jeudi 31 janvier 2019

Anniversaire

Jeudi 31 janvier 2019



Grands rêves 
vient tout juste de fêter ses 7 ans !

C'est ICI 
que tout a commencé
par un jour de janvier 2012...
.

Un grand MERCI au passage 
à tous ceux et toutes celles
qui ont participé à cette aventure onirique,
que ce soit
par leurs visites régulières,
leurs commentaires
ou leur envoi de rêve...
.

Je vous embrasse !

La Licorne
.



samedi 19 janvier 2019

L'apparente dualité du Soi et du moi

Samedi 19 janvier 2019



Initiation à la psychosynthèse

Ceux qui ont été initiés à la psychosynthèse peuvent se poser 
une question d’une importance fondamentale.
 Pendant notre formation et après dans notre pratique quotidienne, 
on cherche à favoriser et à  distinguer l’expérience du « je » conscient et du Soi transpersonnel. 
Est-ce qu’il s’agit de deux réalités différentes, ou  y-a-t-il une relation d’unicité ? 

L’expérience ordinaire semble nous convaincre qu’il s’agit de deux réalités différentes, 
par le fait que le « je » se trouve toujours face  aux contenus de la personnalité 
qui se présentent dans le champ de la conscience. 
L'expérience du Soi semble nous ouvrir à des espaces
 où il n’y a plus cette confrontation avec les contenus de la personnalité,
 on se sent libre au-delà de ces contenus qui se caractérisent par  leurs attitudes changeantes. 
D’une part le « je » conscient s’efforce de reconnaître les contenus de la conscience 
pour pouvoir les dominer, les contrôler, les diriger. 
Le « je » cherche à affirmer son autonomie, sa capacité d’évaluation, 
sa volonté, sa liberté d’action, tout en sachant que  ces contenus sont changeants. 

D’autre part, Assagioli nous dit qu’on a tendance
 « à confondre le « je » ou « moi » personnel avec la personnalité consciente,
 mais, en réalité il en diffère essentiellement,
 comme on peut le constater par une introspection attentive. 
Les contenus multiples de notre conscience  (pensées, sentiments, etc.) 
sont tout autre chose que le moi, le centre de conscience qui les accueille, 
pour ainsi dire, et qui le perçoit ». 
(R.Assagioli, Psychosynthèse, principes et techniques, 
Ed. Desclée de Brouwer, Paris 1997, page27-28)

On a tendance à s’identifier à ce qu’on ressent, 
à ce qu’on pense en assumant les attitudes correspondantes.
On pourrait dire que nous sommes ce que nous ressentons, 
ce que nous pensons, ce que nous  imaginons. 
Comment peut-on vivre normalement, en accueillant tout ce qui se passe en nous 
et en même temps ne pas être identifiés et ne pas réagir 
en fonction de ce qui nous arrive dans des moments différents ? 
Déjà cela représente un grand défi pour notre pratique psychosynthétique. 
Si notre activité psychique est occupée à différencier le moi 
de ce en quoi il a tendance à s’identifier, que dire alors de l’expérience du Soi, 
qui va au-delà de ces identifications propres à la personnalité ?


La réalité du « moi » et du Soi »

Comment relier le « je » conscient au Soi dans notre vie quotidienne ? 
Comment reconnaître cette expérience, et comment la favoriser ?
Assagioli, en parlant de la différence entre le moi et le Soi dit : 
« En général, le moi conscient est non seulement submergé 
par le flot incessant des contenus psychiques, 
mais il semble souvent s’éteindre jusqu’à disparaître
 (par exemple, pendant le sommeil, dans les évanouissements, en état d’hypnose),
pour se retrouver ensuite, et se reconnaître d’un coup, sans savoir comment. 
Ce fait nous conduit à admettre que « au-delà » ou « au-dessus » du moi conscient 
il doit exister un centre permanent, le Moi ou Soi véritable ». 
(R.Assagioli, op. cit. Page 28).

Définir le « moi conscient » et le « Soi supérieur » 
ne peut pas se faire seulement dans une conception purement « théorique ». 
C’est l’expérience directe qui peut nous venir en aide 
pour comprendre comment fonctionne notre système psychique. 
Alors, l’apparente dualité peut s’expliquer, 
« parce que le moi personnel ignore l’autre, aussi bien théoriquement que pratiquement,
 jusqu’à en nier l’existence, tandis que l’autre, le vrai Soi, est latent 
et ne se révèle pas à la conscience d’une façon directe ». 
(R.Assagioli, op, cit. 30). 
« En réalité, il n’y a pas deux « moi », deux entités complètement diverses et séparées. 
Le moi est un, bien qu’il se manifeste à des degrés différents de réalisation et de conscience. 
Le moi personnel est le reflet du Soi. 
Le reflet est séparé de sa source lumineuse, 
mais en réalité il n’a pas d’existence autonome, de substance propre ; 
il n’est pas une lumière nouvelle et différente ». 
(R.Assagioli, op.cit. page 30)


Dans le schéma de l’oeuf, Assagioli montre qu’il existe 
«  un rapport entre le moi et le Soi par leur position respective
 et par la ligne pointillée reliant le point au centre du champ de la conscience
 (représentant le moi conscient) à l’étoile placée au sommet de la personnalité entière,
 aussi bien consciente qu’inconsciente, 
représentant le Soi transpersonnel ». 
(R.Assagioli, op.cit. page 28). 

La compréhension de cette unité nous amène 
vers une vision de l’être humain complètement nouvelle. 
C’est regarder l’autre et soi-même au-delà des apparences, des clichés culturels 
pour rejoindre la source de vraies potentialités
 qui se cache dans les profondeurs de chacun de nous. 
Pour faire cela, nous avons besoin de contacter notre « moi conscient », 
qui représente le début de notre chemin  vers la pleine réalisation. 
C’est à travers le « moi conscient » qu’on peut accéder au Soi, 
à ce que nous sommes vraiment.
« L’expérience du Soi ne se présente pas seulement d’une façon spontanée ;
 elle peut être favorisée, ou bien provoquée, 
par l’emploi de différentes méthodes de méditation et de concentration ».
 (R. Assagioli, op.cit. page 29)


La méthode de  désidentification

L’exercice de la désidentification reste l’instrument précieux 
pour accéder à l’expérience du Soi. 
Assagioli nous dit que « la méthode de désidentification
 est basée sur un principe fondamental de la vie psychique 
qui peut se formuler ainsi :

Nous sommes dominés par tout ce à quoi notre moi se laisse identifier. 
Nous pouvons dominer, diriger et utiliser tout ce dont nous nous désidentifions.

Dans ce principe réside le secret de notre esclavage ou de notre liberté. 
Toutes les fois que nous nous identifions à une faiblesse, à un défaut, à une crainte, 
nous nous limitons et nous nous paralysons nous-mêmes ». 
(Assagioli, op.cit. page 32-34).
Si par exemple nous disons :  « je suis déprimé »
 nous mettons les conditions pour devenir déprimés,
 ou bien « je suis en colère » nous favorisons cet état de colère.
Assagioli nous dit également :   « Si, au contraire,  dans les   mêmes situations, 
nous disons : « Une vague de découragement essaie de me submerger »,
 ou bien « Un mouvement de colère essaie de prendre le dessus en moi »,
 la situation est très différente.
Dans ce cas, il y a  deux forces en présence : 
d’un côté, notre moi vigilant et, de l’autre,
le découragement ou la colère. 
Et le moi vigilant ne se laisse pas envahir ou entraîner ; 
il est à même de considérer objectivement, d’examiner lucidement,
 ces mouvements de découragement ou de colère ; 
il peut en rechercher l’origine, en déceler le manque de fondement, 
en prévoir les effets nuisibles, les conséquences dangereuses. 
Souvent cela suffit pour repousser l’assaut de ces forces, 
pour les disperser et rester vainqueur ». (Assagioli, op.cit. page 33)

Nous avons eu cette expérience et nous avons reconnu 
ses effets sur nous et autour de nous :
 une légèreté intérieure, une sérénité après des émotions difficiles, 
une maîtrise claire d’une situation, des relations interpersonnelles chaleureuses 
et pleines de compréhension et d’écoute sincère, 
la transformation de la peur en courage, en ouverture, en confiance, 
des actions créatives, le désir de connaissance, la force du changement, etc.



L’attitude psychosynthétique

Nous savons qu’il y a une distance entre la théorie et la pratique. 
Peut-être que dans notre pratique psychosynthétique avons-nous rencontré des obstacles 
et aussi des moments de doute. On aspire à un état de grâce, de bien être intérieur, 
qui semble, parfois, menacé par les événements.
 Le découragement, la fatigue, l’anxiété, l’insécurité personnelle 
peuvent occuper notre conscience. 
On sait que notre conscience doit faire face à des contenus changeants 
et qui peuvent avoir une prise très forte dans notre manière d’être. 
La vie ne cache pas ses épreuves.

À chaque instant nous sommes conscients d’être occupé par des sensations,
 des sentiments, des pensées et nous sommes poussés à agir 
sous la pression des responsabilités et des tâches de la vie quotidienne. 
Notre « moi » est complètement occupé à mettre de l’ordre 
et à choisir à quel aspect donner la priorité.
 Nos actions révèlent nos attitudes, nos aspects, nos caractéristiques personnelles. 
Ce sont nos qualités, nos traits de personnalité qui sont reconnus 
par ceux qui nous entourent et que nous rencontrons. 
C’est à travers des situations, des relations, avec soi-même et avec les autres,
 que nous expérimentons et nous devenons conscients de nos traits personnels. 
Si notre conscience est toujours occupée ;
 si notre moi  est toujours appelé à mettre de l’ordre 
dans tout ce qui émerge dans le champ de la conscience ; 
si notre moi s’épuise dans cette tâche, 
comment peut-il se connecter avec sa source, le Soi, 
qui est complètement libre des contenus ?

Nous savons que l’expérience du Soi, (cet état de grande liberté intérieure ; 
cet élargissement de la conscience, capable de voir les choses 
dans son ensemble et dans ses « justes proportions », 
de vivre en harmonie avec le monde et l’univers ; 
cet état d’ouverture, de compréhension, d’amour, 
de voir la vie  à travers les valeurs et les principes qui l’animent, 
ce grand « Sentiment » d’humanité, cette connexion avec le « Tout », 
qui apporte un état de sérénité, de lumière), 
peut se manifester en nous spontanément, 
mais aussi qu’elle peut être favorisée par notre attitude, 
notre disponibilité intérieure comme nous le dit Assagioli, 
par l’emploi de différentes méthodes de méditation et de concentration.

L’exercice de désidentification, précédé par une détente, 
nous permet de savourer cet état du Soi, même pour quelques instants.
 La répétition  de telle pratique, comme pour d’autre pratique de méditation, 
instaure en nous une « ATTITUDE » qui ne s’efface pas, 
qui reste en nous comme un appel dont le « moi » ou le « je » 
se sert dans la vie quotidienne pour élargir son champ de conscience.  
Créer une relation d’unicité entre le moi et le Soi reste un défi 
qui nous accompagne tout au long de  notre vie.

Dans la vie quotidienne, on peut ressentir  de temps en temps ce contact avec le Soi. 
Le Soi représente notre état d’origine, notre  innocence, notre amour envers la vie, 
notre liberté, notre ouverture, notre plénitude, notre relation avec le  « Sublime »,
 la beauté, notre union mystique avec le « Tout ». 
C’est le paradis perdu, auquel on aspire toujours. 
Ces moments de grâce  on les a tous vécus à un moment ou à un autre, 
mais ils ne durent pas. La perte de certains de ces états 
a pu provoquer une  grande souffrance, appelée « la nuit obscure  de l’âme ».

La psychosynthèse c’est une ATTITUDE envers la vie. 
C’est en assumant cette attitude 
qu’on peut favoriser la relation d’unité entre le moi et le Soi.

Pour conclure je cite un passage du Livre « Prendre soin de son âme » d’Alberto Alberti, 
où il nous parle de l’acte d’amour, comme manifestation de notre vraie nature.
 « L’amour est une potentialité humaine…
n’est pas un sentiment qui s’éprouve et s’expérimente, 
il n’est pas seulement quelque chose qui « tombe » simplement en nous,
 mais il est un véritable acte créatif… une volonté d’aimer ». 
(A. Alberti, op.cit. page 119).

Pour que le Soi se manifeste, il est important d’avoir cette attitude vers l’action créative 
dans notre vie quotidienne et cela on ne peut le faire qu’à partir des actes très simples, 
les actes de tous les jours.
Je cite encore Alberti qui nous donne un exemple 
de comment un acte créatif d’amour peut nous  ouvrir à une réalité plus vaste, 
où le « je » et le « Soi » réalisent leur unité.

Au moment même où nous utilisons le potentiel d’amour qui est en nous, 
nous le développons, nous lui donnons vie et vitalité, 
nous le faisons couler et se répandre, nous sentons en nous sa chaleur.
Quand nous donnons de l’amour à une partie de nous- (subpersonnalité) que nous refusons, 
nous la réaccueillons et nous la réintégrons dans notre personnalité 
et ainsi  nous sont restitués amour et vitalité, 
ce qui fait nous sentir plus authentiques et plus complets.

Quand nous posons un acte d’amour envers une autre personne, 
nous l’accomplissons aussi envers cette part de nous-même
 que nous étions à ce moment-là en train de projeter sur l’autre.
Chaque fois que nous réussissons à aimer vraiment une autre personne, 
nous stimulons en elle le désir et la volonté 
de nous restituer ce que nous lui avons donné.
(A.Alberti, « Prendre soin de son âme »,
 L’Uomo Edizioni, Florence 2012, page 134)


Franco Salvini


mardi 15 janvier 2019

Psychosynthèse

   Mardi 15 janvier 2019

Né à la fin du XIXe siècle dans une famille juive aisée de Venise, Roberto Assagioli bénéficie d'une bonne culture classique et, grâce à des séjours à l'étranger, parle couramment 7 langues. Après des études de médecine à Florence, il se spécialise en psychiatrie à Zurich où, en 1909, on sait qu'il a fait la connaissance de Carl Jung, encore associé à Freud à l'époque. 

Pour la thèse de son doctorat en psychiatrie, Assagioli fait une « étude critique de la psychanalyse ». C'est vers cette époque qu'il entend parler du concept de psychosynthèse, avancé par un psychiatre suisse nommé Doumeng Bezzola, qui circulait dans le milieu de la psychanalyse — concept auquel il s'intéressera au point d'y consacrer sa vie. Son premier centre de psychosynthèse date de 1926.

