Les rêves selon les peuples anciens

Mardi 7 novembre 2017

Pour les peuples anciens, le lien entre l'âme et le corps étaient plus lâches,

 l'âme était plus indépendante de l'enveloppe physique.

Ils n'étaient pas enfermés de manière aussi hermétique dans la prison du corps.

De ce fait, les anciens vivaient autrement l'état de rêve.

Ils considéraient que l'âme vagabondait pendant le sommeil.

 Le songe venait du dehors, comme un visiteur.

Un vieux texte chinois affirme :

"Une rencontre mentale donne un rêve

comme un contact corporel donne un événement."

 L'âme souffle (houen) erre pendant le sommeil du corps

 et rencontre d'autres âmes de personnes endormies,

 d'immortels, de magiciens, de personnes mortes de mort violente,

 d'ancêtres, de dieux ou de démons

et ces rencontres se traduisent par des rêves.

Dans les Upanishads aussi, pendant le rêve,

l'âme part explorer des univers inaccessibles, à l'état de veille.

 Pour le Satapatha Brahmana,

 l'âme vogue très loin du corps pendant le sommeil

et il est recommandé de ne pas éveiller le rêveur brusquement.

L'âme risquerait de s'égarer en revenant dans le corps.

Pour Pythagore, les rêves sont envoyés par des héros, des dieux ou des démons.

En revanche, pour Aristote, les rêves sont des émanations de la nourriture.

De ce fait, ils sont incohérents.

Avec lui, la porte des rêves s'est refermée.

Nous mesurons la distance qui sépare ce que vivaient

les anciens Indiens ou les anciens Chinois

et Aristote, qui peut être considéré comme le père de la rationalité.

Bientôt , l'homme se retrouvera enfermé dans l'étroite boîte mentale

et seuls des poètes visionnaires comme Nerval

retrouveront le sens perdu des songes.

De ce fait, l'état de l'humanité se reflète dans notre conception des songes,

 comme il se reflète dans nos productions artistiques.

Nous pensons que nous allons vers toujours plus d'objectivité,

que nous échappons à l'illusion alors que nous vivons

 dans une conception du monde différente, tout aussi subjective,

 mais plus lourde, plus pesante que celle des anciennes civilisations orientales.

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Erik Sablé

"Chamanisme et magie animale"

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