samedi 3 juin 2023

L'interprétation relationnelle de la physique quantique

 
 
Tu es noeud de relations et rien d'autre. 
Et tu existes par tes liens. Tes liens existent par toi. 
Le temple existe par chacune des pierres.

Antoine de Saint-Exupéry
"Citadelle"

.

 


 

Si les utilisations de la mécanique sont claires et ont pu conduire 
à des découvertes et inventions technologiques, militaires, scientifiques, 
médicales ou encore astronomiques, 
le "pourquoi" du "comment", 
le sens profond de ce que cette mécanique veut dire, 
nous échappe toujours.
 
 
Aujourd'hui, le champ académique de la physique propose différentes interprétations.
 Là où certains proposent des mondes parallèles ou invisibles,  
l'interprétation "relationnelle" sur laquelle travaille Carlo Rovelli, 
a le mérite de s'ancrer dans notre réalité. 
 

 


"L'idée c'est que nous les observateurs, ne sommes pas si spéciaux, 
nous sommes des parties du monde comme les autres. 
[...]
 
La mécanique quantique ne dit pas comment les choses se manifestent à nous 
 en tant qu'être humain, esprit, conscience...etc.  
Elle décrit comment n'importe quelle partie du monde 
se manifeste à une autre partie du monde. 
Donc il n'y rien de subjectif. 
Elle nous dit comment sont les relations entre un objet et un autre objet. 
Elle nous dit que les propriétés des choses sont relatives à d'autres choses.
 ...ça, c'est le coeur.
 
On parle de structure quantique relationnelle car ça met l'accent sur les relations. 
Donc ce n'est pas que l'électron prend une position quand il se manifeste à nous. 
Ce n'est pas qu'il décide de prendre une position, parce que moi je le regarde 
(en jargon scientifique, "collapser la fonction d'onde"). 
Non. 
Quand il interagit avec quelque chose d'autre, n'importe quoi, 
il prend une position.
 
Un électron, ce n'est pas comparable à un caillou, 
qui est toujours quelque part, 
c'est une séquence d'interactions avec d'autres choses, 
liées par des équations. 
Mais entre une interaction et l'autre, il n'y a rien. 
C'est ça l'idée centrale. 
 
Et donc c'est mieux de penser le monde, non pas comme une collection d'objets isolés, 
chacun avec des propriétés, mais comme des objets, des systèmes, des sous-systèmes 
qui n'ont des propriétés que quand ils interagissent avec d'autres.
Et ça, c'est une définition relationnelle de la mécanique quantique.
  
 Si on fait ça, ça marche...
On élimine le paradoxe de la physique quantique, 
c'est une façon de voir le monde...tout est cohérent, 
mais il faut accepter ce prix énorme : 
les choses n'ont pas de propriétés en elles-mêmes, 
mais elles n'ont de propriétés que relativement aux autres."
 
- Voilà, ce n'est donc plus le regard qui fait l'objet, c'est la relation. 
On substitue la relation au regard...
(...) et il va sans doute falloir trouver de nouveaux mots 
pour nommer cette nouvelle vision du monde."


Si cette interprétation s'ancre dans notre réalité, 
elle n'est donc pas sans chambouler 
notre rapport philosophique au réel.
 
 
 
Physicien et historien des sciences
interviewé par Radio-France 
pour la sortie de son livre "Helgoland"

 

 

vendredi 2 juin 2023

Rêve : La trame

 


 
Je sais que je rêve.
Je me sens dans mon corps et je me dis :
"Tiens, je vais regarder mes mains."
 
Cet acte volontaire dans le rêve est
comme une "prise de possession"
des événements du rêve 
 
Et, en effet, je vois mes mains
mais je vois aussi qu'elles se prolongent...en "filet"
(filet entre chaque doigt et au bout des doigts
qui semble se prolonger à l'infini
comme une immense trame).
 
C'est comme si j'étais reliée par ces "fils"
à tout ce qui est extérieur.
Je trouve cela fascinant.
.
 
 
 
 

 
 

jeudi 1 juin 2023

Du fonctionnement de l'univers et de notre influence sur lui


 
"Connais-toi toi-même 
et tu connaîtras l’univers 
et les dieux."


