lundi 1 janvier 2018

Rêve 55 : Un rêve étrange et déroutant

 
 Lundi 1er janvier 2018
 
 
 

 
Tout commence, là où tout se termine habituellement. Le dernier morceau de l'un de mes concerts.

Un concert dans un café sordide. L'absence de réactions du public me rend fou. Je m'interromps, je crie, rien, le temps semble long. Tout se déroule pourtant en quelques secondes. Seul au milieu des gens. Mes doigts se crispent sur ma guitare que j'abandonne dans un coin de la scène. L'organisateur du concert se dirige vers moi. Il est embarrassé. L'expression de son visage me confirme que cela ne s'est pas bien déroulé. Il aurait pu se passer quelque chose, il aurait dû se passer quelque chose, mais il ne s'est rien passé. C'est comme ça, ça arrive. Quelle erreur d'avoir voulu parler au public, me glisse l'organisateur. Il est très attendri finalement. Lui non plus ne comprend pas. Ses narines frémissent. Il faut recommencer le concert, m'annonce-t-il. Incrédule, je pense avoir mal compris, mais non, il va falloir remonter sur scène. Ailleurs. Une larme coule sur ma joue gauche. J'aimerais m'enfuir, m'extirper de ce rêve, mais rien n'y fait.

Nouvel endroit, nouvelle scène, le même concert. Dans un château cette fois. Le cadre et le public sont différents.

J'ai droit à des applaudissements cette fois, mais tout cela reste très poli, discret, étriqué. L'organisateur s'approche de moi. Encore. Cette fois, j'ai peur. Je sens qu'il va se passer quelque chose. La bouche de l'organisateur s'ouvre, mais aucun son n'en sort. Un immense larsen de guitare emplit l'air. L'organisateur sursaute, si on peut appeler comme ça le mouvement grotesque qu'il fait. Je me retourne, attiré par ce bruit agressif, cherchant du regard l'origine de la source sonore. Comme toutes les personnes présentes ici, j'aimerais que ce son s'arrête, que l'ambiance redevienne agréable. Se détendre. Je veux demander à l'organisateur s'il a une idée d'où peut provenir ce son, mais il a disparu.

Le public aussi disparait. Et l'endroit change encore.



Une ville gigantesque sortie du futur et construite à la verticale m'engloutit.

C'est la nuit. J'observe ces petits points de lumière que sont les fenêtres de ces buildings qui s'étirent vers le ciel et se sont multipliés comme des champignons dans un bois humide. À perte de vue. Je pourrais perdre la raison à force de regarder ces petits points colorés devant moi et en bas. En bas ! Je distingue enfin le lieu qui m'a englobé. Je suis dans un de ces buildings du futur. Je panique. Je me moque bien de mes récents concerts manqués et de l'organisateur disparu. Tout est loin derrière, oublié. Seul compte maintenant l'endroit où je me trouve. J'ai peur. Pour l'instant, je suis face à un ascenseur.

Je suis face à cet ascenseur, dans cet immeuble au look futuriste. J’attends ce fichu ascenseur qui n’arrive pas. Mes yeux sont fixés sur le petit écran vert au-dessus des portes métalliques où devraient défiler les numéros rouges des étages, seulement voilà, rien ne se passe, l’ascenseur est bloqué au niveau 33. L’attente est latente, interminable.




Soudain, je sens une présence derrière moi. Je me retourne. Un homme grand et fort au visage paré d’un méchant rictus se rapproche. Ce n’est pas son regard trouble comme pour un crime qui m’interpelle, mais l’arme qu’il porte à sa ceinture. Immédiatement, je sens qu’il en a après moi. C’est moi qu’il vient chercher. Je m’enfuis dans un couloir. Il me poursuit. Je cours dans un dédale de couloirs sans fin et pense l’avoir semé, un temps. Je suis essoufflé. Je reprends ma respiration.

Là, au bout du couloir, un autre homme grand et fort. Il ressemble trait pour trait au type que je viens de semer, mais ce n’est pas lui. Son complice sans doute. Il n’a pas d’arme, lui, mais compte bien m’arrêter en usant de la force. Il saisit à mains nues un immense tuyau au-dessus de sa tête. Sans doute, une canalisation de chauffage. De l’eau bouillante et de la vapeur s’en échappent puis un craquement retentit au moment où le tube de cuivre est arraché. L’homme ne ressent rien. Aucun effort, aucune douleur. Il court vers moi avec son trophée canalisation et me le lance en plein visage. J’esquive de peu, mais je comprends qu’il est impossible de lutter. Déjà sa main se referme sur mon épaule et me repousse vers l’ascenseur.

Là, il retrouve son complice qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, à moins que ce ne soit l’inverse, et il le traite d’incapable. Comment a-t-il pu me laisser m’échapper alors qu’il est armé et moi pas ? Les deux hommes en viennent presque aux mains. J’hésite durant une fraction de seconde et pourtant je sens qu’il faut tenter quelque chose. Je sais que si l’ascenseur arrive à mon étage et que je suis contraint d’y rentrer, ce sera ma fin. C’est une certitude qui remplit mon être. Profitant de la discorde, j’emprunte le couloir de gauche et pousse la première porte qui se présente à moi.





