez bel et bien rêvé d’un incendie. Et la plupart du temps, vous vous sentez totalement affaibli face à cet élément si puissant. Quel objet, monument ou personne était sous l’emprise des flammes ? Quelles étaient vos réactions ? Que retenir de ce rêve ?
  • Pour S. Freud, le feu est la représentation des pulsions sexuelles. Inconsciemment, le rêveur est "en feu", en proie à des pulsions sexuelles trop fortes ou trop retenues. 
  • C.G. Jung voit dans le rêve d’incendie un besoin de transformation. Il révèle une nécessité pour le rêveur d'aller vers quelque chose de meilleur, de moins vil. C’est également un rêve de purification: vos anciennes mémoires se perdent dans les flammes pour laisser naître une meilleure conscience de vous-même, c'est plutôt positif !

Le rêve d’incendie, à ne pas confondre avec le rêve de feu

 

Scénario-type

 

Rêver d’incendie fait partie de la longue liste des rêves de destruction, même si celle-ci est nécessaire et purificatrice. Le rêveur peut assister à la disparition dans les flammes de sa maison ou de tout autre monument. Il est rare de voir brûler des êtres humains tout comme d’être soi-même pyromane dans ses rêves. La plupart du temps, on regarde et on constate que cela brûle sans pouvoir agir.

Signification du rêve

 

Interprétation freudienne

 

L’approche  freudienne privilégiera dans le cas d’un rêve d’incendie la notion de "feux de la passion". Ce qui brûle ce n’est pas l’objet visible mais bien l’intérieur du rêveur. C’est lui qui est en feu ! Et ce feu est la représentation de ses pulsions sexuelles, qui peuvent être soit trop fortes pour lui soit trop contenues dans la vie réelle.

Interprétation jungienne 

 

Jung fait un lien entre la construction personnelle (le processus d’individuation) et le parcours alchimique de la transformation du plomb en or. Le feu représente donc un besoin de faire chauffer le plomb pour qu’il se transforme en autre chose de moins vil, de plus subtil. Ce chaudron intérieur (qui symboliquement est dans le bassin du rêveur) est le lieu où les contraires se consument pour faire naître une unité profonde et salvatrice.

Le rêve d’incendie est donc pour Jung un rêve de purification des vieilles mémoires qui se perdent dans les flammes pour laisser naître le phénix triomphant de la conscience de soi.


Analyse du rêve d’Arnold, 61 ans: Rêver d’un livre qui brûle
"Je regarde brûler un vieux livre. Nous sommes des milliers de personnes et nous regardons tous ce livre qui se consume. Le silence est total. Et ce qui ne devrait prendre que quelques minutes semble durer des heures. Je me dis que je vais passer ma vie à regarder ces pages se consumer". Arnold, 61 ans.


Que représente ce livre pour le rêveur ? Est-ce l’histoire de sa vie qui brûle devant ses yeux ? Est-ce son histoire familiale au vu des nombreuses personnes présentes ? Est-ce, a contrario, des moments du passé qui s’effacent et qu’il vaut mieux oublier ? Dans tous les cas, ce livre est la représentation de l’histoire du sujet qui le regarde se consumer.



 Analyse du rêve d’Hadrien, 39 ans : Rêver de sa maison qui brûle
"Je vois ma maison brûler et je m’aperçois que c’est aussi mon bureau qui brûle. Toute ma vie semble se consumer devant mes yeux. J’ai les mains dans les poches. Je suis heureux. Une voix me dit : "Ce que tu perds c’est ce que tu gagnes…" " Hadrien, 39 ans

Voici un rêve de constat voire même un rêve qui signifie un tournant dans la vie du rêveur. Il perd à la fois son domicile, sa vie privée et sa vie professionnelle, son bureau. Le rêve indique la nécessite d’un changement de cap radical et l’attitude du rêveur laisse entendre qu’il est en accord avec cela !



