mardi 30 avril 2019

Cathédrales et transmutation

Mardi 30 avril 2019

Le gros vaisseau de pierre était là, encalminé sur l'île.
Je n'avais qu'à monter en haut de ses tours pour retrouver mes forces.
Dans l'escalier régnait la fraîcheur. L'odeur de la pierre, aqueuse, métallique,
n'avait probablement pas changé depuis le XIIe siècle 
date de la construction de Notre-Dame. Je crois à la mémoire des pierres.
Elles absorbent l'écho des conversations, des pensées.
Elles incorporent l'odeur des hommes. les pierres sauvages des grottes,
et les pierres sages des églises rayonnent d'une force mantique (...)

Chaque jour, je sentais les forces revenir.
Il y avait quelque chose d'alchimique dans ces heures d'exercice.
Comme si le mystère, la puissance de Notre-Dame pulsaient dans mes chairs.
A présent, je suis remis, je marche droit 
et je salue toujours les tours de Notre-Dame quand je flâne à leur pied.
je leur rends bien modestement le bienfait qu'elles m'offrirent.
.
Sylvain Tesson
"Une très légère oscillation"




Marqués par les mégalithes de nos ancêtres, 
les hauts lieux de notre planète 
sont non seulement des générateurs d'énergie spirituelle 
mais aussi des antennes captant
l'énergie tellurique et cosmique.


Tout au long des âges on a reconnu la puissance bénéfique de ces sites sacrés
c'est pourquoi chaque nouvelle culture a construit ses temples et églises 
précisément sur les fondations des précédents ; 
ainsi la cathédrale Notre-Dame de Paris est-elle érigée 
au-dessus d'un temple dédié à Diane
lui-même construit là où se situait 
le pilier des Nautes
vénérant des dieux gaulois.
.
Christine Hardy
"Réseaux énergétiques et conscience collective"
.


Ils montèrent toute la nef central la redescendirent gravement, 
prirent le bas-côté nord qu'ils remontèrent, passèrent devant le choeur, 
où ils firent une prosternation à deux genoux, redescendirent le bas-côté sud, 
remontèrent encore une fois la nef centrale, à pas très lents 
et s'arrêtèrent sur la croisée du transept,
les yeux levés vers le fond de l'abside pendant un long instant.
A vrai dire, c'était ainsi qu'ils faisaient chaque fois qu'ils visitaient une église. 
C'était ce qu'ils appelaient "faire le petit labyrinthe".

Jehan le fit aussi pour les imiter, et comme chaque fois
 il ressentit en lui un grand mouvement, comme si quelque chose se détendait, 
se gonflait dans tout son corps, mais là c'était encore plus fort que jamais. 
C'était comme à Fontenay, comme à Chapaize, comme à Cluny, comme à Conques. 
Il en fit part à ses compagnons qui, gravement, mesurant leurs paroles,
acquiescèrent en disant, au bout d'un silence : 
Oui, c'est une de nos meilleures ! 
.
Henri Vincenot




Toutes les églises sont un point de mariage
entre les énergies de la terre et du ciel.
(...)
.
Une église est, par définition,
un amplificateur énergétique.

(...)

Ce qu'on oublie souvent, c'est qu'autrefois une église
était un véritable ATHANOR,
à la manière de nos centrales modernes qui transforment
l'énergie en électricité, source de lumière physique.

Les fantastiques vaisseaux de pierre que sont nos basiliques et nos cathédrales
ont été construits comme des creusets alchimiques dans lesquels,
la matière transfigurée servirait de support à la conversion des hommes
et les aiderait ainsi à accéder au sacré.

L'église romane, par exemple, est un ouvrage d'art
qui fonctionne comme une machine à régénérer et à guérir,
 non seulement sur le plan physique,
mais sur tous les plans de la conscience manifestée,
du vital au spirituel.

C'est aussi, bien sûr, un lieu de prière,
et plus particulièrement de prière à la Vierge Mère,
 à laquelle la plupart de nos églises sont consacrées.
 Car elles ne pouvaient accomplir de miracles qu'en son nom.
Elle, l'unique médiatrice.

