samedi 31 octobre 2015

Le symbole de la spirale (3)

Samedi 31 octobre 2015

Revenons rapidement sur l'antiquité du symbole : 
nous avons vu qu’une interprétation de type positiviste 
ne résistait pas à la richesse de l’image elle-même de la spirale ; 
et l’on sait que le symbole est attesté à peu près partout, 
plusieurs millénaires avant Jésus-Christ :

dalles de Grav'inis

sur les pierres levées du nord de l’Europe, 
mais aussi dans le Val Camonica (3e/2e millénaire), 
dans les Pyrénées, en Provence (sans doute avant l’Orient), 
en Égypte, et en Mésopotamie dès le 2e millénaire,
puis en Crète.

C’est dans ces deux dernières aires géographiques 
qu’apparaissent les preuves irréfutables
de l’utilisation de ces symboles spiraloïdes 
dans un contexte ritualisé, par rapport à une cosmologie, 
une ontologie ou une eschatologie.


Ainsi Gilgamesh, le héros de l’épopée sumérienne, doit, 
au terme de son voyage et de sa quête initiatique de l’immorta­lité 
(dont les connotations symboliques sont très claires), affronter Humbaba, 
le roi du monde des morts et le gardien de la forêt-labyrinthe. 
Or un masque de terre cuite babylonien, daté de cette époque, 
représente le visage de ce démon à l’aide d’un seul trait enroulé :
la spirale labyrinthique et les méandres des obstacles à la Quête 
sont bien associés dans le contexte de l’initiation héroïque.


De même, le temple de Tarxien, à Malte (2400 av. J.-C. environ), 
fait apparaître une double spirale 
(symbole de l’équilibre des énergies en mouvement)
 entre deux piliers (symbole de l’axe vertical immo­bile). 


Franchir ce seuil, pour le mort, ou l’initié, 
c’est s’immerger dans l’énergie cosmique 
cor­rectement orientée et interprétée : 
c’est se transfigurer. 



Un objet votif des Cyclades, daté du 3e millénaire, 
combine le symbolisme de la spirale et celui des nombres, 
en l’occurrence sept et neuf
véritable mandala destiné, lui aussi,
à décrire le chemin d’un retour,
 celui de l’âme vers ses origines, par delà la mort.

Mais le plus fascinant, parce que le plus mystérieux, 
demeure sans doute le célèbre disque de Phaïstos 
(daté du XVIIe siècle av. J.-C. et conservé au musée d’Herakleion), 
avec sa spirale et ses glyphes toujours indéchiffrés à ce jour, 
mais dont on devine toute la profondeur symbolique latente et qui,
tel un Sphinx, nous interpelle comme une énigme sur nous-mêmes.


............

Avec le temps, la pérennité du symbole de la spirale
est tout aussi remarquable, 
et mériterait de longs développements ; 
nous ne pouvons que donner ici quelques lignes directrices. 
Nous sommes surtout frappé personnellement par la façon 
dont le symbole continue à habiter l’inconscient des créateurs, 
alors même que leurs œuvres ne se situent plus 
dans un contexte initiatique ou ritualisé.


Dans un premier temps, et pour une longue période,
 c’est l’« âge d’or » du symbole, à travers une parfaite adéquation 
entre les représentations qui l’intègrent
et le sens symbolique qui les sous-tend.
Les exemples ne manquent pas, puisqu’on peut les trouver
dans toutes les civilisations « traditionnelles », 
à commencer par l’Antiquité classique : 
tours spiralées (Babel), circuits de mort (Jéricho), 
mais aussi de vie (les deux circuits annuels
des Saliens des­tinés à protéger Rome), 
labyrinthes (de Cnossos à Cumes), 
spirales irradiant, sous forme de rayons, 
à partir de représentations d’Apollon ou de Dionysos 
sur des mosaïques (cf. musée de Corinthe), 
lituus en forme de crosse (donc de spirale) des augures,
 hérité de l’art des Étrusques ;



enfin, représentation par des cercles concentriques 
des différents plans d’existence rencontrés par l’initié
 dans les cultes à mystères (Mithra, Isis), 
et dont on a vu qu’elles équivalaient symboliquement à des spirales, 
de par la propension qu’a tout mouve­ment circulaire 
transposé dans une quatrième dimension (espace-temps)
 à devenir une spirale
(cette remarque est valable pour les boucliers des héros de l’Épopée 
et pour leurs scènes disposées circulairement :
le bouclier d’Achille, celui d’Énée) 

Le symbolisme de la spirale est tout aussi vivace,
 tout aussi profondément vécu par ses créateurs,
jusqu’à la Renaissance.


Attesté dans l’art byzantin,
et chez les peintres d’icônes (par exemple chez Roublev),
 il est le fondement même de la technique de représentation 
et d’organisation de l’espace des miniatures per­sanes :
 il a été établi que, sur 250 œuvres répertoriées,
et datées de 1400 à 1675, 
60 (4 %) sont organisées autour de spirales, 
et 28 (8 %) autour d’arabesques, filles de la spirale et, 
malgré l’omniprésence et la valeur fondamen­tale de cette structure 
par rapport à leurs créations,
 les artistes arabes n’ont jamais parlé de cette organisation savante : 
elle faisait partie des secrets de métier, et était encore liée à une initiation
et l’on sait que la pensée de l’Islam, à cette époque, attache, 
comme l’a bien montré Henry Corbin
une importance fondamentale à la distinction entre le zâhir 
(l’exotérique, ce qu’on peut dire) et le bâtin 
(l’ésotérique, qui est du domaine du secret).
.
(à suivre)
.
Joël Thomas
"La spirale, symbole de la vie et du temps"
.


