mercredi 8 juillet 2015

Le grand danger et le salut

Mercredi 8 juillet 2015




Extrait de "La conjonction des savoirs" de Dominique Casterman :


"On suppose en général que les complexes ne sont pas normaux, 
alors que ce sont des nécessités vitales ; 
 le moi, le complexe du moi en est un exemple. 
Le moi est un complexe qui dispose d'énergie, 
qui est autonome et qui se sent libre (c-à-d déterminé)..."




"Qu'est ce complexe du moi
C'est un amoncellement de contenus
imbriqués les uns dans les autres, 
doués chacun d'un potentiel énergétique, 
et centrés de façon émotionnelle autour du précieux moi.
Car le moi a un effet puissamment attractif 
sur toutes sortes de représentations. 
Il peut même à lui seul occuper toute la conscience. 
On accède ainsi à une conscience de soi exclusive, 
mesquine et pénible, qui s'épuise dans la préoccupation 
et la perception de son comportement extérieur : 
on est possédé par son propre moi..."


Mais il existe une différence primordiale   
entre les complexes en général et celui du moi en particulier :
le moi est doué de conscience.
Il peut de la sorte faire retour sur lui-même et se concevoir lui-même,
 alors que les autres complexes ne paraissent témoigner d'aucune conscience. 
Il est fort difficile d'ailleurs, pour ne pas dire impossible, 
de préciser si les complexes ont ou n'ont pas conscience d'eux-mêmes. 
Il est fréquent que quelqu'un se livre à une action 
dont on pense qu'il l'accomplit consciemment, 
alors qu'elle a lieu à son insu. 
Cela est plus fréquent qu'on ne le croit."

C-G Jung "A la découverte de son âme"



Jung a remarquablement saisi cette situation intérieure 
qui place le moi dans un état pathologique de possession et motive, 
tant individuellement que collectivement, 
les plus grandes misères humaines.

Pourtant, il a vu aussi que l'inconscient profond, 
sous certaines conditions, et surtout celle de
la sauvegarde de la lumièr
de la conscience individuelle,
pouvait être à la source
  des réalisations spirituelles 
les plus authentiques.


"Les thèmes archétypiques peuvent éblouir et fasciner 
aussi bien que créer des valeurs culturelles ; 
ils peuvent conduire aussi bien au massacre fondé sur l'idéologie
 ou la folie collective qu'à des réalisations spirituelles.


Le problème est ici de savoir si l'individu
saura conserver intact son moi conscient 
ou s'il succombera à l'énorme charge émotionnelle 
que possèdent toutes les représentations archétypiques, 
provoquant la désintégration partielle ou totale 
de son moi conscient.


Les guerres de religion, les luttes 
et les persécutions idéologiques d'hier et d'aujourd'hui
 révèlent d'une façon impressionnante à quel point 
l'humanité demeure sujette aux états de possession.


Jung a montré que la plupart des maladies mentales graves
 consistent en ce que le conscient est bousculé 
par des contenus archétypiques qu'il ne peut pas intégrer  
à la suite d'une certaine faiblesse. 
Plus le conscient est étroit, rationaliste et rigide,
 plus le danger est grand.

Le contenu archétypique constellé
 dans de telles situations individuelles ou collectives
 est à la fois le grand danger et le salut,
 car chaque fois qu'un tel élément s'éveille 
et exerce sa pression à partir de l'inconscient,
 c'est que son apparition est indispensable
 pour compenser une unilatéralité du conscient.

Toutefois, c'est seulement dans et par l'individu 
qu'il peut être reconnu et intégré."

Marie-Louise Von Franz 
"Jung, son mythe en notre temps"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire