Jeudi 3 janvier 2019
Nos ancêtres les alchimistes
Dans la première moitié du XVIe siècle, Paracelse ,
médecin révolutionnaire de génie,
va élaborer toute son œuvre autour d’une idée-phare
que la psychologie jungienne va retrouver et développer quatre siècles plus tard.
En complément des lumières parfaites de la vérité chrétienne et de la Sainte Trinité,
il existe une sagesse plus discrète, ambiguë, parfois dangereuse,
toujours en devenir comme la création, que Paracelse va nommer
le lumen naturae, la lumière de la nature.
Ces scintillae, ces étincelles de science et de conscience,
l’adepte les extrait péniblement par son travail d’observation
des phénomènes encore inconnus dans le corps de la terre
comme par l’étude des rythmes des corps célestes
Mais, à l’observation patiente du savant,
se joint aussi tout un travail
de méditation et de rêverie, d’imagination créatrice,
pour dégager également un ordre qualitatif
replaçant les découvertes effectuées dans une hiérarchie, un cosmos,
un monde porteur de valeur et de sens.
de méditation et de rêverie, d’imagination créatrice,
pour dégager également un ordre qualitatif
replaçant les découvertes effectuées dans une hiérarchie, un cosmos,
un monde porteur de valeur et de sens.
Dans cette perspective d’un cosmos unifié
autant sur le plan quantitatif des sciences
que sur le plan qualitatif de la vérité des symboles,
Paracelse tissera la toile d’un univers
dans lequel l’infini du firmament extérieur correspond
à l’infini du firmament intérieur, à l’âme humaine.
Un soleil invisible, l’énergie des archétypes,
est le point central qui réunit les deux.
Chaque nuit, de ce soleil invisible montent vers la conscience
les images des rêves,
ces lumières de la nature qui se montreront folles ou sages
selon le degré de conscience de l’adepte, de l’analyste ou de l’analysant.
Car, comme pour les alchimistes,
il dépend du degré d’intelligence et d’éthique de l’observateur
qu’il puisse donner un sens aux phantasmagories
qui se déploient pendant son sommeil.
autant sur le plan quantitatif des sciences
que sur le plan qualitatif de la vérité des symboles,
Paracelse tissera la toile d’un univers
dans lequel l’infini du firmament extérieur correspond
à l’infini du firmament intérieur, à l’âme humaine.
Un soleil invisible, l’énergie des archétypes,
est le point central qui réunit les deux.
Chaque nuit, de ce soleil invisible montent vers la conscience
les images des rêves,
ces lumières de la nature qui se montreront folles ou sages
selon le degré de conscience de l’adepte, de l’analyste ou de l’analysant.
Car, comme pour les alchimistes,
il dépend du degré d’intelligence et d’éthique de l’observateur
qu’il puisse donner un sens aux phantasmagories
qui se déploient pendant son sommeil.
Lorsque, dans les années trente, Jung commence à se passionner
pour les expériences des alchimistes,
il découvre progressivement qu’il y a là tout le matériau
dont il a besoin pour faire le pont entre les descriptions de l’âme
de la philosophie gnostique de l’Antiquité
et ses modernes découvertes sur le fonctionnement de la psyché.
pour les expériences des alchimistes,
il découvre progressivement qu’il y a là tout le matériau
dont il a besoin pour faire le pont entre les descriptions de l’âme
de la philosophie gnostique de l’Antiquité
et ses modernes découvertes sur le fonctionnement de la psyché.
Au VIIIe siècle après J.-C., le philosophe Scot Érigène
forge le concept d’unus mundus :
une conception, une théorie de l’univers
que les Pères de l’Église vont rapidement délaisser,
préférant à partir de saint Augustin une vision du monde
qui sépare radicalement l’esprit de la matière et l’âme du corps.
Les alchimistes, au contraire, vont développer leurs réflexions et leurs hypothèses
autour de la conviction qu’il existe
un unus mundus ou mundus archetypus
qui sous-tend l’ensemble des phénomènes manifestés,
dans la nature comme dans la conscience.
La conscience et la nature apparaissant ici
comme étroitement imbriquées l’une dans l’autre
et prenant source aux mêmes dynamismes énergétiques,
c’est-à-dire dans les modèles de comportement de l’instinct et ceux des archétypes,
organisateurs inconscients tant sur le plan biologique que sur le plan psychique
dans la théorie jungienne.
L’unus mundus, dira Jung, est un monde potentiel qui constitue
l’origine éternelle et première de toute existence empirique
forge le concept d’unus mundus :
une conception, une théorie de l’univers
que les Pères de l’Église vont rapidement délaisser,
préférant à partir de saint Augustin une vision du monde
qui sépare radicalement l’esprit de la matière et l’âme du corps.
Les alchimistes, au contraire, vont développer leurs réflexions et leurs hypothèses
autour de la conviction qu’il existe
un unus mundus ou mundus archetypus
qui sous-tend l’ensemble des phénomènes manifestés,
dans la nature comme dans la conscience.
La conscience et la nature apparaissant ici
comme étroitement imbriquées l’une dans l’autre
et prenant source aux mêmes dynamismes énergétiques,
c’est-à-dire dans les modèles de comportement de l’instinct et ceux des archétypes,
organisateurs inconscients tant sur le plan biologique que sur le plan psychique
dans la théorie jungienne.
L’unus mundus, dira Jung, est un monde potentiel qui constitue
l’origine éternelle et première de toute existence empirique
Ainsi, les alchimistes du Moyen Âge, à partir de leur célèbre devise :
Un sont la Pierre, le Vase et la Thérapie
– unum Vas, una Medicina, unum Lapis –,
fixent comme but à leur Grand Œuvre
d’unifier successivement l’esprit, l’âme et le corps,
puis de conjoindre ce vir unus, cet homme un, avec l’unus mundus,
réalisant ainsi un unus mundus de la conscience,
qui lie ensemble le macrocosme et le microcosme,
l’univers matériel et la conscience humaine
dans un perpétuel dialogue symbolique.
C’est surtout Gherard Dorn, le plus connu des élèves de Paracelse, médecin à Francfort,
qui va élaborer cette théorie dans laquelle de conjonction en conjonction
l’adepte tend vers l’entièreté qui lui confère la vie éternelle.
Un sont la Pierre, le Vase et la Thérapie
– unum Vas, una Medicina, unum Lapis –,
fixent comme but à leur Grand Œuvre
d’unifier successivement l’esprit, l’âme et le corps,
puis de conjoindre ce vir unus, cet homme un, avec l’unus mundus,
réalisant ainsi un unus mundus de la conscience,
qui lie ensemble le macrocosme et le microcosme,
l’univers matériel et la conscience humaine
dans un perpétuel dialogue symbolique.
C’est surtout Gherard Dorn, le plus connu des élèves de Paracelse, médecin à Francfort,
qui va élaborer cette théorie dans laquelle de conjonction en conjonction
l’adepte tend vers l’entièreté qui lui confère la vie éternelle.
Dans la perspective des alchimistes, l’art de rêver est une fonction
essentielle
du processus de transmutation, aussi bien dans le domaine physique et physiologique
que dans l’ordre de la transformation psychique.
Comme l’univers se découvre au savant à travers un réseau de correspondances, de signatures,
de résonances symboliques où macrocosme et microcosme se reflètent réciproquement,
le rêve et l’imagination vraie de l’adepte vont pouvoir l’instruire
aussi bien sur les secrets de la matière que sur sa propre disposition intérieure.
Bien avant la psychologie analytique on pense déjà à interpréter un rêve
sur le plan du sujet comme sur le plan de l’objet.
Mais, bien sûr, les projections psychiques inconscientes
des chercheurs alchimistes
sur les aspects mystérieux de la matière produiront
de nombreuses confusions et déconvenues fâcheuses,
voire périlleuses pour leur équilibre mental.
du processus de transmutation, aussi bien dans le domaine physique et physiologique
que dans l’ordre de la transformation psychique.
Comme l’univers se découvre au savant à travers un réseau de correspondances, de signatures,
de résonances symboliques où macrocosme et microcosme se reflètent réciproquement,
le rêve et l’imagination vraie de l’adepte vont pouvoir l’instruire
aussi bien sur les secrets de la matière que sur sa propre disposition intérieure.
Bien avant la psychologie analytique on pense déjà à interpréter un rêve
sur le plan du sujet comme sur le plan de l’objet.
Mais, bien sûr, les projections psychiques inconscientes
des chercheurs alchimistes
sur les aspects mystérieux de la matière produiront
de nombreuses confusions et déconvenues fâcheuses,
voire périlleuses pour leur équilibre mental.
Jung commentera longuement dans Les racines de la conscience
un rêve de Zosime de Panopolis datant du IIIe siècle après J.-C. dans lequel,
au cours d’un long processus de tortures initiatiques,
un instructeur doit révéler au rêveur le secret de la composition des eaux,
des eaux qui sont avant tout celles de l’âme, bien sûr.