P-S : Cliquez sur la toute première photo :
vous verrez, en bas et  à droite, un détail fascinant,
deux serpents qui se font face...
comme dans un caducée...

jeudi 29 octobre 2015

Question pas si facile... :-)

Jeudi 29 octobre 2015

Si on pose la question :
"Quel est le trajet de la Terre dans l'espace ?"
99 % des gens vont répondre...
Facile ! Elle décrit un cercle autour du Soleil...

Eh bien, 99 % des gens ont ...TOUT FAUX ! :-)

Regardez ceci :

<


Vous avez compris :
comme le Soleil se déplace dans l'espace intersidéral,
la Terre, tout comme les autres planètes du système solaire,
dessine, en fait ...une magnifique spirale.

Parlez-en autour de vous...
ça fait toujours du bien de remettre en cause les idées reçues... ;-)
.
La Licorne
.

P-S : Et dans sa course autour du noyau de notre galaxie,
le soleil décrirait, lui aussi, une spirale...

mercredi 28 octobre 2015

Le symbole de la spirale (2)

Mercredi 28 octobre 2015

On retrouve la même structure fondamentale dans plusieurs symboles (*)
qui constellent autour de la spirale,
et les liens qui s’établissent ainsi tendent à souligner
l’unité des grands sym­boles :


Le labyrinthe :
le héros qui arrive au centre du labyrinthe
(où l’attendent à la fois une épreuve ultime et une victoire potentielle)
est celui qui a su réaliser, trouver en lui ce centre essentiel,
contrastant avec les méandres du labyrinthe lui-même,
et un peu comparable à l’« œil » immobile du cyclone,
entouré de vents tourbillonnants.
On voit la symétrie de cette structure avec la structure précédente
(axe central/spires en mouvement) ;
on peut dire alors que le labyrinthe est la version bidimen­sionnelle
du vortex représentée en perspective par la spirale


La danse rituelle :
perçue comme une façon de s’incorporer,
suivant les mêmes principes,
 les vibrations créatrices et les mouvements ordonnés du cosmos ;
le derviche tournant sur lui-même est à la fois l’axe et le mouvement ;
son bras levé vers le ciel se relie à l’énergie cosmique ;
son bras baissé vers la terre la redistribue dans les règnes matériels ;
tant il est vrai que l’« éveillé » ne doit pas « retenir »
les énergies qui le traversent.


La montagne sacrée (**) :
toujours axiale,
pilier permettant la circulation des énergies divines,
et dont Yves-Albert Dauge a bien montré
 qu’elle représente une forme de pyramide qui s’inverse,
et s’évase à l’infini vers le haut à partir de son sommet,
ce point culminant que peuvent atteindre les œuvres humaines,
ce but de l’ascèse héroïque et des grandes quêtes,
à partir duquel s’opère une transfiguration de l’être :
même symbolisme de l’axe et du mouve­ment,
que l’on comprend mieux en le rappro­chant de celui du Temple :
nous pensons à la cathédrale de Chartres,
enracinée dans la terre par son puits (situé sous le chœur),
et projetant vers le ciel ses flèches ;
entre les deux, l’espace « horizontal »
et, sur le dallage, un labyrinthe.


Le serpent :
associé à l’hélice et à la spirale
dans l’image traditionnelle du caducée,
vérifie la même relation structurelle,
et la même nature complexe d’un être
à la fois « axial »
(par sa nature essentielle)
et en mouvement
(parce qu’il appartient au monde de la manifesta­tion).
Les serpents s’enroulant autour d’un arbre (du monde)
ou d’une montagne sacrée (voire même quelquefois
d’un axe représenté par la croix du Christ)
ont la même significa­tion.


On comprend mieux alors
le symbole druidique de l’« œuf du serpent »,
 en le rapprochant de l’« œuf cosmique »,
flottant sur des eaux symbolisant tous les possibles encore indifférenciés
(et dont on sait, outre ses origines orphiques,
l’importance qu’il joue dans la cos­mogonie des Dogon
qui nous précisent que « lorsque la vie augmente,
elle augmente en tourbillonnant » et par un mouvement spira­lant) :
de même le serpent,
ce symbole des possibilités de développement de l’énergie,
sort d’abord, réellement, d’un œuf,
et ces circons­tances ne pouvaient manquer de frapper des esprits
aptes à en expliciter le sens symbolique.
.


Enfin, nous voudrions souligner que des situa­tions symboliques
sans rapport apparent avec la spirale participent en fait
de la même structure fondamentale.

Ainsi, l’eschatologie des mys­tères de Mithra
fait intervenir l’idée d’un passage de l’initié, post mortem,
 à travers sept sphères, 
correspondant aux sept planètes ma­jeures connues dans l’Antiquité ;
mais cette notion même de passage n’apparente pas seule­ment la situation
au symbolisme du cercle, comme on pourrait le penser au premier abord,
mais aussi à celui d’une spirale divergente,
puisque la progression du « voyageur » de l’au-delà,
 en le faisant aller de cercle en cercle,
et en établissant donc un lien
entre les trajectoires autonomes de chaque planète,
s’assimile à un mouvement spiralé continu.


 Il est donc très cohérent, par rapport à notre archétype de la spirale,
que le culte de Mithra intègre deux divinités essentielles :
Aiôn, l’Axe, l’Un origi­nel,
 le dieu de l’espace-temps confondus et illimités,
définissant un état primordial de l’être
antérieur au processus de la création et de la différenciation,
et Mithra, le médiateur, le sauveur et le combattant,
celui qui symbolise
le devenir et la dynamique de l’évolution ontologi­que.



De même, pour le fidèle de l’Islam
accomplissant le pèlerinage de La Mecque,
la circumambulatio autour de la Ka’ba
transforme les sept cercles parcourus en mouvement spira­loïde,
 convergent cette fois (puisque son itiné­raire
le rapproche toujours plus du Centre).



Relevons enfin que l’exégèse
de la belle phrase du Cantique des Cantiques,
« Je dors, mais mon cœur veille » (V, 2),
participe de la même symbolique :
le « sommeil », c’est celui de l’âme,
prise dans le tourbillon de l’incarnation,
qui l’étourdit et la distrait
de la contemplation de l’Un dont elle est issue,
mais qu’elle a oublié (on songe au symbolisme du labyrinthe,
évoqué précédemment, avec ses connotations « fémini­nes ») ;
mais le Cœur « veille », et reste relié à l’Axe,
c’est-à-dire qu’il permet l’alchimie spiri­tuelle
qui restituera à l’âme sa nature essen­tielle,
 et la fera se retrouver elle-même.


À travers cette constellation d’images symbo­liques
à la fois simples et fondamentales,
et convergeant toutes vers le symbole de la spirale,
 on comprend mieux la fascination que cette figure
a pu exercer tout au long de l’histoire de l’humanité,
et qui explique à la fois son antiquité et sa pérennité.
.
(à suivre)
.
Joël Thomas
"La spirale symbole de la vie et du temps"
.

(*) Il est intéressant de constater que
deux de ces "grands symboles" associés...
apparaissent dans le rêve d'Estelle 
juste avant celui de la spirale :
la danse et la montagne.
.


(**) Ajout personnel :

 Le Mont Helicon, exemple de montagne "sacrée"
Pour les Grecs, le seuil entre le monde des hommes et celui des dieux
était symbolisé par le mont Hélicon, résidence des (9) Muses.
Son sommet, toujours entouré de nuages,
représentait la frontière entre le Ciel et la Terre.
La montée symbolique de l’Hélicon (de "helix", hélice)
se faisait en parcourant les pentes en un mouvement en spirale 
autour du mont. Le cercle ainsi parcouru se rétrécissait au fur et à mesure
que l’on approchait du sommet. Cette ascension spiralée permettait d’arriver,
peu à peu, au point le plus haut. Elle symbolisait la conquête de son propre centre,
ou la réalisation de sa propre synthèse,  et l’accession à l’unité du divin en soi-même
(l’enthousiasme dionysiaque) à partir de la multiplicité du monde.
.


mardi 27 octobre 2015

Le symbole de la spirale (1)

Mardi 27 octobre 2015

Deux grands rêves étudiés récemment
faisant apparaître des "mouvements spiralés"
(l'un descendant et l'autre ascendant),
je vous propose dans cet article
(et dans les suivants)
d'examiner de plus près
le fascinant symbole de la SPIRALE.
...
.
La physique et l’astronomie nous ap­prennent aujourd’hui 
que la spirale est omniprésente dans les structures de l’univers
de l’infiniment petit à l’infiniment grand, 
de la double hélice de l’ADN au tourbillon des galaxies.


Mais cela, nos lointains ancêtres du néolithique ne le savaient pas, 
lorsqu’ils gravaient des spirales sur vingt-trois des vingt-huit dalles 
du dolmen de Grav'inis, dans une petite île du Morbihan.

Beaucoup de spécialistes nous proposent une explication qui, 
tout en étant frappée au coin du bon sens, n’est pas vraiment satisfaisante : 
l’homme du néolithique a représenté des spi­rales 
parce que le spectacle de la nature lui en offrait de nombreux exemples
les coquillages, les plantes volubiles, certaines fleurs, 
des feuilles, les pommes de pin, le vortex tourbillonnant de l’eau, 
l’implantation de notre propre chevelure…

(Voir vidéo en fin d'article)


C’est vrai (encore que les exemples ne soient pas si nombreux,
ni toujours très clairs : 
pourquoi les spirales celtiques seraient-elles « un équivalent de la foudre » ?), 
mais cela n’explique pas que, parmi leurs multiples sujets d’observation, 
ils aient privilégié des spirales. 
Cela n’expliquera pas non plus l’extraordinaire suite. 
Nous pensons que c’est dans une analyse
du symbole de la spirale 
qu’il faut chercher la solution.

En effet, dès qu’il s’est efforcé de conceptua­liser sa relation au monde, 
l’homme archaïque n’a pu manquer d’être frappé 
par la remar­quable aptitude de la forme spiralée à exprimer, 
de la manière la plus intense et la plus économi­que, 
la façon dont il se sentait impliqué dans des forces cosmiques.


En quoi la spirale est-elle un symbole aussi remarquable et aussi efficace ? 
C’est tout d’abord qu’elle introduit une dimension supplé­mentaire 
par rapport à la symbolique du cercle et du cycle
sa grande supériorité est de pouvoir transcrire
la notion de mouvement 
et, partant, d’évolution.