Et cela fonctionne toujours.
Qui de nous n'a ressenti dans certaines églises
 une impression d'apaisement et de plénitude.
On est bien, on se sent presque devenir meilleur !

Car un sanctuaire, c'est avant tout un lieu cosmo-tellurique 
où se marient les énergies du ciel et de la terre. 
Et la concordance des deux, parfaitement équilibrées en un seul endroit
par la sagesse des constructeurs,
permet alors à l'homme qui est capable de la transmuter,
 d'accéder à l'énergie du ciel, additionnée au pouvoir de la terre.
.
Il pourra alors, par la seule force de l'Esprit qui est en lui,
non seulement changer la structure moléculaire de son corps,
mais transformer l'essence même de son être intérieur.

.
 Jacques Bonvin - Paul Trilloux
"Eglise romane, lieu d'énergie"
.



Tel était  le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, 
se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. 
Je commençais alors à écrire  et il me semblait que dans les cérémonies catholiques, 
considérées avec un dilettantisme supérieur,  je trouverais un excitant approprié
 et la matière de quelques exercices décadents. 
C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, 
j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand messe. 
Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux Vêpres. 
Les enfants de la maîtrise en robes blanches
 et les élèves du petit séminaire de Saint Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, 
étaient en train de chanter  ce que je sus plus tard être le Magnificat.

J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier 
à l'entrée du choeur et à droite de la sacristie. 
Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie. 
En un instant, je fus touché au coeur et je crus. 
Je crus, d'une telle force d'adhésion , 
d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante,
 d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, 
tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée
 n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher.
.
Paul Claudel
"Ma conversion"




Comme dans le dolmen, l'édifice a contact d'eau avec son puits
qui existe, originellement, au niveau du choeur de chaque cathédrale.

Mais la cathédrale va plus loin.
Elle s'élève dans l'air.
Elle plonge -et on la fait très haute pour cela
- dans les courants aériens, dans les pluies du ciel,
dans les orages de l'atmosphère,
dans les grands courants cosmiques.
Elle recueille la lumière, elle l'absorbe, et la transforme...

De terre, d'eau, d'air et de feu !

Quel athanor a jamais été plus complet
pour réaliser la plus belle des alchimies humaines ?
Car il s'agit bien d'alchimie.
Il s'agit bien de transmutation,
non de métal, mais d'homme.
D'homme que l'on veut conduire
vers un stade supérieur d'humanité.

.
Louis Charpentier
"Les mystères de la cathédrale de Chartres"
.




lundi 29 avril 2019

La Déesse et l'archétype du Principe Féminin

Lundi 29 avril 2019



L’archétype est, dans la psychologie analytique de Jung, 
une «forme de représentation donnée a priori», 
une «image primordiale» renfermant un thème universel,
 commun à toutes les cultures humaines 
mais figuré sous des formes symboliques diverses, 
et structurant la psyché inconsciente. 
Ce processus psychique est important car il renferme 
les modèles élémentaires de comportements et de représentations 
issus de l’expérience humaine à toutes les époques de l’histoire.

La Déesse, Principe Féminin de l’Univers, 
possède 10 000 noms et 10 000 visages. 
Elle représente à elle-même le Féminin sur tous les plans d’existence
 et se manifeste sur terre grâce à la femme, 
à toutes les créatures vivantes de sexe féminin,
 à la nature, à la terre 
et se manifeste aussi comme énergie suprême et subtile «Yin»
 se retrouvant en tout, même les hommes 
(au même titre que l’énergie masculine ou «Yang»
 se retrouvent en tout, même les  femmes).

Pour mieux comprendre, 
voyez la source divine comme un diamant, 
dans lequel se retrouvent deux facettes principales : 
le masculin (Dieu) et le féminin (Déesse). 

Pour chacune de ces facettes principales, 
imaginez maintenant les milliers de facettes du diamant 
reflétant la lumière sur tous les plans d’existence. 
Ces milliers de facettes sont en fait 
tous les dieux et déesses de tous les panthéons, 
de toutes les croyances spirituelles.

Isis, Cybèle, Ishtar, Perséphone, Marie, 
Kuan Yin, Kali et toutes les déesses
sont chacune une facette de la part féminine du Divin.
 Chacune de ces déesses représente un archétype,
 une représentation universelle à laquelle tous peuvent s’associer.
.

 Extrait du blog
"Etre divin au Féminin"
.


.


mardi 23 avril 2019

Problème collectif et psyché personnelle

Mardi 23 avril 2019





Tant qu'il n'est pas reconnu comme tel, 
un problème collectif prend toujours la forme personnelle 
et éveille, le cas échéant, l'illusion d'un certain désordre 
dans le domaine de la psyché personnelle. 

De fait, il y a du trouble dans la sphère personnelle, 
mais ce trouble n'est pas nécessairement primaire,
 il est plutôt secondaire par suite
 d'un changement défavorable de climat social. 

 La cause du trouble, par conséquent, dans un tel cas, 
il faut la chercher non point dans l'entourage personnel 
mais bien plutôt dans la situation collective. 
La psychothérapie n'a pas encore tenu assez compte 
de cette circonstance.
.
C.G. Jung
"Ma Vie"
 
 
 

 
C'est le refoulement de l'anima, 
au niveau collectif bien plus qu'individuel 
qui a contribué sur le plan historique, 
à opérer une scission 
entre la "sainte" et la "sorcière".
.
Nadia Neri
"Femmes autour de Jung"
.





lundi 22 avril 2019

Force naturelle

Lundi 22 avril 2019




Chaque femme porte en elle une force naturelle
riche de dons créateurs, 
de bons instincts et d'un savoir immémorial.

Chaque femme a en elle la Femme Sauvage.
Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage,
comme l'animal sauvage, est victime de la civilisation.

La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent,
afin qu'elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés
et ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde.


Clarissa Pinkola Estes
"Femmes qui courent avec les loups" 









jeudi 18 avril 2019

Marie et Sophia

Vendredi 19 avril 2019



Dans le nouveau Testament, le principe féminin a été accepté 
et promu en dignité en la personne de Marie
mais toujours d'après la tendance masculine à la perfection 
qui porte atteinte au principe féminin d'imperfection et de complétude.
 Marie est exempte de la tache du péché originel, 
sa conception est "immaculée", sa virginité éternelle. 
Elle est trop parfaite pour être véritablement humaine, 
elle n'a pas d'Ombre et par conséquent, 
elle ne peut avoir soif de rédemption.

Comme l'observe Ida Magli, le personnage de Marie 
se ressent d'une culture masculine qui a toujours vécu 
la naturalité féminine comme dangereuse
 dans la mesure où celle-ci tend à se soustraire
 à sa capacité de domination et de contrôle rationnel.
(...)
 

La nature s'oppose dialectiquement à la culture
mais en même temps, elle en est la base inséparable; 
nous pouvons peut-être trouver là une clé interprétative 
du destin du féminin dans notre culture patriarcale : 
il ne pouvait être éliminé, mais devait être contrôlé et diminué, 
c'est-à-dire rendu étranger à sa propre nature, aliéné.

La chasse aux sorcières est la manifestation extrême 
de cette crainte qu'inspire aux hommes la nature
mystérieuse et insaisissable du féminin. 
C'est pourquoi Marie doit être "Vierge immaculée", 
exempte de la souillure du "péché" et donc nécessairement
vidée  de la puissance des anciennes déesses : 
la force créatrice de l'Eros,
de la sexualité et des instincts.

La désobéissance d'Eve est réparée par l'obéissance de Marie, 
une obéissance dénuée de curiosité et de soif de connaissance. 
Toute autonomie de la Madone est repoussée
 parce qu'elle est perçue comme une analogie possible
 avec l'image de la femme dans son activité créatrice.


 Sophia, Sainte Sagesse, icône russe


Pour retrouver, dans notre culture occidentale, 
une image divine qui reflète la totalité 
des instances archétypiques du Féminin
dans toute leur complexité souvent paradoxale 
et toute la richesse transformatrice de leur imperfection 
- où le haut ne renie pas le bas, mais souvent s'en enrichit - 
il faut chercher dans un lointain passé, dans les courants de pensée 
secrets, révolutionnaires et hérétiques des premiers siècles du christianisme.

M-L Von Franz observe que le processus de réalisation et d'humanisation du féminin , 
commencé dans l'Antiquité païenne a été interrompu et remplacé
 par l'humanisation du Logos dans la personne du Christ. 

Ce n'est que dans la gnose et l'alchimie qu'a survécu secrètement 
l'image féminine de Sophia, la Sapienta Dei
profondément enfouie dans la matière,
 demandant, dans son besoin de rédemption,
 d'être délivrée de sa captivité.

Silvia Di Lorenzo
"La femme et son ombre"




Marie-Laure Colonna et Michel Cazenave,
nous parlent de la Sophia, figure féminine de la Sagesse divine...

La vision de Boèce : "Dame Philosophie"

Jeudi 18 avril 2019


Médaillon central  situé sur le porche 
de Notre-Dame de Paris
 (aux pieds du Christ)




Après quelques recherches,
j'ai découvert  que cette représentation,
souvent appelée "L'échelle des philosophes",
aurait pour origine une "vision" de Boèce (Boethius)
l'un des plus éminents auteurs du Moyen-Âge.


Cette vision  date de l'an 524,
et en voici la description détaillée :

Boèce, emprisonné, et injustement condamné à mort,
rédige, entre deux séances de torture,
et dans l'attente de sa fin tragique,
son testament philosophique et autobiographique
 "Consolatio".

Il y décrit l'arrivée de la Philosophie auprès de lui...
sous la forme d'une femme qui vient le "consoler"...

Elle est comme une sorte de Reine céleste :

" ... elle avait des yeux ardents et plus perçants 
que la vision du commun des hommes, 
son teint était vif et sa vigueur inépuisable, 
bien qu'elle fût si chargée de siècles 
qu'il était impossible de la croire de notre temps ...


... tantôt le sommet de sa tête semblait frapper le ciel 
et comme elle se dressait fort haut, 
elle pénétrait aussi le ciel lui-même 
et trompait la vue et les regards. 

Les vêtements étaient fait de fils très fins, 
avec un art subtil et dans une matière indestructible ... 
elle les avait elle-même tissés de ses propres mains...

on lisait en grec, brodés sur le bord, 
tout en bas, un Pi, tout en haut un Theta (1) 
et entre les deux lettres on voyait, à la manière d'une échelle, 
des sortes de degrés marqué d'un signe qui permettaient 
l'ascension du caractère inférieur au caractère supérieur ... 

Elle tenait de la main droite des opuscules, 
un sceptre de la main gauche." (*)

(1) "Pi est l'initiale, en grec, de Philosophie pratique 
et Théta l'initiale de Philosophie théorique, c'est-à-dire contemplative." 

Jean-Yves Tilliette, in "Boèce, La Consolation Philosophique" p.14, 
édition Les Belles Lettres, Livre de Poche, 2008.


Cette description prouve que Boèce est le père 
de cette représentation lapidaire célèbre  :
on peut en effet constater que le médaillon
reprend point par point les détails du texte. 

On retrouve plusieurs fois cette représentation
dans nos cathédrales, sous forme de vitrail 
ou de bas-relief de pierre, du XIIIe au XIXe siècle.



La cathédrale de Sens
possède sa propre représentation de la Philosophie
selon la vision de Boèce :
 On peut d'ailleurs y observer les deux lettres lettres grecques
présentes sur la robe sous forme de motifs décoratifs


 
On la retrouve aussi,
parfaitement reconnaissable,
dans la rosace nord de la cathédrale de Laon




"La rose Nord de la cathédrale Notre-Dame de Laon 
est une des premières roses du gothique,
 dessinée par des ouvertures dans le mur. 
Elle est composée d’un médaillon central
 et de huit médaillons périphériques. 
Ils représentent les sept arts libéraux, 
(+ la médecine)
étudiés à l’école épiscopale de Laon, 
entourant la sagesse ou philosophie 
acquise par cet enseignement. 

Laon était une université importante et reconnue au Moyen-Âge. 
Les Arts libéraux se déclinent en l’étude des mots 
(rhétorique, grammaire et dialectique) 
qui prépare à l’étude des choses 
(astronomie, arithmétique, géométrie et musique)."




Sur la photo de la cathédrale Notre-Dame de Paris,
on retrouve aussi les mêmes arts libéraux :

la Philosophie est assise, au centre du pilier. 
Elle est entourée à gauche de la Médecine et à droite de l'Astronomie. 
La Musique et la Grammaire se trouvent sur son côté droit, non visibles ici. 
La Dialectique et la Géométrie font le pendant, sur le côté gauche.

Ces disciplines de l'esprit sont les barreaux de l'échelle 
qui nous permettent de monter du bas de la robe de la Philosophie
 - le monde des choses matérielles - 
au haut de sa robe 
- la compréhension de l'esprit, la sagesse.



 Détail du manuscrit de la "Consolatio" de Boèce, 
 appartenant à Louis de Gruugthuse.


Inscriptions sur les sept marches 
(qui remplacent l'échelle habituelle) :
Grammaire, Logique, Rhétorique, Musique, 
Arithmétique, Géométrie, Astronomie


"Dame Philosophie, assise, 
présente ses seins à deux personnes âgés. 
Le message est le même. 
Ici, la Philosophie, 
composée du Trivium et du Quadrivium, 
est l'escalier à sept marches qui permet de passer 
du monde matériel, quotidien, 
au monde de l'abstraction, de l'intelligence, de la compréhension
 auxquels doivent s'abreuver les assoiffés de connaissance, 
les chercheurs de sagesse."


D'après deux articles  :
ICI et LA




Enfin, il existe un beau texte de Basile Valentin  
(alchimiste du XVème siècle)

dans lequel il décrit ces différents "arts".
Il les met en rapport avec les planètes (astrologie)
et les déclare tous sous l'égide de la reine Vénus...
qu'il place même "au-dessus" du Soleil !

(pour le lire, cliquer sur le lien)



Vénus

Il semblerait donc bien que, pendant très longtemps, 
et jusqu'à l'époque greco-romaine, 
ce fut une figure féminine 
(Reine céleste ou Dame Philosophie... 
Vénus, Cybèle ou... Sophia )
qui fut associée aux principales  Connaissances.


Et je trouve particulièrement intéressant de (re)découvrir 
que le Féminin Sacré ne renvoie pas uniquement
aux qualités considérées actuellement comme "féminines"
(émotions, beauté, séduction, douceur, compassion... etc)
mais qu'il peut, aussi, être synonyme de  "Savoir" et  de "Sagesse".


Sophia d'Ephèse

La Philosophie (étymologiquement : "Amour de la Sagesse"),
au sens où les Anciens l'entendaient n'a donc pas grand-chose à voir
avec cette discipline austère et hyper-rationnelle, 
cette "activité d'intellectuels" détachés du monde et de la réalité,
qu'elle évoque pour  nous aujourd'hui  :
elle est pour eux "Sagesse éternelle",
une Sagesse transcendante et pourtant à visage humain,
qui règne sans partage sur toutes les autres disciplines...

Plus que "Savoir", elle est Connaissance profonde, 
c'est-à-dire Savoir "incarné", "personnifié",
et elle est  "Reine céleste", "Dame du Ciel",
Mère de toutes les Sciences, Mère nourricière
distribuant généreusement  les dons de l'esprit
et le "lait" de la Connaissance
à ceux qui la cherchent ou qui l'invoquent.