Aussi, pour obtenir cette connaissance,
Zosime va devoir accepter d’être lui-même tour à tour
ébouillanté, démembré et morcelé
jusqu’à ce que le plomb grossier de la psyché
se transforme en métal précieux.
La recherche du savant,
la percée à travers les mystères de la nature
est indissociable ici de l’expérience intérieure
et de la maturation de la nature propre de l’adepte.
Sept siècles plus tard, Jung demandera que les candidats analystes
soient eux-mêmes passés par les feux de l’analyse
avant de prétendre aider autrui à mieux se comprendre et se développer.
un rêve de Zosime de Panopolis datant du IIIe siècle après J.-C. dans lequel,
au cours d’un long processus de tortures initiatiques,
un instructeur doit révéler au rêveur le secret de la composition des eaux,
des eaux qui sont avant tout celles de l’âme, bien sûr.
Aussi, pour obtenir cette connaissance,
Zosime va devoir accepter d’être lui-même tour à tour
ébouillanté, démembré et morcelé
jusqu’à ce que le plomb grossier de la psyché
se transforme en métal précieux.
La recherche du savant,
la percée à travers les mystères de la nature
est indissociable ici de l’expérience intérieure
et de la maturation de la nature propre de l’adepte.
Sept siècles plus tard, Jung demandera que les candidats analystes
soient eux-mêmes passés par les feux de l’analyse
avant de prétendre aider autrui à mieux se comprendre et se développer.
Cependant, à côté de cette imagination créatrice, ce logos du symbole
qui à l’état d’éveil dans la méditation ou au cours de rêves profonds inspire l’adepte,
il existe bien sûr l’imaginatio phantastica .
qui à l’état d’éveil dans la méditation ou au cours de rêves profonds inspire l’adepte,
il existe bien sûr l’imaginatio phantastica .
C’est le monde des complexes et des rêves de désir, refoulés ou travestis,
que la psychanalyse freudienne va étudier minutieusement.
Et, aujourd’hui plus encore qu’hier, pour distinguer ces deux plans
et pénétrer le sens d’un rêve, il faut donc tout autant de raison critique
que d’ouverture à l’image : l’apprentissage d’une pensée symbolique,
d’une pensée qui hiérarchise et non pas qui se dissout dans la magie
des correspondances imaginaires ou dans de soi-disant synchronicités.
que la psychanalyse freudienne va étudier minutieusement.
Et, aujourd’hui plus encore qu’hier, pour distinguer ces deux plans
et pénétrer le sens d’un rêve, il faut donc tout autant de raison critique
que d’ouverture à l’image : l’apprentissage d’une pensée symbolique,
d’une pensée qui hiérarchise et non pas qui se dissout dans la magie
des correspondances imaginaires ou dans de soi-disant synchronicités.
Le rêve : une fonction en feuilleté
Freud s’est particulièrement penché sur la fonction de mise en ombre du
rêve
qui dessine à la façon d’un bain révélateur tout le négatif de la personnalité.
Rêves de désirs masqués ou d’angoisse,
cette première strate met en scène progressivement
tout l’envers du décor d’un individu,
voire d’une famille sur plusieurs générations.
Tout ce qui donc, clivé de la conscience,
demeure à l’état infantile et forme cet ogre intérieur
qui parfois dévore la personnalité.
Mais dans cette ombre, dans cet ogre,
il y a aussi souvent de grandes ressources énergétiques,
et les images oniriques, au fil de l’analyse,
vont précisément en mettre en scène les transformations, possibles ou non.
qui dessine à la façon d’un bain révélateur tout le négatif de la personnalité.
Rêves de désirs masqués ou d’angoisse,
cette première strate met en scène progressivement
tout l’envers du décor d’un individu,
voire d’une famille sur plusieurs générations.
Tout ce qui donc, clivé de la conscience,
demeure à l’état infantile et forme cet ogre intérieur
qui parfois dévore la personnalité.
Mais dans cette ombre, dans cet ogre,
il y a aussi souvent de grandes ressources énergétiques,
et les images oniriques, au fil de l’analyse,
vont précisément en mettre en scène les transformations, possibles ou non.
Par exemple, une jeune femme qui n’a plus revu son père,
émigré aux États-Unis depuis ses 4 ans, rêve en série d’hommes assassins.
Plutôt des monstres que des hommes d’ailleurs.
L’un d’eux, chaque nuit de pleine lune, rôde à sa recherche pour la tuer.
Dans la vie, bien sûr, cette jeune femme est tout à fait terrorisée par les hommes.
Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est elle-même, en retour,
ressentie comme glaçante et dangereuse par eux.
En analyse, peu à peu, elle se rassure.
Les figures d’assassins s’humanisent.
Elle commence à ressentir la violence subhumaine qui l’habite elle-même
et la dureté avec laquelle elle explose lorsqu’elle se croit en état de danger.
émigré aux États-Unis depuis ses 4 ans, rêve en série d’hommes assassins.
Plutôt des monstres que des hommes d’ailleurs.
L’un d’eux, chaque nuit de pleine lune, rôde à sa recherche pour la tuer.
Dans la vie, bien sûr, cette jeune femme est tout à fait terrorisée par les hommes.
Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est elle-même, en retour,
ressentie comme glaçante et dangereuse par eux.
En analyse, peu à peu, elle se rassure.
Les figures d’assassins s’humanisent.
Elle commence à ressentir la violence subhumaine qui l’habite elle-même
et la dureté avec laquelle elle explose lorsqu’elle se croit en état de danger.
Un jour, l’un des assassins, dans un rêve, lui dit qu’il s’appelle Novio, le
fiancé.
Si elle l’épouse, il lui fera don de son trésor, une immense bibliothèque.
Mais elle doit auparavant accepter un sacrifice.
Au cours d’une cérémonie, elle devra être purifiée par le feu,
traverser un brasier, ce que la rêveuse accepte.
Si elle l’épouse, il lui fera don de son trésor, une immense bibliothèque.
Mais elle doit auparavant accepter un sacrifice.
Au cours d’une cérémonie, elle devra être purifiée par le feu,
traverser un brasier, ce que la rêveuse accepte.
En l’occurrence, le feu du sacrifice, ce fut une longue solitude de plusieurs
années
pendant laquelle, à son insu, elle progressa beaucoup en autonomie réelle,
en intelligence et en culture. L’animus lui apparaissait de plus en plus souvent
sous les traits d’un Roi de cœur par exemple, d’une figure chaleureuse et sensible
et en même temps capable de réflexion et de discernement.
Comme dans le rêve, durant ce temps de solitude,
elle eut le temps de lire et d’amasser une véritable bibliothèque ;
une culture approfondie dans le domaine de la littérature et de l’art
par laquelle son intelligence, auparavant plutôt vive mais trop cérébrale,
s’arrondit au contact des images et gagna en créativité et fantaisie.
Le feu de la colère et les accès de rage et de ressentiment
qui empoisonnaient sa vie intérieure,
une fois rendus conscients, furent lentement maîtrisés.
Et, à partir de ces rêves terrifiants d’assassins,
l’analyse de l’ombre-ogre de mon analysante,
de ses aspects avides et haineux, et de la fureur archaïque qui l’habitait
a pu vraiment commencer. Le masculin dans son inconscient s’est alors représenté
sous une forme relativisée et non plus dans cette atmosphère de cruelle toute-puissance.
pendant laquelle, à son insu, elle progressa beaucoup en autonomie réelle,
en intelligence et en culture. L’animus lui apparaissait de plus en plus souvent
sous les traits d’un Roi de cœur par exemple, d’une figure chaleureuse et sensible
et en même temps capable de réflexion et de discernement.
Comme dans le rêve, durant ce temps de solitude,
elle eut le temps de lire et d’amasser une véritable bibliothèque ;
une culture approfondie dans le domaine de la littérature et de l’art
par laquelle son intelligence, auparavant plutôt vive mais trop cérébrale,
s’arrondit au contact des images et gagna en créativité et fantaisie.
Le feu de la colère et les accès de rage et de ressentiment
qui empoisonnaient sa vie intérieure,
une fois rendus conscients, furent lentement maîtrisés.
Et, à partir de ces rêves terrifiants d’assassins,
l’analyse de l’ombre-ogre de mon analysante,
de ses aspects avides et haineux, et de la fureur archaïque qui l’habitait
a pu vraiment commencer. Le masculin dans son inconscient s’est alors représenté
sous une forme relativisée et non plus dans cette atmosphère de cruelle toute-puissance.
Jung, tout en développant pour sa part la mise au jour des parties refoulées
ou encore non différenciées de la personnalité sous l’expression d’analyse de l’Ombre,
va particulièrement s’intéresser à la fonction compensatrice des rêves
et plus encore à leur fonction créatrice de valeur et de sens
qu’il juge profondément thérapeutique.