Sur la roue zodiacale, le printemps revient chaque année ; 
mais les printemps, l’un après l’autre, sont différents, 
et leur point de coïncidence est purement formel : 
ils sont sé­parés par l’épaisseur du temps écoulé, 
ce temps qui transforme le cycle en spirale. 
C’est pourquoi la spirale est sans doute le meilleur symbole de la vie
et de son corollaire, le temps.

Elle nous rappelle que tout ce qui est manifesté se trouve à la fois 
en mouvement et en inachèvement.


Mais toute spirale développée dans l’espace 
se situe par rapport à un axe central vers lequel elle tend. 
Il convient d’insister sur cela, car cet axe représente l’Un originel 
d’où émane et vers lequel tend la vie.
Perçue dans sa totalité, la spirale est donc, 
de par sa double nature, un très beau symbole, 
à la fois axial et évolutif. 

Si on lui prête une dimension cosmique
elle est l’expression du « moteur immobile » (l’axe) 
et de son émanation (la Création qui, elle, est mouvement) 

Analysée ontologiquement, elle va transposer dans l’homme 
cette perma­nence et cette évolution : 
l’homme est à la fois relié (par le « cœur ») 
à une dimension transcen­dante de son être, 
et traversé par des énergies,
donc essentiellement mouvement.


La trans­mutation de ces courants, 
qui se manifestent en l’homme suivant deux spirales,
l’une descen­dante (descente de Dieu en l’homme), 
l’autre ascendante (montée de l’homme vers Dieu), 
bien décrite par les philosophies extrême-orien­tales 
(mais aussi par les Occidentaux,
dont le pseudo-Denys l’Aréopagite qui, 
développant les idées des néoplatoniciens, 
nous parle d’un mouvement hélicoïdal
descendant de Dieu à l’âme 
et remontant de l’âme vers Dieu),
 déter­mine une véritable alchimie spirituelle :

s’il sait retrouver les chemins de l’Un,
de l’Axe origi­nel, 
et développer une dialectique des énergies complémentaires
le « cœur » attire la partie « matérielle » de l’être ; 
comme l’écrit Grégoire Palamas,
« L’homme véritable, lorsque la lu­mière lui sert de voie,
s’élève sur les cimes éternelles ; 
il contemple les réalités méta-cosmi­ques, 
sans se séparer de la matière qui l’accom­pagne dès le début… 
amenant à Dieu, à travers lui, tout l’ensemble de la création.




 De même, la partie la plus évoluée de l’être attire 
ses zones régressives ou inconscientes 
et les éclaire en les transfigurant
dans la méditation, le vortex inférieur monte en spirale, 
à la rencontre de sa contrepartie spirituelle ; 
c’est le sens des « Descentes aux Enfers », 
qui correspondent en fait
à un double mouvement symbo­lique
catabase et anabase,
descente et re­montée 
associées dans un mouvement dialecti­que 
qui permet au héros de ne « descendre » 
que pour « remonter » 
enrichi de cette descente en lui-même ;

ainsi, dans l’Enéide, 
les ren­contres successives d’Énée avec ses proches 
(Palinure, puis Didon, puis Déiphobe) symboli­sent
 une remontée de plus en plus profonde 
dans son passé et sa mémoire,
afin de désoc­culter en lui le « vieil homme » : 
situation confinant, on le voit,
à une psychanalyse bien conduite 

La spirale est donc la mise en dialectique
du temps humain et de l’éternité : 
par delà l’idée d’un temps cyclique et seulement répétitif, 
par delà aussi un temps fondé sur un « progrès » linéaire,
trop exclusivement à l’image de l’homme, 
elle nous met en garde contre les insuffisances 
des systèmes abusivement réduc­teurs.
.
(à suivre)
.
Joël Thomas
"La spirale, symbole de la vie et du temps"
(1984)
.




L'échelle des chamanes

Lundi 26 octobre 2015

La fin du rêve d'Estelle
(l'épisode de la liane qui sort de son coeur
et qui monte en spirale jusqu'au ciel)
m'a rappelé un passage 
du livre de Jeremy Narby (*),
"Le serpent cosmique"...(p 96)

Je vous le partage ci-dessous :
.

Je savais que de nombreux peuples chamaniques utilisaient 
d'autres images que le "serpent cosmique" pour expliquer la création de la vie, 
parlant notamment d'une corde, d'une liane, d'une échelle 
ou d'un escalier d'origine céleste, qui relie la terre et le ciel.

Mircea Eliade a montré que ces différentes images
formaient un thème commun, 
qu'il a appelé l'axis mundi, ou l'axe du monde
et qu'il a retrouvé à travers les traditions chamaniques des cinq continents. 
Selon Eliade, l'axis mundi permet d'accéder à l'au-delà 
et au savoir chamanique car il existe un "passage paradoxal"
 réservé normalement aux morts, 
que les chamanes réussissent à emprunter de leur vivant; 
et ce passage est très souvent gardé par un serpent, ou un dragon.

Le chamanisme, pour Eliade, est l'ensemble des techniques 
permettant de négocier ce passage, d'atteindre l'axe, 
d'acquérir le savoir qui lui est associé, et de le ramener
- la plupart du temps dans le but de guérir les gens.

