Lundi 26 décembre 2016
(suite d'un article précédent)
...Comme nous pouvons le voir, la symbolique des rêves de Pauli
est complètement différente de celle d'autres patients de Jung.
Ses rêves semblent souvent parler le langage rationnel de la physique,
mais avec une terminologie de plus en plus symbolique.
Seuls Pauli et Jung réunis pouvaient en comprendre le sens profond.
A un certain moment de sa vie, Pauli s'était tellement nourri
du sens de ses rêves qu'il commença à pressentir clairement
que la physique changerait un jour complètement.
Il confia en effet en privé à son collègue et ex-étudiant
Hendrik Casimir les réflexions suivantes :
Je pense savoir ce qui va se passer. Je le sais précisément.
Mais ne le dis à personne. Je suis en train d'élaborer
une théorie de la relativité à 5 dimensions
même si je n'y crois pas vraiment.
Mais je sais ce qui va se passer.
je t'en parlerai peut-être à un autre moment.
Comme il est possible de le déduire d'une lettre datée de 1938 adressée à Jung,
Pauli avait souvent des intuitions sur des choses qui avaient un rapport avec son âme :
ses perceptions avaient lieu aussi bien sous forme de rêves que de sensations.
Il écrivit à Jung :
Mon âme manifeste sa conception du temps
à l'aide de très étranges symboles d'oscillation,
Pauli avait souvent des intuitions sur des choses qui avaient un rapport avec son âme :
ses perceptions avaient lieu aussi bien sous forme de rêves que de sensations.
Il écrivit à Jung :
Mon âme manifeste sa conception du temps
à l'aide de très étranges symboles d'oscillation,
pareils à un pendule.
Pauli était très perturbé par ces symboles oscillatoires,
d'autant qu'il n'était pas vraiment capables de les interpréter
ou d'en trouver une solution.
Ces visions -caractérisées par des fréquences, des rythmes,
des spectres, des bandes claires et sombres -et sa phobie des guêpes
l'accompagnèrent pendant tout le reste de sa vie.
Elles semblaient liées à la relativité du temps et de l'espace.
En particulier en 1952, au cours d'un rêve important (*),
Pauli vit son âme être l'objet d'un mouvement oscillant,
puis l'espace, sous l'influence de cette dernière,
s'était contracté avant de commencer à tourner.
Durant ces rêves difficiles à interpréter, l'inconscient personnel de Pauli allait puiser
dans la "connaissance préconsciente de l'inconscient collectif
qui semblait lui suggérer un nouveau concept d'espace,
non seulement sujet à contraction,
comme nous l'explique la théorie de la relativité d'Einstein,
mais aussi à rotation.
Ce rêve représente un concept absolument nouveau de la physique théorique,
qui entendait peut-être lui suggérer de manière intuitive
les bases de la physique sur lesquelles se fonde la synchronicité.
Malheureusement, il semble n'en être jamais venu à bout.
Pauli, au moment clé de sa réflexion,
avait en effet la sensation d'être dans une impasse
et qu'il lui manquait quelque chose pour réaliser son projet.
Malgré une vision très unificatrice d'une nouvelle physique
qui engloberait -en tant que "psychophysique" - la matière et l'esprit,
Pauli utilisait l'interprétation de ses rêves comme source d'inspiration
pour sa production intellectuelle dans le domaine de la physique quantique
qui était son occupation quotidienne.
Mais il avait surtout l'intention de mettre au point ce qu'il appelait un "langage neutre"
capable de décrire de manière complètement objective l'univers psychophysique.
Bien que concevant intellectuellement l'existence d'une physique
unifiant l'esprit et la matière, il n'était pas encore prêt
à vivre cette réalité d'un point de vue émotionnel.
Il ne parvint ainsi jamais à être complètement tranquille.
Toutefois, à 47 ans, il fit un rêve révélateur
qui lui expliqua ce qui manquait à sa vie.
qui entendait peut-être lui suggérer de manière intuitive
les bases de la physique sur lesquelles se fonde la synchronicité.
Malheureusement, il semble n'en être jamais venu à bout.
Pauli, au moment clé de sa réflexion,
avait en effet la sensation d'être dans une impasse
et qu'il lui manquait quelque chose pour réaliser son projet.