En effet, plus on pénètre profond dans les strates de l’inconscient
dès lors que l’ombre personnelle et familiale commence à passer à la conscience,
plus on constate que le rêve possède une fonction compensatrice qui va,
au fil des ans, après l’analyse, apparaître
comme un véritable organe d’équilibrage de la personne tout entière.
.
ou encore non différenciées de la personnalité sous l’expression d’analyse de l’Ombre,
va particulièrement s’intéresser à la fonction compensatrice des rêves
et plus encore à leur fonction créatrice de valeur et de sens
qu’il juge profondément thérapeutique.
En effet, plus on pénètre profond dans les strates de l’inconscient
dès lors que l’ombre personnelle et familiale commence à passer à la conscience,
plus on constate que le rêve possède une fonction compensatrice qui va,
au fil des ans, après l’analyse, apparaître
comme un véritable organe d’équilibrage de la personne tout entière.
.
Il existe dans l’âme un curseur qui toujours nous ramène vers le centre
lorsque nous perdons la mesure,
aussi bien sur le plan du corps que sur le plan de l’esprit,
aussi bien dans le domaine des relations que dans celui de la vie intérieure.
Ces rêves compensateurs peuvent être des compagnons nocturnes
qui assurent le rééquilibrage quotidien,
comme ils peuvent inspirer des changements essentiels
dans l’orientation d’un plus long cycle de vie.
lorsque nous perdons la mesure,
aussi bien sur le plan du corps que sur le plan de l’esprit,
aussi bien dans le domaine des relations que dans celui de la vie intérieure.
Ces rêves compensateurs peuvent être des compagnons nocturnes
qui assurent le rééquilibrage quotidien,
comme ils peuvent inspirer des changements essentiels
dans l’orientation d’un plus long cycle de vie.
Une femme, par exemple, lorsqu’elle se décentre
soit dans une activité créatrice trop prolongée,
soit, au contraire, dans une période d’extraversion excessive,
rêve régulièrement qu’un chat lui apparaît.
S’est-elle trop immergée dans le bain de ses relations amicales
qu’elle le voit plongé jusqu’au cou dans une bassine d’eau
où il miaule plaintivement.
A-t-elle, en revanche, abusé de l’introversion et du repli intérieur
que ce même chat réapparaît le poil terne et l’air malade
emprisonné dans une cage.
Pour cette femme de type intuitif,
soit dans une activité créatrice trop prolongée,
soit, au contraire, dans une période d’extraversion excessive,
rêve régulièrement qu’un chat lui apparaît.
S’est-elle trop immergée dans le bain de ses relations amicales
qu’elle le voit plongé jusqu’au cou dans une bassine d’eau
où il miaule plaintivement.
A-t-elle, en revanche, abusé de l’introversion et du repli intérieur
que ce même chat réapparaît le poil terne et l’air malade
emprisonné dans une cage.
Pour cette femme de type intuitif,
l’aspect compensateur de sa psyché se
présente
sous la forme d’un symbole de l’instinct ;
cette fonction « animale » du réel et de la sensorialité juste
qui est précisément ce que les intuitifs ont du mal à équilibrer en eux,
balançant fréquemment entre le tout ou rien
dans la conduite de leur vie sur le plan concret.
Mais le chat est aussi, bien sûr,
un symbole de la féminité au sens le plus large.
sous la forme d’un symbole de l’instinct ;
cette fonction « animale » du réel et de la sensorialité juste
qui est précisément ce que les intuitifs ont du mal à équilibrer en eux,
balançant fréquemment entre le tout ou rien
dans la conduite de leur vie sur le plan concret.
Mais le chat est aussi, bien sûr,
un symbole de la féminité au sens le plus large.
Cette image prise dans son sens archétypique emboîte ensemble
notamment la spécificité sexuelle de la femme, plus affective et plus complexe
que la sexualité masculine, son indépendance instinctive et sa souplesse
face aux systèmes trop codifiés, aux théories trop dogmatiques
et aux vérités trop schématiques de la culture en place ;
et aussi sa spécificité spirituelle qui, plus nuancée et plus teintée de sentiment
que la spiritualité masculine, a toujours été associée
avec la faculté médiatrice de lier les opposés entre eux.
Là où le logos masculin différencie
en opposant les pôles qui constituent la réalité,
la spiritualité féminine au contraire (ainsi que celle de l’anima)
va permettre de conjoindre ces polarités
grâce à la création d’ensembles symboliques.
notamment la spécificité sexuelle de la femme, plus affective et plus complexe
que la sexualité masculine, son indépendance instinctive et sa souplesse
face aux systèmes trop codifiés, aux théories trop dogmatiques
et aux vérités trop schématiques de la culture en place ;
et aussi sa spécificité spirituelle qui, plus nuancée et plus teintée de sentiment
que la spiritualité masculine, a toujours été associée
avec la faculté médiatrice de lier les opposés entre eux.
Là où le logos masculin différencie
en opposant les pôles qui constituent la réalité,
la spiritualité féminine au contraire (ainsi que celle de l’anima)
va permettre de conjoindre ces polarités
grâce à la création d’ensembles symboliques.
Pensons, par exemple, à l’image du yin-yang chinois,
représentation dynamique de l’univers qui, dans sa phase obscure,
conserve toujours un point lumineux, et, dans sa phase lumineuse,
toujours un point obscur qui s’apprête nécessairement à se développer,
amenant avec lui une nouvelle saison de l’histoire ou de la personnalité.
représentation dynamique de l’univers qui, dans sa phase obscure,
conserve toujours un point lumineux, et, dans sa phase lumineuse,
toujours un point obscur qui s’apprête nécessairement à se développer,
amenant avec lui une nouvelle saison de l’histoire ou de la personnalité.
C’est cette complexité, cette flexibilité, cette qualité médiatrice
que le symbole du chat vient rappeler à la rêveuse lorsqu’elle cède,
en somme, à un comportement unilatéral
dicté par un animus quelque peu simpliste.
que le symbole du chat vient rappeler à la rêveuse lorsqu’elle cède,
en somme, à un comportement unilatéral
dicté par un animus quelque peu simpliste.
Un rêve plus profond sur ce même thème va mettre en scène la façon
dont, justement, le plan du corps et des instincts,
celui de la vie psychique et celui du Soi féminin,
s’étagent sans s’opposer
dans une conception symbolique de l’existence.
Après toute une série de rêves de félins qui, à chaque fois,
pointaient un déséquilibre dans le point de vue conscient de cette femme,
elle rêve cette fois de trois chattes de gouttière.
Ces trois chattes apparemment banales, lui dit-on dans le rêve,
sont les filles de la déesse chatte égyptienne, la reine Bastet.
Et la reine Bastet elle-même, est la fille-servante de la grande déesse Isis
qui protège les rythmes de la nature tout entière.
dont, justement, le plan du corps et des instincts,
celui de la vie psychique et celui du Soi féminin,
s’étagent sans s’opposer
dans une conception symbolique de l’existence.
Après toute une série de rêves de félins qui, à chaque fois,
pointaient un déséquilibre dans le point de vue conscient de cette femme,
elle rêve cette fois de trois chattes de gouttière.
Ces trois chattes apparemment banales, lui dit-on dans le rêve,
sont les filles de la déesse chatte égyptienne, la reine Bastet.
Et la reine Bastet elle-même, est la fille-servante de la grande déesse Isis
qui protège les rythmes de la nature tout entière.
J’ai trouvé que ce beau rêve émouvant présentait
une solution pleine de sagesse à la fracture constamment présente
dans la culture patriarcale entre le corps, l’âme et l’esprit,
entre les instincts, le cœur et les facultés intellectuelles ;
entre le corps du monde identifié au féminin « inférieur »
et les différentes sociétés humaines qui, identifiées à un phallus prométhéen,
exploitent avidement la nature au lieu de la cultiver avec révérence et mesure.
une solution pleine de sagesse à la fracture constamment présente
dans la culture patriarcale entre le corps, l’âme et l’esprit,
entre les instincts, le cœur et les facultés intellectuelles ;
entre le corps du monde identifié au féminin « inférieur »
et les différentes sociétés humaines qui, identifiées à un phallus prométhéen,
exploitent avidement la nature au lieu de la cultiver avec révérence et mesure.
La terre lumineuse
Dans la partie clinique de ce texte, je vais maintenant donner un exemple
de la façon suivie et nuancée dont cette fonction d'orientation de la psyché
pousse sans relâche la personnalité consciente
vers plus de différenciation, de créativité et de centration,
de recentrage sur son orient, justement
.
À ce troisième niveau de profondeur, on fait l’expérience
de la fonction religieuse, numineuse du rêve.
Jung pensait que ce contact avec la dimension sacrée de la réalité psychique,
au-delà de toute croyance en une religion particulière,
constituait le véritable facteur thérapeutique.
« (...) ce qui m’intéresse avant tout dans mon travail, dit-il,
n’est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux. (...)
l’accès au numineux est la seule véritable thérapie (...),
pour autant que l’on atteigne les expériences numineuses
on est délivré de la malédiction que représente la maladie.