La salle où ma fuite m’a mené est remplie de gens qui font la fête. Ils dansent, ils boivent, ils chantent dans une semi obscurité. Parmi les fêtards, je distingue des têtes familières. Des condisciples principalement. Je me mêle à eux, même si ceux-ci ne semblent pas me reconnaitre. À l’autre bout de la salle, là d’où je viens, la porte s’ouvre et les deux hommes à ma poursuite paraissent. Ils ont revêtu chacun un uniforme de policier. Que me veulent-ils ? J’ai peur qu’ils ne surprennent mon regard, me reconnaissent, et tout serait perdu ? Ce serait ma fin, très certainement. Je longe les murs et me dirige vers une seconde pièce que je n’avais pas remarquée d’abord, attenante à l’endroit où tout ce monde fait la fête. Cette deuxième salle est séparée de sa voisine par un lourd et épais rideau rouge. Je me prépare à écarter ce rideau et voir ce qu’il y a derrière, mais un pressentiment m’en empêche, me paralyse sur place. J’observe.



Un couple écarte le rideau et me permet de distinguer la scène suivante. Lorsque les deux amoureux passent dans l’autre salle, la deuxième salle entièrement plongée dans une obscurité malsaine, un flash de lumière rouge les éclaire brièvement. Eux qui étaient quelques instants auparavant si pleins de vie, tout sourire, perdent au contact de cette lumière toute joie et expression. Leur comportement change. Leurs regards se vident.
Ils rejoignent une trentaine d’autres personnes assises à terre, en tailleur, et ils se mettent, comme leurs nouveaux compagnons d’infortune, à réciter des prières. Face à eux, sur une scène, un personnage leur fait face et dirige leurs incantations, donne les ordres. Les prières durent un temps. Le gourou, on va l'appeler ainsi, qui s'agite face à tous ces gens priant assis par terre, s'immobilise. Il sort un objet de sa poche. Dans l'assemblée, les prières ont cessé. Tous les yeux scrutent cet objet que le gourou agite frénétiquement.
C'est un briquet. Un briquet en argent sur lequel est gravé un mot. Ce nom ne m'évoque rien. Je l'ai déjà oublié. Une flamme sort du briquet. Le gourou rapproche dangereusement la flamme de son visage.
"Les visages sont la révulsion et la révulsion, c'est le succès", crie-t-il. À cet instant précis, tous les disciples assis face à lui l'imitent, tendant un briquet enflammé vers leurs visages. Au même moment, tous les visages s'enflamment. Un volume de matière en fusion égal à celui de la chair des visages fuse et s'écoule, laissant paraitre les os du crâne d'une blancheur terne.



Je suis livide, comme fou, comme ayant perdu la raison. Je tremble. Je me perds dans mes pensées. Je me réfugie sous une table, mais la solution n’est que très provisoire. Quel choix me reste-t-il ? Si je passe le rideau, je subirai moi aussi un lavage de cerveau après avoir été exposé quelques secondes à ce flash de lumière rouge. Si je reste dans cette salle des fêtes, les deux policiers à mes trousses finiront par m’attraper. Je me demande si tout est vraiment perdu ?
Pour l'instant, je suis sous cette table, dans cette salle où l'on fait la fête, et dans cette salle, on s'agite, on danse comme si rien n'avait d'importance, comme si ce monde, le monde de la salle voisine, n'existait pas. J'attends. C'est la fin. J'imagine déjà le désespoir de ma petite-amie.

Perdu dans mes pensées, les doigts crispés, je me demande combien de temps encore il me faudra attendre ici, caché, sous cette table. Soudain, une main tenant un pistolet fait son apparition à quelques centimètres de mon visage. C'est un choc. Mes yeux regardent l'arme puis remontent vers le bras et le visage de l'homme qui m'a repéré. Je reconnais son méchant rictus, celui que j'ai aperçu il y a quelques minutes, devant ce fichu ascenseur bloqué à l'étage 33.
L'arme glaciale ressemble à un micro tenu ainsi si près de ma bouche. Je panique. Je me moque bien de l'indiscrétion que pourrait provoquer l'arme à feu si elle était devenue un micro, capturant ma peur et mon angoisse. Prouvant au monde que je ne suis qu'un froussard caché sous une table, incapable d'exorciser un tel souvenir pour les années à venir. Le rictus de l'homme devient rire, cynique, encore plus froid que son arme.

- Je refuse de gaspiller une balle pour toi, sa bouche articule.


D'un geste, il m'ordonne de sortir de ma cachette. Il me tend un curieux masque en bois dont les yeux sont recouverts d'un épais voile noir. Alors que je glisse les élastiques derrière mes oreilles et recouvre mon visage du masque, je vois que l'homme au rictus possède l'exacte réplique de mon masque et fait de même. Il presse le canon de l'arme dans mon dos et me pousse vers le rideau, non sans avoir pris le temps de me glisser : - Ne regarde jamais vers la lumière rouge.

Nous traversons la pièce, protégés par nos masques. Alors que nous allons quitter cette pièce et que mes pas m'entrainent vers un destin probablement funeste, je remarque un trou dans le sol, comme un rectangle permettant le passage d'un homme, que l'on dirait découpé dans le plancher. Tout se déroule en quelques secondes. Je décide de tenter ma chance. J'arrache mon masque et saute dans le vide.
J'entends la déflagration. L'homme au rictus a pressé la détente, mais la balle me manque et finit sa course dans un mur. Je tombe. À moitié inconscient, je pense à me recroqueviller. Peut-être qu'ainsi je ne me casserai aucun membre ? Je tombe à la vitesse d'une pierre précipitée d'un pont dans le lac glacé de la nuit. Je n'ai aucune chance de m'en sortir. Cela ne s'est jamais vu.