 Vidéo en anglais (regarder sur You tube 
et activer la traduction des commentaires)

 

avec son sens de la pédagogie habituelle, 
nous explique ici :
 
pourquoi notre réalité matérielle n'a aucune probabilité
de s'être formée "par hasard"...
 
comment l'ensemble de l'univers, 
parce qu'il est dans une fantastique inter-relation "créative"...
ne cesse de se (re)créer et de se complexifier par lui-même...
 
pourquoi nous ne pouvons pas enquêter sur  l'univers
dont nous sommes partie intégrante,
sans enquêter, en même temps, sur nous-même...
 
Il nous dit aussi que plus nous plongerons
profondément à l'intérieur de nous-mêmes,
plus nous pouvons espérer avoir 
une influence significative sur l'extérieur...
 
que notre "fréquence personnelle"
est liée à nos émotions (et pensées)
et qu'elle influence le champ unifié
qui, en retour (feedback)
nous influence aussi...
 
Il précise que cette influence sur l'univers
se fait en liaison avec toutes les autres influences...
(ce qui remet en cause la "loi d'attraction" 
telle qu'elle est vue habituellement)
.
...et bien d'autres choses encore...

Ecoutez !


La Licorne

.



 

Cosmos, le monde "ordonné"

 
 
(L'homme d'aujourd'hui) a oublié la notion
qui avait cours au Moyen-Âge
que l’homme est un microcosme,
 pour ainsi dire une image en réduction 
du grand cosmos.
.
C.G. Jung
"Présent et avenir"
.
 
 
Le cosmos, dans la philosophie grecque de l'Antiquité est un terme 
qui désigne le monde ordonné et harmonieux par opposition au chaos
 

 

Le Cosmos durant l'Antiquité

Le cosmos désigne tout d'abord le ciel étoilé et ordonné, 
les constellations. 
Le mot en grec a été appliqué à l’univers par les pythagoriciens. 
Le cosmos, peut être décrit comme l'univers tout entier, 
ou une partie de l'univers, 
dès lors qu'il est considéré comme un ensemble ordonné.
 
 Chez les philosophes grecs de l'Antiquité le terme κόσμος 
évoque un monde clos qui a un ordre, 
par opposition au chaos. 
Ainsi pour Socrate :


A ce qu'assurent les doctes Pythagoriciens, Calliclès,
le ciel et la terre,  les Dieux et les hommes
sont liés entre eux par une communauté,
faite d'amitié et de bon arrangement,
de sagesse et d'esprit de justice,
et c'est la raison pour laquelle, à cet univers, 
ils donnent mon camarade, 
le nom de cosmos, d'arrangement, 
et non celui de dérangement, 
non plus que de dérèglement.
.
Platon
 "Gorgias"
 .
.
 

Reprise du concept par Alexander von Humboldt au XIXe siècle

Le terme est devenu une partie du langage moderne au XIXe siècle 
lorsque le géographe et polymathe Alexander von Humboldt 
a ressuscité l'utilisation du mot, 
l'attribuant à son traité en cinq volumes intitulé :  
 publié en allemand entre 1845 et 1862. 
 
Le livre a influencé la perception moderne et quelque peu holistique 
de l'univers comme une seule entité en interaction
 

Postérité du concept

Le concept de Cosmos est abondamment réemployé. 
 
 

 
 
 

  

 Rêve de Pauli :  

 
 
 
Rêves "cosmiques" 
(dans ce blog) :  
 
.


 
Il est permis de penser que le monde psychique
est assez semblable à notre monde physique :
 de l'espace, des corps célestes, certains satellisés,
d'autres solitaires ou errants,
et puis des influences, des attractions, des répulsions.
C'est dans ce genre d'espace que se trouve notre âme.
.

.
 
 
 




Rêves, signes et coïncidences

 
 
 
 
Le hasard n'existe pas. Tout a un sens. Tout est signe. 
Encore faut-il apprendre à lire les signes
Ce dictionnaire en est le décodeur. 
 Accidents, maladies, blessures, événements ne nous arrivent pas au hasard. 
Ils prennent un sens dans notre évolution. 
Notre vie est jalonnée de signes et nous ne les voyons pas. 
Ce sont des messages que nous envoie notre inconscient. 
 
Toutes les nuits, un dialogue s'ouvre avec l'inconscient grâce aux rêves
 qui constituent des signes de nuit, dialogue qui se poursuit à l'état de veille 
par les événements qui constituent des signes de jour
 
Tous les incidents de nos vies ne sont pas des faits distribués par un destin aveugle. 
Un œil averti y voit des coïncidences significatives. 
"Rêves, signes et coïncidences"
est un outil d'interprétation des rêves et des événements. 
Il contient plus de 3 000 entrées qui recensent les maladies, 
les parties du corps, les animaux, les plantes, les êtres et les choses
 qui interviennent dans notre vie. 
 
