jeudi 28 septembre 2023

Comment l'Histoire collective travaille nos rêves


"Saisir la façon dont le social et l'histoire travaillent souterrainement 

la structure, le matériau et les significations même du rêve
 
voilà donc qui pourrait dérouter bien des habitudes de pensée"
 

écrivait Hervé Mazurel en 2018 

dans la revue "Sensibilités"

 

 

Lecture de nombreux rêves :
 
Entre 11 min et 26 min
Entre 53 min et 1h10
Entre 1h38 et 1h41

 

Que disent nos rêves de la façon dont nous traversons l'Histoire ? Il semble que notre actualité collective s'inscrive au plus profond de nos inconscients. Différentes entreprises de collecte et d'archivage tentent d'analyser ce rapport entre psyché et histoire, du IIIe Reich à la crise de la Covid.

Peut-on archiver l’inconscient en temps de crise ? C’est en tout cas la mission que s’est donné le Museum of London dans le cadre du projet "Guardians of Sleep" dont la collecte de rêves se termine aujourd’hui.   

Longtemps considérés comme une prédiction de l’avenir sous l’Antiquité avant d’être considérés comme une relecture du passé, les rêves nous renseignent surtout sur notre manière de négocier avec le présent.  

Plongée dans l’effroi du nazisme dans les années 1930, Charlotte Beradt avait collecté près de 300 rêves auprès des Berlinois, chefs d’entreprise, femmes de ménage ou petits commerçants. Elle y cherchait des parentés et des schémas, au-delà de la signification individuelle. 

Les rêveurs partageaient des schémas d’angoisse et de désir des types et des formes de rêves. Le sondage d’un climat inconscient, une enquête aussi, pour voir si les autres partageaient sa terreur grandissante.

 
("Rêves de confins")

Une autre collecte de rêve a été faite en 2021
par l’historien Hervé Mazurel 
et la psychanalyste Elisabeth Serin 
qui veulent tous deux saisir l’opportunité de rouvrir un dialogue 
entre les sciences sociales et la psychanalyse.
 

 

 

jeudi 21 septembre 2023

L'Histoire et les Rêves

  
 
 
 
Les grands événements de l'histoire du monde sont, au fond, 
d'une insignifiance profonde. 
Seule est essentielle, en dernière analyse, 
 
C'est celle-ci seulement qui fait l'histoire; 
c'est en elle que se jouent d'abord toutes les grandes transformations; 
l'histoire entière et l'avenir du monde résultent en définitive 
de la somme colossale de ces sources cachées et individuelles.
  
Nous sommes, dans ce que notre vie a de plus privé et de plus subjectif, 
non seulement les victimes, mais aussi les artisans de notre temps. 
Notre temps - c'est nous !
 
Quand je conseille à mon malade : 
« Prêtez attention à vos rêves », j'entends par là:
 
« Revenez à ce qu'il y a de plus subjectif en vous, 
à la source de votre existence et de votre vie, 
à ce point où vous participez, à votre insu, 
à l'histoire du monde.
.
 
C.G. Jung
"L'homme à la découverte de son âme" 
 
 
 
 

dimanche 27 août 2023

Les Rêves et la Vie

 

 

 Les rêves et la vie

Q: A propos des rêves, vous disiez tout à l'heure 
que l'enseignement essentiel de la vie nous est donné par les rêves, 
mais il y a d'autres formes d'enseignement pour la vie, 
comme l'expérience de la communion avec la nature. 
 
Est-ce qu'il n'y a pas un danger à rester 
à l'interprétation analytique et rationnelle du rêve ? 
N'y a -t'il pas une prise plus immédiate dans la vie ?

 
E.P: Le rêve, je l'ai appris tardivement et je vous transmets ce que j'ai appris, 
apparaît aujourd'hui comme une forme privilégiée de l'enseignement intérieur. 
Nous avons reçu des livres sacrés, nous avons reçu des propositions, 
des offres de maîtres qui promettent la libération, la sublimation, que sais- je ?
 
Je voudrais mettre l'accent là-dessus : 
il nous est montré que le rêve aujourd'hui 
est pour nous , collectivité occidentale, collectivité française, 
l'organe privilégié du maître intérieur.
 