 


Au début du XXe siècle, tandis que le monde des idées est en bouillonnement, le neurologue et psychiatre italien Roberto Assagioli (1888-1974) se distancie du milieu de la psychanalyse de Freud, qui en est encore à ses débuts, pour travailler à une perspective plus globale et holistique de l'être humain.
Il s’éloigne de « l'analyse de la psyché » pour se diriger vers la « synthèse de la psyché ».
L'approche de développement personnel qu'il conçoit vise l'intégration des 4 dimensions de la personne : le corps, les émotions, l'intellect et l'âme.
Ce fut, semble-t-il, la première psychothérapie intégrative en Occident.

Assagioli constate qu’un ensemble de parties interdépendantes (organes divers, conscient/inconscient, sous-personnalités, etc.) constituent l'être humain, lui-même en relation d'interdépendance avec d'autres ensembles humains et sociaux. Son approche cherche à faire l'unité des éléments conflictuels —par exemple, le soi rebelle et celui qui veut être accepté — par un travail de reconnaissance, d'acceptation et d'intégration. Un processus qui peut s'accomplir, disait-il, grâce à une force naturelle et profonde d'unification que nous possédons tous (parfois appelée le Soi).
Cet aspect de la psychosynthèse est sans doute le mieux connu.

On peut avoir recours à la psychosynthèse comme outil de résolution de conflits, qu'ils soient individuels, interpersonnels ou de groupes. Mais son objectif fondamental est de faire en sorte que la personne découvre le sens de sa vie.

La psychosynthèse étant une approche de fond, pas du tout tape-à-l'oeil, son existence est discrète. Longtemps confinée à l'Italie, elle se répand maintenant dans la plupart des pays d'Europe (et particulièrement au Royaume-Uni), de même qu'en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Argentine, au Brésil, au Mexique, aux États-Unis et au Canada.

Ouverture d'esprit, fluidité, humanisme, compassion, créativité, engagement actif dans la société, ce sont là les aptitudes que la psychosynthèse se propose de développer chez l’être humain, en vue d'une réalisation personnelle et sociale dans notre monde moderne.

Des prémisses spirituelles

 

Parmi les prémisses de l'approche, l’une veut que l'univers soit organisé de manière à favoriser « l'évolution de la conscience »; une autre suppose que l'âme, qui serait d'essence « divine », cherche constamment à croître (ces points de vue ne sont pas reconnus par la psychologie classique).
Comme l'être humain chercherait toujours à ce que les qualités spécifiques qu’il possède se transforment en actions concrètes, on comprend qu'il soit anxieux et malheureux devant les contingences de la vie.
La première année de son existence est notamment l'occasion de « blessures primales » qui l'atteignent dans sa structure et envahissent sa personnalité. Pour surmonter les conditionnements qui l'empêchent d'atteindre la plénitude de ses capacités essentielles, la personne doit d'abord les trouver et les reconnaître – sans les juger et encore moins les combattre - puis se « dés-identifier » d'eux.

« Nous sommes dominés par tout ce à quoi notre moi se laisse identifier. »
Dr Roberto Assagioli

Le travail de psychosynthèse amène aussi l’individu à analyser les désirs refoulés de son inconscient inférieur, à clarifier les choix de son moi conscient et à être réceptif aux aspirations créatives et aux intuitions de son inconscient supérieur (voir le diagramme de l’oeuf ci-dessous).

Le partenariat client-thérapeute

 

Un des éléments caractéristiques de l’approche est d’aider l’individu à prendre conscience de ses multiples sous-personnalités « inconscientes », à les apprivoiser, et à en réaliser la « synthèse ». Dans son travail, le psychosynthésiste a beaucoup de latitude dans le choix des outils, dont la méditation, l'écriture, des exercices de libération corporelle, de visualisation, de créativité, etc.

Jouant le rôle de partenaire de son client dans son projet de développement, il prend en compte toutes les situations de sa vie — intérieure, familiale, sociale — comme autant de voies d'accès. Mentionnons aussi que la psychosynthèse accorde à la volonté un rôle central dans le processus « d'activation thérapeutique ». Qu’elle paraisse l’alliée de notre projet de vie ou qu’elle semble s’y opposer, la volonté est toujours une importante manifestation du « Je » qui s’exprime à travers ces sous-personnalités.

Plus un individu réalise sa psychosynthèse personnelle - c’est-à-dire l’intégration des multiples éléments de son être - plus son mode de fonctionnement devient ce que l'on peut appeler optimal. Il manifeste alors de plus en plus les qualités de son essence, comme l'esprit de coopération, la responsabilité sociale et l'amour altruiste, et il avance dans l'étape transpersonnelle de son évolution (ce qui existe au-delà de sa personnalité, de son conditionnement et de son petit monde). (Voir la fiche Psychologie transpersonnelle.)

« La psychosynthèse n'est pas une tâche qui peut être achevée, menant à un résultat final et statique, comme la finition d'une construction. Il s'agit d'un processus vital et dynamique, menant à des conquêtes intérieures toujours nouvelles, à une intégration toujours plus large. »

Dr Roberto Assagioli
 

Le diagramme de l'oeuf

 

Créé par Roberto Assagioli, ce diagramme représente les multiples dimensions de la psyché dont l'individu peut faire la synthèse.


Psychosynthèse1. Inconscient inférieur : centre des pulsions primitives, des blessures de l'enfance, des désirs refoulés.
2. Inconscient moyen : centre des activités créatrices, imaginaires et intellectuelles, lieu de gestation.
3. Inconscient supérieur ou supraconscient : centre des intuitions profondes, des états altruistes et des facultés les plus élevées de l’esprit.
4. Champ de conscience : territoire où se manifeste le flot incessant de sensations, d’images, de pensées, de sentiments, de désirs...
5. Soi conscient ou « Je » : centre de la conscience et de la volonté, capable de prendre ses distances par rapport aux aspects de la personnalité.
6. Soi supérieur ou spirituel (transpersonnel) :                                   là où l'individualité  et l'universalité se confondent.


7. Inconscient collectif : magma dans lequel nous baignons, animé par les structures archaïques et les archétypes.



 

samedi 12 janvier 2019

A la rencontre de Carl Gustav Jung

Samedi 12 janvier 2019

Nul n'est en mesure,
s'il ne connaît pas vraiment l'expérience intérieure,
de persuader autrui qu'elle existe.
La seule parole -avec quelque bonne intention que ce soit
- ne persuadera jamais personne."
Personne ne peut comprendre, en effet, cette sorte d'expérience
s'il ne l'a pas connue lui-même,
mais il sait alors aussi comme elle est douloureuse,
et qu'à forcer de la sorte les portes du mystère, à contempler l'inconnu,
cet absconditum où défaille le langage mais se fonde la vie,
on chemine quelque temps sur ces routes de montagne
où l'on n'a plus, sur la tête, que le ciel infini,
et sous les pieds cet abîme où l'on plonge aussitôt
pour peu que l'on cède au vertige et que l'on glisse une seule fois.
.
Michel Cazenave
.


