Vendredi 8 avril 2016
"Seul l'enfant sans malice, l'homme sans méfiance
peut oser ne pas s'effrayer de la présence d'un serpent,
tous les autres humains en ressentent une profonde terreur.
C'est là un des secrets de l'enfance qui s'évanouit avec elle."
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C. G. Jung
"L'homme à la découverte de son âme"
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Sous la cathédrale de Tolède se trouve une citerne pleine d'eau
en relation souterraine avec le Tage.
Cette citerne est une petite chambre obscure.
Dans l'eau se trouve un très gros serpent dont les yeux brillent
comme des pierres précieuses.
Près de lui une épée et un poignard.
Ce poignard est la clé de Tolède et il confère à son détenteur
la suzeraineté sur la ville.
Le serpent - je le savais - était l'ami et le protecteur d'un certain Monsieur B.C.
Celui-ci était tout d'abord avec moi dans la chambre obscure
et mettait son pied dans la gueule du serpent
qui le lui léchait de la façon la plus amicale,
tous deux y prenant du plaisir
(...)
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Puis, le rêveur s'entretient avec le serpent,
qui lui demande de lui rendre l'enfant ( - son ami).
C.Jung examine ensuite longuement le contexte de cet énoncé,
ce grand rêve dont les Primitifs ont l'intuition
que leur signification intéresse tout le groupe social :
le serpent - assimilé ici au dragon des légendes du monde entier,
y incarne le psychisme obscur, l'inconscient, le monstrueux,
capable de se dresser en nous et de nous rendre mortellement malades.
Nous rencontrons là (...) une représentation primitive et originelle :
les sorciers africains passent aux yeux de leur tribu pour être accompagnés de démons,
ayant forme de reptile, et l'âme passe alors pour être un serpent (...)
C'est parce que le serpent défend l'accès à la totalité de l'être (...)
qu'il faut descendre jusqu'à lui (...)
l'instinct profond en nous aspire à retrouver l'enfant.(...)
Cette descente dans l'antre du serpent, qui figure un problème ancestral,
est, aussi, une reviviscence d'un patrimoine culturel ancestral (...)
Notre rêve est donc comme la remémoration d'antiques mystères d'initiation.
Après avoir établi le rapport entre ces contenus, et le poids d'une culture chrétienne,
qui se serait bâtie, telle la cathédrale, sur la crypte d'un paganisme trop bien caché.
C.G.Jung conclut :
L'amitié que le rêveur avait pour ce monsieur B.C.,
qui savait commercer avec le serpent,
aurait dû lui indiquer quelle attitude il fallait faire sienne
pour aborder le dragon avec profit.
Quel secret gardait ce dernier ?
A quoi l'Eglise chrétienne s'était-elle donc fermée? (...)
C'est le secret terrestre de l'âme inférieure et de l'homme naturel
qui ne vit pas de façon purement cérébrale,
mais chez qui la moelle épinière et le sympathique
ont encore leur mot à dire.
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C.G. Jung
"L'homme à la découverte de son âme"
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