mardi 27 octobre 2015

Le symbole de la spirale (1)

Mardi 27 octobre 2015

Deux grands rêves étudiés récemment
faisant apparaître des "mouvements spiralés"
(l'un descendant et l'autre ascendant),
je vous propose dans cet article
(et dans les suivants)
d'examiner de plus près
le fascinant symbole de la SPIRALE.
...
.
La physique et l’astronomie nous ap­prennent aujourd’hui 
que la spirale est omniprésente dans les structures de l’univers
de l’infiniment petit à l’infiniment grand, 
de la double hélice de l’ADN au tourbillon des galaxies.


Mais cela, nos lointains ancêtres du néolithique ne le savaient pas, 
lorsqu’ils gravaient des spirales sur vingt-trois des vingt-huit dalles 
du dolmen de Grav'inis, dans une petite île du Morbihan.

Beaucoup de spécialistes nous proposent une explication qui, 
tout en étant frappée au coin du bon sens, n’est pas vraiment satisfaisante : 
l’homme du néolithique a représenté des spi­rales 
parce que le spectacle de la nature lui en offrait de nombreux exemples
les coquillages, les plantes volubiles, certaines fleurs, 
des feuilles, les pommes de pin, le vortex tourbillonnant de l’eau, 
l’implantation de notre propre chevelure…

(Voir vidéo en fin d'article)


C’est vrai (encore que les exemples ne soient pas si nombreux,
ni toujours très clairs : 
pourquoi les spirales celtiques seraient-elles « un équivalent de la foudre » ?), 
mais cela n’explique pas que, parmi leurs multiples sujets d’observation, 
ils aient privilégié des spirales. 
Cela n’expliquera pas non plus l’extraordinaire suite. 
Nous pensons que c’est dans une analyse
du symbole de la spirale 
qu’il faut chercher la solution.

En effet, dès qu’il s’est efforcé de conceptua­liser sa relation au monde, 
l’homme archaïque n’a pu manquer d’être frappé 
par la remar­quable aptitude de la forme spiralée à exprimer, 
de la manière la plus intense et la plus économi­que, 
la façon dont il se sentait impliqué dans des forces cosmiques.


En quoi la spirale est-elle un symbole aussi remarquable et aussi efficace ? 
C’est tout d’abord qu’elle introduit une dimension supplé­mentaire 
par rapport à la symbolique du cercle et du cycle
sa grande supériorité est de pouvoir transcrire
la notion de mouvement 
et, partant, d’évolution.

Sur la roue zodiacale, le printemps revient chaque année ; 
mais les printemps, l’un après l’autre, sont différents, 
et leur point de coïncidence est purement formel : 
ils sont sé­parés par l’épaisseur du temps écoulé, 
ce temps qui transforme le cycle en spirale. 
C’est pourquoi la spirale est sans doute le meilleur symbole de la vie
et de son corollaire, le temps.

Elle nous rappelle que tout ce qui est manifesté se trouve à la fois 
en mouvement et en inachèvement.


Mais toute spirale développée dans l’espace 
se situe par rapport à un axe central vers lequel elle tend. 
Il convient d’insister sur cela, car cet axe représente l’Un originel 
d’où émane et vers lequel tend la vie.
Perçue dans sa totalité, la spirale est donc, 
de par sa double nature, un très beau symbole, 
à la fois axial et évolutif. 

Si on lui prête une dimension cosmique
elle est l’expression du « moteur immobile » (l’axe) 
et de son émanation (la Création qui, elle, est mouvement) 

Analysée ontologiquement, elle va transposer dans l’homme 
cette perma­nence et cette évolution : 
l’homme est à la fois relié (par le « cœur ») 
à une dimension transcen­dante de son être, 
et traversé par des énergies,
donc essentiellement mouvement.


La trans­mutation de ces courants, 
qui se manifestent en l’homme suivant deux spirales,
l’une descen­dante (descente de Dieu en l’homme), 
l’autre ascendante (montée de l’homme vers Dieu), 
bien décrite par les philosophies extrême-orien­tales 
(mais aussi par les Occidentaux,
dont le pseudo-Denys l’Aréopagite qui, 
développant les idées des néoplatoniciens, 
nous parle d’un mouvement hélicoïdal
descendant de Dieu à l’âme 
et remontant de l’âme vers Dieu),
 déter­mine une véritable alchimie spirituelle :

s’il sait retrouver les chemins de l’Un,
de l’Axe origi­nel, 
et développer une dialectique des énergies complémentaires
le « cœur » attire la partie « matérielle » de l’être ; 
comme l’écrit Grégoire Palamas,
« L’homme véritable, lorsque la lu­mière lui sert de voie,
s’élève sur les cimes éternelles ; 
il contemple les réalités méta-cosmi­ques, 
sans se séparer de la matière qui l’accom­pagne dès le début… 
amenant à Dieu, à travers lui, tout l’ensemble de la création.