Le sens des événements est fondé sur le même symbolisme 
que celui des rêves. 
Voilà pourquoi ce livre peut servir de référence 
autant pour les rêves que pour les événements. 
 
L'auteur a publié un livre sur l'interprétation des rêves en 1983 
 
Les Editions de l'Homme font paraître aujourd'hui ce dictionnaire 
qui explicite le sens des symboles demeurant souvent voilés à nos yeux. 
Après avoir jeté un regard pénétrant sur notre monde intérieur
l'auteur s'est attaqué avec le même succès 
à percer l'opacité de notre monde extérieur.
 
 



dimanche 28 mai 2023

Le symbolisme du losange

 


 

Le losange est un quadrilatère dont les côtés ont tous la même longueur, mais dont les angles ne sont pas droits (un losange à angles droits est un carré).

A noter que le rhombe est l’ancien nom du losange (du grec rhombos : losange, toupie).

Le losange présente deux axes de symétrie, qui correspondent à ses diagonales, lesquelles se coupent en formant un angle droit. C’est la raison pour laquelle le losange est souvent représenté pointe en haut, contrairement au carré :

Losange symbolisme axe de symétrie

Ainsi, couché ou droit, le losange se distingue par l’existence d’un point haut et d’un point bas, formant un axe d’analyse différent de l’axe droite-gauche.

Ce qui rappelle directement le symbolisme de la croix, dont l’axe horizontal peut représenter le monde manifesté ou l’immanence, alors que l’axe vertical traduit le pouvoir divin transcendantal ou encore l’axe du monde.

A la différence du carré, le losange se tient debout, en équilibre, tel une étoile, ce qui suggère l’équilibre des énergies. En réalité, pour se tenir debout, le losange doit tourner sur lui-même à la manière d’une toupie : c’est donc une forme bien plus dynamique que le carré.

Ce dynamisme du losange a aussi été souligné par Victor Vasarely, célèbre artiste plasticien fondateur de l’Op art (art optique – cf. image en tête de cet article). Dans son Manifeste Jaune, Vasarely dit que le losange est l’expression du mouvement contenu dans le plan-carré : de deux dimensions, on passe donc à quatre. Le losange égale carré + mouvement + espace + durée.

Rappelons aussi que Vasarely est le créateur du logo de la marque Renault dans les années 1970 :

 

symbolisme du losange renault vasarely

 

Le symbolisme du losange : interprétation

Le losange peut être comparé :

  • au carré : figure absolument régulière, le carré représente la perfection du monde manifesté, en lien avec la symbolique du chiffre 4. En tant que déformation du carré, le losange perd en régularité mais gagne en dynamisme : en cela, il est plus proche du rectangle. La déformation du losange évoque aussi la perspective, c’est-à-dire la représentation à partir d’un point de vue particulier, donc éloigné de la réalité objective,
  • au triangle : le losange peut être vu comme la réunion de deux triangles isocèles ou équilatéraux accolés par leur base, ou comme celle de quatre triangles rectangles identiques. Sur le plan symbolique, le triangle est l’expression de la dualité réconciliée dans l’unité.
Ainsi, le losange fait le lien entre le triangle et le carré, entre l’esprit et la matière,  
entre l’intention divine et la manifestation.

Nous allons voir que le losange évoque aussi des objets à trois dimensions.

 

Le losange et la pyramide

La forme du losange évoque la double pyramide, assemblage d’une pyramide debout et d’une autre renversée, les deux étant réunies par leur base.

La base de ces pyramides est carrée : leur fondation est donc toute matérielle, comme pour rappeler que la vérité se trouve cachée dans la matière. Mais ces pyramides s’élèvent dans des sens opposés, révélant deux manières de voir les choses.

 

Le fait que ces pyramides soient indéfectiblement attachées par leur base renvoie à la gémellité ou à l’androgynie : nous avons là les deux faces d’une même pièce, une correspondance évidente entre ce qui semble différent ou opposé, entre le ciel et la terre, le supérieur et l’inférieur, le masculin et le féminin.