Je vous parle d'expérience et je l'ai appris, je vous l'avoue, 
avec difficulté et non sans résistance. 
Je l'ai appris par l'éducation que l'on recevait dans ma génération, 
et je ne pense pas qu'elle a beaucoup changé depuis:
"Le rêve, c'est l'évasion".
Le rêve et la réalité : 
l'on oppose l'un et l'autre. 
 
Mais j'ai appris ensuite et de source sûre que le rêve est 
l'élément fécondant, illuminateur de la réalité. 
C'est le moyen dont le surréel devient réel, 
dont le surnaturel peut être intégré dans la vie.
 
Quand on parle du rêve, 
on parle de ce qui monte de la profondeur.
Ce qui monte de la profondeur peut également me saisir,
 comme vous le disiez, 
dans un moment d'intense communion avec la nature, 
ou d'intense communion avec une personne 
ou d'opposition intense, également, avec une personne. 
 
Tout cela doit être considéré à un niveau 
qui fait de nous les agents, le théâtre de l'expérience 
et, en même temps, les observateurs de cette expérience,
 de manière que nous vivions l'expérience pleinement, 
mais qu'une partie de nous soit là 
pour ne pas se laisser déborder par l'expérience 
et pour en extraire le suc. 
 
Mais la forme normale, si j'ose dire de cet enseignement vital, 
de ces montées, de ces poussées de la profondeur,
 aujourd'hui, c'est le rêve.

Dans le rêve viennent toutes les grandes choses que l'on nous apprend, 
ou qu'on prétendait nous apprendre dans les enseignements
 dits philosophiques , religieux, ou mystiques. 
 
Cela je vous l'atteste. 
J'en ai fait une expérience bouleversante, voici trois ans, 
lorsque j'ai été amené par un concours de circonstances assez extraordinaires, 
à me mettre à l'écoute des auditeurs de France-Inter (radio).
 
 Je disais, en plaisantant, à mes amis que " j'avais pris en charge l'âme de France". 
Nous avons vu monter, de la profondeur de gens qui ignoraient tout de ce domaine, 
mais qui avaient été habitués à s'y pencher 
par les émissions d'Henri Gougaud et son incantation de conteur, 
nous avons vu monter des choses absolument extraordinaires
 qui ont été rassemblées dans le livre "Les rêves et la vie". 
 
Nous avons consigné là une sorte de somme d'enseignement 
portant sur la mort, la vie, l'amour et la libération, que sais-je ?..."
.

Etienne Perrot
extrait du cahier 18, 1982

 

 

vendredi 25 août 2023

Symbolique du nombre cinq



 
Les alchimistes accordent une grande importance au cinq :
 C'est la quintessence qui est synonyme 
du centre (le centre du carré) 
 
 
 La recherche de  la pierre philosophale 
est la recherche de la quintessence. 
 
On sait que, traditionnellement,  il existe quatre éléments 
qui apparaissent d'ailleurs dans les rêves, 
même chez ceux qui n'ont pas étudié cela à l'école.  
 
Les quatre éléments sont l'eau, la terre, le feu et l'air. 
Si l'on en fait un bon cocktail, on obtient une synthèse 
qui est le cinquième élément, 
la quintessence. 
 
La quintessence est donc le symbole de la totalité des éléments 
et par suite, la synthèse des composants de l'univers. 
En plus, le cinq apparaît comme le chiffre de l'homme
 
 
 
L'homme, si  on le figure avec la tête, 
les deux bras et les deux jambes écartées, 
forme une étoile à cinq branches

.

Etienne Perrot
"Les rêves et la vie"

(p 84)



 
 



 
Une analysante rêve qu’elle se trouve dans un désert
et marche sans connaître sa destination.
Elle parvient à un endroit d’où sont en train de sortir de terre
quatre colonnes formant un quadrilatère.
 
 
 
Puis au milieu de ce quadrilatère, un dôme émerge lentement du sol.
Elle se demande s’il ne s’agit pas d’une mosquée.

Mais lors de son récit à l’analyste, elle souligne un paradoxe :
l’architecture apparaît à mesure que le vent disperse les sables,
ce qui lui évoque la mise au jour de bâtiments très anciens,
des fouilles archéologiques.
 