Elle n'est pas Sagesse "morte" ou "figée", 
elle est "Sagesse vivante"...
elle est "dynamisme transformant".
C'est d'une semblable figure archétypale de Sagesse
 dont parlait sans cesse Etienne Perrot 
(un traducteur et continuateur de C.G. Jung) :
Il l'appelait également "Mère Alchimie", "Mère Nature",
"Sagesse divine" ou "Sainte Chronicité", 
autant de noms différents pour parler d'une même chose,
(ou plutôt d'une même  personne), 
multiple et complexe...
car "actuelle" et "vivante"...




Voilà ce qu'il disait dans son livre 
"Le jardin de la Reine" (p 263) :

" Je l'ai dit et écrit voici bien longtemps 
et la réalité ne cesse de nous le prouver : 
le temps n'est plus de vénérer les grimoires
 et de les manier avec un religieux respect.
(...) 

(Certains) veulent persuader le public 
que la science est contenue dans des livres sacrés, 
incompréhensibles et inaccessibles, 
dont ils sont seuls à posséder le secret.

Ces livres n'étaient que des figures. 
Ils ont vieilli et leurs feuilles tombent en poussière.
Le livre vivant est en vous.
Et il est d'abord en vous !
Apprenez donc à regarder !"
.





Le rêve de Diane, ("La femme et le grimoire")
sur lequel nous nous sommes penchés récemment,
nous emmène dans cette même direction :
il nous montre une figure de "Dame Céleste"
qui "lâche" soudain les "vieux grimoires" 
et qui se présente comme la "seule héritière", 
la seule détentrice de ces "Connaissances 
qui remontent à la nuit des Temps".

D'après les messages de notre inconscient,
il semblerait donc que "Dame Philosophie" ou "Sophia",
que certains nomment aussi "l'Âme du monde"
 soit toujours bien vivante
...et qu'elle se rappelle à notre bon souvenir, 
nous rappelant encore et encore 
que la seule Connaissance qui vaille
n'est pas la Connaissance livresque,
mais la connaissance intérieure, 
celle qui "vit" en nous...


Cette "Dame" à la sagesse immémoriale
nous parle tout bas et sans relâche
au travers de nos rêves, de nos intuitions
et des synchronicités du quotidien...

Saurons-nous l'écouter ?
 

La Licorne


  
(*) Il semblerait que la traduction 
du texte de la "vision" de Boèce 
présentée au début de cet article
ne soit pas tout à fait complète...
Vous en trouverez une autre version, 
enrichie de certains détails supplémentaires
ICI  ou ci-dessous :



"Les traits de son visage inspirent le plus profond respect; 
il y avait de la lumière dans son regard 
et on sentait qu'il pénétrait plus avant 
que celui des mortels;
elle avait la couleur de la vie et de la jeunesse 
quoique qu'on vit qu'elle était pleine de jours 
et que son âge ne pouvait se mesurer au nôtre. 

Quant à sa taille on ne s'en faisait pas une idée nette 
car tantôt elle restreignait sa stature aux proportions humaines, 
tantôt le haut de sa tête semblait frapper le ciel, 
tantôt sa tête encore plus hautaine pénétrait dans le ciel lui-même 
et dispa­raissait au regard curieux des hommes. 

Ses vêtements tissés avec un art savant étaient faits 
de fils subtils et incorruptibles : 
elle m'apprit elle-même plus tard 
qu'elle les avait tissés de sa main.


Mais le temps qui ternit toutes les oeuvres d'art 
avait éteint leurs couleurs et dissimulait leur beauté. 
Sur la frange du bas était tissé la lettre grecque (pi)
 et sur la bordure du haut la lettre (théta).

Pour aller de l'une à l'autre il y avait une série 
de degrés successifs représentés qui ressemblaient à une échelle
 conduisant des éléments inférieurs aux éléments supérieurs.. 