La double pyramide possède un sens ésotérique profond, que l’on retrouve en particulier au Louvre, où la grande pyramide de la cour Napoléon fait écho à la pyramide renversée du Carrousel.

Lire notre article sur la pyramide du Louvre et son symbolisme.

 

 

Le losange et le diamant

La forme du losange évoque un diamant en forme d’octaèdre

Notons que « losange » se dit diamond en anglais.

Pierre rare et précieuse, le diamant se forme sous le manteau terrestre dans un environnement extrêmement chaud et pressurisé : c’est du charbon (carbone) cristallisé, c’est-à-dire dont la structure est devenue parfaitement régulière.

Matière purifiée, perfectionnée, le diamant laisse passer la lumière. On peut y voir le symbole de la transmutation alchimique : voilà la naissance de l’être nouveau qui a réussi à transformer son plomb en or, son corps en lumière.

C’est aussi la raison pour laquelle le losange a été associé à la résurrection du Christ. Le losange est en ce sens très proche du pentagramme, image de l’homme debout, rayonnant de perfection.

 

Le losange : le lien avec le Sceau de Salomon

On peut voir dans le losange un sceau de Salomon en formation. Le sceau de Salomon évoque la rencontre des deux énergies cosmiques essentielles (la Lune et le Soleil, l’Eau et le Feu), offrant ainsi une réponse au mystère du fonctionnement cosmique.

Le schéma suivant illustre le passage du losange au sceau de Salomon :

Du losange au sceau de salomon

Cette interprétation rappelle aussi la célèbre formule alchimique :  

Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose. 

(Hermès Trismégiste, la Table d’Emeraude).

 

Le symbolisme du losange : compléments

Tout comme le triangle inversé, le losange évoque le sexe féminin : la matrice, la source de la vie. Sur un plan ésotérique, c’est la naissance d’un être renouvelé, désillusionné, éveillé.

Le losange peut donc être vu comme une porte, un passage initiatique entre le monde souterrain, ténébreux, et le monde d’en haut.

Symbolisme losange

Enfin, le losange peut évoquer :

  • l’œil de la providence ou troisième œil (losange couché),
  • la macle et la fusée : en héraldique, ce sont des meubles (éléments de l’écu) en forme de losange, représentant les mailles des cuirasses ou les pointes de lance,
  • les écailles de poisson ou les tuiles d’un toit,
  • un édifice ou une construction (assemblage d’éléments identiques : voir l’image en tête de cet article),
  • ou encore le symbole de la victoire (Chine).

 

 Article complet ICI

 



 

samedi 27 mai 2023

Exemple de rêve suivi d'une synchronicité

 

« Synchronicité » est le mot choisi par Jung 
pour qualifier ces étranges coïncidences qui font sens 
et ne reposent sur aucun lien de causalité…
 

J’ai fait un rêve, il y a longtemps, 
où apparaissaient, 
incrustés dans une roche ocre,  
chacune en forme de losange 
et disposées de manière à former 
un cinquième losange.
 
 
 
 
 
 Un chemin passait devant ces pierres 
et je savais que c’était là où je devais aller. 
Mais le rêve se terminait sur cette interrogation : 
étais-je sur le bon chemin ? 
 
Je me suis réveillée très inquiète à l’idée de ne pas y être, 
car je sentais que ces quatre pierres vertes 
étaient salvatrices pour moi et que c’était ma voie.

Deux ou trois jours après, alors que je me promène seule le long du canal, je vois soudain à mes pieds quatre cailloux plats incrustés dans le sol, chacun en forme de losange irrégulier et disposés de manière à en former un cinquième. Tout en continuant à marcher, je souris intérieurement en me disant : « Tiens, c’est comme dans mon rêve… ». 

Puis je réalise soudain à quel point ce « hasard » est étrange, pour ne pas dire incroyable. Je reviens donc sur mes pas et prends les quatre pierres en photo avec mon téléphone portable. Le soir, j’en parle à mon compagnon et lui montre la photo. Il me fait aussitôt remarquer la présence d’un halo vert sur le cliché. Je regarde mieux et effectivement, un halo vert semble présent. Pour en être sûre, je sors la photo sur mon ordinateur et l’agrandis : pas de doute, un halo vert apparaît bien autour des pierres, alors qu’il n’y en avait pas dans la réalité (voir ma photo ci-dessous).



Je propose à mon ami de m’accompagner le lendemain sur ce chemin, à l’endroit où j’avais vu ces pierres. Nous y sommes allés… mais ne les avons jamais retrouvées !