Entretien dans lequel Michel Cazenave expose
les grandes lignes de la psychologie jungienne :




Le chemin d'individuation,
c'est le chemin que nous suivons
par lequel nous arrivons à nous retrouver
"uni" à l'intérieur de nous-même
et non plus déchiré
entre des envies et des besoins contradictoires,
entre des personnalités contradictoires
les unes par rapport aux autres,
mais où nous avons rassemblé (nos différentes facettes),
et où, à l'intérieur de ce rassemblement,
nous avons trouvé le "centre".

.
Michel Cazenave
(extrait de la vidéo)
.

jeudi 3 janvier 2019

Les feux du dedans

Jeudi 3 janvier 2019

Nos ancêtres les alchimistes 


Dans la première moitié du XVIe siècle, Paracelse ,
médecin révolutionnaire de génie,
va élaborer toute son œuvre autour d’une idée-phare
que la psychologie jungienne va retrouver et développer quatre siècles plus tard.

En complément des lumières parfaites de la vérité chrétienne et de la Sainte Trinité,
il existe une sagesse plus discrète, ambiguë, parfois dangereuse,
 toujours en devenir comme la création, que Paracelse va nommer
le lumen naturae, la lumière de la nature.

Ces scintillae, ces étincelles de science et de conscience,
l’adepte les extrait péniblement par son travail d’observation
des phénomènes encore inconnus dans le corps de la terre
comme par l’étude des rythmes des corps célestes 


 Mais, à l’observation patiente du savant,
se joint aussi tout un travail
de méditation et de rêverie, d’imagination créatrice,
pour dégager également un ordre qualitatif
replaçant les découvertes effectuées dans une hiérarchie, un cosmos,
un monde porteur de valeur et de sens.

 Dans cette perspective d’un cosmos unifié
autant sur le plan quantitatif des sciences
 que sur le plan qualitatif de la vérité des symboles,
Paracelse tissera la toile d’un univers
 dans lequel l’infini du firmament extérieur correspond
à l’infini du firmament intérieur, à l’âme humaine.

Un soleil invisible, l’énergie des archétypes,
 est le point central qui réunit les deux.
 Chaque nuit, de ce soleil invisible montent vers la conscience
les images des rêves,
ces lumières de la nature qui se montreront folles ou sages
selon le degré de conscience de l’adepte, de l’analyste ou de l’analysant.
Car, comme pour les alchimistes,
il dépend du degré d’intelligence et d’éthique de l’observateur
qu’il puisse donner un sens aux phantasmagories
qui se déploient pendant son sommeil.

 Lorsque, dans les années trente, Jung commence à se passionner
pour les expériences des alchimistes,
il découvre progressivement qu’il y a là tout le matériau
dont il a besoin pour faire le pont entre les descriptions de l’âme
de la philosophie gnostique de l’Antiquité
et ses modernes découvertes sur le fonctionnement de la psyché.

 Au VIIIe siècle après J.-C., le philosophe Scot Érigène
forge le concept d’unus mundus :
une conception, une théorie de l’univers
que les Pères de l’Église vont rapidement délaisser,
préférant à partir de saint Augustin une vision du monde
qui sépare radicalement l’esprit de la matière et l’âme du corps.
Les alchimistes, au contraire, vont développer leurs réflexions et leurs hypothèses
autour de la conviction qu’il existe
un unus mundus ou mundus archetypus 
 qui sous-tend l’ensemble des phénomènes manifestés,
dans la nature comme dans la conscience.



La conscience et la nature apparaissant ici
 comme étroitement imbriquées l’une dans l’autre
et prenant source aux mêmes dynamismes énergétiques,
c’est-à-dire dans les modèles de comportement de l’instinct et ceux des archétypes,
organisateurs inconscients tant sur le plan biologique que sur le plan psychique
dans la théorie jungienne.

L’unus mundus, dira Jung, est un monde potentiel qui constitue
l’origine éternelle et première de toute existence empirique 
 Ainsi, les alchimistes du Moyen Âge, à partir de leur célèbre devise :
Un sont la Pierre, le Vase et la Thérapie
 – unum Vas, una Medicina, unum Lapis –,
fixent comme but à leur Grand Œuvre
d’unifier successivement l’esprit, l’âme et le corps,
puis de conjoindre ce vir unus, cet homme un, avec l’unus mundus, 
 réalisant ainsi un unus mundus de la conscience, 
 qui lie ensemble le macrocosme et le microcosme,
l’univers matériel et la conscience humaine
dans un perpétuel dialogue symbolique.

C’est surtout Gherard Dorn, le plus connu des élèves de Paracelse, médecin à Francfort,
qui va élaborer cette théorie dans laquelle de conjonction en conjonction
l’adepte tend vers l’entièreté qui lui confère la vie éternelle.
Dans la perspective des alchimistes, l’art de rêver est une fonction essentielle
du processus de transmutation, aussi bien dans le domaine physique et physiologique
que dans l’ordre de la transformation psychique.


Comme l’univers se découvre au savant à travers un réseau de correspondances, de signatures,
de résonances symboliques où macrocosme et microcosme se reflètent réciproquement,
le rêve et l’imagination vraie de l’adepte vont pouvoir l’instruire
aussi bien sur les secrets de la matière que sur sa propre disposition intérieure.
Bien avant la psychologie analytique on pense déjà à interpréter un rêve
 sur le plan du sujet comme sur le plan de l’objet.


Mais, bien sûr, les projections psychiques inconscientes
 des chercheurs alchimistes
sur les aspects mystérieux de la matière produiront
de nombreuses confusions et déconvenues fâcheuses,
voire périlleuses pour leur équilibre mental.
Jung commentera longuement dans Les racines de la conscience
 un rêve de Zosime de Panopolis datant du IIIe siècle après J.-C. dans lequel,
au cours d’un long processus de tortures initiatiques,
un instructeur doit révéler au rêveur le secret de la composition des eaux,
 des eaux qui sont avant tout celles de l’âme, bien sûr.

Aussi, pour obtenir cette connaissance,
Zosime va devoir accepter d’être lui-même tour à tour
ébouillanté, démembré et morcelé 
jusqu’à ce que le plomb grossier de la psyché
se transforme en métal précieux.



La recherche du savant,
la percée à travers les mystères de la nature
 est indissociable ici de l’expérience intérieure
et de la maturation de la nature propre de l’adepte.

Sept siècles plus tard, Jung demandera que les candidats analystes
soient eux-mêmes passés par les feux de l’analyse
avant de prétendre aider autrui à mieux se comprendre et se développer.

Cependant, à côté de cette imagination créatrice, ce logos du symbole
qui à l’état d’éveil dans la méditation ou au cours de rêves profonds inspire l’adepte,
 il existe bien sûr l’imaginatio phantastica .
 C’est le monde des complexes et des rêves de désir, refoulés ou travestis,
que la psychanalyse freudienne va étudier minutieusement.

Et, aujourd’hui plus encore qu’hier, pour distinguer ces deux plans
et pénétrer le sens d’un rêve, il faut donc tout autant de raison critique
 que d’ouverture à l’image : l’apprentissage d’une pensée symbolique,
d’une pensée qui hiérarchise et non pas qui se dissout dans la magie
des correspondances imaginaires ou dans de soi-disant synchronicités.













Le rêve : une fonction en feuilleté


Freud s’est particulièrement penché sur la fonction de mise en ombre du rêve
qui dessine à la façon d’un bain révélateur tout le négatif de la personnalité.