 
 
 
Mais en même temps, les pierres de ce bâtiment sont blanches,
comme s’il s’agissait d’un ouvrage récemment construit
et qui se dévoilerait comme pour une inauguration, précise-t-elle.
 
Le rêve ne suscite aucune association personnelle
et rien d’autre que de l’étonnement.

.



mardi 22 août 2023

Rêve 72 : Grand rêve de l'an 2000

 

 
La rêveuse indique qu’au moment du passage à l’An 2000, 
devant les pyramides de Giseh.
Ce soir là, elle l’écoute, somnole puis s’endort 
et fait un voyage intérieur en Égypte. 
Voici le rêve :
 

Je vois que je m’engage sur un chemin étroit bordé de buis où coule une eau fraîche. Arrivée tout en bas me voici devant une maison. Les murs de cette maison sont faits de pierres sèches, arides. Portes et fenêtres sont ouvertes. J’entre. Personne … Aucun meuble, rien, rien, rien…

Je traverse la maison et j’arrive dans une sorte de jardin. Il est recouvert lui aussi de pierres sèches jaunâtres qui me font mal aux pieds. J’avance lentement et je m’aperçois que devant moi s’élève une montagne immense. Elle aussi est recouverte de ces pierres tranchantes sèches.

 

 

J’avance encore lentement et je baisse les yeux pour éviter ces pierres dures. Mais non, mais non, il n’y a plus de pierres dures au sol, car voici que je marche sur de grandes dalles carrées de 50 cm de côté, elles sont belles lisses brunes et grises, douces… Je lève la tête et je vois que la montagne aussi est tapissée de ces belles dalles.

 


 

Je baisse à nouveau les yeux et surprise je vois que les dalles sont sculptées de visages féminins et masculins de jeunes Bouddhas souriants… Je leur dis : « mes amis mes amis vous êtes là ? »
Oui mon émotion grandit et j’ai besoin de leur sérénité.

Je lève la tête et voici que la montagne est sculptée de hiéroglyphes. Magnifiques. Je me dis alors « Tout est là, tout est dit, tout est parfait, il n’y a rien à rajouter ». Et je me sens humble, humble, petite, petite devant cette merveille, et un désespoir m’envahit car je me dis « ça c’est Moïse et le Sinaï je n’y arriverai jamais »…

 

 

Alors la montagne semble vivante car elle a entendu ma tristesse et elle se met à ma portée. Elle devient un amphithéâtre où les hiéroglyphes se métamorphosent. Ce sont désormais des… des… des dieux ? des humains ? Ce sont des dieux incroyablement humains ou des humains merveilleusement divins… Ils avancent, se parlent, je les contemple. L’un d’eux me plaît beaucoup plus, mais la rencontre ne peut pas se faire car le rêve se termine.

C’est fini. De gauche et de droite, deux portes coulissantes viennent se fermer sur ce spectacle grandiose. Un message s’écrit sur ces portes et je dois lire vite car les lettres s’effacent à mesure.

 
 
Ce rêve a profondément marqué la rêveuse. 
Durant le rêve elle a une crainte grandissante de vivre 
ce que Moïse a vécu sur le mont Sinaï. 
Elle est réconfortée par la présence des jeunes Bouddhas sereins, 
ces hiéroglyphes qui s’humanisent, 
et ressent une grande joie. 
Au réveil l’émotion est très grande.

 

Rêve daté du 31/12/1999
 
(Banque de rêves - EFJ)
 

 



jeudi 17 août 2023

Voie du rêve et de la synchronicité

 
 
Voilà ce que nous propose la gaie science alchimique:
faire sommeiller la raison qui n'a que trop tendance à veiller
(on la fait veiller presque 24h sur 24) 
et la laisser se divertir par les "contes d'Ogres et de Fées" 
symboles des manifestations des présences intérieures 
qui convenablement accueillies
 peuvent nous servir à élargir notre vie.
 