Voilà ce que Jung appelle une synchronicité. Il n’y a aucun lien causal entre mon rêve et ces cailloux réels trouvés sur mon chemin. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir un rapport de sens évident. Mon rêve s’achevait sur cette question existentielle pour moi : suis-je sur le bon chemin ? Et quelques jours après, je trouve ces pierres sur mon chemin. C’est comme si la réalité me répondait : oui, tu es bien sur le bon chemin, cesse de t’inquiéter ! Le plus étrange reste que je n’ai jamais retrouvé ces pierres, qui semblent n’avoir été là que pour moi. Si je ne les avais pas prises en photo (quelle bonne idée ai-je eue !), mon esprit rationnel en aurait conclu que j’avais rêvé éveillée et mon esprit inquiet que je déraillais complètement.

Des exemples de synchronicités, et de tout aussi saisissants, il en existe des tonnes. Cherchez dans votre mémoire ou demandez autour de vous et vous verrez. Mais, peu de gens en parlent de manière spontanée ou sérieuse, car nous vivons dans un monde tellement rationnel et dominé par le principe de causalité, qu’il ne faudrait pas passer pour crédule ou naïf en donnant du sens à ce qui n’est, selon les cartésiens, qu’un hasard parmi d’autres.

Un sacré hasard tout de même, si l’on songe à la probabilité infime pour que je tombe, quelques jours après mon rêve, sur des cailloux reproduisant la même forme que ceux de mon rêve, qui plus est sur un chemin et avec une photo qui crée d’elle-même un halo vert inexistant dans la réalité, mais renvoyant à la couleur émeraude des pierres de mon rêve… Avouons-le, la probabilité statistique pour que tout cela ait lieu en même temps est proche de l’improbable !

Le problème de la synchronicité est qu’il s’agit d’un phénomène qui n’est, par nature, pas prouvable scientifiquement. Chaque synchronicité est unique. Il est donc impossible de les reproduire en laboratoire et d’en tirer des statistiques. D’autre part, les synchronicités sont éminemment subjectives et ne font sens que pour l’observateur concerné. Quelqu’un d’autre aurait vu ces quatre cailloux sur le chemin n’y aurait accordé aucun intérêt : ils ne faisaient sens que pour moi, en raison de la similarité symbolique de ces cailloux et de ce chemin avec ceux de mon rêve. 

Une amie a rêvé un jour d’un éléphant, qui était dans son rêve un symbole spirituel. Le lendemain matin, elle a pris sa voiture et s'est retrouvée coincée dans un embouteillage, juste derrière un camion sur lequel était dessiné un éléphant avec écrit en-dessous : « Louez-moi ! ». Encore une fois, cela n’avait de sens que pour elle (on note au passage l’humour subtil de ces coïncidences signifiantes). 

 

Analyste de rêves

 

 
 
 
Autre exemple : ICI
"Le scarabée doré" 
.
 
 


 

vendredi 26 mai 2023

Intelligence du silence


 

 

  Le silence ! Suffira-t-il de le définir comme l'absence de bruit ? Il faudrait alors bannir tout bruit discordant mais aussi toutes les mélodies qui sont, nous le verrons, lien d'harmonie au divin.

 (...)

Le temps est venu de présenter le principal acteur auquel la dynamique de l'imaginaire confie de symboliser le silence : l'oreille !

 

 

  N'est-il pas paradoxal, pensera-t-on de montrer le bout de l'oreille quand il s'agit de souligner un silence ! Il est plaisant de constater que ce n'est justement pas "le bout de l'oreille" qui se laisse repérer dans le rêve. Il s'agit au contraire presque toujours d'oreilles démesurées, disproportionnées par rapport à leur support. Tel rêveur  rencontrera un personnage affublé d'oreilles d'éléphant. tel autre imaginera des oreilles de lapin plus hautes que les arbres de la forêt. A quelle malicieuse intention cette emphase placée sur le pavillon auriculaire répond-elle ?

L'observation du contenu des scénarios de rêve éveillé libre conduit à des conclusions identiques à celles d'auteurs dont la compétence en matière de symbolisme est avérée : l'apparition des oreilles en rêve impose l'idée d'une voix qui n'a pas été suffisamment entendue ! Cette voix peut être celle de la Mère ou de Dieu ! Mais puisque nous avons vu que les supports de la notion d'éternité s'inscrivent dans le dispositif neuronal au cours des trois premiers mois vécus dans le ventre maternel, il n'est pas absurde de penser que les oreilles du rêve espèrent entendre ces deux voix confondues !