Dans ce cas aussi, la connexion avec l'ADN est évidente : 
dans la littérature de la biologie moléculaire, 
la forme de l'ADN est comparée non seulement à deux serpents entrelacés,
 mais aussi, très précisément,
à une corde, une liane, une échelle ou un escalier 
-les images variant d'un auteur à l'autre. 
(...)


 La notion d'un axis mundi est particulièrement répandue 
parmi les peuples indigènes de l'Amazonie. 
Les Ashaninca, par exemple, parlent d'une "corde céleste". 
Gerald Weiss écrit à ce propos : " parmi les Campas, 
il existe une croyance selon laquelle, à une époque, 
la Terre et le Ciel étaient proches et reliés par un câble.
Une liane grimpante appelée inketica (littéralement "corde céleste") 
qui a une forme particulière en escaliers, 
a été indiquée à l'auteur
comme le câble qui relie la Terre et le Ciel."

Etrangement, les Taulipang vivent en Guyane, 
à quelques quatre mille kilomètres des Ashaninca, 
mais associent exactement la même liane avec une corde céleste.

Une des variantes les plus connues de l'axis mundi est celle du caducée
formée par deux serpents qui s'enroulent autour d'un axe.
Depuis les temps les plus anciens, on retrouve ce symbole 
lié à l'art de guérir de l'Inde à la Méditerranée.


Chez les taoïstes chinois, le caducée prend la forme du yin-yang
qui symbolise l'enroulement de deux formes serpentines et complémentaires 
en un seul principe vital et androgyne.
(...)

L'échelle qui donne accès à la connaissance chamanique 
est une notion si répandue qu'elle constitue, pour Alfred Metraux, 
le "symbole de la profession".
Celui-ci précise que, pour les chamanes amazoniens du moins, 
c'est en entrant en contact avec les "esprits de l'échelle ou des échelons" 
qu'ils apprennent à maîtriser tous les secrets de la magie".

Métraux explique encore que ces chamanes boivent 
"une infusion préparée avec une liane dont la forme suggère une échelle". 
Et effectivement, la liane de l'ayahuasca est souvent décrite 
comme une échelle, ou même une double hélice (...).
.


(*) Vidéo : conférence de Jeremy Narby
ci-dessous :

samedi 24 octobre 2015

Autres questions

Samedi 24 octobre 2015

"Je rêve"...dit-on...
Et déjà, on est induit en erreur 
par les automatismes du langage...

Car QUI rêve ?
Est-ce bien le "Je" habituel, 
ce "Je" de la personnalité quotidienne, qui vit chaque nuit 
des aventures oniriques échappant aux lois du monde physique ?
Est-ce lui qui "voit" ce qui se passe alors ?
Ce "Je-là" ne se contenterait-il pas plutôt de "recueillir", au réveil, 
les impressions laissées par un autre "Je" qui lui, 
serait le véritable acteur - ou témoin - de nos nuits ?

La nuit, ne serait-ce pas un "Je-inconnu",
un Je "plus profond"
qui prend le relais du "je" conscient ?
Ne serait-ce pas un "autre Je"
qui joue le "jeu" du rêve...
dans un "autre monde",
monde qui - de son point de vue-
est on ne peut plus "réel" ?

La question serait-elle mal posée dès le départ, 
parce que nous n'avons pas ce qu'il faut, 
dans notre arsenal de connaissances, pour bien la poser ?

Et ce qui nous manque ne serait-ce pas... 
une véritable connaissance de "QUI" nous sommes ?

Connaissons-nous vraiment tout ce qui nous compose 
ou n'en connaissons-nous que la partie "visible" 
seule accessible à la science...
et à notre mental ?

Avons-nous, au début du vingt-et-unième siècle,
dressé une "carte" fiable
de notre être invisible,
énergétique ou psychologique ?
Rien n'est moins sûr...
Notre "anatomie générale" reste très très floue...

Peut-être sommes-nous, sur ce sujet, 
un peu comme les médecins du Moyen-Age, 
qui se contentaient de notions très vagues 
(théorie des humeurs...etc) 
et qui ne pouvaient pas décrire correctement
ce qui se passait dans le corps de leurs patients, 
car ils n'avaient pas encore la connaissance précise
des différents organes...

A la suite d'Estelle (rêve précédent),
ne devrions-nous pas, avant toute chose,
nous demander:

"Qui suis-je ?
Suis-je limité ? Illimité ?
Jusqu'où va mon être ?
Suis-je plus vaste que ce que je crois ?
Suis-je psychiquement "double" ? (*)
... ou "multiple" ?

Qui est le "Rêveur" en moi ?
Quel est le "Je invisible" qui rêve ?
Sur quel "plan intérieur" se situe-t-il ?
Quels sont les différents "plans" de l'inconscient ?

Quels niveaux de conscience me sont accessibles ?
Quelle est l' "échelle de conscience" de l'être humain ?
Et sur quel barreau me suis-je arrêté ?"
.
La Licorne
.


(*) La question peut sembler "bizarre", mais, en fait,
c'est une expérience très quotidienne...
Quand, tout au long de la journée,
on se "parle intérieurement à soi-même" par exemple  :
QUI parle à QUI ?