On ne sait par quelle grâce, par quel hasard, tout à coup, je suis assis dans mon lit. Encore fou de peur, je saisis une bouteille d'eau posée à terre, à côté de mon lit. Mes mains, encore tremblantes, dévissent le bouchon. L'eau apaise le feu de ma bouche. Tout est terminé. Ce n'était qu'un cauchemar. Je vais pouvoir me rendormir et terminer ma nuit dans le calme et la tranquillité.
Je repose la bouteille d'eau, toujours assis dans mon lit. J'ai très froid. Je distingue sur les couvertures quelque chose qui n'y était pas quelques instants auparavant. Ma main s'avance, telle une tête chercheuse voulant en savoir plus. C'est du givre. Je lève les yeux. Il neige. Rapidement, mes draps, mon visage, mon corps, sont recouverts d'un manteau blanc. Je me résigne. Je me couche dans la neige. Le lit a disparu.


J'ai maintenant l'impression de voler, comme somnambule, tout à coup. J'ai pourtant cru que j'étais réveillé. J'ai envie de crier, regardant vers le ciel puis vers le sol. Je survole une ville recouverte de neige, des montagnes de glace.
Ce noir et blanc m'évoque la scène de l'enfant qui joue avec sa luge dans Citizen Kane.





Je distingue l'enseigne brisée d'un magasin qui annonce TABINS ou TAWILS. Qu'est-ce que ce mot peut vouloir dire ? Je sais que maintenant, dans ce rêve, il a un sens, dans cette réalité seulement.
 Mon vol se termine face à une maison en bois dans laquelle j'entre. L'homme au rictus est là, mais son visage est devenu amical. Nous discutons.
- Qu'allons nous manger, me dit-il, il n'y a presque plus de pain. Cela dure depuis des mois et il n'y a plus de réserves.

Je meurs à petit feu. Je m'éloigne. Tout s'éloigne.

J'ouvre les yeux. Une sonnerie. Il est 7 heures. Mon réveil. Je dois aller en cours.
.
 
Rêve reçu par Will Z
le 13 décembre 1999
.
 

Le rêveur, qui m'a envoyé ce texte, est musicien professionnel.
Il a travaillé sur ce grand rêve, un rêve qui l'a profondément marqué,
et il l'a mis en paroles et en musique. Le résultat est remarquable.
  
Ce morceau fait partie de l'album

25 commentaires:

  1. Merci, Will, pour le partage de ce rêve absolument étonnant !
    C'est un rêve foisonnant, je ne suis pas sûre qu'on puisse en scruter tous les aspects, mais il y a beaucoup de choses intéressantes.

    Le "passage" dans le trou, par exemple, qui mène à un "faux réveil" et à un "deuxième niveau de rêve", un peu comme dans le film Inception (dans ce film, quand un personnage meurt, il change de niveau).

    Et puis le rideau rouge, qui semble marquer la séparation entre "deux mondes" aussi...un monde "apparent" dans lequel les gens font la fête et puis un monde "caché" en coulisses, avec ce gourou qui déclame des phrases dignes de George Orwell...

    Il y a aussi ce "voyage dans le futur", dans cette ville futuriste. Et puis cet ascenseur bloqué au numéro 33 ...et ces hommes menaçants...ce sont des symboles forts.
    Un rêve peu banal, qui ne peut que marquer durablement.

    A la première lecture, il me semble que le fond du rêve est sans doute lié à une difficulté à "trouver sa place" dans un monde qui ne reçoit pas ce qu'on a à donner, à exprimer (public indifférent du début), qui peut même être hostile (personnages menaçants) ou qui est ressenti comme glacial (neige et glace de la fin du rêve).

    Il en ressort aussi une difficulté à pouvoir vivre sa véritable identité: visages qui "fondent", masque...

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  2. Merci pour le partage et cette petite analyse très juste. Je n'ai vraiment "compris" ce rêve que très récemment et surtout "compris" qu'il avait "dirigé" inconsciemment mon existence depuis presque 20 ans.

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    1. Oui, c'est le genre de rêve qui peut refléter ou annoncer tout un pan de vie et n'être compris que des années plus tard...
      Ce serait intéressant de savoir ce que vous en avez retiré comme enseignement (sans dévoiler trop votre vie privée, bien sûr).

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  3. Bonsoir La Licorne,

    C'est en effet un rêve assez étoffé. Il peut à première vue sembler très étonnant, comme bien des rêves. Mais il me demble voir un fil de sens assez net (dans l'ensemble...) le parcourir et le soutenir du début à la fin. Sauf erreur de ma part, bien sûr.

    Avec mes meilleurs vœux pour la nouvelle année !!

    Amezeg

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    1. Je vois que 2018 n'a pas entamé ta perspicacité, Amezeg...je serais curieuse de connaître ton analyse...
      Excellente année à toi aussi (et à Will Z).

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  4. L'homme au rictus représente la musique; la pièce derrière le rideau, le monde du travail. Dans le premier niveau, l'homme au rictus est contrarié mais l'univers présente un certain confort, malgré le danger que cela représente. Dans le deuxième niveau, l'homme au rictus est apaisé, mais la vie est extrêmement difficile, presque impossible. La dernière phrase "Je dois aller en cours." est très importante. J'aurais pu dire "Je me rendors" ou "J'agrippe ma guitare et je compose", mais l'action a été différente, régie par le rêve, et m'a conduit à qui je suis aujourd'hui.

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    1. C'est bien la fin du rêve en effet , ainsi que l'émotion qui l'accompagne, qui donne le ton et détermine le sens final du rêve.

      Que l'homme au rictus représente la musique est bien possible...je suis intriguée par la scène où l'arme tenue près de la bouche ressemble à un micro...

      Et aussi par la luge de Citizen Kane...luge qui, dans le film d'Orson Welles, renvoie à l'enfance, et à la façon dont la destinée se joue...prise entre les désirs "authentiques" et "spontanés" de l'être au début de sa vie et le mirage de l'âge adulte, qui se tourne vers la carrière, la réussite "apparente"(mais non conforme aux désirs profonds).