L'une des corrélations dominantes de l'oreille est la trompette. ce n'est évidemment pas par hasard que l'une et l'autre des eux images comportent une partie appelée pavillon. Il y aurait ue méprise grossière à se représenter une trompette annonçant à sons bruyants quelque événement onirique. Les scénarios dans lesquels apparaissent les oreilles ne connaissent que les trompettes du silence !

Les hérauts sonnant haut et fort la venue du seigneur, les cuivres généreux des orchestres typiques n'ont rien de commun avec l'instrument que le rêve met en corrélation avec l'oreille. La trompette onirique est, dans ce cas, un instrument silencieux, qui appelle un interprète silencieux. A se laisser porter par l'imaginaire, on est souvent ramené aux sources du langage : Un ange passe ! Comment celui-là marque-t-il son passage ? Par le silence dont il contamine soudainement l'assemblée la plus tapageuse !

 

(...)

 

Certains scénarios accréditeront la thèse suivant laquelle cette voix manquante et qui s'affirme par le silence est celle qui émane de la Source divine. Il s'agit toujours d'une voix primitive puisqu'elle est faite des sons qui constitueront les premières impressions du bébé en gestation ou de ceux dont la tradition rapporte qu'ils furent captés, venus du cosmos, par des personnages exceptionnels tels que Thot, Moïse et Bouddha. 

Lorsqu'elle privilégie l'apparition d'oreilles animales, la dynamique de l'imaginaire souligne la distance qui sépare l'attitude du rêveur de celle qui lui permettrait d'entendre son être divin. Le développement de la merveilleuse aptitude réflexive de l'homme, sa raison rationalisante, qui paraissent le porter au sommet parmi les créatures vivantes, sont aussi le filtre pernicieux qui le rend sourd à la voix de l'intuition.

 


 

Patrice est lancé dans l'espace à bord d'une fusée. Autour de l'évocation du silence et avant d'imaginer des oreilles, il réunit le temps, l'espace, l'infini, dont nous savons qu'ils sont les exposants du Mystère :

"Je sens la poussée...je suis propulsé à une vitesse prodigieuse, 
c'est complètement fou...
ce qui me frappe le plus c'est ma perception du silence, d'un silence ...extrême...
j'ai aussi cette impression que l'on a parfois d'être en retard sur le mouvement...
quand tout va si vite que le temps de vouloir faire quelque chose 
et c'est déjà trop tard...je suis comme lancé dans un défi au temps
dans un silence total, dans l'infini de l'espace...
 
et pourtant tout semble se dérouler autour d'un centre 
et c'est comme si j'étais en état de saisir des signaux sonores venus du vide...
j'ai l'impression que la progression est non pas horizontale mais verticale...
et là, tout à coup, je ne sais pas pourquoi, 
je vois deux énormes oreilles d'éléphant...déployées, 
comme si un éléphant chargeait dans les nuages..." 
 
(rêve éveillé libre) 



 L'Ancienne Egypte professait l'idée que tout être créé, vivant ou inerte, n'avait pu prendre forme qu'en fonction de l'existence préalable de son neter.

Le neter  était une matrice immatérielle, principe ou agent d'une loi cosmique, existant et agissant selon son propre déterminisme, émanation d'un monde d'absence et de silence. Curieusement, la physique contemporaine admet l''existence de super-cordes, soit des milliards et des milliards d'ondes entrecroisées dans la haute atmosphère et qui non seulement seraient à l'origine des choses créées mais aussi gouverneraient nos pensées et nos actes . 

(...)

Des perceptions intuitives de l'Ancienne Egypte aux applications concrètes de la science physique actuelle, tout converge pour suggérer qu'il est un monde de silence, source infinie d'énergies et d'orientations, qu'il nous est impossible de contacter en dehors de nos propres intervalles de silence.

Ce que le docteur Deepak Chopra nomme "l'intelligence non localisée", dissociée des processus de transmission neuronaux, relève du même axe de réflexion.

C'est ici que nous allons rejoindre le "rêve éveillé libre" et son aptitude à donner accès à l'intelligence silencieuse.