Ou alors, pendant un rêve lucide :
ne faut-il pas "être deux",
être capable de "se séparer"...
pour rêver ET savoir que nous sommes
en train de rêver?
.

mercredi 21 octobre 2015

Grand rêve : "Les frontières du mystère"

Mercredi 21 octobre 2015


"...j'ai du mal à me situer, je ne sais plus trop qui je suis. 
Qui suis-je en réalité ? 
Est-ce que je suis Estelle en train de rêver ?  
Est-ce que je suis  le grain de sable ? 
La goutte d'eau dans l'océan ? Une étoile ? 
Est-ce que je suis l'âme qui regarde mon corps allongé ? 
Je ne sais pas trop !
Est-ce moi qui habite mon corps ? 
Est-ce que c'est moi qui m'habite ?
 D'où je viens ? Où je vais ?

...c'est une pression intense...j'ai besoin de quitter le réel de mon ego, 
j'ai besoin d'entrer en contact avec le mystère, criant de vérité...
j'ai profondément besoin d'établir ce contact...je suis très émue...
je suis émue parce que c'est un besoin profond en moi, 
mais que toute seule je n'y arriverai pas...
et je ne sais pas dans quelle direction aller...

Là, je vois des morceaux de tissus, blancs, avec des inscriptions...
ce sont des pensées qui s'envolent au vent...
et j'aimerais être comme ces pensées et pouvoir m'envoler librement...
ces morceaux de tissus sont accrochés sur des fils en haut d'une montagne...
il y a de la neige, le ciel est très bleu, très clair...
c'est une image qui représente beaucoup de choses pour moi...
et je sens qu'elle peut me porter vers ce à quoi j'aspire...
je suis seule, et c'est un grand moment de paix et, en même temps, 
une inquiétude parce que je sais que, seule, 
je n'arriverai pas à suivre mon chemin.

La neige se met à fondre, tout est teinté de bleu et de blanc...
il y a de grands foulards qui ondulent, 
de grands foulards légers, colorés, mouvants...
comme s'ils étaient regroupés pour faire une danse, 
une danse sans danseurs, une danse d'âme, 
une danse de pureté, de vérité...
j'aimerais me laisser emporter dans cette danse 
mais je me sens bien trop tendue pour accéder à cette légèreté...
pourtant, c'est très beau, les foulards se transforment 
en danseuse hindoue, très légère...


chaque partie de son corps danse, 
ses yeux, sa bouche, ses cheveux, sa nuque, ses épaules, ses bras, ses mains...
en fait, elle a des quantités de mains, très mobiles, des quantités de bras...
comme si tous ses bras lui permettaient d'embrasser tout l"univers, 
d'être partout à la fois...
elle s'est assise en position de lotus...
et c'est comme si j'étais entrée dans cette danse...
je sens physiquement des tas d'énergies qui courent en moi, 
dans les mains, les bras, les jambes, le long des chakras...
la danseuse continue toujours à danser...


moi, je suis à l'intérieur
et je ne bouge pas, je n'ose pas encore le faire...
je suis comme...un foetus et je profite du rayonnement de cette danse...
je me sens grandir et je me sens prendre toute la place ?
...je me sens au-dessus du monde, au-dessus de tout, 
je me sens gigantesque, brûlante, déployée...
je me sens comme un énorme poulpe avec plein de tentacules...
j'ai l'impression que mes membres s'allongent 
et je redeviens danseuse, c'est une danse lascive...

J'ai l'impression que je me sépare ! 
C'est très angoissant...j'ai mon côté droit 
qui n'est plus du tout attaché à mon côté gauche 
et, en même temps, cette séparation m'ouvre...c'est très...
ça m'ouvre par le milieu et...ça laisse passer une quantité d'énergie...
en fait, il n'y a que ma tête qui ne s'ouvre pas 
mais je me sens extrêmement séparée...
c'est une expérience intense...
c'est comme si moi je n'existais plus
ou plutôt que mon corps  n'avait plus d'importance,
que l'important, c'est ce qu'il y a dedans...
comme s'il faisait sortir quelque chose de mon coeur...
ce qui sort, c'est vraiment impressionnant...
c'est une liane qui monte vers le ciel...

je peux monter sur cette liane car elle est à l'envers, 
ce qui me permet de pouvoir grimper sur les feuilles..
.mais je n'ai pas besoin de grimper parce que je suis...une âme 
et je sens bien que ma place est là, et que c'est cette liane qui va me guider...
je reste auprès d'elle, je continue de grimper
 en faisant des spirales...


je suis complètement séparée...je ne vois pas le bout...
d'ailleurs, il n'y pas de bout, 
ça va toujours plus haut, plus loin, infiniment plus loin...
La spirale que j'emprunte pour grimper le long de cette liane, 
c'est un peu un lien que je tisse avec cette liane, 
un lien pour me relier, pour me relier au mystère...
me relier pour m'enfoncer dans le mystère, pour le comprendre, 
pour être avec, pour ne former qu'un, un seul et unique...
ça me transperce partout, autant qu'il y a de cellules en moi !...

je vais m'arrêter là...et je vais essayer d'ouvrir les yeux."
.
Rêve éveillé d'Estelle
extrait de
de Georges Romey
.

P-S : Dans le livre, l'auteur ne donne pas d'interprétation de ce rêve...
mais voici ce qu'il en dit, en introduction  :

Estelle se laisse emporter dans un long rêve
jusqu'aux frontières du mystère.
Frontières qu'elle souhaite même franchir pour réaliser l'unité
entre les composantes de son être et le Tout.