La maladie elle-même revêt alors un caractère numineux »
de la fonction religieuse, numineuse du rêve.
Jung pensait que ce contact avec la dimension sacrée de la réalité psychique,
au-delà de toute croyance en une religion particulière,
constituait le véritable facteur thérapeutique.
« (...) ce qui m’intéresse avant tout dans mon travail, dit-il,
n’est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux. (...)
l’accès au numineux est la seule véritable thérapie (...),
pour autant que l’on atteigne les expériences numineuses
on est délivré de la malédiction que représente la maladie.
La maladie elle-même revêt alors un caractère numineux »
Ce sont ces expériences originelles de la psyché,
avec l’émotion profonde et durable qui les accompagne, qui, très souvent,
permettent à l’analysant de retrouver un sens à sa vie,
en même temps qu’une possibilité de mettre ce sens en images
dans un langage qui est celui de sa personnalité profonde, ignorée jusque-là.
avec l’émotion profonde et durable qui les accompagne, qui, très souvent,
permettent à l’analysant de retrouver un sens à sa vie,
en même temps qu’une possibilité de mettre ce sens en images
dans un langage qui est celui de sa personnalité profonde, ignorée jusque-là.
Il s’agit d’un rêve de début d’analyse.
C’est le rêve d’un homme abordant la quarantaine et donc,
dans ce moment archétypique du milieu de la vie,
qui enclenche parfois le début
de la rencontre consciente avec l’anima et l’animus.
Ce processus, cette érotique, progressivement va amener
à la constitution du couple intérieur
et à la perception – Empfindung, dit Jung –,
la sensation du Soi.
Cette perception va être une expérience
de l’axe moi-Soi tout à fait différente
de la connaissance qui s’en tient
à la compréhension intellectuelle ou à la saisie intuitive,
ou encore à la projection amoureuse,
lorsque le Soi est encore confondu avec un partenaire extérieur
dans la relation transférentielle ou dans la vie.
C’est le rêve d’un homme abordant la quarantaine et donc,
dans ce moment archétypique du milieu de la vie,
qui enclenche parfois le début
de la rencontre consciente avec l’anima et l’animus.
Ce processus, cette érotique, progressivement va amener
à la constitution du couple intérieur
et à la perception – Empfindung, dit Jung –,
la sensation du Soi.
Cette perception va être une expérience
de l’axe moi-Soi tout à fait différente
de la connaissance qui s’en tient
à la compréhension intellectuelle ou à la saisie intuitive,
ou encore à la projection amoureuse,
lorsque le Soi est encore confondu avec un partenaire extérieur
dans la relation transférentielle ou dans la vie.
Le rêve de cet homme fait partie de ce qu’on appelle les rêves initiaux.
Rêves de début d’analyse ou de début d’une nouvelle phase
qui anticipent de beaucoup, de plusieurs années,
la réalisation dans la conscience et dans la vie
de ce qu’ils annoncent, de ce qu’ils mettent en scène.
On attache beaucoup d’importance à ces rêves initiaux
parce qu’ils indiquent souvent une voie, un sens.
Alors que l’analysant, le rêveur, est en train de se débattre
Rêves de début d’analyse ou de début d’une nouvelle phase
qui anticipent de beaucoup, de plusieurs années,
la réalisation dans la conscience et dans la vie
de ce qu’ils annoncent, de ce qu’ils mettent en scène.
On attache beaucoup d’importance à ces rêves initiaux
parce qu’ils indiquent souvent une voie, un sens.
Alors que l’analysant, le rêveur, est en train de se débattre
dans la
douleur
avec ses symptômes, ses conflits, ses pannes d’énergie,
ces rêves dévoilent un peu du paysage au-delà du tournant.
Ils sont l’expression de la capacité divinatoire de l’âme en nous.
Et, dans leur langage poétique et imagé,
ils me semblent émaner plus particulièrement
du versant féminin du Soi.
ces rêves dévoilent un peu du paysage au-delà du tournant.
Ils sont l’expression de la capacité divinatoire de l’âme en nous.
Et, dans leur langage poétique et imagé,
ils me semblent émaner plus particulièrement
du versant féminin du Soi.
Il s’agit d’un homme de 38 ans, Antoine, qui est à ce moment-là,
après six mois d’analyse, en plein conflit émotionnel.
Il est brillant et réussit facilement dans son métier.
Mais sa relation avec la femme plutôt maternelle qu’il a épousée
s’est vidée de son sentiment amoureux.
Il lui est très attaché, dit-il, comme à leurs deux enfants,
mais il n’éprouve plus aucun désir pour elle.
En revanche, il se plaint d’être littéralement harcelé
par ses propres pulsions sexuelles.
Hormis sa femme, il désire toutes les femmes ;
surtout les inconnues, les jolies passantes dans la rue, dans le métro,
les étudiantes à la terrasse des cafés,
les élégantes qui font du lèche-vitrines, toutes.
Mais cela reste du fantasme, tout ce jeu amoureux,
parce qu’il est bien trop timide, dit-il, pour en aborder une seule.
Au fil des séances, il découvre combien une trop bonne éducation
l’a coupé de ses instincts vitaux.
Il a plutôt peur de son corps et peur de sa sexualité,
cette force bourbeuse et volcanique qu’il ne contrôle pas.
Et, bien sûr, il est encore beaucoup trop lié avec sa mère,
une mère directrice de société qui lui a confié qu’elle n’avait eu
que trois ans de vie conjugale avec son mari,
le temps de les avoir lui et son frère aîné, puis de divorcer aussitôt.
après six mois d’analyse, en plein conflit émotionnel.
Il est brillant et réussit facilement dans son métier.
Mais sa relation avec la femme plutôt maternelle qu’il a épousée
s’est vidée de son sentiment amoureux.
Il lui est très attaché, dit-il, comme à leurs deux enfants,
mais il n’éprouve plus aucun désir pour elle.
En revanche, il se plaint d’être littéralement harcelé
par ses propres pulsions sexuelles.
Hormis sa femme, il désire toutes les femmes ;
surtout les inconnues, les jolies passantes dans la rue, dans le métro,
les étudiantes à la terrasse des cafés,
les élégantes qui font du lèche-vitrines, toutes.
Mais cela reste du fantasme, tout ce jeu amoureux,
parce qu’il est bien trop timide, dit-il, pour en aborder une seule.
Au fil des séances, il découvre combien une trop bonne éducation
l’a coupé de ses instincts vitaux.
Il a plutôt peur de son corps et peur de sa sexualité,
cette force bourbeuse et volcanique qu’il ne contrôle pas.
Et, bien sûr, il est encore beaucoup trop lié avec sa mère,
une mère directrice de société qui lui a confié qu’elle n’avait eu
que trois ans de vie conjugale avec son mari,
le temps de les avoir lui et son frère aîné, puis de divorcer aussitôt.
Je dis à une amie proche que j’ai écrit une conférence.
Je dois la prononcer dans un endroit prestigieux,
genre Collège de France ou Assemblée nationale.
Le titre, c’est : « La liberté de la mort. »
Je dois la prononcer dans un endroit prestigieux,
genre Collège de France ou Assemblée nationale.
Le titre, c’est : « La liberté de la mort. »
Elle fait la grimace : « Oh là là ! » dit-elle d’un air dégoûté.
Mais je lui explique que ce n’est pas ce qu’elle croit,
parce que le « a » est accolé, en fait, au mot « mort ».
En réalité, ça donne « la liberté de l’amor », de l’amour.
Mais je lui explique que ce n’est pas ce qu’elle croit,
parce que le « a » est accolé, en fait, au mot « mort ».
En réalité, ça donne « la liberté de l’amor », de l’amour.
Ensuite, je suis dans le Sud, au pied des
Pyrénées, près de Saint-Jean-de-Luz.
Les montagnes vertes et arrondies baignent dans une magnifique lumière bleue.
Les montagnes vertes et arrondies baignent dans une magnifique lumière bleue.
Le sol rayonne lui aussi d’une curieuse lumière.
Sous la croûte de terre, les rochers ont l’air en diamant.
Je me tiens au seuil d’une maison,
à l’entrée d’un vieux village adossé à la montagne,
avec un groupe d’amis.
Sous la croûte de terre, les rochers ont l’air en diamant.
Je me tiens au seuil d’une maison,
à l’entrée d’un vieux village adossé à la montagne,
avec un groupe d’amis.
Une voix me demande : « Qu’est-ce que la chambre somptueuse ? »
C’est une énigme à laquelle je dois répondre.
C’est très important et je me dis que c’est une question
en relation avec l’alchimie.
C’est une énigme à laquelle je dois répondre.
C’est très important et je me dis que c’est une question
en relation avec l’alchimie.
Je m’entends répondre :
« La chambre somptueuse suppose le sexe
car l’ennui est le non-sexe »
(l’ennui, pour lui, c’était le sentiment
dans lequel on se sent par excellence dévitalisé, la dépression).