 De même, la partie la plus évoluée de l’être attire 
ses zones régressives ou inconscientes 
et les éclaire en les transfigurant
dans la méditation, le vortex inférieur monte en spirale, 
à la rencontre de sa contrepartie spirituelle ; 
c’est le sens des « Descentes aux Enfers », 
qui correspondent en fait
à un double mouvement symbo­lique
catabase et anabase,
descente et re­montée 
associées dans un mouvement dialecti­que 
qui permet au héros de ne « descendre » 
que pour « remonter » 
enrichi de cette descente en lui-même ;

ainsi, dans l’Enéide, 
les ren­contres successives d’Énée avec ses proches 
(Palinure, puis Didon, puis Déiphobe) symboli­sent
 une remontée de plus en plus profonde 
dans son passé et sa mémoire,
afin de désoc­culter en lui le « vieil homme » : 
situation confinant, on le voit,
à une psychanalyse bien conduite 

La spirale est donc la mise en dialectique
du temps humain et de l’éternité : 
par delà l’idée d’un temps cyclique et seulement répétitif, 
par delà aussi un temps fondé sur un « progrès » linéaire,
trop exclusivement à l’image de l’homme, 
elle nous met en garde contre les insuffisances 
des systèmes abusivement réduc­teurs.
.
(à suivre)
.
Joël Thomas
"La spirale, symbole de la vie et du temps"
(1984)
.




6 commentaires:

  1. Je me demande en outre (mais en toute sobriété) si on rêve davantage sur un sommier à ressorts spirales que sur un sommier à lattes toutes plates... ;-)

    Amezeg

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    1. Je te remercie , Amezeg, de me ramener, gentiment, au quotidien...
      Alors, voilà : j'ai justement racheté un matelas cet été et j'en ai pris un...à spirales !

      Depuis, mes rêves ne manquent pas de "ressort" ! ;-)

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    2. Et qui sait ? C'est peut-être là la véritable origine de cet article...:-)))
      (dans une optique très...matérielle, évidemment)

      http://www.mon-expert-literie.com/le-matelas/le-choix-du-matelas/le-matelas-a-ressorts/

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  2. J’ai donc envie de m’exclamer :
    Ah ! l’heureux sort qu’est celui de celles et de ceux qui dorment et rêvent en spirale(s) !

    D’autre part, lorsqu’on suit attentivement le fil des rêves, durant de longues années, on remarque que certains thèmes reviennent régulièrement mais sont présentés d’une façon à chaque fois un peu (ou parfois très) différente, qu’ils suivent un chemin qui est à la fois rotation et changement de niveau, que ces thèmes semblent cheminer "en nous" en suivant une sorte de spirale d’évolution.

    Amezeg :-)

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    1. Oui, le développement psychique se fait...en spirale ascendante...
      c'est le même problème qui revient...mais à un niveau...légèrement supérieur !
      (ou alors, c'est qu'on s'est ...endormi... :-)

      Extrait de "Les saisons de l'âme" de Marie-Claire Dolghin(p 169) :
      "Ainsi, en faisant avec quelqu'un le bilan d'une année d'entretiens et en se reportant aux problèmes qui se posaient un an plus tôt, il est possible de mesurer le chemin parcouru, de s'apercevoir que des problèmes, cruciaux alors, sont passés au second plan et ont été résolus. Il est permis d'espérer que de nouvelles questions qui se posent trouveront elles aussi leurs réponses. Ainsi, le sujet n'a pas l'impression de nager continuellement dans la même problématique comme s'il tournait en rond, et pourra même découvrir que si certaines questions reviennent à l'ordre du jour, elles le font suivant un mouvement en SPIRALE, qui ne pose plus les problèmes de la même façon que l'année précédente.
      C'est la prise de conscience du chemin parcouru hier qui peut donner le courage d'en entreprendre un nouveau demain.

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    2. Suite (p 207) :
      Comme l'Ourobouros - le serpent qui se mord la queue - l'année recommence là où elle se termine. Nous savons bien pourtant que cette nouvelle année qu'inaugurent les labours de l'automne est la même sans l'être tout à fait, ce qui nous donne à la fois le sentiment de la permanence et celui du renouvellement.
      L'image se déroule comme une SPIRALE, chaque tour de spire répétant la figure de la spire précédente, mais sur un plan différent.
      Il s'y inclut une verticalité qui est à la fois le mystère du temps et celui de la transcendance, verticalité sans laquelle l'homme ne peut vivre, verticalité qui le conduit à s'interroger sur le sens de son destin et non seulement sur les aléas de son parcours qui, eux, s'inscrivent dans l'horizontalité de la spire.

      pas de psychisme sans cette profonde prise de conscience du temps -le temps en arrière, le temps en avant- et ce curieux secret de l'abolition du temps, quand la mémoire nous replonge dans l'autrefois comme si c'était aujourd'hui même....
      l'esprit humain débouche sur un paradoxe; il est dans le temps, profondément inscrit dans un parcours semblant inéluctable et il est aussi hors du temps..."

      J'ajouterai juste que le mot "spir(e)" apparaît dans des mots... importants :
      spir(itus), (in)spir(ation) et (re)spir(ation)...
      ça donne à réfléchir... :-)

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