Jésus eut des visions mais jamais aucun rêve, à en croire l'Evangile.
Le contraste avec l'Ancien Testament est saisissant.
Matthieu est le seul évangéliste à mentionner des rêves, six exactement,
faits par des personnages secondaires de l'aventure christique,
Joseph, les Rois mages et la femme de Ponce Pilate. (*)
Les quatre rêves cités dans les Actes des apôtres
concernent tous Paul, qui n'a jamais connu le Christ.
Ils sont loin d'avoir l'impact de la vision qui le convertit sur la route de Damas.
Outre leur rareté, les rêves du Nouveau Testament,
s'ils ne s'écartent pas de la tradition biblique des rêves annonciateurs,
sont brefs, jamais décrits, et apportent plus des messages ponctuels
que de véritables prophéties.
Et Jude, dans la dernière Epître,
met en garde les chrétiens contre les impies,
"entraînés par leurs rêveries". Ultime avertissement
contre l'onirisme, prélude à sa condamnation ?
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(*) Voici le passage d'Evangile dans lequel Matthieu fait allusion
à la femme de Ponce Pilate :
« Or, tandis qu'il siégeait au tribunal,
son épouse lui fit dire :
“ Ne te mêle point de l'affaire de ce juste ;
car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe
à cause de lui ”. »
Chapitre 27, v19.
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(*) Voici le passage d'Evangile dans lequel Matthieu fait allusion
à la femme de Ponce Pilate :
« Or, tandis qu'il siégeait au tribunal,
son épouse lui fit dire :
“ Ne te mêle point de l'affaire de ce juste ;
car aujourd'hui j'ai été très affectée dans un songe
à cause de lui ”. »
Chapitre 27, v19.
De tolérants débuts
Dès son origine, le christianisme sembla donc éprouver
de l'indifférence, voire du mépris envers le rêve.
Il serait pourtant hâtif de croire cette attitude inhérente à sa pensée.
Oubli et répression viendront plus tard, et dans des circonstances
qui tiennent plus à l'histoire qu'au débat d'idées.
Les premiers chrétiens, loin de le condamner,
professaient sur l'onirisme les opinions de leur époque.
Ils réaffirmèrent son rôle de messager divin,
dans lequel Xantipe, par exemple,
voyait une preuve de l'existence de Dieu.
voyait une preuve de l'existence de Dieu.
Toujours considéré comme grand théologien par l'Eglise orthodoxe,
saint Jean Chrysostome ("bouche d'or" en grec)
étudia en détail chaque rêve biblique
et conclut que l'onirisme peut conduire tout humain à la spiritualité.
Justin, martyr du IIème siècle, pensait qu'en apportant à l'âme
une connaissance située hors du monde sensible,
les rêves prouvent son immortalité.
Sylénius de Cyrène proclamait vers 400 :
"L'un apprend réveillé, l'autre dans ses rêves."
Clément les comparait à la lumière divine et écrivit :
"Ne fermons pas la porte, nous qui sommes fils de la lumière,
à la lumière des rêves, mais tournons-la vers nous-mêmes.
Le rêve, moyen d'introspection et de cheminement spirituel !
Voilà qui détonne avec l'image d'un rejet viscéral,
que contredisent aussi les classifications de Macrobe
et l'intérêt porté aux aspects profanes du rêve par Tertullien.
Plus encore, en 312 l'empereur Constantin
adopta à la suite d'un rêve (ou vision)
adopta à la suite d'un rêve (ou vision)
le monogramme du Christ comme étendard,
à la veille de la victoire décisive qui conforta son pouvoir
Et un autre rêve le conduisit à fonder Constantinople,
future capitale de l'Empire chrétien d'Orient.
Le paradoxe est total, le rêve servait d'assise
à l'institution qui allait le réprimer.
à l'institution qui allait le réprimer.
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Sylvain Michelet -Roger Ripert- Nicolas Maillard
"Le livre des rêves"
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