      Ne serait-ce pas à la "clé" de ce rêve ? (comment concilier le désir profond et les contraintes de la vie sociale, qui nous obligent à rentrer dans le rang et à trouver une activité conforme ...et rentable, pour "réussir", non par rapport à soi-même, mais par rapport aux autres ?)

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  5. Bonjour Will, bonjour La Licorne,
    Vos commentaires à propos du rêve m'ont bien intéressé, et j'y trouve des points de convergence certains avec les réflexions - plus ou moins pertinentes... ? - que m'a inspirées ce rêve.
    Je vous propose une première partie de ces réflexions avant de poster, un peu plus tard, et si Dieu le veut, la suite.
    Le premier tableau du rêve, dans le café sordide, montrerait qu'il s'agit peut-être de puiser en soi à un niveau plus profond que celui des mots, des concepts, même musicaux. De laisser s'exprimer à travers soi l'inspiration profonde pour que le public soit touché au même niveau, il s'agit de connecter/de brancher directement le public à cette même source qu'il porte aussi en lui et à laquelle les êtres créatifs, musiciens, poètes, peintres, écrivains, et tous les autres... lui permettent de se connecter plus vivement. L'organisation n'est pas le point essentiel, elle vient en second ou encore après, il faut d'abord laisser monter du fond ce qui veut en émerger. Le public pourrait éventuellement représenter non seulement les autres que soi-même mais aussi le public en soi-même, c'est à dire ici, les parts de la personnalité de Will Z qui reconnaissent la valeur d'une création vraiment inspirée par la profondeur de l'être.
    Si (...?) le "café sordide" représente le niveau d'expression trop influencé par le moi conscient limité, les créations "impures" du moi limité ( Lat. sordidus, sale ; de sordes, ordures.), impures parce que peut-être trop entachées de mots, de concepts (même musicaux), d'idées préconçues sur ce que cela devrait être ; alors l'étape du château pourrait représenter un rapprochement du Soi ou retour vers le Soi. Ce repositionnement vers le Soi permettrait de voir que l'organisation consciente des choses doit céder le pas à la musique elle-même car le larsen de guitare cloue définitivement le bec à l'organisateur conscient (trop organisant).

    Puis, les étapes précédentes de l'évolution personnelle du rêveur sont montrées comme dépassées, il faut entrer dans le neuf de la personnalité, dans son renouvellement, son futur, son devenir plus large, peut-être à certrains égards plus ambitieux, plus élevé, plus rempli de points lumineux (de points de conscience nouvelle peut-être). Ce qui peut de prime abord effrayer l'être qui s'y trouve invité ou poussé par des forces d'évolution instinctives. La tendance à l'individuation disait - en substance – C.G.Jung, est sans doute la force instinctive la plus puissante en nous. On peut souhaiter devenir ce que l'on est et reculer, pris d'effroi, devant les épreuves que l'on doit affronter et traverser.
    Mais "repasser par le Soi" ne suffit pas : "Dieu a besoin des hommes", la réalisation du Soi passe sans doute par l'accomplissement du destin individuel, chaque 'moi' est une part de/du Soi qui demande à s'accomplir à travers la réalisation de ce moi. Et cela semble souvent – toujours ! - passer par le sacrifice du "vieux roi", la mort de l'ancienne forme du moi.

    Amezeg

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  6. (Suite 2)
    33, c'est l'âge du Christ au moment du sacrifice sur la Croix : mort et Résurrection...C'est bien ce qui est apparemment au programme du rêveur. Les deux costauds, armés l'un d'un revolver et l'autre d'un tuyau (pour de l'eau chaude sous pression), me semblent être les représentants d'une nouvelle énérgie masculine émergeant * pour l'occasion du fond de la personnalité (* ils sont quasi jumeaux, comme deux gouttes d'eau, dit le rêveur : comme deux parts d'une énergie intérieure qui commence à prendre pied dans la conscience, à y devenir agissante, mais dont 'une moitié' est encore dans l'inconscient). De ce fait l'action de cette énergie, "mal synchronisée", n'est pas encore pleinement efficace et laisse un temps une échappatoire au rêveur qui en profite pour se soustraire momentanément à cette pression.
    En le poursuivant sans relâche, cette nouvelle énergie masculine qui est désormais revêtue des signes visibles (tenue de policiers) de l'autorité (intérieure !) va cependant pousser le rêveur à trancher, à faire un choix, celui du sacrifice de l'ancienne forme du moi.
    Le rêveur s'est réfugié dans le monde bien connu de cette ancienne forme où évoluent des personnes
    familières, etc. L'ancienne forme du moi souhaite que rien ne change, elle y trouve son compte, elle "s'y amuse bien" (c'est la fête). Toutefois, quelque chose de cet ancien moi a déjà changé car les camarades, les copains ne le reconnaissent pas. Il n'est plus tout à fait des leurs. Sans bien le savoir encore.

