samedi 3 octobre 2015

Cage invisible

Samedi 3 octobre 2015


Dans son autobiographie  "Ma vie", 
Jung évoque plusieurs fois  cette "cage invisible", 
cette "cage à trois dimensions", 
dans laquelle nous vivons sans nous en rendre compte.

D'abord juste après avoir vécu ce que l'on appellerait aujourd'hui 
une NDE ou une EMI (expérience de mort imminente), 
quand  il revient en quelque sorte "sur terre" 
et qu'il ne peut s'empêcher d'éprouver une immense déception :

"En réalité, il se passa encore trois bonnes semaines 
avant que je pusse me décider à revivre,
je ne pouvais pas me nourrir, 
j'éprouvais du dégoût pour tous les mets. 
Le spectacle de la ville et des montagnes 
que j'apercevais de mon lit de malade 
me semblait être un rideau peint, percé de trous noirs 
ou une feuille de journal trouée,
 pleine de photographies qui ne me disaient rien.

Déçu, je pensais : "Maintenant, il me faut retourner 
dans le "système des caissettes" ! 
Il me semblait en effet que derrière l'horizon du cosmos 
on avait construit artificiellement
un monde à trois dimensions 
dans lequel chaque être humain occupait seul une caissette
Et désormais, il me faudrait à nouveau me convaincre
 que cela avait quelque valeur !"



Puis lorsque, toujours hospitalisé, il est plongé, au milieu de chaque nuit, 
dans des "visions extraordinaires", des "visions de béatitude" 
et qu'une fois encore , le retour à la réalité ordinaire est difficile,
il évoque à nouveau cette "limitation",
cette sensation d'"enfermement" : :

"Quant à la beauté et à l'intensité du sentiment pendant les visions, 
on ne peut s'en faire aucune idée. 
C'est ce que j'ai jamais vécu de plus prodigieux.
Et quel contraste, le jour !
Alors j'étais tourmenté et mes nerfs étaient totalement épuisés.
Tout m'irritait, tout était trop matériel, trop grossier et trop pesant , 
limité dans l'espace et en esprit; 
tout était rétréci artificiellement pour des fins inconnaissables 
et cependant semblait avoir un pouvoir hypnotique péremptoire
 pour que nous y croyions, comme si c'était la réalité même, 
alors que clairement on en saisissait l'inanité.

Au fond, depuis ce temps-là,
 malgré une revalorisation de ma croyance au monde, 
je ne me suis jamais tout à fait libéré de l'impression 
que la "vie" est ce fragment de l'existence
qui se déroule dans un système universel à trois dimensions 
prévu spécialement à cette intention."
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