Vendredi 5 juin 2015
Parfois, je ressentais comme une étrange envie de parler
sans bien savoir de quoi.
Je voulais essayer de poser des questions
Je voulais essayer de poser des questions
pour savoir si d'autres personnes avaient aussi fait de telles expériences.
Ou bien je voulais donner à comprendre
qu'il existe des phénomènes curieux dont on ne sait rien.
Je ne réussis jamais à en trouver, ne serait-ce qu'une trace, chez autrui.
Et ainsi j'eus le sentiment d'être réprouvé ou élu, maudit ou béni.
Et pourtant il ne me serait jamais venu à l'esprit
de parler directement de mon aventure,
non plus que du rêve du phallus dans le temple souterrain,
ou du petit bonhomme sculpté, même alors que je m'en souvenais encore.
Je savais que cela m'était impossible.
Je n'ai parlé du rêve du phallus
que lorsque j'ai eu atteint ma soixante-cinquième année.
Les autres événements, peut-être les ai-je communiqués à ma femme,
mais tardivement aussi.
Pendant des dizaines d'années,
un tabou rigoureux provenant de l'enfance les scella.
Toute ma jeunesse peut être envisagée sous le signe du secret.
Cela me plongeait dans une solitude presque insupportable
et je considère, aujourd'hui, que ce fut un véritable exploit
que d'avoir résisté à la tentation d'en parler à qui que ce fût.
Ainsi, dès lors, ma relation avec le monde se trouva préformée
telle qu'elle est aujourd'hui : aujourd'hui aussi je suis solitaire,
car je sais des choses qu'il me faut bien mentionner,
que les autres ne savent pas, et le plus souvent ne veulent pas savoir.
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"Ma vie"
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On peut lire et relire ce texte de Jung on y trouve toujours du nouveau. Amitiés.
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