    Amezeg

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  7. (Suite 3)
    Le couple qui passe dans la salle cachée par le rideau rouge évoque peut-être une fécondité et une créativité potentielles, toute pleines de joie et de vie, qui vont être gommées, annihilées, éteintes par le traitement subi dans cette salle. Ce traitement consiste en l'adhésion à une foi collective qui prône l'adhésion au principe de révulsion pour "réussir", pour avoir du succés. La révulsion semble correspondre au renoncement à la personnalité véritable, les traits individuels disparaissent et tout/tous se fond/ent dans un collectif impersonnel, terne et sans relief, et assez désincarné. De toute évidence, ce traitement ne conduit pas les êtres sur le chemin de leur individuation et de leur fécondité-créativité propre... ! Cette perspective donne des sueurs froides au rêveur qui, en son tréfonds, se sent appelé à la personnalité, à l'individuation... coûte que coûte... Le briquet d'argent, métal lunaire, yin, me semble être en contraste avec l'énergie yang représentée par les deux costauds qui mettent la pression au rêveur. Il est apparemment demandé au rêveur d'avoir, en la circonstance, une attitude active, masculine, tandis que les personnes qui prient et fondent à la flamme du briquet yin en renonçant à elles-mêmes (révulsion : arrachement) pour obtenir le succès conventionnel, ont une attitude passive.
    La lumière rouge favorise la production de mélatonine, hormone de l'endormissement. Le costaud au pistolet veille à ce que le rêveur ne tombe pas sous le charme néfaste de cet assoupissement car il le pousse à l'éveil individué et pas à l'assoupissement collectif. Il faut rester de bois (le masque) lorsque cette tentation se présente, ne pas se laisser séduire et captiver par cette passivité de mauvais aloi si l'on veut aller vers soi-même, s'individuer, échapper à l'excès de l'emprise collective.
    Le voile évite le risque de la fascination naturelle produite par regard envoûtant du "serpent collectif" :-) Et il faut parfois "marcher voilé" parmi les autres pour ne pas trop choquer et rester libre des ses mouvements (le Yi King en donne parfois le conseil, comme les Taoïstes).

    « Je me demande si tout est vraiment perdu ? » Faut-il mourir d'ennui ou prendre le risque de l'individuation, mourir à l'ancien et renaître au neuf de soi-même). Mourir dans les deux cas, mais mourir pour renaître rénové, transformé, dans le second cas.

    Le rêveur décide finalement de tenter sa chance en sautant dans le vide. C'est l'aventure de l'individuation qui s'engage, plus rien n'est sûr, ni maîtrisé, ni organisé, prévisible, rassurant...

    Amezeg

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  8. L'homme au rictus tire en direction du rêveur, comme pour lui signifier peut-être qu'il n'y a pas de retour en arrière possible, sous peine de mort, "de mauvaise mort". Et la balle qu'il ne voulait pas gaspiller lui semble sans doute être alors bien employée puisqu'elle ne tue pas mais qu'elle rend le choix de la transformation plus certain, plus inéluctable. Le rêveur s'abandonne-t-il, malgré la peur, à la chute et au destin. S'il le fait, cet abandon le protège peut-être davantage encore de la casse que le recroquevillement qu'il effectue.
    Comme pour donner plus de réalité aux informations et opérations intérieures qui ont précédé, comme pour mieux les inscrire dans sa mémoire peut-être, le rêveur croit s'éveiller d'un cauchemar dans son lit avant de s'engager dans une nouvelle péripétie du rêve qui semble lui indiquer qu'il lui faudra vivre et traverser "son hiver", une sorte de nigredo... en noir et blanc, avant le "dégel de l'âme" (?) et le printemps, le renouveau de lui-même. Il meurt à petit feu, d'inanition aussi parce que ce qui pouvait nourrir sa vie auparavant, qui pouvait le sustenter, a peu à peu disparu, depuis des mois (et même s'il en reste un peu, cela n'a probablement plus assez de saveur pour être une nourriture appétissante dont il souhaiterait se nourrir...?) L'homme au rictus est amical et bienveillant maintenant que le rêveur a pris le risque de l'individuation : il est une énergie masculine présente et disponible qui va l'aider dans cet exigeant cheminement vers lui-même.

    Dans la scène de la luge de Citizen Kane il est question de l'avenir du jeune héros : que deviendra-t-il ?
    Le rêveur lit deux inscriptions Tabins et Tawils. Si je m'aventure un peu sur le terrain des hypothèses audacieuses, je me dis qu'en anglais ou anglo-américain Tab signifie - entre autres choses - tablature, et que Will est musicien. Alors je suis tenté de comprendre TABINS comme : TAB INSIDE et TAWILS comme WILL'S TAB. L'avenir de Will serait (était) donc de trouver en lui sa propre partition, la clé de lecture et d'interprétation précise de son être individuel unique, avant même de la traduire au dehors en créations musicales partagées avec le public.

    Amezeg

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    1. Merci , Amezeg, pour ce long développement...
      Je vais laisser le rêveur te répondre, avant de partager un peu de ma propre vision...

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  9. Will Z. le rêveur6 janvier 2018 à 12:42

    Merci pour cette interprétation. Je vous lis avec passion. La clé manquante était Tawils (mais était-ce ce mot ?) et votre hypothèse tient la route.

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    1. Merci pour ce retour.

      Vous êtes le mieux placé pour dire ce qui, dans cette proposition de compréhension de votre rêve, trouve un écho en vous, ce qui vous semble correspondre à votre vécu, intérieur et extérieur.

      C'est un grand rêve, un rêve initial, un rêve d'entrée sur le chemin d'une longue "quête du Graal" ; qui méritait bien que vous le mettiez en musique comme vous l'avez fait, et que vous le proposiez généreusement ici, au bénéfice de tout lecteur-lectrice ou alchimiste contemporain-e de bonne volonté.

      Amezeg

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  10. Un petit ajout... Le dernier... ? ;-)

    « Une ville gigantesque sortie du futur et construite à la verticale m'engloutit. », précise le récit du rêve.
    C'est une chose qu'il faut peut-être souligner. De la naissance à l'âge adulte, dans les sociétés occidentales contemporaines, nous développons notre dimension horizontale, terrestre dans le meilleur sens du mot et sans doute aussi dans le sens terre à terre, limité, au ras des pâquerettes.
    La ville inscrite dans la verticale, avec tous ses petits points de lumière, évoque la dimension spirituelle qu'il faut désormais "habiter" également, avec la dimension terrestre déjà explorée et habitée par le rêveur. Cette dimension verticale est probablement ce qui n'était pas exprimé ni exprimable par "les mots" adressés au public, les mots évoqués relevant sans doute davantage de la dimension horizontale de l'être du rêveur.