Malgré une vision très unificatrice d'une nouvelle physique
qui engloberait -en tant que "psychophysique" - la matière et l'esprit,
Pauli utilisait l'interprétation de ses rêves comme source d'inspiration
pour sa production intellectuelle dans le domaine de la physique quantique
qui était son occupation quotidienne.
Mais il avait surtout l'intention de mettre au point ce qu'il appelait un "langage neutre"
capable de décrire de manière complètement objective l'univers psychophysique.
Bien que concevant intellectuellement l'existence d'une physique
unifiant l'esprit et la matière, il n'était pas encore prêt
à vivre cette réalité d'un point de vue émotionnel.
Il ne parvint ainsi jamais à être complètement tranquille.
Toutefois, à 47 ans, il fit un rêve révélateur
qui lui expliqua ce qui manquait à sa vie.
Dans le rêve, Pauli recevait la visite d'un "persan"
à l'institut de physique où il travaillait.
Cet étranger, parce qu'il voulait étudier, tentait d'entrer à l'université
en prétextant qu'il devait distribuer du courrier.
Finalement, lorsqu'il parvint à parler à Pauli,
ce dernier lui demanda de façon péremptoire s'il était son ombre.
Mais l'étranger lui rétorqua que c'était lui qui était son ombre.
Pauli lui demanda s'il voulait étudier la physique et le visiteur lui répondit
qu'il ne pouvait pas comprendre le langage de Pauli
et qu'il ne pourrait donc pas comprendre la physique dans son langage.
Très vite, Pauli comprit le langage du rêve.
Le "langage neutre" de la physique que Pauli voulait mettre au point
afin de créer un pont entre l'esprit et la matière
n'aurait jamais suffi à combler le fossé.
Pauli comprit que ce nouveau langage qu'il voulait inventer
n'aurait jamais compensé l'absence d'un autre élément :
l'âme et avec elle, l'amour.
Dans une lettre adressée à Jung, il écrivit, sans cacher sa peine,
qu'il avait compris qu'il était impossible
de construire un nouveau modèle de physique
à l'institut de physique où il travaillait.
Cet étranger, parce qu'il voulait étudier, tentait d'entrer à l'université
en prétextant qu'il devait distribuer du courrier.
Finalement, lorsqu'il parvint à parler à Pauli,
ce dernier lui demanda de façon péremptoire s'il était son ombre.
Mais l'étranger lui rétorqua que c'était lui qui était son ombre.
Pauli lui demanda s'il voulait étudier la physique et le visiteur lui répondit
qu'il ne pouvait pas comprendre le langage de Pauli
et qu'il ne pourrait donc pas comprendre la physique dans son langage.
Très vite, Pauli comprit le langage du rêve.
Le "langage neutre" de la physique que Pauli voulait mettre au point
afin de créer un pont entre l'esprit et la matière
n'aurait jamais suffi à combler le fossé.
Pauli comprit que ce nouveau langage qu'il voulait inventer
n'aurait jamais compensé l'absence d'un autre élément :
l'âme et avec elle, l'amour.
Dans une lettre adressée à Jung, il écrivit, sans cacher sa peine,
qu'il avait compris qu'il était impossible
de construire un nouveau modèle de physique
sans l'âme et l'amour :
...seul l'amour peut jeter un pont
entre la physique, l'esprit et la psychologie.
Il ne suffirait sans doute pas que l'intellect
comprenne l'existence d'une dimension
en mesure d'unir l'esprit et la matière,
mais il fallait que cette dimension soit partagée par l'âme.
Pauli et Jung comprirent alors clairement
que le changement de paradigme nécessaire
pour révolutionner la physique aurait dû être
...seul l'amour peut jeter un pont
entre la physique, l'esprit et la psychologie.
Il ne suffirait sans doute pas que l'intellect
comprenne l'existence d'une dimension
en mesure d'unir l'esprit et la matière,
mais il fallait que cette dimension soit partagée par l'âme.
Pauli et Jung comprirent alors clairement
que le changement de paradigme nécessaire
pour révolutionner la physique aurait dû être
un véritable saut quantique
et qu'avant toute construction intellectuelle,
il était indispensable de se transformer de l'intérieur.