...ça se passe en deux temps: d'abord l'attention aux rêves
nous en verrons des exemples tout à l'heure; 
ensuite à partir du moment 
où j'apprends à décrypter le langage intérieur, 
je m'aperçois à mon grand émerveillement 
que l'extérieur répond, 
qu'on voit apparaitre des correspondances, 
des synchronicités comme Jung les a appelées. 
 
Cette voie intérieure, 
qu'on appelle d'ordinaire et ailleurs "analytique", 
n'est absolument pas ici une analyse, 
c'est une écoute, c'est un regard qui s'ouvre, 
qui s'étend progressivement, pour contempler à l'extérieur 
des merveilles qui correspondent à celles du dedans.
 .


 
 
La synchronicité, disons que c'est le sens du hasard
Les évènements fortuits qui forment des coïncidences 
ne sont pas là seulement par bizarrerie, 
mais, si nous regardons à partir d'une vision transformée 
par un approfondissement intérieur, 
nous en discernons la signification
 
Quand Jung a présenté la synchronicité, 
il l'a appelée 
"principe de connexions acausales", 
 c'est -à-dire de rencontres sans cause
par opposition à la perspective scientifique rationaliste ou cartésienne, 
qui veut que tout effet, tout évènement ait une cause. 
 
Mais la rencontre de deux évènements
 qui n'ont pas de relation causale entre eux, 
eh bien cela a aussi un sens, 
et c'est la synchronicité
 
Quand Jung a parlé de la synchronicité 
pour la première fois à ses élèves, 
dans un cercle restreint, 
il leur a demandé:
"Qu'est-ce que vous en pensez ?"
 
Alors ils en ont discuté en bons scientifiques, 
en bons psychologues qu'ils étaient, 
et au bout d'un moment il les a interrompus en leur disant: 
 
"Vous n'avez rien compris: 
la synchronicité, on ne peut pas en parler 
en termes de raisonnement causal, scientifique, 
il faut en parler d'une façon différente, 
d'une façon acausale."
.

Etienne Perrot
Extrait tiré du cahier 16, 
4ème trimestre 1981
 
 
 
 

mardi 15 août 2023

Le faiseur de neige

 

Il est un temps pour parler de la préparation de la pierre de sagesse
ce dont nous traitons aujourd'hui, c'est son mode d'action.
 Cette action est le rayonnement silencieux, 
l'action non agissante des orientaux, 
 c'est l'action du faiseur de neige de Kiao Tchou. 
 
La plupart de mes lecteurs connaissent cette histoire 
que C.G Jung aimait à citer. 
Il la tenait lui-même de Richard Wilhelm, 
le traducteur du Yi King, 
qui en avait été le témoin et l'un des protagonistes.
 
Pourtant il me paraît bon de la transcrire ici. 
De tels récits, comme les contes et les textes sacrés, 
contiennent en eux-même une puissance opérante. 
Ils sont porteurs de bénédiction 
et leur répétition en renouvelle l'effet. 
 
Voici l'histoire telle que la racontait Jung,
notre père en alchimie.

 


 Il y eut une grande sécheresse dans la ville 
où Richard Wilhelm séjournait; 
pendant des mois il ne tomba pas une goutte de pluie 
et la situation devint catastrophique; 
 
les catholiques firent des processions, 
 les protestants firent des prières, 
et les chinois brûlèrent des bâtonnets d'encens 
et tirèrent des coups de fusil
 pour effrayer les démons de la sécheresse.
 Finalement les chinois se dirent: 
" Allons chercher le faiseur de pluie." 
Et celui-ci vint d'une province reculée.
 
C'était un vieil homme émacié. 
Il dit que la seule chose qu'il souhaitait était 
que l'on mette à sa disposition une petite maison tranquille
 et il s'y enferma pendant trois jours. 
Le quatrième jour, des nuages s'amoncelèrent, 
et il se produisit une forte chute de neige, 
à une époque de l'année où aucune neige n'était prévisible, 
et en quantité inhabituelle.
 
 
 
 
Tant de rumeurs circulèrent 
au sujet de cet extraordinaire faiseur de pluie 
que Wilhelm alla voir l'homme 
et lui demanda comment il avait fait. 
En bon Européen il dit:
" Ils vous appellent faiseur de pluie : 
pouvez-vous me dire comment vous avez produit la neige ?" 
Le petit chinois répondit: 
" je n'ai pas fait la neige, je n'en suis pas responsable".
 