Article du site Doctissimo-psychologie




Si le feu revêt quelquefois une connotation positive, l'incendie, lui, redoutable et dévorant, est presque toujours destructeur. Risque de dévastation. La tension émotionnelle sous l'emprise de laquelle se trouve le rêveur atteint un maximum. Il importe de modifier d'urgence l'un de vos comportements ou la situation dans laquelle vous vivez.

Marie-Louise Von Franz précise : "Les rêves d'explosion et d'incendie, relativement fréquents, sont révélateurs de moments dangereux, mais si l'on parvient à ne pas s'affoler, le conflit pourra être progressivement intégré et un nouvel ordre, issu de l'inconscient, pourra s'instaurer."

Analyse de rêve : "Tout est incendié"
"Dans tous mes rêves, il y a un incendie, dans une maison, dans un immeuble, dans une cheminée...etc. J'assiste aux évacuations faites par les pompiers et à l'affolement des gens qui fuient."

Angoisse latente toujours prête à exploser chez cette rêveuse qui avoue être "très tendue" depuis des mois : difficultés sociales, chômage, voisinage envahissant, etc.



Hélène Renard
"Dictionnaire des rêves"
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Rêves d'incendie sur ce blog :




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lundi 6 mai 2019

Mutation en vue

Lundi 6 mai 2019
 



NOTRE-DAME a brûlé,
Le féminin a hurlé.

L’inconscient collectif est interpellé.
Il a fait mûrir le fruit de l’arbre de la connaissance,
le dataïsme,
et nous le mangeons, nous le dévorons.
L’ayant fait mûrir par la voie extérieure sans l’être devenu,
ayant donc méconnu les lois qui président
aux différents niveaux du réel ainsi violés,
nous les avons transgressées.

Nous allons muter.
Toute mutation comporte mort et résurrection.
Nous abordons la face mort,
ayant au cœur mémoire de résurrection,
mais invités à entrer d’urgence dans sa dynamique.


NOTRE-DAME est décapitée. 
La reine à son tour est détrônée
Et lorsqu’on touche au féminin
on touche à l’infini de son devenir.

Nulle révolution ne peut éteindre ce feu.
Et tout discours s’y essayant est coupé net.
C’est au tour du ciel de parler maintenant.
Que rouges et jaunes, noirs et blancs prêtent l’oreille.


Car NOTRE-DAME ne sera plus objet de tourisme 
Ni pôle d’attraction olympique.
Elle ne sera plus idole nationale à reconstruire
mais conscience éveillée d’un peuple prêt à chercher en lui
ce qu’il réclame du dehors,
Petit-Poucet en face à face avec l’ogre qui le dévore,
 la peur.

C’est le dedans qui est à reconstruire, 
que le dehors en soit le signe !

Annick De Souzenelle



dimanche 5 mai 2019

Symbolisme de l'église et de la cathédrale

Dimanche 5 mai 2019

Eglise



L’église est proche du symbolisme de la maison
Mais ici, ce n’est plus une représentation simple 
du corps que nous habitons et de son apparence. 

Le corps contient l’esprit, l’âme de la personne.
Nous pouvons très bien rêver d’église ou d’édifice religieux
alors que nous sommes athées.
 Ce rêve correspond à la découverte 
d’une dimension intérieure spirituelle, 
une pensée plus universelle relative à l’être humain 
et non à l’individu, à sa place dans le monde.

L’église ou la cathédrale symbolise l’union, le mariage de la terre et du ciel. 
Etre à l’intérieur d’une église, c’est communier avec un principe supérieur, 
un principe qui dépasse la notion de l’individu
 pour le relier avec un ensemble beaucoup plus vaste. 
Une église est une construction collective qui tente de donner une forme
à une pensée humaine, à une aspiration informelle (qui n’a pas de forme).