.
Massimo Teodorani
"Synchronicité"
.
Pauli et la physicienne Chien-Shiung Wu (1941)
(*) Et voici le second rêve
(Correspondance Jung-Pauli, p 137)
et qu'avant toute construction intellectuelle,
il était indispensable de se transformer de l'intérieur.
.
Massimo Teodorani
"Synchronicité"
.
Pauli et la physicienne Chien-Shiung Wu (1941)
(Correspondance Jung-Pauli, p 137)
Rêve de la chinoise
(28 septembre 1952)
La Chinoise marche devant moi et me fait signe de la suivre.
Elle ouvre une trappe et commence à descendre un escalier
en laissant la porte ouverte derrière elle.
Ses mouvements sont extraordinairement dansants,
elle ne parle pas et ne s'exprime que par pantomime,
comme le font les danseurs de ballet
.
Je la suis et m'aperçois que l'escalier mène à une salle de cours.
Les "inconnus" m'y attendent.
La Chinoise me fait à nouveau signe
de monter sur l'estrade et de parler aux gens,
visiblement pour tenir une conférence.
Tandis que j'attends, elle repart dans l'escalier
sans cesser de "danser" de façon rythmée,
repasse par la porte de la trappe puis redescend.
Ce faisant, elle tient l'index de la main gauche et le bras gauche en l'air,
tandis que son bras droit et l'index de la main droite sont dirigés vers le bas..
Ce rythme répété se met à agir et donne naissance
à un mouvement de rotation (circulation de la lumière).
L'espace qui sépare les deux étages semble se rétrécir de façon magique.
Au moment où je monte vraiment sur l'estrade
de la salle de cours, je me réveille.
.
Fascinant. Merci pour cet article qui touche, me semble-t-il, au cœur du Mystère avec ces rêves et cette idée qui veut que "...seul l'amour peut jeter un pont entre la physique, l'esprit et la psychologie."
RépondreSupprimerJe majuscule le Mystère ici pour souligner la dimension numineuse (sacrée) de ce dont on parle ici au-delà de l'aspect profane de la physique. Il me semble que Jung, poursuivant la discussion entreprise avec son vieil ami, a complété leur commune réflexion sur les rapports entre l'âme et la matière dans son étude alchimique du Mysterium Conjonctionis, sans l'épuiser d'ailleurs...
Oui...on dirait bien que, pour passer à la dimension supérieure qui permet de faire se rejoindre physique, étude de la psyché et esprit (corps,âme,esprit), l'intellect ne suffise pas...et que seul l'amour permette ce passage à un "niveau supérieur" et l'accès au Mystère englobant tous les aspects de l'être...
SupprimerComme dirait Christiane Singer, "l'amour est visionnaire"...:-)
Et ce n'est pas un hasard si "mystère" et "mystique" commencent par les mêmes lettres ...peut-être qu'un jour, tous les physiciens seront aussi des spirituels et des "mystiques"... ! :-)
Passionnant article (l'ensemble des deux) et tu dois te douter de l'intérêt que j'ai eu à te lire. Merci c'est un cadeau de Noël. Surtout maintenant que je peux mieux lire les articles un peu long. Bonnes fêtes.
RépondreSupprimerMerci, Ariaga...ça me fait plaisir car je craignais que ça n'intéresse pas grand-monde... :-)
SupprimerJ'aime beaucoup le nouveau "look" de ton site !
Bonne fin d'année à toi.
Je viens de découvrir cet article très éclairant. Je suis en train de créer un module sur les rêves et Jung pour des art thérapeutes et votre article, notamment avec le rêve du Persan, illustre parfaitement la fonction compensatoire du rêve et donne un indice sur « ce qui manque » à Pauli, cette fluidité de l’Amour qui « fait le pont ». Un grand merci pour cette qualité d’analyse
RépondreSupprimerVotre compliment me touche...
SupprimerMais, pour l'occasion, il faut surtout remercier Massimo Teodorani (auteur de l'analyse en question). :-)
Je n'ai fait que relayer sa pensée...
Bonne chance pour votre module !