"Mais qu'avez-vous fait pendant ces trois jours?"
"Oh , cela , je puis vous l'expliquer, c'est simple. 
Je viens d'un pays où les choses sont ce qu'elles doivent être. 
Ici les choses ne sont pas dans l'ordre, 
elles ne sont pas comme elles devraient être d'après l'ordre céleste,
aussi le pays tout entier est-il hors du Tao.
 Je n'étais pas non plus dans l'ordre naturel des choses,
 parce que j'étais dans un pays qui n'était pas dans l'ordre, 
aussi la seule chose que j'avais à faire 
était d'attendre trois jours jusqu'à ce que je me retrouve en Tao,
 et alors, naturellement, le Tao fit la neige."


Etienne PERROT
extrait cahier 22, 1983

 


 

dimanche 13 août 2023

Sécheresse de l'âme

 

 
"Q. Que faut-il penser de la sécheresse de l'âme ?

E.P. Cela dépend de l'usage qu'on en fait.  
La sécheresse d'âme est un genre de mort. 
 
"Sécheresse" est un terme du vocabulaire mystique. 
La sécheresse est une des formes de "la nuit obscure de l'esprit", 
 donc de la mort intérieure. 
Aujourd'hui la sécheresse signifie souvent une distance 
 par rapport aux sources profondes 
de ce qu'on appelle l'inconscient. 
 
La vie profonde, telle que la voie alchimique nous la révèle, 
se traduit souvent par la montée des eaux. 
 
Pour descendre du vocabulaire mystique 
à la description psychologique de l'âme de notre époque, 
nous dirons que l'âme moderne est sèche. 
 
Elle est brûlée par un feu qui n'est pas le feu d'amour
mais le feu d'une connaissance séparée de sa source
l'amour de la totalité, et qui, de ce fait, 
nourrit l'appétit de puissance qui accompagne 
le désir de savoir pour savoir, la curiosité.
 
 


Un pareil feu est, de ce fait, luciférien. 
Et ce n'est pas un hasard s'il a trouvé son apothéose infernale
 dans l'éclair qui est apparu pour la première fois 
dans le ciel des hommes  
le 16 juillet 1945 à Alamogordo,
 et qui, depuis, s'est multiplié.
 
 

Je vous rappelle pour mémoire, 
 avait salué cet éclair, 
lorsqu'il a vu naître son enfant spirituel
par les mots d'Arjuna, le compagnon de Krishna, 
adorant son ami divin qui se transformait devant lui : 
"Si l'éclair de mille soleils apparaissait dans le ciel, 
tel est l'éclat que répand cette âme divine."
 
C'est le point culminant de la sécheresse. 
Ici elle se transforme en feu destructeur."


Etienne PERROT
extrait cahier 17, 1982
 
  
 

 

 


samedi 12 août 2023

Rêves et psychanalyse

 


 "P.G (Patrice Galbaud) : 
Il y a toujours des sceptiques, vous savez. 
Parmi les gens qui nous écoutent 
il y en a certainement beaucoup qui se disent : 
"Qu'est-ce qu'ils sont en train de raconter ? 
Ce sont des visionnaires", etc. 
Moi, je pense que ce que vous dites est tout à fait sérieux. 
Est-ce qu'on peut dire que l'explication des rêves 
peut remplacer une psychanalyse ?

F.S.R.T. (Francine Saint-René Taillandier) 
Naturellement.

E.P (Etienne Perrot). 
C'est assez fort que vous soyez amené à poser une question pareille, 
parce que, quand même, à la base de la psychanalyse, 
il y a un livre de Freud qui s'appelle  
"L'interprétation des rêves"
 et il y a cette déclaration de Freud :  
"Le rêve est la voie royale de l'inconscient."  
Alors , c'est paradoxal que l'on soit arrivé à ce stade 
que la psychanalyse  soit mise à l'écart des rêves, 
et qu'on dise : "ou bien, ou bien".