    Amezeg

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    1. Oui, Amezeg, je suis d'accord : il y a cette ville "verticale" et cette "hauteur" qui est très présente (être bloqué au niveau 33, c'est être bloqué très "haut") et puis à la fin, il y a plusieurs mouvements de "redescente sur terre"...(chute, mais aussi vol puis atterrissage...).

      Mon intuition est qu'il y a sans doute chez Will des facultés potentielles supérieures , mais qu'il lui est demandé, d'abord, de s'ancrer dans les réalités "terrestres" (il faut "manger"...) et c'est peut-être la raison pour laquelle le rêve se termine par "je dois aller en cours"...

      Avant de penser à "monter très haut", il serait important, dans un premier temps, que les réalités quotidiennes soient assumées ?

      Sinon, il y aurait danger ? (dangers et menaces évoqués dans le rêve)


      Le nombre 33, en numérologie, est un "maître-nombre", c'est-à-dire un nombre puissant, en lien avec l'intuition, la spiritualité...et la communication, aussi.

      C'est aussi un nombre en rapport avec le "pouvoir secret" (exemple : 33ème degré chez les francs-maçons).

      Ce nombre puissant l'est dans les deux sens : il peut évoquer le meilleur (développement spirituel élevé, facultés intuitives supérieures) ou le pire (dérive vers le pouvoir occulte, la magie noire...ou les méthodes des sectes). C'est un nombre qui ne peut être intégré sans danger que si l'on arrive à une grande "maîtrise intérieure"...


      Ce rêve serait-il un avertissement concernant le "chemin de vie" à suivre ? Un avertissement de ne pas "aller trop vite", à ne pas "aller trop haut", du moins au début ? Un avertissement à ne pas sombrer dans la "folie des grandeurs" (Cf Citizen Kane) ?

      Faut-il attendre le bon moment pour communiquer ce que l'on a à dire ? (sinon cela risque de ne pas être reçu, comme au début du rêve, et d'entraîner des complications ?)
      Faut-il attendre d'avoir suffisamment progressé sur son chemin d'individuation ? Et veiller, avant toute chose, à se "trouver soi-même", pour ensuite, dans un deuxième temps, pouvoir communiquer aux autres, par son art, sa "richesse intérieure"...

      Ce ne sont là que des hypothèses...qui seront confirmées ou pas par Will...mais c'est plus ou moins comme ça que j'ai ressenti ce rêve...


      Autre détail amusant : Si l'on tape "Tabins" dans Google, on tombe sur une entreprise de construction...qui opère à Dubaï ! (ville futuriste s'il en est, qui regorge de gratte-ciels démesurés!)

      http://www.tabinsllc.com/html/projects.htm

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  11. Le niveau 33 m'a bien sûr rappelé l'hexagramme 33 du Yi King : "La retraite", parce que le rêve montre que le rêveur, en sautant dans le vide par l'ouverture ou trappe, se retire du monde ordinaire et devient solitaire ou exilé de la société commune à tous ses semblables.
    Dans le Yi King, le neuf à la quatrième place précise que cette retraite procure la fortune à l'homme noble et la ruine à l'homme vulgaire. Si l'homme noble est le germe de l'homme éternel en nous et l'homme vulgaire la forme passagère de sa manifestation dans le moi limité on peut imaginer qu'en se retirant de cette forme passagère, en se désinvestissant de cette forme l'homme éternel sacrifie cette forme limitée qui meurt pour renaître renouvelée, exprimant alors avec plus de bonheur, avec plus d'authenticité, plus largement et plus justement que dans sa forme passée, la réalité de l'homme éternel, la réalité du Soi en nous.
    La découverte et l'entrée dans le mystère du monde intérieur s'accompagne assez souvent, sans doute, d'une fascination plus ou moins forte et plus ou moins durable par les pouvoirs occultes, la magie noire, les imaginations excessives, etc. S'il y a usage de stupéfiants c'est probablement encore plus fréquent. Dans le moins mauvais des cas, c'est un passage à vivre, et à traverser sous peine d'y laisser sa raison ou/et sa peau.
    La mise en musique du rêve et sa publication ici me semblent être un témoignage de traversée réussie de cette phase , si elle a existé.

    Yi King 33 : La retraite
    Quatrième trait
    Neuf à la quatrième place signifie :
    La retraite volontaire procure à l'homme noble la fortune, et la ruine à l'homme vulgaire.
    Lorsqu'il faut se retirer, l'homme élevé s'applique à accepter la séparation de bon cœur et en toute amitié. En outre, il n'a pas de peine à s'adapter intérieurement à la retraite parce qu'il n'a pas à faire en cela violence à ses convictions. Le seul qui ait à souffrir de cette situation est l'homme vulgaire dont il s'éloigne et dont, sans sa direction, l'état doit se détériorer.
    http://wengu.tartarie.com/wg/wengu.php?l=Yijing&lang=fr&no=33

    Amezeg

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  12. Merci Amezeg...
    Oui, il y a sans doute un rapport avec l'hexagramme 33 et "La retraite" (j'étais allée voir aussi de ce côté-là, mais mon premier message enregistré, très très long, s'est malencontreusement effacé et je n'ai pas eu le courage de tout recommencer).
    Se retirer, supporter une forme de solitude est, à certains moments de la vie, la "bonne chose" à faire...en attendant des jours meilleurs...
    Le début du rêve évoque une sorte de solitude (dans le sens de ne pas être "compris" ou "entendu") et la fin du rêve aussi (neige= manque de contact humain froideur ?).