L’église est aussi une représentation sacralisée 
du corps de la femme et de son mystère, 
celle qui porte et donne la vie. 
Rêver d’église ou pénétrer à l’intérieur peut représenter 
le désir d’union quasi-mystique avec une femme. 
Cette image est celle que chacun d’entre nous a vécue 
dans la béatitude du corps de sa mère, dans cette fusion première.

L’intérieur ou la nef de l’église est aussi la matrice
le ventre porteur d’une vie sacrée et le principe de préservation 
de cette forme, celle de notre corps.

Si l’accent est mis sur le clocher, 
c’est la partie masculine de la femme 
qui peut être alors suggérée.

Universalité, aspiration mystique, 
vision idéalisée du principe féminin porteur de vie, 
matrice originelle et spirituelle.

Tristan Moir
"Dictionnaire des symboles"




L'ekklesia, en grec, c'est l'assemblée 
(des guerriers, des fidèles, des peuples...etc). 
Puis le mot a désigné le lieu de rassemblement 
de l'assemblée des pratiquants.

En rêve, on entre assez souvent dans une église, 
évidemment pour les cérémonies rituelles (le mariage surtout). 
Mais aussi pour bien d'autres raisons (le rêve n'hésite pas à mélanger les genres
 et à faire faire au rêveur des actions inattendues ou saugrenues dans une église).

L'église est un lieu de prière, de recueillement, de réflexion. 
Par cette image, le rêve témoigne d'une aspiration spirituelle. 
Elle symbolise la "crypte intérieure" du rêveur, le Soi
l'union intime avec soi-même, l'accès au secret de son coeur...
L'église est traditionnellement un lieu de protection;
 en ce sens, elle reprend son symbolisme maternel
  (les catholiques disent "notre Sainte mère l'Eglise").

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Hélène renard
"Dictionnaire des rêves" 
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Cathédrale



Il suffit de suivre l'imaginaire des personnes engagées dans le rêve 
pour atteindre la conviction que la pyramide et la cathédrale 
expriment une même exaltation du sentiment d'élévation spirituelle.

L'une et l'autre dressent leur rêve de pierre aussi haut qu'il se peut.
L'une et l'autre, nées d'une immense ferveur , soulignent, 
par le défi qu'elles lui opposent, l'implacable loi de la pesanteur.
Que de fois aurons-nous entendu le rêveur et la rêveuse 
insister sur la hauteur des voûtes de la cathédrale
 et rappeler tout aussitôt que celle-là est faite de pierre dure et pesante. 

Pour démontrer que l'onirisme voit dans ce symbole 
un lieu de confrontation entre l'élévation et la chute, 
entre l'exaltation spirituelle et l'appel du monde, 
il suffit de constater que, dans 25 % des scénarios, 
l'édifice est promis à l'effondrement
(...)
La Cathédrale du rêve exprime l'exaltation d'une psychologie
déchirée devant le choix imposé par la puissance et la gloire. 
La difficulté d'adopter la position qui donnerait 
leur juste part au monde et à l'esprit,
 difficulté que nous signalions à propos de l'église, 
atteint avec la cathédrale une intensité douloureuse.
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Georges Romey
"Le guide des rêves"


La grandeur et la majesté de la cathédrale imposent l'admiration,
l'humilité, le sentiment du divin.
Le rêveur vit un moment essentiel où sa vérité profonde 
demande à être prise en considération.
Ce n'est plus le "moi" qui va régner en maître sur sa vie
 mais la quête du Soi.

Chaque être humain, comme Jung l'a démontré, 
possède au sein de lui-même une "image de Dieu", un centre spirituel, 
une aspiration à relier sa propre vie à celle du divin, 
un "sens" qui est propre à l'humanité, 
celui du sacré, de la transcendance.

Un rêve de cathédrale rappelle au rêveur 
l'existence en lui-même de ce sens-là. 
La recherche du Soi peut s'effectuer à travers les religions 
(qui "relient" l'individu au divin) 
ou à travers toute démarche sincèrement spirituelle.
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Hélène Renard
"Dictionnaire des rêves"
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