Rêves de désirs masqués ou d’angoisse,
cette première strate met en scène progressivement
 tout l’envers du décor d’un individu,
voire d’une famille sur plusieurs générations.
 Tout ce qui donc, clivé de la conscience,
demeure à l’état infantile et forme cet ogre intérieur
 qui parfois dévore la personnalité.


Mais dans cette ombre, dans cet ogre,
il y a aussi souvent de grandes ressources énergétiques,
 et les images oniriques, au fil de l’analyse,
 vont précisément en mettre en scène les transformations, possibles ou non.

Par exemple, une jeune femme qui n’a plus revu son père,
émigré aux États-Unis depuis ses 4 ans, rêve en série d’hommes assassins.
 Plutôt des monstres que des hommes d’ailleurs.
L’un d’eux, chaque nuit de pleine lune, rôde à sa recherche pour la tuer.
Dans la vie, bien sûr, cette jeune femme est tout à fait terrorisée par les hommes.
Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est elle-même, en retour,
ressentie comme glaçante et dangereuse par eux.
 En analyse, peu à peu, elle se rassure.
Les figures d’assassins s’humanisent.

Elle commence à ressentir la violence subhumaine qui l’habite elle-même
et la dureté avec laquelle elle explose lorsqu’elle se croit en état de danger.
 Un jour, l’un des assassins, dans un rêve, lui dit qu’il s’appelle Novio, le fiancé.
 Si elle l’épouse, il lui fera don de son trésor, une immense bibliothèque.
 Mais elle doit auparavant accepter un sacrifice.
Au cours d’une cérémonie, elle devra être purifiée par le feu,
traverser un brasier, ce que la rêveuse accepte.

En l’occurrence, le feu du sacrifice, ce fut une longue solitude de plusieurs années
pendant laquelle, à son insu, elle progressa beaucoup en autonomie réelle,
en intelligence et en culture. L’animus lui apparaissait de plus en plus souvent
sous les traits d’un Roi de cœur par exemple, d’une figure chaleureuse et sensible
et en même temps capable de réflexion et de discernement.
Comme dans le rêve, durant ce temps de solitude,
elle eut le temps de lire et d’amasser une véritable bibliothèque ;
 une culture approfondie dans le domaine de la littérature et de l’art
par laquelle son intelligence, auparavant plutôt vive mais trop cérébrale,
s’arrondit au contact des images et gagna en créativité et fantaisie.

Le feu de la colère et les accès de rage et de ressentiment
qui empoisonnaient sa vie intérieure,
 une fois rendus conscients, furent lentement maîtrisés.
Et, à partir de ces rêves terrifiants d’assassins,
l’analyse de l’ombre-ogre de mon analysante,
de ses aspects avides et haineux, et de la fureur archaïque qui l’habitait
a pu vraiment commencer. Le masculin dans son inconscient s’est alors représenté
 sous une forme relativisée et non plus dans cette atmosphère de cruelle toute-puissance.
Jung, tout en développant pour sa part la mise au jour des parties refoulées
ou encore non différenciées de la personnalité sous l’expression d’analyse de l’Ombre,
 va particulièrement s’intéresser à la fonction compensatrice des rêves
et plus encore à leur fonction créatrice de valeur et de sens
qu’il juge profondément thérapeutique.

 
 En effet, plus on pénètre profond dans les strates de l’inconscient
dès lors que l’ombre personnelle et familiale commence à passer à la conscience,
 plus on constate que le rêve possède une fonction compensatrice qui va,
au fil des ans, après l’analyse, apparaître
 comme un véritable organe d’équilibrage de la personne tout entière.
.
 Il existe dans l’âme un curseur qui toujours nous ramène vers le centre
lorsque nous perdons la mesure,
aussi bien sur le plan du corps que sur le plan de l’esprit,
aussi bien dans le domaine des relations que dans celui de la vie intérieure.
Ces rêves compensateurs peuvent être des compagnons nocturnes
qui assurent le rééquilibrage quotidien,
comme ils peuvent inspirer des changements essentiels
dans l’orientation d’un plus long cycle de vie.


 Une femme, par exemple, lorsqu’elle se décentre
soit dans une activité créatrice trop prolongée,
soit, au contraire, dans une période d’extraversion excessive,
 rêve régulièrement qu’un chat lui apparaît.
S’est-elle trop immergée dans le bain de ses relations amicales
 qu’elle le voit plongé jusqu’au cou dans une bassine d’eau
où il miaule plaintivement.
A-t-elle, en revanche, abusé de l’introversion et du repli intérieur
que ce même chat réapparaît le poil terne et l’air malade
emprisonné dans une cage.

Pour cette femme de type intuitif,
l’aspect compensateur de sa psyché se présente
sous la forme d’un symbole de l’instinct ;
cette fonction « animale » du réel et de la sensorialité juste
qui est précisément ce que les intuitifs ont du mal à équilibrer en eux,
balançant fréquemment entre le tout ou rien
dans la conduite de leur vie sur le plan concret.

Mais le chat est aussi, bien sûr,
un symbole de la féminité au sens le plus large.
Cette image prise dans son sens archétypique emboîte ensemble
 notamment la spécificité sexuelle de la femme, plus affective et plus complexe
que la sexualité masculine, son indépendance instinctive et sa souplesse
face aux systèmes trop codifiés, aux théories trop dogmatiques
 et aux vérités trop schématiques de la culture en place ;
et aussi sa spécificité spirituelle qui, plus nuancée et plus teintée de sentiment
que la spiritualité masculine, a toujours été associée
avec la faculté médiatrice de lier les opposés entre eux.

Là où le logos masculin différencie
en opposant les pôles qui constituent la réalité,
 la spiritualité féminine au contraire (ainsi que celle de l’anima)
 va permettre de conjoindre ces polarités
grâce à la création d’ensembles symboliques.

Pensons, par exemple, à l’image du yin-yang chinois,
représentation dynamique de l’univers qui, dans sa phase obscure,
conserve toujours un point lumineux, et, dans sa phase lumineuse,
toujours un point obscur qui s’apprête nécessairement à se développer,
amenant avec lui une nouvelle saison de l’histoire ou de la personnalité.
C’est cette complexité, cette flexibilité, cette qualité médiatrice
que le symbole du chat vient rappeler à la rêveuse lorsqu’elle cède,
en somme, à un comportement unilatéral
 dicté par un animus quelque peu simpliste.

 Un rêve plus profond sur ce même thème va mettre en scène la façon
dont, justement, le plan du corps et des instincts,
celui de la vie psychique et celui du Soi féminin,
s’étagent sans s’opposer
 dans une conception symbolique de l’existence.

Après toute une série de rêves de félins qui, à chaque fois,
pointaient un déséquilibre dans le point de vue conscient de cette femme,
elle rêve cette fois de trois chattes de gouttière.
Ces trois chattes apparemment banales, lui dit-on dans le rêve,
 sont les filles de la déesse chatte égyptienne, la reine Bastet.
Et la reine Bastet elle-même, est la fille-servante de la grande déesse Isis
qui protège les rythmes de la nature tout entière.

