Mercredi 20 avril 2016
Nul arbre noble et de haute futaie
n'a jamais renoncé à ses racines obscures,
car il pousse non seulement vers le haut,
mais aussi vers le bas.
C.G. Jung
L'arbre exprime la Vie.
Cette affirmation fait entrevoir la richesse du symbole !
La traduction la plus classique voit dans l'arbre
un organisme vivant qui s'ancre en la terre
dans laquelle il puise sa substance par ses racines
et qui se déploie dans l'air, dans le ciel
d'où il reçoit les rayonnements indispensables à sa croissance
.
Une image exprimant avec une telle clarté
La relation vivante à la terre et au ciel
qui se développe à proportion vers le bas et le haut,
symbolise naturellement la loi psychologique qui exige de l'homme
qu'il maintienne un équilibre entre ce qu'il est convenu d'appeler
les forces chtoniennes et les puissances ouraniennes,
elle s'impose avec une évidence si totale à l'analyste,
qu'elle emplit son champ de vision
et peut masquer des sens plus subtils peut-être,
mais d'importance au moins égale.
C'est l'étude du palmier, du chêne
et celle de l'arbre immense
qui contribuent de la façon la plus décisive
à l'élucidation du symbolisme de l'arbre,
tel qu'il se dégage des rêves pris en référence.
L'arbre, c'est la vie,
la croissance, l'évolution.
Mais plus encore peut-être que la vie, c'est la succession des vies.
La succession ! Faut-il rappeler que le mot succès,
que l'usage a chargé du sens de réussite, était autrefois le terme désignant
ce qui allait se développer à partir du bourgeon terminal
d'un jeune arbre nouvellement transplanté ?
Ce développement, témoin de la réussite de la plantation,
est à l'origine du sens actuel du mot.
L'arbre est d'essence féminine.
Innombrables sont les rêves dans lesquels la femme s'identifie à l'arbre
et même devient un arbre qui s'enracine et déploie son feuillage.
Une psychologie féminine, devant une image d'arbre,
se sent tout-de-suite participant au flux de la sève.
Devant une fleur ou un arbre, la rêveuse éprouve immédiatement le désir
de se laisser glisser dans la tige ou dans le tronc,
de descendre dans les racines, de se charger de la substance puisée dans l'humus
et de remonter, pleine de vie, jusqu'à renaître d'une corolle.
La femme et l'arbre ont en commun l'acte sacré qui assure,
depuis le fond des temps, la chaîne de la vie :
l'acte de porter fruit.
Une femme qui rêve l'arbre ne connaît plus la solitude.
Elle n'est plus un individu qui rêve
C'est dire que si l'arbre est femme, vie, genèse, il est mère.
[...]
Quand la rêveuse s'identifie à l'arbre, le rêveur, lui,
projette sur le végétal soit l'image de la mère,
soit la puissance mystérieuse de son anima.[...
]
A proximité de l'arbre immense, les petits personnages,
gnomes, lutins, nains et farfadets, représentent les esprits de la terre,
les ancêtres disparus. Ils sont du monde des racines !
Les nains du rêve, dans presque toutes les situations,
expriment des forces secourables.
Ils sont, en réalité, la personnification des innombrables potentialités de la psyché,
hérités de la longue aventure phylogénétique.
Autour de l'arbre, dans l'arbre, ils s'apparentent aux écureuils,
aux petits singes et même aux oiseaux,
symboles des insaisissables ressources psychologiques.
Les oiseaux sont du ciel (...)
Il faut être en harmonie avec l'ensemble des disparus
pour devenir ce qu'ils nous ont transmis.
[...]
La psychologie en harmonie avec ses racines ne connaît plus de limite :
elle se sent apte à produire toutes les fleurs, tous les fruits,
elle accueillera tous les oiseaux.
[...]
L'eau renvoie à l'anima, à l'essence féminine de l'arbre,
Dans tous les cas, l'arbre exprimera une forme de relation du rêveur
à son ascendance, directe ou plus lointaine.[...]
L'arbre immense attire l'attention sur la pesanteur d'images ancestrales
qui se refusent à l'intégration dans une globalité homogène et positive.
[...]
A l'heure de la traduction, on se rappellera que l'arbre
reste un magnifique symbole
d' union entre le ciel et la terre.
.
Georges Romey
"Dictionnaire de la Symbolique"