    On dirait que tout le rêve tourne autour du thème : "réussir socialement" ou "rester soi-même", "être fidèle à sa vérité intérieure", "à ce que l'on est profondément"...

    La dernière option demande parfois de faire des "détours" (se retirer momentanément ou "se masquer" temporairement) jusqu'à ce que les "temps soient mûrs"...

    Cela demande aussi de la prudence...

    La scène derrière le rideau est vraiment forte.
    Que se passe-t-il "dans les coulisses de la réalité" ? On voit là "l'autre côté des choses" ...
    D'un côté, la fête, la spontanéité, la joie et même l'amour (couple), une ambiance insouciante et joyeuse...de l'autre côté,le conditionnement, l'obéissance aveugle, le "lavage de cerveau", les sentiments figés...un gourou qui manipule et empêche l'expression libre et individuelle...

    Les briquets sont habituellement brandis par les "fans" envers leur "idole"...là, ils le sont dans un mouvement "idolâtre" envers le gourou... La flamme n'est pas une flamme d'amour, c'est une flamme qui "brûle et consume" les visages. C'est un feu qui détruit. Les êtres sont "désséchés" jusqu'à l'os, ils perdent leur identité, ce qui fat d'eux un être unique. Ils redeviennent "tous pareils" (têtes de mort).

    La phrase prononcée est étrange : "Les visages, c'est la révulsion et la révulsion, c'est le succès."
    Ces sont des affirmations sous forme d'oxymores , le genre d'affirmations en vogue dans les régimes totalitaires, car ce sont des formules qui "embrouillent l'esprit" et font perdre le sens critique. (comme "La guerre, c'est la paix" dans 1984)

    Serait-il possible que cela dise quelque chose du "monde du spectacle" ? (monde apparemment insouciant et plein de joie, mais mené par des personnes aux intentions parfois douteuses ?)
    Ou cela concerne-t-il la vie personnelle du rêveur ?
    En tout cas, il ressent pleinement l'horreur de la scène...il en "tremble"...
    Il sent sans dote qu'il va être très compliqué pour lui d'exprimer son individualité profonde ou son univers original, "à part", dans un monde qui n'en veut pas, qui "formate" les gens et qui veut réduire chacun à sa "plus simple expression" ....?

    Dans ces conditions, la "projection dans l'avenir" fait peur...dire ou chanter certaines choses est ressenti comme potentiellement dangereux (pistolet-micro) et l'orientation personnelle est difficile...

    Faut-il avancer "masqué"...? Se montrer tel qu'on est...? Se protéger ? Se retirer ,?
    Ou "sauter dans le vide"...en priant que cela ne soit pas fatal ?

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  13. J'ai l'impression, je peux me tromper, que la formule qui dit : "Les visages, c'est la révulsion et la révulsion, c'est le succès." est un raccourci, un abrégé, une formule elliptique, et que le sens entier pourrait être : "Les visages donnent la possibilité de la révulsion et seule cette révulsion peut permettre d'avoir du succès." Ce qui signifierait qu'accepter de perdre son identité propre (on pense aux visages des photos d'identité) est la seule possibilité d'accéder au succès. Reniez ce que vous êtes de plus unique, de plus inimitable et la porte du succès conventionnel vous sera ouverte, semble dire la formule. Réjouissez-vous d'avoir un visage unique car il vous donne la possibilité de pouvoir le renier, vous renier dans votre authenticité pour accéder au succès convoité. Je suppose que c'est une réfléxion que peut se faire quelqu'un qui fréquente, par exemple, les milieux du spectacle et de l'art. Et ce quelqu'un peut trouver que ce reniement de soi-même devient comme une sorte de religion, une sorte d'ivresse perverse sur le chemin de "la réussite". Que certains en viennent alors à se réjouir – du moins à certain moment de leur parcours – d'avoir "cet outil" du reniement de soi-même, ou d'une part de soi-même, pour avoir du succès...? Mais la formule aurait également un sens plus large, plus alchimique en quelque sorte, qui ne se limiterait pas à tel ou tel milieu professionnel.

    Amezeg

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    1. Oui, tu as raison, c'est possible...mais ce terme de "révulsion" est quand même particulier...

      Il est certain que, de nos jours, on passe plus facilement à la radio et dans les médias, si l'on ne sort pas trop des normes, si l'on ne dérange pas trop...
      Il y a beaucoup de "formatage" dans ce milieu...

      Mais, si tu l'écoutes, tu constateras que le style de musique de Will Z (rock psychédélique) n'est pas "standard" du tout et qu'on ne peut pas vraiment le soupçonner d'avoir succombé au "formatage"...:-)

      Qu'en était-il en 1999 ? ...ça, je ne le sais pas...

      La scène où il est projeté dans le futur en haut d'un immeuble gigantesque peut faire penser à toutes ces scènes de films dans lesquelles, pour montrer que quelqu'un "réussit" professionnellement, on nous le montre installé dans un gratte-ciel, surplombant toute la ville et ses lumières...

      Mais dans ce cas, ce n'est pas de l'orgueil ou de la fierté qui sont ressentis, c'est de l'appréhension...le vertige et la peur d'être "coincé" à un étage élevé...
      Le rêve laisse-t-il entendre qu'un "certain succès" serait plus une "prison" qu'une libération ?
      Que ce succès serait celui d'un "faux-moi"...et pas celui du moi authentique ?