C’est la bonne réponse et je sais alors que la chambre somptueuse
est une pièce vide rayonnant d’une lumière rouge.
« La chambre somptueuse suppose le sexe
car l’ennui est le non-sexe »
(l’ennui, pour lui, c’était le sentiment
dans lequel on se sent par excellence dévitalisé, la dépression).
C’est la bonne réponse et je sais alors que la chambre somptueuse
est une pièce vide rayonnant d’une lumière rouge.
Le rêve se termine sur une image de vallon encaissé.
C’est l’oasis de Petra.
Là encore, une très belle lumière.
On me montre qu’un temple s’y construit.
Pour le moment je ne peux pas le voir de face.
L’image est en arrière-plan, de profil.
C’est l’oasis de Petra.
Là encore, une très belle lumière.
On me montre qu’un temple s’y construit.
Pour le moment je ne peux pas le voir de face.
L’image est en arrière-plan, de profil.
Dans ce rêve, tous les détails sont signifiants et, qui plus est,
reliés par une très grande cohérence symbolique.
Antoine avait rêvé quelque temps auparavant
qu’il vivait perché dans un ermitage céleste dont il essayait de descendre peu à peu,
de roche en roche, pour rejoindre la terre, malgré un vertige épouvantable.
reliés par une très grande cohérence symbolique.
Antoine avait rêvé quelque temps auparavant
qu’il vivait perché dans un ermitage céleste dont il essayait de descendre peu à peu,
de roche en roche, pour rejoindre la terre, malgré un vertige épouvantable.
Ce rêve de terre lumineuse, de rochers rayonnants, de montagnes
émeraude,
d’oasis au nom de pierre, Petra, où se construit un temple,
compense la position trop élevée, céleste d’Antoine,
l’attitude trop intellectuelle, cérébrale, par laquelle il se défend du contact
avec le sol de ses instincts qu’il juge si sévèrement.
Il se défend aussi de sa part féminine,
de son émotivité et de sa sensibilité très forte –
de la Terre-Mère, qu’à l’image de sa puissante mère
il conçoit comme une force avaleuse, envahissante, castratrice.
C’est pourquoi il vivait jusque-là tout là-haut perché dans son ermitage
où il lisait beaucoup de belle littérature et de philosophie, exaltant un féminin idéal,
mais il se sentait verdir de peur à l’idée même
de descendre vers le féminin dans ses propres racines.
d’oasis au nom de pierre, Petra, où se construit un temple,
compense la position trop élevée, céleste d’Antoine,
l’attitude trop intellectuelle, cérébrale, par laquelle il se défend du contact
avec le sol de ses instincts qu’il juge si sévèrement.
Il se défend aussi de sa part féminine,
de son émotivité et de sa sensibilité très forte –
de la Terre-Mère, qu’à l’image de sa puissante mère
il conçoit comme une force avaleuse, envahissante, castratrice.
C’est pourquoi il vivait jusque-là tout là-haut perché dans son ermitage
où il lisait beaucoup de belle littérature et de philosophie, exaltant un féminin idéal,
mais il se sentait verdir de peur à l’idée même
de descendre vers le féminin dans ses propres racines.
Ce qui m’a frappée dans ce rêve qui réunit un certain nombre de symboles
du Soi :
la terre lumineuse, la chambre somptueuse, le temple dans le vallon,
la lumière rouge de la chambre vide, etc.,
c’est que ces images, ces symboles parlent tous
d’un Soi au féminin.
Jung, dans La dialectique du Moi et de l’inconscient (1933)
mais aussi à la fin de sa vie dans Aïon (1951),
a développé l’idée que le processus d’individuation amène l’homme
à rencontrer l’ombre et l’inconscient personnel,
puis les images et la problématique
liées à son versant féminin et à l’archétype de l’anima.
Puis, encore des figures et des structures relevant de l’archétype du Soi
– des structures mandaliques, par exemple –, des symboles de centre :
l’enfant divin, la pierre précieuse, la lumière dans un centre vide notamment.
Toutefois, il souligne qu’en fin de compte le Soi va apparaître
et être ressenti sous une forme masculine pour un homme
et féminine pour une femme.
la terre lumineuse, la chambre somptueuse, le temple dans le vallon,
la lumière rouge de la chambre vide, etc.,
c’est que ces images, ces symboles parlent tous
d’un Soi au féminin.
Jung, dans La dialectique du Moi et de l’inconscient (1933)
mais aussi à la fin de sa vie dans Aïon (1951),
a développé l’idée que le processus d’individuation amène l’homme
à rencontrer l’ombre et l’inconscient personnel,
puis les images et la problématique
liées à son versant féminin et à l’archétype de l’anima.
Puis, encore des figures et des structures relevant de l’archétype du Soi
– des structures mandaliques, par exemple –, des symboles de centre :
l’enfant divin, la pierre précieuse, la lumière dans un centre vide notamment.
Toutefois, il souligne qu’en fin de compte le Soi va apparaître
et être ressenti sous une forme masculine pour un homme
et féminine pour une femme.
Cependant les figures du Soi, notamment les mandalas,
se présentent souvent dès le début de l’analyse
où elles jouent alors un rôle de centration et d’apaisement
de l’angoisse de morcellement,
comme ici dans une tonalité visiblement maternelle.
se présentent souvent dès le début de l’analyse
où elles jouent alors un rôle de centration et d’apaisement
de l’angoisse de morcellement,
comme ici dans une tonalité visiblement maternelle.
Dans ce rêve, l’accentuation sur le versant féminin,
vivant et lumineux du centre est particulièrement frappante
parce que ce premier rêve archétypique compense avec force
l’état de dépression dans lequel se trouve Antoine.
Le premier titre de la conférence qu’il doit prononcer, c’est, en effet :
« La liberté de la mort. »
Cette dépression, à l’époque, n’est qu’à demi consciente pour lui,
car, au fil des mois, en remontant dans l’histoire de sa famille,
nous découvrons que, côté paternel comme côté maternel,
les hommes depuis des générations ont tendance
à vivre à l’ombre de leurs femmes
et à en devenir les fils plutôt que les réels compagnons.
Aussi, tout naturellement, Antoine a grandi et s’est développé
dans la structure psychique du puer aeternus.
Le jeune homme éternel fait montre en apparence d’une grande vitalité.
Il étend des ailes brillantes et vole avec facilité
dans toutes les sphères de la culture et de l’esprit
où il déploie de multiples et réels talents.
Mais, en contrepartie de ses dons pour les hauteurs,
vivant et lumineux du centre est particulièrement frappante
parce que ce premier rêve archétypique compense avec force
l’état de dépression dans lequel se trouve Antoine.
Le premier titre de la conférence qu’il doit prononcer, c’est, en effet :
« La liberté de la mort. »
Cette dépression, à l’époque, n’est qu’à demi consciente pour lui,
car, au fil des mois, en remontant dans l’histoire de sa famille,
nous découvrons que, côté paternel comme côté maternel,
les hommes depuis des générations ont tendance
à vivre à l’ombre de leurs femmes
et à en devenir les fils plutôt que les réels compagnons.
Aussi, tout naturellement, Antoine a grandi et s’est développé
dans la structure psychique du puer aeternus.
Le jeune homme éternel fait montre en apparence d’une grande vitalité.
Il étend des ailes brillantes et vole avec facilité
dans toutes les sphères de la culture et de l’esprit
où il déploie de multiples et réels talents.
Mais, en contrepartie de ses dons pour les hauteurs,
le monde de la
Terre-Mère et de l’enracinement
dans les limitations de la vie adulte lui répugne violemment ;
c’est là qu’il rencontrerait le sentiment dépressif qu’il évite
tant qu’il s’élance en direction des cimes.
Aussi, bien souvent, la vie du puer passe-t-elle par une crise profonde
aux abords de l’âge mûr, voire par un risque de maladie ou d’accident grave
s’il persiste dans son ivresse des hauteurs
Cette exigence de liberté qui devient alors aussi parfois, effectivement,
la « liberté de la mort », comme le dit si bien le rêve.
dans les limitations de la vie adulte lui répugne violemment ;
c’est là qu’il rencontrerait le sentiment dépressif qu’il évite
tant qu’il s’élance en direction des cimes.
Aussi, bien souvent, la vie du puer passe-t-elle par une crise profonde
aux abords de l’âge mûr, voire par un risque de maladie ou d’accident grave
s’il persiste dans son ivresse des hauteurs
Cette exigence de liberté qui devient alors aussi parfois, effectivement,
la « liberté de la mort », comme le dit si bien le rêve.
Mais non, se reprend Antoine, devant la grimace de sa jeune anima.
Ce dont il veut parler, c’est, en fait, « la liberté de l’amor », de l’amour.
Et cela, me semble-t-il, donne la clef du rêve tout entier.