On voyait que ses vêtements avaient été déchirés violemment
 par des mains qui avaient arraché tout ce qu'elles avaient pu. 
De la main droite elle portait des livres 
et de la main gauche un sceptre".




mercredi 17 avril 2019

Symbolisme alchimique de Notre-Dame de Paris

Mercredi 17 avril 2019



Tous les yeux s'étaient levés vers le haut de l'église. 
Ce qu'ils voyaient était extraordinaire. 
Sur le sommet de la galerie la plus élevée, 
plus haut que la rosace centrale, 
il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers 
avec des tourbillons d'étincelles, 
une grande flamme désordonnée et furieuse 
dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée...
.





Après le récent incendie de Notre-Dame de Paris,
qui nous a tous profondément émus,
j'ai éprouvé le besoin de me repencher 
sur le symbolisme de ce lieu exceptionnel.
Les symboles présents dans cette cathédrale 
présentent en effet plusieurs niveaux de lecture...
Une lecture "chrétienne", bien entendu,
mais aussi une lecture plus ou moins "alchimique"...


Je vous propose de découvrir cette dernière dans la vidéo ci-dessous (*) :




Une figure présente sur la façade est particulièrement intéressante :
c'est celle de la "femme aux deux livres"...

Certains y voient une figuration
 de la Philosophie,
d'autres celle de la déesse Cybèle,
d'autres encore celle de la Nature...
ou de l'Alchimie.

Toujours est-il que sa tête touche les cieux 
et qu'elle porte dans sa main droite deux livres :
l'un ouvert , qui représente la Connaissance exotérique
et l'autre, fermé, qui représente la Connaissance ésotérique .

Sa présence au centre du porche indique, me semble-t-il,
que cette cathédrale "porte" elle aussi, en son sein,
les deux voies d'accès à la Connaissance...
l'une "évidente" et l'autre "cachée"...

La Cathédrale est un immense "livre de pierre",
dans lequel les bâtisseurs du Moyen-Âge ont inscrit
le visible...et l'invisible,
le savoir "révélé" et le savoir "secret".
.
(et je pense aussi qu'on peut même
trouver une certaine  résonance
avec le dernier rêve étudié ici :
"La femme et le grimoire",
dans lequel une "femme céleste"
tenait un livre ancien difficilement déchiffrable)






(*) Précision
les dernières minutes de la vidéo sont consacrées à une Association...
que je ne cherche pas à cautionner ...
j'ai choisi cette vidéo avant tout 
pour la qualité de la "description symbolique" du début)




samedi 13 avril 2019

Mémoire du temps de la Déesse

Samedi 13 avril 2019




Les mythes de Sumer sont les plus anciens écrits décryptés à ce jour, 
et c’est là que commence l’histoire écrite

On y découvre des sociétés gravitant autour d’un Divin Féminin, 
et autour de valeurs radicalement différentes de celles qui fondent l’ordre patriarcal : 
rapports non hiérarchiques, valeurs nourricières et de partage, sans aucune verticalité, 
ce sont des valeurs d’échange, dans une ambiance de respect et de confraternité
 entre les différents éléments qui constituent le vivant, 
la nature y est respectée et vénérée comme étant la création de la Mère,
 aimante et nourricière.

On peut voir à travers les mythes,
 tant ceux de Sumer que ceux de l’Égypte ancienne pré-dynastique, 
que cette culture de la Déesse favorise les arts, 
la musique, la danse, qu’elle vénère la beauté…
.
Françoise Gange
.



(...)
...on m'avait appris que le puissant et majestueux soleil
était par nature une divinité masculine,
alors que la lune, symbole délicat et diaphane
des sentiments et de l'amour,
avait toujours été adorée au féminin.
J'avais tenu cela pour acquis et, à ma grande surprise je découvris
 dans le pays de Canaan, en Anatolie, en Arabie et en Australie
des récits sur la déesse du Soleil.
Chez les Esquimaux, les Japonais et les Khasis de l'Inde,
Elle était accompagnée de personnages secondaires, ses frères,
qui symbolisaient la lune.

J'avais aussi accepté l'identification entre la femme et la terre,
la Terre-Mère, celle qui reçoit passivement la semence,
 tandis que le ciel, lui était naturellement et nécessairement mâle ;
son caractère intangible représentant la capacité
soi-disant exclusivement masculine
de concevoir l'abstrait.