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  14. « Mais, si tu l'écoutes, tu constateras que le style de musique de Will Z (rock psychédélique) n'est pas "standard" du tout et qu'on ne peut pas vraiment le soupçonner d'avoir succombé au "formatage"...:-) »
    Je ne soupçonne pas Will de l'avoir fait, bien au contraire... mais "je soupçonne" le Faiseur de rêve d'employer une image qui pouvait lui parler pour l'inviter à suivre son propre chemin, quelles que soient les difficultés à affronter pour le faire, isolement, mécompréhension de la part des autres et parfois du public, éventuellement difficulté à gagner son pain, etc. Bref, pour l'inviter à s'engager davantge sur le chemin de l'individuation, sans céder aux sirènes envoutantes d'une voie plus confortable, moins individuée sur le plan personnel et professionnel-musical.

    « Mais, si tu l'écoutes, tu constateras que le style de musique de Will Z (rock psychédélique) n'est pas "standard" du tout et qu'on ne peut pas vraiment le soupçonner d'avoir succombé au "formatage"...:-) »
    Je ne soupçonne pas Will de l'avoir fait, bien au contraire... mais "je soupçonne" le Faiseur de rêve d'employer une image qui pouvait lui parler pour l'inviter à suivre son propre chemin, quelles que soient les difficultés à affronter pour le faire, isolement, mécompréhension de la part des autres et parfois du public, éventuellement difficulté à gagner son pain, etc. Bref, pour l'inviter à s'engager davantge sur le chemin de l'individuation, sans céder aux sirènes envoutantes d'une voie plus confortable, moins individuée sur le plan personnel et professionnel-musical.

    Et je crois que je vais m'arrêter là pour le moment...

    Amezeg

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    1. Merci, Amezeg, pour cette précision et pour tous tes éclairages, passionnants...et auxquels j'adhère pleinement.

      Je reviens juste, pour ma part, sur la fin du rêve, après le "saut dans le noir" et dans l'inconnu...
      Contre toute attente, Will Z ne meurt pas, mais se retrouve dans son lit (faux réveil).
      Il quitte alors un univers sombre, fermé et angoissant pour un endroit plus sécurisant. Plus "ouvert" aussi puisqu'il peut y neiger...(la chambre est donc à ciel ouvert).
      Il est alors plus "libre" (il peut même voler)...et il se retrouve dans un paysage de neige.
      La neige, c'est le froid, mais c'est aussi la blancheur, la pureté. La pureté de l'enfance, sans doute....cet âge de l'enfance qui hante Kane à la fin de sa vie : au moment de mourir, il lâche une boule (avec de la neige qui tombe) et il dit un mot (Rosebud) qui évoque son enfance, car son véritable moi est resté là...

      Il comprend tardivement (c'est du moins mon interprétation personnelle de ce film), qu'il n'est, par-delà les apparences, qu'un enfant qui a fui son sentiment d'abandon dans toutes sortes de compensations -dont la principale est la recherche effrénée de la renommée et du pouvoir.

      La vérité de l'être se situe toujours dans l'enfance.
      L'enfant est encore vrai, spontané et sans tricherie...il "joue" et il exprime naturellement ce qu'il est, ce qu'il ressent, sans faux-semblant...
      Bien loin des grimaces et des expressions crispées (rictus) de l'âge adulte.

      La ville toute blanche qui est survolée m'évoque -entre autres- cette pureté et cette vérité-là...

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  15. ...et le processus d'individuation, qui est bien , comme tu l'as souligné, Amezeg, le sujet de fond de ce rêve...consiste précisément à retrouver et à atteindre cette "vérité de soi", cachée sous les masques et les faux-semblants de l'âge adulte...

    Mais, très souvent, ce n'est que lorsqu'on est confronté à une situation "sans issue"...que l'on se résout à plonger... et à abandonner le "théâtre d'ombres" dans lequel on était pris pour aller vers un peu plus de lumière, un peu plus de transparence...

    Quelque chose se brise (comme l'enseigne de la fin du rêve), quelque chose d'autre commence...

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  16. Je rattrape mon retard en lisant vos analyses qui m'apportent beaucoup. J'y lis des concepts qui font partie de mon univers artistique (alchimie, magie, occultisme...). J'ignore si vous avez parcouru ma discographie ou si c'est ce que l'émission et/ou le rêve vous inspirent, mais bravo, c'est parfaitement juste.
    À l'époque de ce rêve (fin de l'adolescence), il y avait cette lutte en moi : avoir du succès en niant son identité artistique ou suivre ses inspirations personnelles à tout prix ? J'ai, comme vous l'avez entendu et deviné, suivi la deuxième solution. Le choix en fin de rêve d'aller en cours pour avoir un travail qui paye les factures (avancer parmi ces gens qui obéissent au gourou tout en portant un masque pour m'en préserver) aura finalement été mon unique compromis en musique. Avoir un job alimentaire, beaucoup d'artistes en font souvent un tabou or c'est extrêmement fréquent, mais ce n'est pas "glamour" et cela peut donner l'impression de ne pas vivre à 100% pour son art, alors que c'est justement le contraire. Cela permet d'être libre, ce qui est mon cas, et de ne pas mourir de faim dans un monde de glace. Alors, certes, l'ascenseur n'arrivera sans doute jamais à mon étage, mais je suis tout de même dans le building (des gens achètent mes disques, me suivent, j'ai collaboré avec plusieurs artistes que j'admirais...).
    Merci à vous tous pour vos éclairages remarquables et encore bravo pour ce site.

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    1. Merci surtout à toi de nous avoir confié ton rêve, qui est très intéressant et très très riche...

      Bonne chance pour la suite !

      (je comprends très bien l'idée qu'on soit plus "libre" quand le revenu ne vient pas de sa passion...ça permet d'être indépendant...Et c'est d'ailleurs aussi mon cas ! :-)

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