Car si la Terre-Mère lui apparaît ainsi lumineuse et divine,
tout imprégnée par la numinosité du sens,
c’est parce que ce premier rêve archétypique
est aussi un premier rêve de transfert
à partir duquel toute la dimension de sentiment d’Antoine
va pouvoir renouer avec les énergies positives de l’archétype maternel
– ces énergies de l’instinct et de la vie que sa mère, trop occupée professionnellement,
n’avait pu lui communiquer dans ses premières années.
Ce dont il veut parler, c’est, en fait, « la liberté de l’amor », de l’amour.
Et cela, me semble-t-il, donne la clef du rêve tout entier.
Car si la Terre-Mère lui apparaît ainsi lumineuse et divine,
tout imprégnée par la numinosité du sens,
c’est parce que ce premier rêve archétypique
est aussi un premier rêve de transfert
à partir duquel toute la dimension de sentiment d’Antoine
va pouvoir renouer avec les énergies positives de l’archétype maternel
– ces énergies de l’instinct et de la vie que sa mère, trop occupée professionnellement,
n’avait pu lui communiquer dans ses premières années.
Un autre détail du rêve met l’accent discrètement sur cette dimension
transférentielle.
Une voix lui pose une énigme : « Qu’est-ce que la chambre somptueuse ? »
Et Antoine se dit que c’est une question en relation avec l’alchimie.
Or l’alchimie, jusque-là, il ne s’y intéressait guère.
Sa formation philosophique et scientifique l’avait plutôt tourné
vers les avancées récentes des sciences dites « dures ».
Il avait un peu feuilleté Jung, mais plutôt pour s’en détourner rapidement.

Ce terme d’« alchimie », ai-je pensé par la suite
ne s’était-il pas glissé dans son rêve
en raison de l’état quasi fusionnel de nos inconscients
dans ces premiers moments de la relation transférentielle ?
Une voix lui pose une énigme : « Qu’est-ce que la chambre somptueuse ? »
Et Antoine se dit que c’est une question en relation avec l’alchimie.
Or l’alchimie, jusque-là, il ne s’y intéressait guère.
Sa formation philosophique et scientifique l’avait plutôt tourné
vers les avancées récentes des sciences dites « dures ».
Il avait un peu feuilleté Jung, mais plutôt pour s’en détourner rapidement.

Ce terme d’« alchimie », ai-je pensé par la suite
ne s’était-il pas glissé dans son rêve
en raison de l’état quasi fusionnel de nos inconscients
dans ces premiers moments de la relation transférentielle ?
Dans ce début d’analyse, nous étions ensemble plongés
dans ce « bain de commune inconscience » que Jung illustre
par la première figure du Rosarium, la fontaine mercurielle
qui représente la cornue, le vase, l’utérus
dans lequel tout le processus de transformation va se dérouler.
dans ce « bain de commune inconscience » que Jung illustre
par la première figure du Rosarium, la fontaine mercurielle
qui représente la cornue, le vase, l’utérus
dans lequel tout le processus de transformation va se dérouler.
Et dans cet état initial de mélange des substances,
l’inconscient de l’analyste et celui de l’analysant
se mélangent justement à leur insu.
Aussi, à ce stade, il n’est pas rare que dans un rêve ou une association
apparaisse un élément lié à la vie ou à la personnalité de l’autre protagoniste.
Ce phénomène disparaît généralement dès que la personnalité de l’analysant
s’enrichit de façon consciente des contenus qui sont d’abord projetés dans le transfert.
l’inconscient de l’analyste et celui de l’analysant
se mélangent justement à leur insu.
Aussi, à ce stade, il n’est pas rare que dans un rêve ou une association
apparaisse un élément lié à la vie ou à la personnalité de l’autre protagoniste.
Ce phénomène disparaît généralement dès que la personnalité de l’analysant
s’enrichit de façon consciente des contenus qui sont d’abord projetés dans le transfert.
Je passe volontairement sur les associations personnelles autour de ce
rêve
pour respecter le secret analytique ;
mon propos ici est seulement de montrer que l’émergence d’un rêve numineux
peut être une expérience profonde de vie et de sens
que, bien sûr, seule la thérapie dans son ensemble
va pouvoir inscrire dans une transformation durable,
à partir de l’analyse minutieuse des aspects archaïques
et aussi du quotidien de l’analysant.
pour respecter le secret analytique ;
mon propos ici est seulement de montrer que l’émergence d’un rêve numineux
peut être une expérience profonde de vie et de sens
que, bien sûr, seule la thérapie dans son ensemble
va pouvoir inscrire dans une transformation durable,
à partir de l’analyse minutieuse des aspects archaïques
et aussi du quotidien de l’analysant.
Sur un plan plus général,
un point m’a particulièrement intéressée dans ce rêve.
C’est le thème de la lumière du féminin, un féminin qui se présente ici
comme encore indifférencié entre les valeurs de la Grande Mère
et celles à venir de l’anima de l’âge adulte.
La lumière baigne la montagne verte et arrondie.
Sous la terre, les rochers étincellent.
La chambre rouge luit comme une escarboucle.
Et dans l’oasis où se construit le temple,
là encore c’est dans un paysage baigné de lumière.
Il semble que la matière soit devenue transparente à son propre rayonnement central
et non pas seulement qu’elle le reçoive du ciel.
L’esprit, la lumière, apparaît issu directement de la nature incarnée, manifestée,
dans sa relation au corps et à l’existence, et non pas comme esprit immatériel,
logos masculin en dialogue avec l’éros féminin,
comme le pose Jung jusqu’à la fin de son œuvre.
un point m’a particulièrement intéressée dans ce rêve.
C’est le thème de la lumière du féminin, un féminin qui se présente ici
comme encore indifférencié entre les valeurs de la Grande Mère
et celles à venir de l’anima de l’âge adulte.
La lumière baigne la montagne verte et arrondie.
Sous la terre, les rochers étincellent.
La chambre rouge luit comme une escarboucle.
Et dans l’oasis où se construit le temple,
là encore c’est dans un paysage baigné de lumière.
Il semble que la matière soit devenue transparente à son propre rayonnement central
et non pas seulement qu’elle le reçoive du ciel.
L’esprit, la lumière, apparaît issu directement de la nature incarnée, manifestée,
dans sa relation au corps et à l’existence, et non pas comme esprit immatériel,
logos masculin en dialogue avec l’éros féminin,
comme le pose Jung jusqu’à la fin de son œuvre.
En effet, Jung pense que la qualité médiatrice de la féminité
et les valeurs liantes et reliantes du versant féminin du Soi
se traduisent dans la psyché par des mythes
et des symboles nocturnes, chtoniens et lunaires.
et les valeurs liantes et reliantes du versant féminin du Soi
se traduisent dans la psyché par des mythes
et des symboles nocturnes, chtoniens et lunaires.
Dans le dernier volume de son œuvre, Mysterium Conjunctionis,
il reprend les symboles de la lune et du soleil
et expose que la conscience féminine qui, brumeuse, irisée et chatoyante,
médiatise si bien les opposés, est aussi, à l’instar de la faible clarté lunaire,
affligée d’un certain manque de discrimination
et de précision dans son entendement.
il reprend les symboles de la lune et du soleil
et expose que la conscience féminine qui, brumeuse, irisée et chatoyante,
médiatise si bien les opposés, est aussi, à l’instar de la faible clarté lunaire,
affligée d’un certain manque de discrimination
et de précision dans son entendement.
Personnellement, comme beaucoup de femmes aujourd’hui,
je n’ai jamais pu m’identifier uniquement à la lune.
Les valeurs de la lune me parlent aussi à travers l’animus et le masculin,
et non comme un modèle exclusif d’identification pour ma conscience féminine.
Déjà chez Homère, Aphrodite, l’autre grande déesse généralement associée à la femme,
est appelée l’Aphrodite d’or.
Sa chevelure éclatante est rousse, et son caractère impétueux, sensuel et audacieux
évoque plutôt la généreuse énergie des forces du jour
que la calme intensité de la terre sous le clair de lune
je n’ai jamais pu m’identifier uniquement à la lune.
Les valeurs de la lune me parlent aussi à travers l’animus et le masculin,
et non comme un modèle exclusif d’identification pour ma conscience féminine.
Déjà chez Homère, Aphrodite, l’autre grande déesse généralement associée à la femme,
est appelée l’Aphrodite d’or.
Sa chevelure éclatante est rousse, et son caractère impétueux, sensuel et audacieux
évoque plutôt la généreuse énergie des forces du jour
que la calme intensité de la terre sous le clair de lune
Du côté des mythologies celtes, il n’y a aucune ambiguïté
la grande majorité des déesses, des fées et des reines
qui peuplent ces légendes sont blondes, lumineuses et passionnées,
comme par exemple dans l’ensemble du roman du Graal
ou dans celui de Tristan et Iseut.
