lundi 28 décembre 2015

Les rêves dans la Bible (1) : l'Ancien Testament

Lundi 28 décembre 2015


DES REVES PROPHETIQUES

Dieu parle en rêve aux humains, aux Elus, aux prophètes. 
Tous les rêves mentionnés dans l'Ancien Testament viennent de lui. 
Tous annoncent sa volonté ou les événements qui en découleront.
Le rêveur sert d'intermédiaire à des messages
souvent transmis par des anges 
et destinés en grande majorité au peuple tout entier.

Leur origine et leur sens sont évidents 
(rêves théorèmatiques, dirait Artémidore). 
Les rêves allégoriques sont rares. 
Ils sont immédiatement clarifiés par une vision ou une apparition.
Les rêves qui échappent à cette règle et nécessitent une élucidation sont, 
à une seule exception près ("L'épée de Gédéon", voir ci-dessous), 
faits par les rois païens Pharaon et Nabuchodonosor.
Et Joseph et Daniel les proclament inspirés par Dieu, 
tout comme les interprétations qui leur valent honneurs et richesses 
(Genèse 41:16 et 25, Daniel 2 et 4).

Dans ce contexte prophétique, 
rien ne distingue vraiment les rêves des visions 
et il est difficile de définir une conception biblique spécifique à l'onirisme.
Les rêves indiqués comme tels appartiennent à trois catégories : 
ils encouragent ou désignent un élu, ordonnent ou avertissent 
et, dans quelques cas seulement, apportent une prémonition.

L'opinion quant à leur valeur évolue.
Nombreux et importants, les songes des trois premiers livres 
accompagnent la création et l'alliance. 
Dès le quatrième, Dieu fait remarquer que s'il continuera 
à parler dans leurs rêves aux prophètes, 
c'est "bouche à bouche" qu'il s'adresse à Moïse, 
le transmetteur de la loi (Nombres 12:6).

Le Deutéronome commence la longue série d'accusations 
contre les faux prophètes qui prétendent 
leurs rêves envoyés par d'autres dieux. 
L'onirisme est peu à peu déprécié.
Les espoirs vains des ennemis d'Israël 
sont comparés aux rêves frustrants de l'affamé (Isaïe 29:8). 
L'assimilation des coutumes païennes par son peuple exilé 
provoque la colère de Dieu. 
Condamnant l'incubation, il le prévient de ne pas écouter les songes, 
de ne pas chercher à les provoquer (Jérémie 29:8),
 il critique ceux qui "passent la nuit dans des cavernes" (Isaïe 65:4).

 L'Ancien Testament ne ferme cependant 
jamais définitivement la porte aux rêves. 
Même aux moments où Dieu abandonne son peuple, 
il continue à parler dans les rêves de certains. 
Les multiples rejets de la divination 
ne mentionnent jamais l'oniromancie.

L'Ecclésiaste relie vanités, tracas et multitude des songes (5:2 et 6), 
mais Job réaffirme que "Dieu parle dans le rêve
et "ouvre alors les oreilles des hommes" (33:14 et 16). 
Et Joël, semblant ignorer que la faculté de rêver diminue avec l'âge, 
affirme qu'au jour de l'accomplissement 
les "vieillards auront des songes et les jeunes gens des visions" (Joël 2:28).


L'EPEE DE GEDEON

La Bible ne contient qu'un seul rêve symbolique 
expliqué par un humain sans le secours divin. 
A la veille du combat, le libérateur Gédéon
se glisse dans le camp ennemi 
et entend un soldat raconter :

"J'ai eu un songe; et voici, un gâteau de pain d'orge 
roulait dans le camp de Madian, 
il est venu heurter jusqu'à la tente, 
et elle est tombée. Il l'a retournée sens dessus dessous, 
et elle a été renversée. 
Son camarade répondit :
 ce n'est pas autre chose que l'épée de Gédéon. 
Dieu a livré entre ses mains Madian et tout son camp."
(Juges 7:13)

Bien qu'immédiate, l'explication ne paraît pas évidente 
hors du contexte judaïque. 
Elle fait appel à un symbole simple : 
le pain d'orge représente Israël sédentarisé.
A un niveau plus élaboré elle illustre la complexité de l'hébreu, 
qui va donner sa richesse à l'interprétation juive des rêves .
Elle rassure en tout cas Gédéon, 
et lui suggère une ruse qui donnera la victoire. 
Aussi ordinaire soit-il, le rêve biblique est toujours prophétique.
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Sylvain Michelet- Roger Ripert- Nicolas Maillard
"Le livre des Rêves"
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