Cela aussi, je l'avais admis sans me poser de questions,
 jusqu'à ce que je découvre que presque toutes
les divinités féminines du Proche et du Moyen-Orient
portaient le titre de "Reine du Ciel".
En Egypte, l'ancienne déesse Nout représentait le Ciel,
 et son frère et époux Geb représentait la terre.

La découverte de nombreux récits attestant l'existence
de divinités féminines, Créatrices de l'Univers,
fut pour moi une révélation surprenante.
On attribuait à ces divinités, non seulement la naissance du premier peuple,
mais la création de la terre entière et des cieux qui la recouvrent.
On retrouve la trace de l'existence de ces Déesses à Sumer,
à Babylone, en Egypte, en Afrique, en Australie et en Chine.

En Inde, on honorait la Déesse Sarasvati
qui avait inventé le premier alphabet,
 et en Irlande Celtique, la Déesse Brigit
était considérée comme la patronne du langage.

Certains textes nous apprennent qu'à Sumer, c'est à la déesse Nisaba
qu'on attribuait l'invention des tablettes d'argile et de l'art de l'écriture.
Elle était vénérée longtemps avant les autres divinités mâles
qui L'ont supplantée par la suite.
Le scribe officiel du panthéon sumérien était une femme;
et ce sont les tout premiers exemples d'écriture que l'on a retrouvés
 qui présentent les évidences archéologiques les plus significatives.
Ils ont été découverts également à Sumer
dans le temple de la Reine du Ciel à Erech,
et datent de plus de cinq mille ans.

Bien qu'on pense généralement que l'écriture est une invention de l'homme,
l'ensemble des informations ci-dessus nous offre un argument des plus convaincants
pour prétendre que ce fut probablement une femme
 qui traça dans l'argile humide les premiers idéogrammes.

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Merlin Stone
"Quand Dieu était une femme"
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dimanche 7 avril 2019

Rêve 58 : La femme et le grimoire

Dimanche 7 avril 2019



Il s’agit d’une femme, elle flotte au-dessus du sol, 
élevée au-dessus du sol, et, se tient parfaitement droite 
dans l’espace en lévitation. 
Elle a l’allure et le port de tête d’une reine…
Une grande dignité se dégage de sa personne…

Ses cheveux sont longs, elle ressemble à une divinité, 
sa beauté est parfaite mais simple…
Son visage est d’une grande pureté, bien dessiné, 
à l’ovale impeccable.
Elle regarde droit vers elle. 
Elle a de grands yeux bordés de longs cils
Sa bouche est belle sans être pulpeuse.
 
Elle est vêtue ainsi que les divinités 
de la mythologie greco-romaine, 
sa robe de voilage délicat flotte dans l’espace, 
soulevé délicatement par une brise légère, 
un seul pan de sa robe flotte.

Ses mains longues et fines sont blanches et délicates, 
ses bras tenaient un livre qui est très lourd, trop lourd, 
il glisse de ses mains, ce grimoire..

Je vois les signes inscrits, 
une écriture ancienne mésopotamienne…

Cet énorme grimoire est fait de feuilles de parchemin... 
elle le tenait ouvert à une page, elle le tient mais le poids fait 
qu’il glisse de ses mains, elle ne peut le tenir.

 Ce grimoire est un héritage de connaissances très anciennes, 
remontant à la nuit des temps,
 elle est L’Unique l'héritière de ces connaissances 
contenues dans ce  grimoire. 
Elle seule…Personne d’autre.

Une voix d’homme dit à la fin de mon rêve : 
« Vous avez fait un pas »


Je me suis éveillée sereine, 
comme remplie d’un grand honneur 
qui m’aurait été décerné.
Voilà donc ce rêve étrange et pénétrant 
qui m’interroge encore à ce jour.
Je ne comprends pas le sens de ce rêve…
Si vous pouviez m’éclairer, j’en serai ravie. 
La compréhension de ce rêve me serait précieuse.


Diane
(rêve reçu début 2019)
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