En fait, les héroïnes celtes dans leurs aventures guerrières
pécheraient plutôt par excès de vitalité que par un manque de clarté
dû à la délicatesse de leur rayonnement.
la grande majorité des déesses, des fées et des reines
qui peuplent ces légendes sont blondes, lumineuses et passionnées,
comme par exemple dans l’ensemble du roman du Graal
ou dans celui de Tristan et Iseut.
En fait, les héroïnes celtes dans leurs aventures guerrières
pécheraient plutôt par excès de vitalité que par un manque de clarté
dû à la délicatesse de leur rayonnement.
Jung, qui appartenait au signe astrologique du Lion,
possédait une personnalité masculine dotée à l’évidence
d’un charisme actif et chaleureux.
Aussi, me semble-t-il, c’est sa propre anima
dans sa face mystérieuse et dangereuse d’enchanteresse de la nuit
qu’il a bien souvent projetée sur les femmes de son entourage
et sur les figures symboliques mythiques qui l’inspiraient :
exemple, la mère chtonienne Démeter ou la Mélusine
avec son cortège de nymphes des eaux et de sirènes,
séductrices des chevaliers nordiques
égarés dans les brouillards lacustres.
possédait une personnalité masculine dotée à l’évidence
d’un charisme actif et chaleureux.
Aussi, me semble-t-il, c’est sa propre anima
dans sa face mystérieuse et dangereuse d’enchanteresse de la nuit
qu’il a bien souvent projetée sur les femmes de son entourage
et sur les figures symboliques mythiques qui l’inspiraient :
exemple, la mère chtonienne Démeter ou la Mélusine
avec son cortège de nymphes des eaux et de sirènes,
séductrices des chevaliers nordiques
égarés dans les brouillards lacustres.
Lumières de la nature
Dans le songe d’Antoine, cette lumière du féminin
n’est jamais dissociée de la matière,
donc de l’expérience vitale de l’incarnation,
comme la culture judéo-chrétienne le conçoit encore si souvent.
La « chambre somptueuse » elle-même,
centre vide que l’on trouve si souvent
comme image mandalique du Soi,
rayonne d’une lumière rouge,
symbole du sang, de la sexualité et de la vie.
n’est jamais dissociée de la matière,
donc de l’expérience vitale de l’incarnation,
comme la culture judéo-chrétienne le conçoit encore si souvent.
La « chambre somptueuse » elle-même,
centre vide que l’on trouve si souvent
comme image mandalique du Soi,
rayonne d’une lumière rouge,
symbole du sang, de la sexualité et de la vie.
Et, souligne la voix : « La chambre somptueuse suppose le sexe. »
Autrement dit, il n’y a pas de perception du Soi, pas d’expérience du sacré
sans engagement dans les limites de l’existence,
car c’est alors que la sexualité et les pulsions encore autonomes ou excessives
mûrissent en se reliant au centre qui les mesure.
Autrement dit, il n’y a pas de perception du Soi, pas d’expérience du sacré
sans engagement dans les limites de l’existence,
car c’est alors que la sexualité et les pulsions encore autonomes ou excessives
mûrissent en se reliant au centre qui les mesure.
Alors, cet esprit trop aigu et ces idéaux trop élevés
qui sont le propre du jeune homme ou de la jeune fille éternels,
en descendant dans une mise en corps peuvent se revitaliser, virer au rouge
et réveiller le goût de la joie de vivre,
ce qui est justement ce que le puer ou la puella ignorent
tant qu’ils refusent de prendre racine.
Dernier point : dans le rêve, la substance précieuse à fleur de sol,
la montagne arrondie, l’oasis au nom de pierre alchimique, Petra,
qui abrite le temple en construction et la lumière du ciel elle-même,
sont tous des symboles d’équilibre
entre le haut et le bas, le lumineux et l’ombre.
Ce ne sont pas là des images de la nature sauvage dont on rêve parfois
comme versant grandiose et fascinant de la Grande Mère,
celle qui tue son fils-amant trop épris.
la montagne arrondie, l’oasis au nom de pierre alchimique, Petra,
qui abrite le temple en construction et la lumière du ciel elle-même,
sont tous des symboles d’équilibre
entre le haut et le bas, le lumineux et l’ombre.
Ce ne sont pas là des images de la nature sauvage dont on rêve parfois
comme versant grandiose et fascinant de la Grande Mère,
celle qui tue son fils-amant trop épris.
Au-delà de la problématique personnelle du rêveur,
tous ces symboles qui relient la lumière et la matière
pour que le temple, la Pierre, se construise, évoquent donc
un développement psychique via le féminin ;
une constellation du Soi, une imago dei, peut être propre à notre temps
que Jung, le premier, a envisagé comme la solution à la division croissante
qui règne dans la culture occidentale
entre la puissance technique dont elle dispose
et la faiblesse de son développement sur le plan du sentiment éthique
.
tous ces symboles qui relient la lumière et la matière
pour que le temple, la Pierre, se construise, évoquent donc
un développement psychique via le féminin ;
une constellation du Soi, une imago dei, peut être propre à notre temps
que Jung, le premier, a envisagé comme la solution à la division croissante
qui règne dans la culture occidentale
entre la puissance technique dont elle dispose
et la faiblesse de son développement sur le plan du sentiment éthique
.
Dans de nombreux rêves aujourd’hui, on voit apparaître ce besoin
d’un esprit médiateur du logos, toujours porté à l’absolu, du masculin.
Pierre Solié disait volontiers naguère
que si une idéologie fanatique, un troisième totalitarisme
ne venait pas dévaster l’Occident au cours du prochain siècle,
instaurer cet esprit d’agapè,
ce sentiment nuancé, fraternel et responsable,
serait la prochaine tâche de notre civilisation.
Marie-Laure Colonna
"Les feux du dedans"
.
d’un esprit médiateur du logos, toujours porté à l’absolu, du masculin.
Pierre Solié disait volontiers naguère
que si une idéologie fanatique, un troisième totalitarisme
ne venait pas dévaster l’Occident au cours du prochain siècle,
instaurer cet esprit d’agapè,
ce sentiment nuancé, fraternel et responsable,
serait la prochaine tâche de notre civilisation.
Marie-Laure Colonna
"Les feux du dedans"
.
« Au-delà de la problématique personnelle du rêveur, tous ces symboles qui relient la lumière et la matière pour que le temple, la Pierre, se construise, évoquent donc un développement psychique via le féminin ; une constellation du Soi, une imago dei, peut être propre à notre temps que Jung, le premier, a envisagé comme la solution à la division croissante qui règne dans la culture occidentale
RépondreSupprimerentre la puissance technique dont elle dispose et la faiblesse de son développement sur le plan du sentiment éthique.
Dans de nombreux rêves aujourd’hui, on voit apparaître ce besoin d’un esprit médiateur du logos, toujours porté à l’absolu, du masculin.
Pierre Solié disait volontiers naguère que si une idéologie fanatique, un troisième totalitarisme
ne venait pas dévaster l’Occident au cours du prochain siècle, instaurer cet esprit d’agapè, ce sentiment nuancé, fraternel et responsable, serait la prochaine tâche de notre civilisation. »
Bonjour,
Ces réflexions trouvent en moi un écho particulier : regardant dernièrement un documentaire intitulé "La lune, le huitième continent" * et mesurant ainsi d’un peu plus près les ambitions dévorantes du masculin concernant cet astre symbole par excellence du féminin, je me suis dit qu’il y avait encore bien du chemin à faire vers le rééquilibrage entre masculin et féminin dans notre monde. La mise en coupe réglée par différentes nations, annoncée par le documentaire, des ressources et potentialités économiques, militaires, industrielles, géostratégiques, de la lune semblait confirmer – symboliquement - que le masculin continue de plus belle à vouloir exploiter le féminin sans le respecter. Sans le vivre comme il est souhaitable et même indispensable qu’il soit vécu par chacun et par chacune d’entre nous.
(Suis-je un esprit chagrin et rétrograde, un ennemi du "progrès"…? )
Amezeg
* Ce documentaire passera demain sur ARTE, peu après 23 h
Désolée pour la réponse tardive, Amezeg...
RépondreSupprimerTon message s'était perdu au milieu des spams .
Vouloir coloniser et exploiter la lune, oui, c'est bien une idée du "masculin exploiteur" !
Mais comme le dit Marie-Laure Colonna dans l'article, les femmes ne se sentent pas toujours complètement "lunaires". Si assimiler la lune et le féminin est un réflexe courant, ce n'est pas forcément justifié dans tous les cas.
Quand on fait des recherches approfondies sur le sujet, on s'aperçoit qu'il y a eu des lieux et des époques (reculées) où la lune était "masculine" et le soleil féminin. C'est d'ailleurs encore le cas dans la langue allemande (die Sonne).
Il semblerait que le soleil représente le pôle qui a la suprématie et la lune celui qui est second (son satellite).
Le pôle rayonnant le plus est assimilé au soleil... l'autre étant comparé à la lune , qui ne fait que "refléter" cette lumière principale (lune).