 J’ai trouvé que ce beau rêve émouvant présentait
 une solution pleine de sagesse à la fracture constamment présente
dans la culture patriarcale entre le corps, l’âme et l’esprit,
entre les instincts, le cœur et les facultés intellectuelles ;
entre le corps du monde identifié au féminin « inférieur »
et les différentes sociétés humaines qui, identifiées à un phallus prométhéen,
exploitent avidement la nature au lieu de la cultiver avec révérence et mesure.


La terre lumineuse


Dans la partie clinique de ce texte, je vais maintenant donner un exemple 
de la façon suivie et nuancée dont  cette fonction d'orientation de la psyché
pousse sans relâche la personnalité consciente 
vers plus de différenciation, de créativité et de centration, 
de recentrage sur son orient, justement
.

 À ce troisième niveau de profondeur, on fait l’expérience
de la fonction religieuse, numineuse du rêve.
Jung pensait que ce contact avec la dimension sacrée de la réalité psychique,
 au-delà de toute croyance en une religion particulière,
constituait le véritable facteur thérapeutique.
« (...) ce qui m’intéresse avant tout dans mon travail, dit-il,
 n’est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux. (...)
 l’accès au numineux est la seule véritable thérapie (...),
pour autant que l’on atteigne les expériences numineuses
on est délivré de la malédiction que représente la maladie.
La maladie elle-même revêt alors un caractère numineux  »

 Ce sont ces expériences originelles de la psyché,
avec l’émotion profonde et durable qui les accompagne, qui, très souvent,
permettent à l’analysant de retrouver un sens à sa vie,
en même temps qu’une possibilité de mettre ce sens en images
dans un langage qui est celui de sa personnalité profonde, ignorée jusque-là.
Il s’agit d’un rêve de début d’analyse.
 C’est le rêve d’un homme abordant la quarantaine et donc,
 dans ce moment archétypique du milieu de la vie,
qui enclenche parfois le début
de la rencontre consciente avec l’anima et l’animus.

Ce processus, cette érotique, progressivement va amener
à la constitution du couple intérieur
et à la perception – Empfindung, dit Jung –,
la sensation du Soi.

Cette perception va être une expérience
de l’axe moi-Soi tout à fait différente
de la connaissance qui s’en tient
à la compréhension intellectuelle ou à la saisie intuitive,
ou encore à la projection amoureuse,
lorsque le Soi est encore confondu avec un partenaire extérieur
dans la relation transférentielle ou dans la vie.

 Le rêve de cet homme fait partie de ce qu’on appelle les rêves initiaux.
Rêves de début d’analyse ou de début d’une nouvelle phase
qui anticipent de beaucoup, de plusieurs années,
 la réalisation dans la conscience et dans la vie
de ce qu’ils annoncent, de ce qu’ils mettent en scène.
On attache beaucoup d’importance à ces rêves initiaux
 parce qu’ils indiquent souvent une voie, un sens.
 Alors que l’analysant, le rêveur, est en train de se débattre
dans la douleur avec ses symptômes, ses conflits, ses pannes d’énergie,
ces rêves dévoilent un peu du paysage au-delà du tournant.
Ils sont l’expression de la capacité divinatoire de l’âme en nous.
 Et, dans leur langage poétique et imagé,
ils me semblent émaner plus particulièrement
du versant féminin du Soi.

Il s’agit d’un homme de 38 ans, Antoine, qui est à ce moment-là,
après six mois d’analyse, en plein conflit émotionnel.
Il est brillant et réussit facilement dans son métier.
Mais sa relation avec la femme plutôt maternelle qu’il a épousée
s’est vidée de son sentiment amoureux.
Il lui est très attaché, dit-il, comme à leurs deux enfants,
mais il n’éprouve plus aucun désir pour elle.

 En revanche, il se plaint d’être littéralement harcelé
par ses propres pulsions sexuelles.
Hormis sa femme, il désire toutes les femmes ;
surtout les inconnues, les jolies passantes dans la rue, dans le métro,
les étudiantes à la terrasse des cafés,
les élégantes qui font du lèche-vitrines, toutes.
Mais cela reste du fantasme, tout ce jeu amoureux,
parce qu’il est bien trop timide, dit-il, pour en aborder une seule.

Au fil des séances, il découvre combien une trop bonne éducation 
 l’a coupé de ses instincts vitaux.
Il a plutôt peur de son corps et peur de sa sexualité,
cette force bourbeuse et volcanique qu’il ne contrôle pas.
Et, bien sûr, il est encore beaucoup trop lié avec sa mère,
 une mère directrice de société qui lui a confié qu’elle n’avait eu
que trois ans de vie conjugale avec son mari,
le temps de les avoir lui et son frère aîné, puis de divorcer aussitôt.
Un jour, il m’apporte ce rêve, fait à la fin d’une nuit d’insomnie.


 Je dis à une amie proche que j’ai écrit une conférence. 
Je dois la prononcer dans un endroit prestigieux, 
genre Collège de France ou Assemblée nationale. 
Le titre, c’est : « La liberté de la mort. »
 
Elle fait la grimace : « Oh là là ! » dit-elle d’un air dégoûté. 
Mais je lui explique que ce n’est pas ce qu’elle croit, 
parce que le « a » est accolé, en fait, au mot « mort ». 
En réalité, ça donne « la liberté de l’amor », de l’amour.
 
 Ensuite, je suis dans le Sud, au pied des Pyrénées, près de Saint-Jean-de-Luz.
 Les montagnes vertes et arrondies baignent dans une magnifique lumière bleue.
 Le sol rayonne lui aussi d’une curieuse lumière. 
Sous la croûte de terre, les rochers ont l’air en diamant.
 Je me tiens au seuil d’une maison, 
à l’entrée d’un vieux village adossé à la montagne,
avec un groupe d’amis.
 
Une voix me demande : « Qu’est-ce que la chambre somptueuse ? » 
C’est une énigme à laquelle je dois répondre. 
C’est très important et je me dis que c’est une question 
en relation avec l’alchimie.
 
Je m’entends répondre : 
« La chambre somptueuse suppose le sexe
 car l’ennui est le non-sexe » 
(l’ennui, pour lui, c’était le sentiment
dans lequel on se sent par excellence dévitalisé, la dépression). 
C’est la bonne réponse et je sais alors que la chambre somptueuse
 est une pièce vide rayonnant d’une lumière rouge.
 
 Le rêve se termine sur une image de vallon encaissé. 
C’est l’oasis de Petra. 
Là encore, une très belle lumière. 
On me montre qu’un temple s’y construit. 
Pour le moment je ne peux pas le voir de face. 
L’image est en arrière-plan, de profil.

 
Dans ce rêve, tous les détails sont signifiants et, qui plus est,
reliés par une très grande cohérence symbolique.
Antoine avait rêvé quelque temps auparavant
qu’il vivait perché dans un ermitage céleste dont il essayait de descendre peu à peu,
de roche en roche, pour rejoindre la terre, malgré un vertige épouvantable.

Ce rêve de terre lumineuse, de rochers rayonnants, de montagnes émeraude,
d’oasis au nom de pierre, Petra, où se construit un temple,
compense la position trop élevée, céleste d’Antoine,
l’attitude trop intellectuelle, cérébrale, par laquelle il se défend du contact
avec le sol de ses instincts qu’il juge si sévèrement.
Il se défend aussi de sa part féminine,
de son émotivité et de sa sensibilité très forte –
de la Terre-Mère, qu’à l’image de sa puissante mère
il conçoit comme une force avaleuse, envahissante, castratrice.