A cela il y a une raison très simple, 
c'est que Freud a été dépassé par ses matériaux. 
On peut renvoyer les auditeurs au récit de Jung dans Ma vie. 
Pour contenir ce qu'il appelait " le flot de vase noire de l'occultisme", 
il a créé la théorie sexuelle. 
Ce n'est pas moi qui diminuerait l'importance de la sexualité 
dans notre vie concrète, dans la vie inconsciente et dans les rêves,
 mais on ne peut pas fonder une explication de l'homme 
sur la sexualité érigée en dogme
en dieu unique, pourrait-on dire.

Alors qu'est-ce qu'il se passe?

C'est que les rêves n'entrent pas dans la grille 
de la théorie freudienne et de la théorie sexuelle, 
si bien que les rêves, très vite, 
mettent en cause l'interprétation 
qu'en donne la psychanalyse, 
et le psychanalyste lui-même. 
Alors on laisse les rêves de côté.
 
Il faut dire que cela se passe, 
également, pour une bonne part, 
dans l'école jungienne.
 
Pourquoi ?

Parce que aujourd'hui encore ,
 une génération au moins la mienne, 
la génération des plus de cinquante ans,
- j'en ai soixante - 
est pétrie d'un rationalisme
 qu'on nous a inculqué à l'école, 
et elle a du mal à se mettre 
en prise directe sur le symbole, 
sur l'énergie intérieure.

Jung, je vous le disais tout à l'heure, a eu une aventure à base de rêves
Pour passer ce qu'il avait à faire passer, il a inventé des concepts
tout en disant : "ça n'a qu'une importance provisoire, 
les mots je m'en moque, 
ce qui compte, c'est l'expérience."

Il arrive ce qu'il avait prévu, 
ce qu'il a décrit d'une façon très claire. 
Après sa mort, ce qui était dit-il, feu et vent
est devenu "préparation pharmaceutique morte".
 
Et il disait : 
"Les dieux ont été enterrés dans le marbre et l'or, 
moi je serai enterré dans le papier
dans le papier, c'est à dire la conceptualisation, 
les choses sèches.

Alors, en réponse à votre question 
(les rêves peuvent-ils remplacer la psychanalyse ?), 
je dirai : 
Nous, nous sommes comme les réformateurs religieux
nous revenons aux sources, 
nous revenons à la source de la psychanalyse, 
nous revenons à la source de l'aventure de Jung, 
 qui est une aventure de confiance dans la vie, 
exprimée par le dynamisme des rêves...."
.

Etienne Perrot
Extrait d'une émission de France culture 
(10 avril 1983)
 

 

mercredi 9 août 2023

Analyse des rêves selon Jung

 
 

 
Le Soi est la donnée existant a priori dont naît le Moi. 
Il préforme en quelque sorte le Moi.

Ce n'est pas moi qui me crée moi-même : 
j'adviens plutôt à moi-même.
.
C.G. Jung
Les racines de la conscience



 
La mission de l'analyste selon Jung 
 

Pour Jung, le devoir et la responsabilité de tout véritable analyste 
est d'accompagner son patient sur ce chemin ardu et étroit 
où l'on rencontre ses rêves
et l'on tente de les comprendre et les accepter 
en les intégrant à sa vie.

"Où devons-nous conduire notre patient pour lui donner 
au moins la lueur d'un pressentiment 
que nous pourrons contrebalancer 
la banalité de son monde trop connu ? 
Nous devons le mener, parfois par de longs détours, 
à un endroit de son âme, lieu obscur, de peu d'apparence, 
sans relief, sans intérêt, sur une voie depuis longtemps dépassée, 
vers une illusion reconnue depuis longtemps, 
dont tout le monde sait qu'elle n'est pas autre chose que... 
Cette place, c'est le rêve, cette forme grotesque de la nuit 
qui plane, passagère, et la voie s'appelle: 
la compréhension des rêves."
 
 
 
 

L'importance fondamentale de l'analyse des rêves

La compréhension des rêves est donc 
d’une importance fondamentale lors d’une analyse, 
car elle fournit et extirpe de nos profondeurs des matériaux précieux 
pour la connaissance, l’assimilation et l’intégration 
de notre être dans sa complétude ou totalité. 
 