La lune n'est donc pas "intrinsèquement" un symbole du féminin...elle peut aussi pointer vers le masculin, quand celui-ci, dans une civilisation, est en position de "second"...
Ainsi, chez les Akkadiens, Sin est un dieu masculin et lunaire, ce qui est aussi le cas de Thot en Egypte.
Je n’ai pas dit "intrinsèquement", c’est à dire : par nature ; j’ai dit : par excellence, c’est à dire : à un très haut degré, éminemment.
RépondreSupprimerIl y a de grandes exceptions parmi les peuples, les cultures et les époques, mais dans l’ensemble, pour le plus grand nombre, les projections ou associations faites sur ou à propos de cet astre (ou de ce satellite ? ;-) "intrinsèquement asexué" se rapportent au féminin.
Ceci me rappelle le commentaire fait par la rêveuse à propos du rêve évoquant le "Mariage du soleil et de la lune" qui a fait l’objet d’un article sur ce blog : http://grandsreves1234.blogspot.com/2018/03/grand-reve-mariage-du-soleil-et-de-la.html
Elle dit :
« Je comprends que je ne dois pas suivre uniquement
l’exemple des femmes de ma famille et de celles qui m’ont élevée,
comme font, dans le rêve, mon amie et sa mère
qui, trop occupées par leurs activités lunaires traditionnelles
— l’argent est le métal de la lune —
ne voient pas ce signe d’un temps nouveau.
La rêveuse serait-elle (elle aussi :-) tombée dans le piège qui fait associer lune et féminin ?
Amezeg
Elle n'est pas tombée dans un piège ...il est sûr que l'association Soleil-Or-Masculin et Lune-Argent-Féminin reste judicieuse, la plupart du temps.
SupprimerMais je crois que c'est surtout en tant que "luminaire" que la Lune est un symbole féminin (comme l'argent, elle a un "éclat" plus doux, plus tamisé...).
En tant que "planète", c'est un peu différent...
Je dirais que la conquête intéressée de la Lune reflète bien l'esprit de conquête masculin...mais que cela serait le cas pour n'importe quelle planète (ou n'importe quel pays) ...il y a la "conquête de l'Ouest" ...la conquête de la Lune...et même la conquête de Pandora (Cf Avatar).
Il s'agit à chaque fois de s'approprier des ressources, de piller...sans considération aucune pour le territoire en question ni pour la Nature et la Vie.
C'est une attaque du Féminin, bien sûr, mais sous sa forme "Nature et Vie", plus qu'une attaque du symbole "lumineux" de la Lune face au Soleil.
Tu vois ce que je veux dire ?
Pour en revenir à la citation de Pierre Solié...c'est bien "cet esprit d’agapè, ce sentiment nuancé, fraternel et responsable", qui manque à notre civilisation.
Mais ne soyons pas pessimistes : si l'on observe bien, il est en train d'apparaître...un peu partout ...sauf, exception notable, chez nos dirigeants, qui font tout pour garder "l'ancien monde" et continuer leurs absurdités anti-écologiques et destructives.
Je constate tous les jours que les gens "ordinaires" ont deux longueurs d'avance sur les décideurs. Et que, avec un peu de tenacité et de détermination, l'état d'esprit général pourrait "basculer" du bon côté.
Il est d'ailleurs plus que temps, si l'on veut tout simplement "survivre" jusqu'à la fin du siècle.
Une fois n'est pas coutume , je lance d'ailleurs un appel pour une pétition qui me paraît importante.
C'est ici :
https://laffairedusiecle.net/
Oui, bien sûr, cette exploitation éhontée, sans limites éthiques, pourrait s’appliquer à bien d’autres choses. Mais il se trouve qu’il s’agit du "satellite de notre planète" et que ce satellite est l’un des symboles majeurs du féminin. Serions-nous aujourd’hui à l’apogée d’un modèle masculin de comportement (de l’humanité prise dans son ensemble) et se pourrait-il que cet apogée annonce le retour du balancier (énantiodromie?) vers le point d’équilibre entre masculin et féminin de l’être ? Ce retour du balancier serait annoncé par les changements d’état d’esprit affectant de plus en plus de gens, de plus en plus d’électeurs qui appelleront d’autres dirigeant-e-s aux affaires. N’oublions pas la formule connue : Je suis votre chef, (donc)je ferai ce que vous voudrez…et réciproquement : je ferai ce que vous voudrez, (donc) je serai votre chef. [Voir, par exemple, dans "Jung parle", l’analyse faite par Jung du phénomène du Nazisme qui a emporté l’Allemagne sur un chemin de folie, de destruction et d’horreur que les allemands ne soupçonnaient pas porter en eux. Cette inconscience des gens de ce qu’ils portent en eux sans le savoir et qui favorise tel ou tel comportement est valable pour tous les peuples et en tout temps.]
SupprimerLe changement est peut-être à notre porte, mais la porte ne me semble pas être encore, à ce jour, bien grande ouverte.
Amezeg
Je crois qu'on est effectivement en pleine "énantiodromie", en plein retour de balancier, dans le sens où les excès du Masculin Négatif sont allés tellement loin (exploitation à outrance de la nature, saccage de a planète) que l'urgence d'un virage à 180° s'impose.
SupprimerOui, il est évident, que, dans une certaine mesure, un peuple a "les dirigeants qu'il mérite"... ;-)
Un changement général de mentalité devrait, logiquement, "appeler" d'autres dirigeants...mais les choses se compliquent quand il y a mensonge et manipulation au niveau des élections...quand les candidats montrent un profil, puis font tout autre chose une fois élus ou quand, au fond, ils défendent tous le même "système"...système basé sur des intérêts particuliers et non sur l'intérêt général.
Dans ce cas, le peuple ne peut pas "choisir" le dirigeant qui lui conviendrait...et qui reflèterait ses attentes ou son "évolution intérieure" .
Il est "trompé", "manipulé" et "exploité"...et il participe , malgré lui, à un système qui va contre ses propres intérêts et qui, encore plus grave, le pousse à sa perte.
Dans ce cas, son seul salut n'est pas de se culpabiliser et de faire encore plus "d'efforts" pour s'améliorer, mais d'ouvrir les yeux sur la situation et de refuser de collaborer à ce qui est contraire à son sens éthique.
Je crois que, mine de rien, on se trouve aujourd'hui, dans une situation très proche de celle qui existait au temps du nazisme : on a le choix entre résister...ou collaborer.
La vraie question est : "en quoi chacun(e) collabore, sans s'en rendre compte, à un système "fou" qui mène l'humanité à sa perte ?". Collaboration qui n'est pas qu'extérieure mais qui commence, bien sûr, "à l'intérieur"...
À propos de la collaboration qui mène chacun à sa propre perte on peut, je crois, méditer avec profit les éclaircissements proposés à notre intention et à notre attention par ces deux vidéos :
SupprimerSamadhi partie 1 https://www.youtube.com/watch?v=Rs7BCXDKH1o
Samadhi partie 2 https://www.youtube.com/watch?v=RtEOAQiaCnI
Amezeg
Merci.
SupprimerJ'irai écouter dès que j'en aurai le temps...
A propos de l'association "Féminin et terre-nature" , j'avais publié, il y a longtemps, deux articles (faisant partie de l'interprétation du rêve "Terre qui lève" ):
RépondreSupprimerhttp://grandsreves1234.blogspot.com/2015/01/terre-et-femme.html
http://grandsreves1234.blogspot.com/2015/01/en-mauvaise-posture.html
Voilà ce que je disais :
Ce qu'il faut comprendre, c'est que le sort qu'on réserve au Féminin en nous et le sort qu'on réserve à la Terre, à la Nature sont exactement les mêmes, puisque tous deux relèvent du même archétype. Ce qui est à l'intérieur se concrétise, se manifeste à l'extérieur. (**)
Et aujourd'hui, Féminin et Nature sont "en mauvaise posture" !
Tous deux sont blessés, abîmés, souffrants...
Mis à mal par une société qui a basculé dans une hypertrophie du Masculin.
Dans le songe d'Antoine, cité par Marie-Laure Colonna, ce qui est vraiment intéressant, c'est cette "terre lumineuse", cette association (assez "nouvelle" et peu courante) de la "terre" (sol) et de la "lumière"...
RépondreSupprimerLes montagnes baignant dans une lumière bleue, les rochers-diamants, la chambre vide dégageant une luminosité rouge, et l'oasis dans une belle lumière blanche...tout semble parler d'une transformation menant à un "Féminin rayonnant"...un Féminin non pas "miroir du soleil" (comme la Lune , mais "source" de lumière...(comme le Soleil).
Ce qui me semble un peu rejoindre le symbolisme du rêve "Terre qui lève" : une Terre et un Féminin (les deux étant liés) qui ne sont plus "asservis", mais qui retrouvent leur santé, leur dignité et leur véritable rayonnement.
SupprimerMystère du renouveau qui se passe d'abord au plus secret de chacun d'entre nous...avant de trouver son expression dans la réalité extérieure.