C’est pourquoi il vivait jusque-là tout là-haut perché dans son ermitage
où il lisait beaucoup de belle littérature et de philosophie, exaltant un féminin idéal,
 mais il se sentait verdir de peur à l’idée même
de descendre vers le féminin dans ses propres racines.

Ce qui m’a frappée dans ce rêve qui réunit un certain nombre de symboles du Soi :
la terre lumineuse, la chambre somptueuse, le temple dans le vallon,
la lumière rouge de la chambre vide, etc.,
c’est que ces images, ces symboles parlent tous
d’un Soi au féminin.

Jung, dans La dialectique du Moi et de l’inconscient (1933)
mais aussi à la fin de sa vie dans Aïon (1951),
 a développé l’idée que le processus d’individuation amène l’homme
à rencontrer l’ombre et l’inconscient personnel,
 puis les images et la problématique
liées à son versant féminin et à l’archétype de l’anima.
 Puis, encore des figures et des structures relevant de l’archétype du Soi
– des structures mandaliques, par exemple –, des symboles de centre :
l’enfant divin, la pierre précieuse, la lumière dans un centre vide notamment.
 Toutefois, il souligne qu’en fin de compte le Soi va apparaître
et être ressenti sous une forme masculine pour un homme
et féminine pour une femme.

 Cependant les figures du Soi, notamment les mandalas,
se présentent souvent dès le début de l’analyse
où elles jouent alors un rôle de centration et d’apaisement
de l’angoisse de morcellement,
comme ici dans une tonalité visiblement maternelle.
Dans ce rêve, l’accentuation sur le versant féminin,
 vivant et lumineux du centre est particulièrement frappante
parce que ce premier rêve archétypique compense avec force
l’état de dépression dans lequel se trouve Antoine.
Le premier titre de la conférence qu’il doit prononcer, c’est, en effet :
« La liberté de la mort. »

Cette dépression, à l’époque, n’est qu’à demi consciente pour lui,
car, au fil des mois, en remontant dans l’histoire de sa famille,
nous découvrons que, côté paternel comme côté maternel,
 les hommes depuis des générations ont tendance
à vivre à l’ombre de leurs femmes
et à en devenir les fils plutôt que les réels compagnons.
Aussi, tout naturellement, Antoine a grandi et s’est développé
dans la structure psychique du puer aeternus.

Le jeune homme éternel fait montre en apparence d’une grande vitalité.
Il étend des ailes brillantes et vole avec facilité
dans toutes les sphères de la culture et de l’esprit
où il déploie de multiples et réels talents.
 Mais, en contrepartie de ses dons pour les hauteurs,
le monde de la Terre-Mère et de l’enracinement
 dans les limitations de la vie adulte lui répugne violemment ;
c’est là qu’il rencontrerait le sentiment dépressif qu’il évite
tant qu’il s’élance en direction des cimes.
Aussi, bien souvent, la vie du puer passe-t-elle par une crise profonde
aux abords de l’âge mûr, voire par un risque de maladie ou d’accident grave
 s’il persiste dans son ivresse des hauteurs 

Cette exigence de liberté qui devient alors aussi parfois, effectivement,
la « liberté de la mort », comme le dit si bien le rêve.
Mais non, se reprend Antoine, devant la grimace de sa jeune anima.
Ce dont il veut parler, c’est, en fait, « la liberté de l’amor », de l’amour.
Et cela, me semble-t-il, donne la clef du rêve tout entier.

Car si la Terre-Mère lui apparaît ainsi lumineuse et divine,
tout imprégnée par la numinosité du sens,
c’est parce que ce premier rêve archétypique
est aussi un premier rêve de transfert
à partir duquel toute la dimension de sentiment d’Antoine
va pouvoir renouer avec les énergies positives de l’archétype maternel
– ces énergies de l’instinct et de la vie que sa mère, trop occupée professionnellement,
 n’avait pu lui communiquer dans ses premières années.

Un autre détail du rêve met l’accent discrètement sur cette dimension transférentielle.
Une voix lui pose une énigme : « Qu’est-ce que la chambre somptueuse ? »
Et Antoine se dit que c’est une question en relation avec l’alchimie.
Or l’alchimie, jusque-là, il ne s’y intéressait guère.
Sa formation philosophique et scientifique l’avait plutôt tourné
vers les avancées récentes des sciences dites « dures ».
Il avait un peu feuilleté Jung, mais plutôt pour s’en détourner rapidement.


Ce terme d’« alchimie », ai-je pensé par la suite
 ne s’était-il pas glissé dans son rêve
en raison de l’état quasi fusionnel de nos inconscients
dans ces premiers moments de la relation transférentielle ?
 Dans ce début d’analyse, nous étions ensemble plongés
dans ce « bain de commune inconscience » que Jung illustre
par la première figure du Rosarium, la fontaine mercurielle
 qui représente la cornue, le vase, l’utérus
dans lequel tout le processus de transformation va se dérouler.
 Et dans cet état initial de mélange des substances,
 l’inconscient de l’analyste et celui de l’analysant
se mélangent justement à leur insu.

Aussi, à ce stade, il n’est pas rare que dans un rêve ou une association
apparaisse un élément lié à la vie ou à la personnalité de l’autre protagoniste.
 Ce phénomène disparaît généralement dès que la personnalité de l’analysant
 s’enrichit de façon consciente des contenus qui sont d’abord projetés dans le transfert.
Je passe volontairement sur les associations personnelles autour de ce rêve
pour respecter le secret analytique ;
mon propos ici est seulement de montrer que l’émergence d’un rêve numineux
peut être une expérience profonde de vie et de sens
 que, bien sûr, seule la thérapie dans son ensemble
va pouvoir inscrire dans une transformation durable,
à partir de l’analyse minutieuse des aspects archaïques
et aussi du quotidien de l’analysant. 

 Sur un plan plus général,
un point m’a particulièrement intéressée dans ce rêve.
C’est le thème de la lumière du féminin, un féminin qui se présente ici
comme encore indifférencié entre les valeurs de la Grande Mère
et celles à venir de l’anima de l’âge adulte.

La lumière baigne la montagne verte et arrondie.
Sous la terre, les rochers étincellent.
 La chambre rouge luit comme une escarboucle.
Et dans l’oasis où se construit le temple,
là encore c’est dans un paysage baigné de lumière.

Il semble que la matière soit devenue transparente à son propre rayonnement central
et non pas seulement qu’elle le reçoive du ciel.
L’esprit, la lumière, apparaît issu directement de la nature incarnée, manifestée,
dans sa relation au corps et à l’existence, et non pas comme esprit immatériel,
logos masculin en dialogue avec l’éros féminin,
comme le pose Jung jusqu’à la fin de son œuvre. 

En effet, Jung pense que la qualité médiatrice de la féminité
et les valeurs liantes et reliantes du versant féminin du Soi
se traduisent dans la psyché  par des mythes
et des symboles nocturnes, chtoniens et lunaires.


Dans le dernier volume de son œuvre, Mysterium Conjunctionis,
 il reprend les symboles de la lune et du soleil
et expose que la conscience féminine qui, brumeuse, irisée et chatoyante,
 médiatise si bien les opposés, est aussi, à l’instar de la faible clarté lunaire,
affligée d’un certain manque de discrimination
et de précision dans son entendement. 