Au moment de reproduire ces témoignages,
je déplore de n'en pouvoir transmettre que les mots,
dépouillés de l'enveloppe d'émotion dans laquelle je les ai reçus.
Il faut avoir entendu les accents bouleversants
avec lesquels la rêveuse les exprime, vibre avec ses vibrations,
participé à l'aventure du rêve de l'autre,
pour en mesurer la profondeur et la gravité...
.

.

mardi 20 octobre 2015

Evolution de la conscience au-delà du mental

Mardi 20 octobre 2015



La conscience et la vie doivent être la clef de ce qui est ... 
en voie d'accomplissement dans le Temps; car sans elles,
la matière et le monde de la matière seraient un phénomène dépourvu de sens, 
quelque chose qui est arrivé juste par hasard ou par une nécessité inconsciente.

Mais la conscience telle qu'elle est, 
la vie telle qu'elle est ne peuvent pas être le secret total; 
car toutes deux sont très clairement quelque chose d'inachevé, 
elles sont encore en voie de développement.

En nous la conscience est le mental, 
et notre mental est ignorant et imparfait; 
c'est un pouvoir intermédiaire qui grandit 
et qui continue de grandir 
vers quelque chose au-delà de lui-même.
Il y a eu des niveaux inférieurs de conscience 
qui sont apparus avant lui et d'où il s'est élevé; 
et il doit y avoir évidemment des niveaux supérieurs 
vers lesquels il s'élève à son tour. 
(…)
Si la conscience est le secret central, 
la vie est l'indication extérieure, 
le pouvoir réalisateur de l'être dans la matière; 
car c'est elle qui libère la conscience et lui donne sa forme, 
la revêt de force et la traduit en acte dans la matière. 
Si une révélation de soi ou un accomplissement de soi dans la matière 
est le but ultime de l'Être qui évolue dans la naissance, 
la vie est le signe extérieur et dynamique, 
l'indice de cette révélation et de cet accomplissement.

Mais la vie aussi, telle qu'elle est maintenant, 
est imparfaite et en cours d'évolution; 
elle évolue par la croissance de la conscience
de même que la conscience évolue 
par l'organisation et la perfection plus grandes de la vie 
- une plus vaste conscience signifie donc une vie plus vaste.

L'homme, l'être mental, a une vie imparfaite 
parce que le mental n'est pas le premier 
ni le plus haut pouvoir de conscience de l'Être, 
et même si le mental était rendu parfait,
 il resterait encore quelque chose à réaliser, 
quelque chose qui n'est pas encore manifesté. 
Car ce qui est involué et qui émerge, n'est pas le mental mais l'Esprit, 
et le mental n'est pas le dynamisme de conscience naturel à l'Esprit; 
ce dynamisme naturel est le supramental, la lumière de la gnose.

Si donc la vie doit devenir une manifestation de l'Esprit, 
c'est la manifestation en nous d'un être spirituel, 
et la vie divine d'une conscience rendue parfaite 
dans le pouvoir supramental ou gnostique de l'être spirituel 
qui doivent être l'intention de la Nature évolutive, 
le fruit secret qu'elle porte en elle.
.
Sri Aurobindo
« La vie divine »
.
(texte trouvé sur le blog
de Michelle
.

dimanche 18 octobre 2015

L'inconscient supérieur

Dimanche 18 octobre 2015


Ce qui en premier lieu s'impose, 
est la reconnaissance que le supraconscient existe
c'est-à-dire que, outre l'inconscient inférieur et moyen, 
il existe une autre vaste zone de l'inconscient, 
une région ou sphère supérieure de notre être.

Il faut commencer par en admettre la réalité, 
car il a été le plus souvent ignoré ou négligé
par la psychologie moderne.
(L'analyse des motifs de cette étrange lacune 
ferait l'objet d'une étude psychanalytique fort intéressante 
et mettrait en lumière la psychologie des psychologues !).

La sphère supérieure de la psyché humaine
a été connue de tout temps, 
et elle a, à travers les âges, fait l'objet des études 
des philosophes et des esprits religieux.
De cette sphère les meilleurs poètes et artistes ont, 
plus ou moins consciemment, reçu leur inspiration.

Mais au cours des décennies, 
des psychologues ont commencé à l'étudier de façon scientifique, 
jetant ainsi les fondements de cette psychologie 
que Frankl a justement appelée "Psychologie des Hauteurs", 
par antithèse à la psychologie des profondeurs. 
.
"Psychosynthèse"
.

vendredi 16 octobre 2015

Beaucoup de sortes de rêves

Vendredi 16 octobre 2015



- Dis-moi comment faire pour rêver mieux, Sebastian.
- Cher parent, j'ai attendu longtemps, très longtemps 
pour vous entendre poser la question...
Rêver ne suffit pas. 
Il y a beaucoup de sortes de rêves. 
Ils existent peut-être sur différents plans.
.
Dorothy Briant
"The Kin of Ata are Waiting for You"
.

jeudi 15 octobre 2015

L' Ascenseur des rêves

Jeudi 15 octobre 2015



Dans son livre "Des rêves pour changer notre vie" (Tome 2), 
Pierre Etevenon émet trois hypothèses 
que je trouve intéressantes et dignes d'être examinées :

1) Les rêves nous permettraient d'explorer 
des plans de conscience et d'existence différents

2) Ces plans de conscience et d'existence
 pourraient être multidimensionnels

3) Les rêves seraient les "veilleurs nocturnes" 
de notre évolution de conscience
 dans le cours de notre vie terrestre

D'après lui,
"...l'aventure de nos nuits est l'exploration dans nos rêves,
de notre conscience qui voyagerait d'un espace-temps à l'autre,
d'un domaine à l'autre, en changeant de dimensions..."
et
"Chaque rêve est un scénario temporel
qui peut se dérouler dans des  plans différents
au cours des séquences et  événements successifs du rêve."