Les modes d'expression des rêveurs au cours de la séance sont extrêmement variés. Certaines personnes restent silencieuses plusieurs secondes, parfois une ou deux minutes, entre les émissions d'images. D'autres ont un débit rapide et apparemment ininterrompu. L'impression de continuité du discours est un leurre. Les images, comme les pensées, ne sont que des juxtapositions d'émissions parcellaires que séparent des intervalles de temps.  Même si la succession de mots prononcés rapidement crée la sensation d'une continuité fluide, celle-là reste une illusion ! 

Quelle que soit la durée d'un intervalle de silence, il semble bien que c'est par cette fenêtre ouverte sur l'infini de silence qu'entre l'inspiration venue du mystère. C'est peut-être ce qui fait qu'à la différence d'un mental qui parfois se trompe, nous trompe et ne le reconnaît qu'avec difficulté, la dynamique de l'imaginaire agit toujours dans le sens juste pour la personne.

 

 

La parentèle du silence avec l'intelligence étant établie, (voici une séance de rêve éveillé) de William qui illustrera notre propos : 

 

"...C'est une mare d'eau boueuse, stagnante...des bulles viennent crever à la surface...
j'ai l'impression forte d'un monde qui se crée, d'une origine...
et, en même temps, une grande notion d'infini...une musique solennelle
que l'on pressent , montre bien que c'est le début de quelque chose...
on a envie d'entendre une espèce de tam-tam, un instrument primitif,
 qui suggère le bruit d'un tam-tam, qui bat sur un rythme assez lent, régulier...
je vois des guerriers africains, avec les peintures sur le visage, 
des oreilles au lobe démesurément agrandi...le lobe pend très bas...
ça me fait penser à Bouddha, à cette statue de Bouddha en pierre, 
que j'ai vue au Japon, avec de grandes oreilles...
 

 
et ça suggère aussi l'image d'antennes qui émettent et captent les ondes
qui permettent de rester en relation avec les autres...
je vois de petits hommes avec des antennes sur la tête...
une antenne pour l'intelligence du coeur, 
une deuxième pour l'autre intelligence...
il faut créer un organe pour cela...
 

 

...je vois le fou du tarot, qui ne sait où il va...
sans l'intelligence intellectuelle, 
on va n'importe où, n'importe comment ! 
Il faut l'intelligence plurielle
sinon, on est complètement aveugle,
 complètement sourd..." 

 

Georges Romey
"Un escalier vers le ciel" 
 
 


jeudi 25 mai 2023

Chronologie onirique et synchronicité

 

L’interprétation des rêves

 
1. La méthode particulière de Jung d’interpréter les rêves. 
2. Le noyau central de signification et la synchronicité.

 

 

L’interprétation est une supposition

Toute interprétation de rêve n’étant qu’une supposition, on se trouve, devant la production onirique, dans le cas du chercheur qui s’attacherait à l’étude d’événements dont il lui serait impossible de démontrer le sens et la régularité. C’est dans ce but que Jung, comme nous l’avons fait nous-mêmes, a privilégié les séries de rêves, espérant ainsi diminuer l’incertitude. Il en donne les raisons dans Psychologie et Religion  :

“Si faire se peut, je n’interprète jamais un rêve isolément. En règle générale, un rêve appartient à une série de rêves. De même que dans le conscient, il existe une continuité, abstraction faite qu’elle est régulièrement interrompue par le sommeil, de même il existe apparemment une continuité dans la suite des processus inconscients. Cette continuité dont font preuve les déroulements inconscients  est peut-être encore plus marquée que dans les phénomènes conscients.En tous cas, mon expérience se prononce en faveur de la probabilité que les rêves sont les maillons visibles d’une “chaîne” d’événements inconscients.” (p.58)

A la faveur de la série, il est possible de mieux suivre le discours du rêve et de contrôler les interprétations, les rêves eux-mêmes s’en chargeant par des corrections et des réajustements. Mais, pour comprendre l’intérêt des séries, il est utile d’avoir en mémoire l’hypothèse que Jung formule dans son ouvrage Sur l’interprétation des rêves (p.22,23) au sujet du noyau central de signification. 

Cette hypothèse est hardie car elle remet en cause des concepts qui sont les repères de notre vie quotidienne.

 

 

 Le noyau central de signification

L’inconscient ne se soucie pas de notre perception du temps ou de notre idée de la causalité car temps et causalité sont en quelque sorte disloqués.