Personnellement, comme beaucoup de femmes aujourd’hui,
je n’ai jamais pu m’identifier uniquement à la lune.
Les valeurs de la lune me parlent aussi à travers l’animus et le masculin,
et non comme un modèle exclusif d’identification pour ma conscience féminine.

 Déjà chez Homère, Aphrodite, l’autre grande déesse généralement associée à la femme,
 est appelée l’Aphrodite d’or.
Sa chevelure éclatante est rousse, et son caractère impétueux, sensuel et audacieux
évoque plutôt la généreuse énergie des forces du jour
que la calme intensité de la terre sous le clair de lune
Du côté des mythologies celtes, il n’y a aucune ambiguïté 
la grande majorité des déesses, des fées et des reines
qui peuplent ces légendes sont blondes, lumineuses et passionnées,
 comme par exemple dans l’ensemble du roman du Graal
ou dans celui de Tristan et Iseut.
En fait, les héroïnes celtes dans leurs aventures guerrières
pécheraient plutôt par excès de vitalité que par un manque de clarté
dû à la délicatesse de leur rayonnement.
 Jung, qui appartenait au signe astrologique du Lion,
possédait une personnalité masculine dotée à l’évidence
d’un charisme actif et chaleureux.

Aussi, me semble-t-il, c’est sa propre anima
dans sa face mystérieuse et dangereuse d’enchanteresse de la nuit
qu’il a bien souvent projetée sur les femmes de son entourage
et sur les figures symboliques mythiques qui l’inspiraient :
exemple, la mère chtonienne Démeter ou la Mélusine
avec son cortège de nymphes des eaux et de sirènes,
séductrices des chevaliers nordiques
 égarés dans les brouillards lacustres.








Lumières de la nature

 
 Dans le songe d’Antoine, cette lumière du féminin
n’est jamais dissociée de la matière,
donc de l’expérience vitale de l’incarnation,
comme la culture judéo-chrétienne le conçoit encore si souvent.

La « chambre somptueuse » elle-même,
centre vide que l’on trouve si souvent
 comme image mandalique du Soi,
rayonne d’une lumière rouge,
symbole du sang, de la sexualité et de la vie.

Et, souligne la voix : « La chambre somptueuse suppose le sexe. »
Autrement dit, il n’y a pas de perception du Soi, pas d’expérience du sacré
sans engagement dans les limites de l’existence,
car c’est alors que la sexualité et les pulsions encore autonomes ou excessives
mûrissent en se reliant au centre qui les mesure.

Alors, cet esprit trop aigu et ces idéaux trop élevés
qui sont le propre du jeune homme ou de la jeune fille éternels,
en descendant dans une mise en corps peuvent se revitaliser, virer au rouge
et réveiller le goût de la joie de vivre,
ce qui est justement ce que le puer ou la puella ignorent
tant qu’ils refusent de prendre racine.

Dernier point : dans le rêve, la substance précieuse à fleur de sol,
la montagne arrondie, l’oasis au nom de pierre alchimique, Petra,
qui abrite le temple en construction et la lumière du ciel elle-même,
sont tous des symboles d’équilibre
entre le haut et le bas, le lumineux et l’ombre.
Ce ne sont pas là des images de la nature sauvage dont on rêve parfois
 comme versant grandiose et fascinant de la Grande Mère,
 celle qui tue son fils-amant trop épris.

Au-delà de la problématique personnelle du rêveur,
tous ces symboles qui relient la lumière et la matière
pour que le temple, la Pierre, se construise, évoquent donc
un développement psychique via le féminin ;
une constellation du Soi, une imago dei, peut être propre à notre temps
que Jung, le premier, a envisagé comme la solution à la division croissante
qui règne dans la culture occidentale
entre la puissance technique dont elle dispose
et la faiblesse de son développement sur le plan du sentiment éthique
.
Dans de nombreux rêves aujourd’hui, on voit apparaître ce besoin
 d’un esprit médiateur du logos, toujours porté à l’absolu, du masculin.

Pierre Solié disait volontiers naguère
 que si une idéologie fanatique, un troisième totalitarisme
ne venait pas dévaster l’Occident au cours du prochain siècle,
instaurer cet esprit d’agapè, 
 ce sentiment nuancé, fraternel et responsable,
serait la prochaine tâche de notre civilisation.


Marie-Laure Colonna
"Les feux du dedans"
.




mercredi 2 janvier 2019

Symbolique des pierres précieuses

Mercredi 2 janvier 2019
 
 
 


Suivant le regard porté par le rêveur sur le trésor,
il sera perdu ou comblé.

Le trésor "convoité", qui traduit l'attraction des richesses,
est une expression de l'exaltation de la volonté de puissance.
Il s'inscrit dans l'imagination pétrifiante.

Le trésor "révélé", qui indique l'atteinte des lumières intérieures,
est agent et témoin d'accomplissement.
Il participe de l'imaginaire transformant.

Le trésor convoité stérilise, le trésor révélé fertilise.

Pour l'imaginaire spontané, les pierres précieuses sont
d'eau, de lumière, de couleurs.

La rêverie lapidaire ne se confond pas avec la rêverie cristalline.
le cristal est structure, matière, transparence.
Les pierres exposent l'essence lumineuse 
du mystère intérieur.

La pierre singulière condense parfois la valeur illimitée du trésor.
Elle devient un talisman dont le pouvoir rassemble
 ceux de toutes les pierres précieuses.
L'interprétation serait cependant incomplète
si la coloration particulière de la pierre n'était pas,
dans cette situation, prise en compte.

Dans la grande majorité des rêves, les pierres précieuses ne valent
que ce que vaut leur multiplicité.
Les séquences dans lesquelles le rêveur atteint le trésor
se laissent ranger en deux groupes :

- celui dans lequel les images signifient
 que le rêveur est parvenu au centre de lui-même,
en ce lieu incertain où se révèle l'insupportable totalité.

- celui dans lequel l'imaginaire place le rêveur devant le trésor
afin qu'il prenne conscience de l'inanité de sa convoitise,
qu'il choisisse l'abandon des richesses et s'en aille,
valorisé par son renoncement

Les pierres précieuses  représentent la multiplicité éblouissante de la totalité.
L'intelligence humaine serait anéantie par la simultanéité illimitée,
 qui serait une lumière blanche aveuglante.
La raison a besoin de repères,
de la multitude limitative, du séquentiel.

La vision des pierres précieuses ne peut durer ainsi que le temps d'un éclair,
déchirure lumineuse qui révèle à jamais la potentialité illimitée.
Le plus souvent, l'apparition du symbole favorise et accompagne
le passage des valeurs de l'avoir aux valeurs de l'être.
.

Georges Romey
"Le guide des rêves"
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Emeraude

La symbolique de cette pierre est assez ambiguë. 
Sa couleur verte l’associe à un principe de germination
une énergie féminine.


Cette énergie, très puissante, ne peut être utilisée sans danger
Son pouvoir n’est pas à la portée de tous. 
C’est pour cela que l’émeraude est censée porter malheur.
 Cette crainte est un signe d’ignorance. 
Il ne faut pas essayer de dominer ses énergies féminines,
 mais plutôt les intégrer et les comprendre.

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T-F Moir
"Dictionnaire des rêves"
.

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