.
Ainsi, l'ascenseur des rêves,
nous déposerait tour à tour, d'un rêve à l'autre
et même dans un même rêve
à des niveaux différents (*) :
des niveaux les plus bas (infraconcient)
aux plus hauts (supraconscient)...(**)
en passant par tous les niveaux intermédiaires
(conscient).

Le "Rêveur en nous" visiterait ainsi
différents "mondes" :
ceux bien connus de nos pulsions,
de nos sentiments, émotions et  pensées,
mais aussi, sur des plans plus élevés,
ceux de la création et de l'intuition...
et même parfois au-delà,
les mondes dits "spirituels".




Et il y aurait là
la base d'une "psychologie intégrale"
prenant en compte
tous les "plans d'existence"
et tous les "niveaux de conscience".

.
Qu'en pensez-vous ?
.
La Licorne
.

(*) niveaux parcourus le plus souvent...
dans le désordre...

(**) Les différents niveaux et les notions
d''infraconscient et de supraconscient
sont empruntés à Sri Aurobindo...






lundi 12 octobre 2015

Approches d'un Monde psychophysique

Lundi 12 octobre 2015


 
Le paradigme du physicien David Bohm touche de près
à l'hypothèse de Jung, car il a lui aussi réfléchi
sur l'existence possible de formes non observables de l'être.
(...)
...Bohm postule que l'univers observable ne représente
que l'ordre déployé et explicite de l'être (explicate order)
qui reposerait lui-même sur un autre ordre
implicite et potentiel (implicate order).

Selon cette théorie, les deux ordres de l'être existent
 dans l'indéfinissable mouvement commun
d'une mobilité fondamentale.
L'ensemble "déployé" et l'ensemble "replié"
existent et durent ensemble,
enveloppés dans un mouvement universel
que nous ne pouvons saisir.

Le monde qui se manifeste à nos sens est le monde explicite, 
celui que notre conscience perçoit ou qui est actualisé 
par notre observation consciente. 
"La matière en général, écrit Bohm, 
et en particulier la conscience, 
ont en commun le monde "déployé". 
De ce fait, l'une et l'autre reposent ensemble 
dans un ordre "replié" d'une dimension supérieure. 
Ce que nous observons sous le nom de mouvement temporel 
est à proprement parler 
la co-présence de multiples phases de l'ordre "replié" . "

Pour les psychologues, il est clair que Bohm, 
avec son "ordre replié" fournit en projection 
un modèle de l'inconscient
et que sa théorie '(implicate order) 
constitue une tentative intéressante 
pour définir le modèle unique, psychophysique, de l'être.

A l'arrière-plan de l'être, dit-il, s'étend un réservoir immense, 
une mer d'énergie, qui se cache au plus profond 
sous notre conscience déployée au sein de l'espace-temps.

Cette nouvelle conception du monde de David Bohm 
est parfaitement compatible avec l'hypothèse, formulée par Jung, 
d'une énergie unique qui se manifeste à la fois 
sous la forme physique déployée dans l'espace-temps
 et sous la forme psychique, pure intensité, 
sans dimension spatio-temporelle (repliée).

D'autres physiciens modernes se risquent également 
à ébaucher des spéculations analogues
sur un monde psychophysique unitaire.


Fritjof Capra compare la conception moderne de la matière 
en tant que "danse d'énergie" à la danse de Shiva 
et aux idées extrême-orientales du Tao.

Olivier Costa de Beauregard
partant des problèmes de la théorie de l'information, 
arrive à la conclusion que 
"l'univers exploré par les physiciens
pourrait ne pas être le Tout, 
mais bien laisser pressentir l'existence 
d'un autre univers, psychique
dont l'univers matériel représenterait seulement
un double passif et partiel."

L'univers psychique serait éternel et infini 
et renfermerait également un savoir transpersonnel, 
équivalent au savoir que Jung attribue à l'inconscient collectif.

Un autre physicien, Jean Charon
postule l'omniscience de certains électrons.

Naturellement, il ne s'agit encore là, aujourd'hui, 
que de spéculations qui ne peuvent être considérées 
comme des connaissances sûres. 
Cela montre toutefois une tendance à supposer la possibilité 
de l'existence d'un arrière-plan psychique et matériel du monde, 
dans lequel la matière cosmique et l'inconscient collectif
pourraient être deux aspects
d'une seule et même substance fondamentale.

C'est peut-être à une liaison graduelle 
de ces deux formes d'énergie 
(matière corporelle et psyché) 
que font allusion les escaliers, échelles, 
et autres formes de gradation 
qui apparaissent dans les rêves que nous avons cités.



 
Au moment de la mort, il se produit peut-être 
une libération progressive 
des catégories de l'espace-temps, 
ce qui contribuerait à expliquer qu'apparaissent alors 
de nombreux phénomènes de synchronicité.
C'est là un ensemble de questions qui, 
dans la perspective ouverte par l'hypothèse de Jung, 
s'ordonnent dans une unité étonnante.
.
Marie-Louise Von Franz
"Les rêves et la mort"
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