La découverte ou redécouverte de cet être complet 
- ou le plus complet possible, appelé "SOI" par Jung -
étant l’achèvement de ce chemin ou voyage initiatique.

"S'occuper des rêves est une sorte de réflexion sur soi-même. 
Mais dans ce cas, la conscience du moi ne réfléchit pas sur elle-même, 
elle s'occupe de la donnée objective du rêve 
comme s'il s'agissait d'une communication ou d'un message 
de l'âme humaine inconsciente et unique.
 
 
 
 
On réfléchit au Soi, on ne réfléchit pas au moi
on réfléchit sur ce Soi étranger qui nous est originellement propre, 
qui est notre souche, d'où naquit un jour le moi 
et qui nous est étranger parce que nous l'avons perdu 
par suite des errements de la conscience.

Le rêve n'est autre qu'une idée spontanée 
de "l'âme obscure qui relie tout."

Cette "âme obscure qui relie tout" n’est autre 
que l’inconscient, infini, éternel, 
matrice de notre conscience ou moi, 
réceptacle d’un "savoir absolu" selon Jung, 
un savoir illimité, objectif et impartial 
qui nous détermine et nous mène, 
souvent à notre insu ou contre notre gré, 
vers nous-même et la réalisation de notre destin.
 

 


"Le rêve, extériorisation d'un processus psychique 
inconscient, involontaire, 
soustrait à l'influence consciente,
 représente la vérité, la réalité intérieure telle qu'elle est; 
non pas telle que je la suppose ou que je la désire, 
mais bien telle qu'elle est."

(...)

... le rêve n'est pas seulement un vague reflet 
de notre vie consciente et réelle: 
il en est un MIROIR fidèle et fiable. 
Miroir à la fois de notre âme personnelle 
et de notre âme collective.

 

Article complet ICI

 

 

 

lundi 7 août 2023

Source transpersonnelle

 

Nous avons une vision 
qui est la vision morcelée de l'individu
C'est un héritage occidental. 
On nous a appris que nous sommes limités, faibles, ignorants, 
que l'abîme de l'être, s'il existe, est insondable et inaccessible.

L'image que je vous ai développée tout à l'heure , 
à la radio, ce dynamisme que je vous ai montré et, j'espère, transmis, 
suggèrent une autre attitude vitale qui n'est pas nouvelle 
et qui est celle d'une grande partie de l'humanité, 
c'est notamment celle de l'Inde traditionnelle.

La vie est d'essence divine; 
notre réalité est éternelle, immortelle, 
et notre vision individuelle limitée est une manière 
de regarder par le gros bout de la lorgnette, de regarder à l'envers.
 
 


Cette vision que je vous ai proposée de la Fontaine de pierre 
nous aide à nous placer, par la foi, par une foi éprouvée 
qui est d'abord une simple hypothèse de travail, 
mais qui se révèle vite, féconde, 
au niveau de cette source transpersonnelle  
qui est en nous. 
 
Alors il n'y a plus de problèmes , 
parce que cette source est située au-delà des problèmes 
et de la dialectique, de la durée limitée.

Je ne suis pas omniscient, je ne suis pas infaillible, 
mais il y a au fond de moi une omniscience et une infaillibilité, 
je sais que cette réalité est là, je ne la connais pas clairement,
 mais elle se connaît et elle me connaît, 
et je sais que l'attitude vraie, ma vérité, 
c'est de la laisser s'exprimer en moi 
et de me montrer ce qu'elle veut me montrer 
pour que je la connaisse, pour que j'aime 
et pour que j'agisse.
.

Etienne Perrot

 . 

 
Les êtres qui ont accepté de devenir des enfants de la Pierre 
sont aussi des sources de fécondité, des sources de certitude, 
d'alimentation pour une société
 où les valeurs sont définitivement occultées, mêlées, 
ou l'on ne discerne plus le haut et le bas, le légitime et l'illégitime. 
 
Les enfants de la pierre, recueillant dans leurs cœurs 
un aliment d'immortalité qui est cette conscience centrale, 
cette conscience d'amour, 
participent à l'élaboration 
d'une nourriture pour la collectivité.
.
 
Etienne Perrot
 
.