Dans les séries de rêves qui, nous le verrons, non seulement montrent des structures et des symboles mais aussi racontent une histoire, la chronologie est parfois respectée mais souvent elle se perd.

Nous sommes incités par nos habitudes conscientes à établir une diachronie des rêves et à les relier entre eux par le fait qu’ils nous parviennent l’un après l’autre. Or, pour Jung : Le niveau de l’histoire apparente masque un autre niveau plus essentiel :

“Il n’est pas démontré que la suite réelle d’un premier rêve ne parvienne qu’ultérieurement à la conscience. La série qui nous paraît chronologique n’est pas la véritable série. Un nouveau thème peut très bien apparaître dans un rêve, avant de disparaître pour céder de nouveau la place à un thème antérieur. La véritable configuration du rêve est radiale : les rêves rayonnent à partir d’un centre, et ne viennent qu’ensuite se soumettre à l’influence de notre perception du temps. Les rêves se subordonnent en réalité à un noyau central de signification.

 

 



Les rêves « naissent dans un esprit 
qui n’est pas tout à fait humain
écrit-il dans "L’homme et ses symboles", p. 51.
 
Ils ressemblent “plutôt à un murmure de la nature
qu’à nos belles constructions logiques.
 
Cette vision radiale de la chronologie onirique s’accompagne, 
chez Jung, d’une réflexion sur la causalité 
liée à la fois aux rêves et aux événements de la vie courante.
 
Il lui apparaît que, dans certains cas, 
quand l’inconscient est particulièrement activé
 et le sujet très réceptif, on est conduit à postuler 
un facteur irréductiblepar nature à la causalité.
 
Il faudrait alors admettre, écrit-il dans Synchronicité et Paracelsica (p.29) :

Que les événements en général sont associés soit, directement en chaînes causales soit, le cas échéant, par une sorte de lien transversal, de l’ordre du sens.” 

A cette coïncidence d’événements, 
reliés par hasard entre eux d’une manière significative, 
Jung a donné le nom de synchronicité.
.
 
 
 

 

La synchronicité

Jung attire l’attention de son lecteur sur le contresens que ce terme de synchronicité pourrait provoquer.

Il emploie le concept général de synchronicité dans un sens particulier tout à fait différent du synchronisme qui ne désigne qu’une simple simultanéité des événements. La synchronicité, telle qu’il la présente dans Synchronicité et Paracelsica (p.43), caractérise une coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements, sans lien causal, mais revêtus d’un sens identique ou analogue.

 Dans ce même ouvrage (p.106), il pousse très loin son idée de la synchronicité jusqu’à la notion d’un “ordre général sans cause ».  Mais, peu avant sa mort, dans une lettre datée de 1958 (Cf. Correspondance,V, p. 49), il écrit que ce genre de problème devait être radicalement soustrait à toute spéculation philosophique et que seule l’expérience pouvait aider à avancer.

C’est la plus ancienne et la plus simple définition que Jung donne de la synchronicité, qui nous paraît devoir nourrir une réflexion sur les notions de temps et de causalité, réflexion indispensable dès que l’on aborde les manifestations inconscientes. 

 

 

On la trouve dans le Commentaire sur le Mystère de la Fleur d’Or (p.114) :

« Une fréquentation de la psychologie des phénomènes inconscients m’a forcé, depuis un grand nombre d’années déjà, à me mettre à la recherche d’un autre principe d’explication, puisque le principe de causalité me paraissait insuffisant pour éclairer certains phénomènes remarquables de la psychologie inconsciente. Je découvris en effet l’existence de phénomènes psychologiques parallèles entre lesquels il n’est absolument pas possible d’établir de relation causale, mais qui doivent être placés dans un autre ordre de connexions. Une telle connexion me parut consister essentiellement dans la simultanéité relative, d’où le nom de “synchronicité”. 

On dirait en effet, que le temps n’est rien moins qu’une abstraction, mais bien plutôt un continuum concret renfermant des qualités ou des conditions fondamentales qui peuvent se manifester dans une relative simultanéité en différents endroits selon un parallélisme dénué d’explications causales : c’est le cas, par exemple de l’apparition simultanée de pensées, de symboles ou d’états psychiques identiques.”

Ces simultanéités se produisent dans le domaine onirique lorsque des rêves semblent avoir une relation par le sens avec un événement de la vie extérieure, relation non pas linéaire mais transversale.

 

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